C'était l'essence même de la peur et de la répulsion,
l'horreur irrépressible qui rampe aux franges de la nuit.
Le petit garçon s'approcha de l'armoire, une main tendue devant lui comme s'il avait l'intention de toucher le bois pour découvrir d'où venait la voix.
Vaguement, à peine visible comme une faible luminosité sur le vernis, il distinguait un visage gris, un visage dont les lèvres articulaient un appel au secours, suppliant qu'on l'aide à s'échapper d'un enfer inconcevable.
Auteur anglais avec déjà plus d'une trentaine de romans à son actif dont « Le démon des morts », « Le portrait du mal » et « Le jour J du jugement », Graham Masterton est le Lovecraft des années 90. Il nous offre aujourd'hui la suite de son terrifiant « Manitou ».
Frustré par la disparition soudaine de la seconde collection « Fantastique » du Masque de la suite du Faiseur d'Epouvante,le lecteur français peut enfin se mettre sous la dent cette fameuse revanche de Misquamacus qu'on attendait depuis plusieurs années.
La première chose qui frappe en lisant ce roman est que Graham Masterton a su en faire bien plus qu'un simple « deuxième épisode » d'une série qui pourrait en compter éventuellement d'autres. Par sa construction, La Vengeance du Manitou,diffère sensiblement du premier volume, ne serait-ce que par l'apparition fort tardive des deux héros de celui-ci, Harry Erskine et Singing Rock. D'autre part, le livre est plus « consistant », plus ambitieux, tout au moins dans les ramifications que l'auteur a ajouté au personnage de Misquamacus, des ramifications qui vont jusqu'aux Mythe de Cthulhu, si l'on en croit certaines allusions. Nous avons donc ici non pas un simple (si j'ose dire...) démon indien assoiffé de vengeance, comme c'était le cas dans Le Faiseur d'Epouvantes,mais l'apparition d'une mythologie assez fouillée qui amplifie le propos du roman.
Le seul point qui me semble un peu laisser à désirer est la chute de l'histoire : après un livre aussi bien ficelé (même s'il n'était pas d'une originalité transcendante...) on s'attendait à quelque chose de plus fort et de moins style deux ex machina. C'est un petit peu dommage mais que cela ne nous empêche pas de déguster avec plaisir ce Masterton inédit qui, si on en croit la préface de François Truchaud, devrait être suivi de nombreux autres !