Ursula K. LE GUIN Titre original : The Tombs of Atuan, 1970 Première parution : Worlds of Fantasy, décembre 1970. En volume : États-Unis, New York : Atheneum, juin 1971 Cycle : Terremer vol. 2
OPTA
(Paris, France), coll. Aventures fantastiques n° 17 Dépôt légal : 1er trimestre 1977, Achevé d'imprimer : 2 février 1977 Première édition Roman, 228 pages, catégorie / prix : nd ISBN : 2-7201-0082-X Format : 13,5 x 20,1 cm Genre : Fantasy
Contient, sur une feuille volante au format 24 x 30 cm, une carte de Terremer en noir sur fond bleu dessinée par Richard Martens. La couverture représente l'illustration du roman. La partie centrale de la carte fait partie des illustrations en couleur de ce tome (entre les pages 4 et 5). Le scan de droite montre l'illustration des 2ème ou 3ème de couverture.
Tirage limité à 5000 exemplaires numérotés de 1 à 5000 et à 150 exemplaires hors-commerce de collaborateurs marqués H.C.
Arha veille sur les tombeaux. Depuis la naissance de Terremer. A quatorze ans, elle est devenue la Grande Prêtresse du Lieu où dorment les puissances du passé. Son royaume est celui des ténèbres. Elle ne connaît d'autre promenade que celle du labyrinthe qui la conduit d'une ombre à une autre. Elle garde. Son existence se confond avec l'éternité. Jusqu'au jour où apparaît Ged, le Sorcier de Terremer, venu quérir dans les Tombeaux l'anneau d'Erreth-Akbe. Selon la loi très ancienne, parce qu'il a violé le Lieu, il doit mourir dans l'obscurité. Mais Arha a d'autres desseins : Ged l'Epervier doit lui appartenir. Il doit devenir son captif, afin que, nuit après nuit, elle puisse l'épier, le posséder.
Mais l'horreur qui protège Erreth-Akbe œuvre pour rapprocher le magicien prisonnier de la jeune Prêtresse des Tombeaux.
Critiques
Trilogie de « sword and sorcery », romantique, épique, gothique. On ne s'y ennuie pas un seul instant, et souvent l'ampleur des descriptions et des situations provoque l'enthousiasme, vite retombé quand on sait que l'ensemble des trois volumes coûte plus de 200 F, pour des romans de 270 pages à gros caractères. Si vous avez fait un héritage, vous pouvez malgré tout essayer, sans crainte de perdre votre temps : voilà trois romans qui, tout en dépaysant et en appliquant les recettes du fantastique, ne tombent pas, comme nombreux textes d'heroic fantasy, dans l'accumulation de fantasmes réactionnaires et de morale sclérosée.
Bien sûr, il y a un héros supérieur, bien sûr les sorciers et les simples mortels ne sont pas sur un pied d'égalité, bien sûr on n'y trouve pas de critique du nucléaire, mais ce qui se dégage malgré cela est assez sympathique : une vision écologique du monde, où la nature est source du bien, où la sagesse est de respecter l'équilibre planétaire.
De temps en temps, ça fait plaisir d'oublier les flics et de se plonger dans des aventures manichéennes bourrées de dragons et de filtres magiques. La marche à pied, les tempêtes et la cueillette des plantes médicinales c'est tout de même plus planant que les fusées atomiques.
Dans la trilogie de Terremer, écrite par Ursula Le Guin il y a bientôt vingt ans, Les Tombeaux d'Atuan est, me semble-t-il, le volet le plus réussi, le mieux structuré et celui dans lequel l'intérêt pour la lecture reste stable à un niveau élevé. Dans ce roman, en effet, il n'y a pas véritablement de temps mort, ni ces voyages un peu trop longs, par terre ou par mer, qui parsèment Le Sorcier de Terremer et L'Ultime Rivage.
Le respect de l'unité de lieu dans presque toutes les scènes est peut-être pour quelque chose dans cette impression. Le nombre très restreint de personnages, également.
Epervier est venu chercher la moitié de l'anneau d'Erreth-Akbe qui se trouve au fond des tombeaux d'Atuan, là où sont enterrés les redoutables Innommables et leur puissance démoniaque. Seulement voilà, s'il a su y entrer par effraction, il ne voit pas comment il pourrait en sortir. Le piège l'a englouti. Assailli par les forces mauvaises qui règnent sous les tombeaux, perdu dans un inextricable labyrinthe obscur, sans eau ni nourriture, Epervier sent que la mort est proche. Aurait-il péché par orgueil ? Peut-être. Ou peut-être pas, car il semble, contre toute attente, qu'il ait une alliée dans la place ; une étrange alliée, en vérité, celle que l'on nomme La Dévorée...
L'Ultime Rivage s'ouvre longtemps après l'épisode des tombeaux d'Atuan. Les années ont passé et, grâce à ses exploits, Epervier est devenu l'Archi-mage de l'île de Roke où est sise l'Ecole des Sorciers. Là, un jeune homme en qui il reconnaîtra un personnage à l'avenir grandiose vient lui rendre visite, lui apportant de fâcheuses nouvelles : l'art des sorciers se perd, leurs pouvoirs s'effilochent et la confiance que les habitants de Terremer avaient en eux meurt à petit feu. Alarmé par tant d'indicibles horreurs, Epervier, accompagné par son messager, quitte son île et part en quête de la cause de tous ces maux. Ce trop long chemin (mais « ce n'est pas en allant trop loin qu'on va assez loin ») le mènera jusqu'au Royaume des Morts, dans une contrée où même les puissants dragons ne vont pas et où il finira par rencontrer celui qui se dit immortel.
La trilogie de Terremer présente une épopée pleine de pénombre et de tristesse où perce parfois, mais trop rarement, la lumière d'une étoile. Peut-être est-ce trop de pessimisme ? La vie de ce sorcier hors pair, meurtri par ses propres expériences, grandi par elles, ne ressemble-t-elle pas à un chemin de croix au bout duquel, d'ailleurs, Epervier perdra son pouvoir ?
Le dénouement heureux, tardif, qui clôtura chacun des trois tomes de Terremer ne suffit pas à effacer la sensation de malaise suscitée par leur lecture. Il est surprenant de trouver une telle angoisse dans une œuvre d'Héroïc-Fantasy ; une angoisse qui persiste et que le retour au monde réel ne peut faire oublier tout à fait.