En l'an 1902, le captain Oswald Bastable, de l'Armée des Indes, se rend en mission auprès du très terrible Sharan Kang.
Plus de 70 ans plus tard, il se réveille dans une autre réalité.
Le Commonwealth américain et l'Empire britannique se partagent le monde. Et la paix règne dans cet étrange univers où le ciel est revendiqué par de grands dirigeables...
Dans cette autre histoire, le captaine Bastable va vivre bien des aventures invraisemblables, des aventures que seul le talent de Michael Moorcock sait évoquer : la réédition d'un des chefs-d'œuvre de la SF britannique moderne.
Critiques
Cette reprise en trois volumes de ce qui était au CLA : Les aventures uchroniques d'Oswald Bastable, permettra à de nombreux amateurs de découvrir une nouvelle facette du talent de l'auteur d'Elric de Nécromancien. Moorcock semble en vogue actuellement, puisque cette réédition suit de près la réédition en J'Ai LU du Chien de guerre, initialement paru chez Seghers, ouvrage qui ne manque pas de ressemblance avec la trilogie.
On y trouve le récit à la première personne, authentifié par le fait qu'il s'agirait de documents retrouvés et retravaillés par Moorcock. L'auteur s'effaçant derrière l'adaptateur (surtout lorsqu'il affirme que le premier récit fut dicté par le narrateur à son grand-père et seulement édité par lui) permet d'authentifier l'histoire. La méthode n'est pas nouvelle, mais donne déjà le ton de ce qui va suivre : une série d'incroyables aventures d'un officier anglais projeté de 1902 dans un univers parallèle, qui ne correspond en rien à celui que nous avons connu. Des dirigeables britanniques dominent ce monde en proie aux luttes politiques, des chrononautes sillonnent les pays et Hiroshima explose en 1973...
Cependant, ce récit alerte et brillamment raconté a pour but de mener une réflexion sur notre époque contemporaine et ses déchirements, passant du colonialisme anglais au socialisme russe. La réussite de Moorcock est de parvenir à un équilibre parfait où le discours ne parasite jamais la fiction, mais s'y mêle adroitement.
Il fournit en même temps un récit habilement mené grâce à un style qui passe allègrement du ton du suspense à celui de l'humour, qui se révèle tour à tour passionnant, grave ou sarcastique, ironique.
Ce n'est pas seulement le destin d'Oswald Bastable qui intéressera le lecteur, mais aussi celui d'autres personnages rencontrés au hasard des péripéties, comme cette mystérieuse voyageuse temporelle, Miss Una Persson, qui rencontre Moorcock pour lui faire lire la suite des aventures de Bastable rédigées par son grand-père. La façon également dont l'auteur parvient, alors que le récit se clôt sur lui-même, a avoir des nouvelles de son personnage principal ne cesse également de susciter la curiosité et permet en même temps de rappeler quelques données historiques pour mieux apprécier le parallèle qui sera fait par la suite.
Passionnant et intelligent.
note nooSFere : cette critique concerne les 3 romans de la série des aventures uchroniques d'Oswald Bastable, « Le seigneur des airs » Galaxie-bis n° 123, « Le Léviathan des terres » Galaxie-bis n° 125 et « Le Tsar d'acier » Galaxie-bis n° 127
Si Moorcock avait vécu au début du siècle, il aurait pu imaginer ainsi le monde de maintenant. Mais c'est son grand-père (qui s'appelait aussi Michael, ce qui est bien commode pour l'éditeur) qui a écrit ce livre ; à preuve, son ton vernien, et les différences entre l'anticipation et notre réalité : Edouard Vlll vieillissant règne sur une Angleterre encore maîtresse d'un puissant empire colonial, et les cieux sont sillonnés de dirigeables (sur ce point, d'ailleurs, la réalité va peut-être rejoindre la fiction, si l'Allemand Wüllenkemper parvient à faire oublier, la catastrophe du « Hindenburg » en 1937, en jouant sur le caractère économique de ce mode de transport). Le manuscrit de Grandpa Moorcock est censé être le récit d'un certain Bastable, officier dans l'armée des Indes, transporté en 1973 par magie, puis ramené en 1903 par l'atome ; entre-temps, il a parcouru et jugé ce monde, rencontré et parfois affronté divers personnages intéressants, entre autre Ulianov (sic) qui a « manqué le moment »(p. 194) où il aurait pu devenir Lénine, et Korzeniowski qui, au lieu de signer Conrad des livres rien moins que révolutionnaires, cherche à venger par la force la colonisation de sa Pologne natale par la Russie. Tout cela n'est pas sans intérêt ; un peu vieillot peut-être... mais puisqu'on vous dit que cela a été écrit par un Edouarien .
Cité dans les Conseils de lecture / Bibliothèque idéale des oeuvres suivantesFrancis Valéry : Passeport pour les étoiles (liste parue en 2000) pour la série : Oswald Bastable / Nomade du temps