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La Vieille fille blanche et autres contes fantastiques

Nathaniel HAWTHORNE

Traduction de Marc LOGÉ

MARABOUT - GÉRARD , coll. Bibliothèque Marabout - Fantastique précédent dans la collection n° 454 suivant dans la collection
Dépôt légal : 1973
Première édition
Recueil de nouvelles, 256 pages
ISBN : néant
Genre : Fantastique

Les quatre dernières nouvelles forment un cycle intitulé "Légendes de la Maison Provinciale". La table des matières oublie une nouvelle ("La Statue de bois").


Quatrième de couverture
     On peut dire, sans risque d'erreur, que Hawthorne est le promoteur du fantastique psychologique — cet univers fait de choses impalpables, de clair-obscur, de légères et troublantes anomalies. Son génie, il l'a fait éclater dans ses deux romans les plus connus « La lettre écarlate » et « La maison aux sept pignons » mais ses contes sont peut-être ce qu'il a écrit de meilleur. Douze d'entre eux sont rassemblés ici et ils apparaissent tous comme des joyaux merveilleux dans la littérature de l'étrange.
Sommaire
Cacher les différentes éditions des textes
1 - La Vieille fille blanche (The Old Maid in the Winding-Sheet / The White Old Maid, 1835), pages 5 à 21, nouvelle, trad. Marc LOGÉ
Inédit.
Première parution en 0 (non référencée dans nooSFere).

2 - Wakefield (Wakefield, 1835), pages 23 à 37, nouvelle, trad. Marc LOGÉ
1 autre édition de ce texte dans nooSFere :
- in Contes étranges (CALMANN-LÉVY, 1882) sous le titre M. Wakefield
Première parution en 0 (non référencée dans nooSFere).

3 - L'Artiste du beau (The Artist of the Beautiful, 1844), pages 39 à 73, nouvelle, trad. Marc LOGÉ
2 autres éditions de ce texte dans nooSFere :
- in Contes étranges (CALMANN-LÉVY, 1882) sous le titre L'Amour du beau
- in L'Enterrement de Roger Malvin et autres contes étranges (FLAMMARION, 1992)
Parution en ouvrage indépendant :
- Artiste du beau (L’) (ALLIA, 2021)
Première parution en 0 (non référencée dans nooSFere).

4 - La Statue de bois (Drowne's wodden image, 1844), pages 75 à 93, nouvelle, trad. Marc LOGÉ
1 autre édition de ce texte dans nooSFere :
- in Contes étranges (CALMANN-LÉVY, 1882)
Première parution en 0 (non référencée dans nooSFere).

5 - L'Expérience du docteur Heidegger (The Fountain of Youth / Dr. Heidegger's experiment, 1837), pages 95 à 110, nouvelle, trad. Marc LOGÉ
4 autres éditions de ce texte dans nooSFere :
- in Contes étranges (CALMANN-LÉVY, 1882)
- in La Fille de Rappacini (FLAMMARION, 1973)
- in Otherlands - Tales from the past - Volume 3 (OTHERLANDS, 2015)
- in Le Grand Livre des Tales from the past (OTHERLANDS, 2016)
Première parution en 0 (non référencée dans nooSFere).

6 - Le Glas nuptial (The Wedding Knell, 1836), pages 111 à 124, nouvelle, trad. Marc LOGÉ
Inédit.
Première parution en 0 (non référencée dans nooSFere).

7 - Le Trésor de Peter Goldthwaite (Peter Goldthwaite's Treasure, 1838), pages 125 à 154, nouvelle, trad. Marc LOGÉ
1 autre édition de ce texte dans nooSFere :
- in Contes étranges (CALMANN-LÉVY, 1882) sous le titre Le Trésor
Première parution en 0 (non référencée dans nooSFere).

8 - Le Voile noir du pasteur (The Minister's black Veil, 1836), pages 155 à 176, nouvelle, trad. Marc LOGÉ
4 autres éditions de ce texte dans nooSFere :
- in Les Chefs-d'œuvre du Fantastique (PLANÈTE, 1967) sous le titre Le Voile noir du ministre
- in Contes (AUBIER FLAMMARION, 1968) sous le titre Le Voile noir du ministre - Parabole
- in Anthologie de la peur : Entre chien et loup (SEUIL, 1989)
- in Le Manteau de Lady Eléonore et autres contes (GARNIER-FLAMMARION, 1993) sous le titre Le Voile noir du ministre
Première parution en 0 (non référencée dans nooSFere).

9 - La Mascarade de Howe (Howe's Masquerade, 1838), pages 179 à 198, nouvelle, trad. Marc LOGÉ
4 autres éditions de ce texte dans nooSFere :
- in Histoires de doubles (POCKET, 1977)
- in Histoires de doubles (FRANCE LOISIRS, 1980)
- in Histoires de doubles (POCKET, 1988)
- in La Grande anthologie du fantastique - 1 (OMNIBUS, 1996)
Première parution en 0 (non référencée dans nooSFere).

10 - Le Portait de d'Edouard Randolph (Edward Randolph's Portrait, 1838), pages 198 à 214, nouvelle, trad. Marc LOGÉ
Inédit.
Première parution en 0 (non référencée dans nooSFere).

11 - Le Manteau de Lady Éleanore (Lady Eleonore's Mantle, 1838), pages 214 à 234, nouvelle, trad. Marc LOGÉ
2 autres éditions de ce texte dans nooSFere :
- in Contes (AUBIER FLAMMARION, 1968) sous le titre Le Manteau de Lady Éléonore
- in Le Manteau de Lady Eléonore et autres contes (GARNIER-FLAMMARION, 1993) sous le titre Le Manteau de Lady Éléonore
Première parution en 0 (non référencée dans nooSFere).

12 - La Vieille Esther Dudley (Old Esther Dudley, 1838), pages 234 à 249, nouvelle, trad. Marc LOGÉ
Inédit.
Première parution en 0 (non référencée dans nooSFere).

Critiques
 
     Nathaniel Hawthorne (1804-1864), bien qu'il soit l'un des grands du fantastique américain du XIXe siècle, est loin de jouir chez nous de !a notoriété de son contemporain Edgar Poe (1809-1849) : lacune qui sera en partie comblée par la présente réédition de douze de ses contes, empruntés à divers recueils (Le voile noir du pasteur, par exemple, fait partie des Twice-told tales de 1837, cependant que L'artiste du beau a paru en volume neuf ans après, — dans Mosses from an old manse). L'illustration de couverture, cependant, risque de tromper sur la marchandise : car si Hawthorne flirte parfois avec le macabre, il reste dans l'ensemble à mi-chemin entre le fantastique spectaculaire de Poe et le fantastique psychologique de Henry James. Cette espèce de momie desquamée en vêtements de deuil n'a que peu de rapports avec la « vieille fille blanche » qui donne son titre au premier conte et à l'ensemble du recueil. Il s'agit plutôt d'une bizarrerie du cœur humain (après la mort de son fiancé, elle suit tous les enterrements « vêtue d'un long vêlement blanc que le peuple appelle son linceul »), doublée d'une bizarrerie du destin (rendez-vous au dernier moment de leur vie avec l'orgueilleuse rivale responsable de son deuil) et d'une leçon morale (« Reviens et raconte-moi ta vie », lui a-t-elle dit ; « alors si tu me parles de souffrances pires que la mort, nous te pardonnerons tous deux ».
     Ce sont là les trois ingrédients qu'on trouve à doses variables dans chacune de ces histoires. Parfois, il y a pur insolite psychologique, comme dans Wakefield (homme « ensorcelé » qui a déserté son foyer pendant vingt ans : « il était parvenu à se séparer du monde, à disparaître, à renoncer à sa place et à ses privilèges parmi les vivants sans être pour autant admis parmi les morts » ) ou dans Le trésor de Peter Goldthwaite (le héros au nom ironique — « le lopin à l'or » — démolit sa vieille maison pour retrouver le trésor d'un ancêtre du même nom ; il y a des légendes de malédiction, de pacte avec le diable, mais en fait tout le mal vient de l'esprit chimérique des deux Peter Goldthwaite). La plupart du temps, « ces fables... contiennent... une morale » (page 205) : c'est le cas du Glas nuptial (après deux mariages malheureux, une vieille coquette se décide à accorder sa main à celui qui l'attend depuis quarante ans ; rendu excentrique par la solitude, il vient vêtu d'un suaire, symbole de la vie conjugale qu'il leur reste : la décrépitude et la mort ; mais comprenant l'un et l'autre le peu de poids des vanités de ce monde, ils s'unissent pour l'éternité) ; du Manteau de Lady Eleanor (symbole de l'orgueil dans lequel elle se drape, il recèle les germes d'une terrible épidémie qui frappe toute la ville à commencer par la belle et ses soupirants les plus empressés) ; du Voile noir du pasteur (qui inspire terreur et répulsion à tous, à commencer par celui qui le porte, sans qu'on sache jamais si c'est pour cacher une douleur ou un péché : c'est le symbole du secret que chacun de nous garde) 1.
     Quant au fantastique proprement dit, il est plus souvent rejeté qu'exploité. Dans La statue de bois, le jeune sculpteur Drowne, plein de talent mais incapable de donner vie à ses créations, sculpte un jour une femme très belle et pleine de vie, comme s'il délivrait « l'hamadryade du chêne » ; quand on le voit se prosterner devant elle, on murmure que ce Pygmalion-Geppetto est possédé ; et voilà que la statue marche dans la rue... mais non, c'est !e modèle : par amour pour ce dernier, Drowne a joui d'un génie éphémère. Et l'élixir de jouvence donne-t-il vraiment, dans L'expérience du docteur Heidegger, à trois vieux et une vieille une nouvelle jeunesse, éphémère et tout aussi folle que la première, ou seulement l'illusion, comme ils l'ont pensé eux-mêmes d'abord en en voyant l'effet sur une rose ? Si Le portait d'Edouard Randolph tout noirci montre à nouveau les ravages que peut provoquer la malédiction d'un peuple sur le visage d'un gouverneur, pour servir de leçon à Hutchinson à la veille de déclencher le massacre de Boston (1770), n'est-ce pas simplement dû à l'art de sa nièce Alice Vane ? On dit que La vieille Esther Dudley, qui garde la Maison Provinciale dont la clé lui a été confiée par le dernier gouverneur royal Howe, y convie les fantômes des aristocratiques hôtes de jadis, mais ne sont-ce pas plutôt l'équivalent des « momios » chiliens (qui ont bien montré, hélas ! qu'ils n'étaient pas morts) ? On touche même à la science-fiction avec L'artiste du beau, où un horloger-poète crée un papillon mécanique réunissant et amplifiant toutes les grâces de la nature. Le seul épisode auquel l'auteur renonce à donner une explication rationnelle, La mascarade de Howe (où le dernier gouverneur royal, peu avant sa chute, voit passer « les fantômes des anciens gouverneurs... convoqués pour former la procession funéraire de l'autorité royale dans la Nouvelle — Angleterre », et le sien propre fermer la marche 2, l'auteur ne le prend pas à son compte, mais dit l'avoir entendu de la bouche d'un vieil homme qui lui-même le tenait de parents plus ou moins éloignés.
     On voit donc qu'Hawthorne s'applique plutôt à montrer comment naissent les légendes (l'ombre d'un rideau bouge, et il n'en faut pas plus pour qu'un témoin superstitieux affirme avoir vu frissonner un mort, pp. 7 et 163) qu'à les accréditer lui-même. Non croyant, il s'intéresse à elles non comme manifestations du surnaturel, mais comme exemples de mécanismes psychologiques aberrants, non sans humour parfois, soit qu'il feigne de préférer l'interprétation incroyable et comique (« Peter revint de sa quête... si décharné et si déguenillé que... les épouvantails... lui firent signe sur son passage. « Ils se sont simplement agités dans le vent » », se dit Peter Goldthwaite. Non, Peter, ils t'ont bel et bien fait signe, car les épouvantails reconnurent en toi un frère ! », p. 129), soit qu'il démontre sur un être simple le ricochet de la mystification (« Un petit diable... se couvrit le visage d'un mouchoir noir, et effraya si bien ses compagnons qu'il fut lui-même saisi de panique », page 165). « Démocrate convaincu » (p. 235) dans un pays à l'indépendance toute fraîche, il se plaît aussi, notamment dans les quatre Légendes de la Maison Provinciale, à participer à l'élaboration des mythes exprimant et exaltant l'âme collective de !a Nouvelle-Angleterre. Enfin, « romantique et puritain à la fois » 3, Il a le goût de la parabole (sous-titre du Voile noir) où « l'interprétation morale prime la pure psychologie » (3) : mais la stigmatisation des défauts les plus évidemment nuisibles à l'individu en société — l'orgueil (« elle [Lady Eleanor] essaie de se placer au-dessus des sympathies de notre nature commune, qui enveloppent toutes les âmes humaines. Reste à savoir si cette nature n'affirmera pas ses droits sur elle d'une façon qui la ravalera au niveau des plus bas d'entre nous », p. 220), l'intolérance (« les jeunes sont moins charitables envers les folies de la vieillesse que les vieux ne le sont envers celles de la jeunesse », p. 119), l'excentricité (« Un des grands avantages d'un mode de vie en société est que chaque personne modifie son esprit selon les autres esprits », page 147) — laisse-t-elle place à une philosophie plus personnelle ?
     C'est dans L'artiste et le beau que l'on devrait voir l'écrivain s'élever au-dessus des perspectives de son milieu, la bourgeoisie active, démocratique et puritaine du Massachusetts : et de fait, il prend ses distances avec ces « esprits sagaces qui estiment que la vie devrait être réglée comme le mécanisme d'une horloge par des poids de plomb » (p. 50), cette « classe de gens sensés et raisonnables qui estiment qu'il ne faut point jouer avec le Temps, qu'il soit considéré comme un moyen d'avancement ou de prospérité dans ce bas-monde, ou de préparation pour le monde à venir » (p. 46), en des termes qui rejoignent la thèse de Max Weber sur la liaison entre capitalisme et calvinisme 4, et celle de Boris Eizykman sur l'échangeabilité du temps-marchandise dans la visée capitaliste 5. Mais cette même histoire voit le forgeron réussir sa vie matérielle, sociale et sentimentale, lui qui dit : « Un seul coup direct de mon marteau est plus utile que les cinq années de travail que notre ami Owen a gaspillées sur ce papillon » ; et l'horloger — lorsque l'ouvrage auquel il a tout sacrifié dans sa vie est détruit, à peine achevé, par l'enfant de son ami et de celle qu'il aimait — découvrir que son travail était vain : « Pourquoi l'artiste... ne peut-il se contenter de la jouissance intérieure du beau sans... en écraser l'exquise fragilité en le saisissant dans une étreinte matérielle ? » (p. 53).
     Cyrille Arnavon (op. cit.) parle d'une « sorte de schizophrénie » dans Hawthorne : d'un côté le rêveur, de l'autre « le fonctionnaire des douanes capable et consciencieux » qui « connaissait les hommes et ne manquait pas d'une prudence pragmatique ». Ce sont ces deux tendances contradictoires qu'incarnent ses couples d'amis ; et force est de constater que Peter Goldthwaite la cigale doit son salut à John Brown la fourmi. Ainsi, de même qu'il plie son fantastique aux exigences du rationalisme, Hawthorne plie son romantisme à l'utilitarisme moral ambiant. C'est pourquoi, même si on est sensible au charme un peu désuet de ses contes, comme c'est mon cas, on doit reconnaître qu'il s'agit d'une œuvre plutôt mineure.

Notes :

1. Cette leçon serait plus claire sans une énorme faute de traduction ; je rétablis le temps et la ponctuation qui conviennent : « Lorsque l'ami révélera son cœur le plus secret à son ami, et l'amoureux à sa bien-aimée ; lorsque l'homme ne reculera pas devant l'œil de son créateur, en conservant précieusement le secret de son péché ; alors considérez-moi comme un monstre à cause du symbole sous lequel j'ai vécu et je meurs. Je regarde autour de moi et, miracle, sur .chaque visage j'aperçois un voile noir. » Puisque j'en suis à ce petit travail de correction, si souvent nécessaire, hélas, il convient de signaler que les vitres de la p. 7 ne sont pas « en diamant » mais « en losanges » ; que les « petites pétulances » de la p. 44 sont des mouvements d'humeur, l'« exhilaration » de la p. 105 de la gaîté exubérante, les « bubbles » (sic) de la p. 153 des illusions, la « congrégation » de la p. 159 l'assemblée des fidèles, les paroissiens, le « bonnet » de la p. 162 un chapeau (de femme, à brides), le « doublet » de la p. 189 un pourpoint ; que l'homme de la p. 192 n'est pas « vexé » et « harassé » mais agité et tracassé ; que p. 148 il ne s'agit pas de l'« apparition » d'une maison mais de son apparence ; que p. 51 il faut « l'oppressait » et non « l'oppresserait » ; qu'un qui de trop (avant-dernier mot de la p. 172) rend la phrase absurde ; et que... je n'en reste là que pour ne pas trop indisposer certains lecteurs et le rédacteur en chef.
2. Dans son essai sur Hawthorne, Poe insiste sur les ressemblances entre cette rencontre de Sir William Howe avec son fantôme prémonitoire, et la confrontation finale entre le narrateur et son homonyme dans son propre William Wilson, ceci jusque dans les détails (cadre d'une mascarade, épée et cape qui tombent enfin à terre) : mais le thème du double ne sert à Hawthorne qu'à satisfaire ce que Poe appelle son « amour de l'allégorie », alors que William Wilson en est une interprétation fantastique achevée.
3. Arnavon, Histoire littéraire des Etats-Unis, p. 162.
4. The protestant ethic and the spirit of capitalism, 1930.
5. Science — fiction et capitalisme, Mame, 1974.

 

George W. BARLOW
Première parution : 1/9/1974 dans Fiction 249
Mise en ligne le : 14/5/2015

Adaptations (cinéma, télévision, BD, théâtre, radio, jeu vidéo...)
Twice-Told Tales ( segment : Dr. Heidegger’s Experiment ) , 1963, Sidney Salkow (d'après le texte : L'Expérience du docteur Heidegger), (Segment film à sketches)

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