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City

Joël HOUSSIN

Première parution : Paris, France : Fleuve noir, mai 1983

Illustration de Angus McKIE

FLEUVE NOIR / FLEUVE Éditions (Paris, France), coll. Anticipation précédent dans la collection n° 1235 suivant dans la collection
Dépôt légal : mai 1983, Achevé d'imprimer : 29 avril 1983
Première édition
Roman, 192 pages, catégorie / prix : nd
ISBN : 2-265-02333-7
Format : 10,8 x 17,5 cm
Genre : Science-Fiction

Autres éditions

Sous le titre City, suivi de trois nouvelles   GOATER, 2020

Quatrième de couverture
     La solution se trouve dans l'œil de la mort.
     Cherchez-la.
     Mais prenez vos précautions.
     La mort vous guette.
Critiques
     Il y a beaucoup de Mad Max dans City, même si le cadre en est urbain, et si Stanton n'est pas Intercepteur, mais, plus directement, « nettoyeur ». Houssin a toujours aimé le cadre des grandes villes déliquescentes du proche futur — le néon dans la gadoue — et il s'en donne à cœur joie à décrire la « City », peuplée d'être retors ou monstrueux, abjects ou simplement démissionnaires. Le meilleur de son roman est dans les portraits qu'il trace des marginaux, les Staks, les Spéciaux, les Rampants, de tous ces mutants qui se transforment en reptiles ou en chauves-souris, et d'où émergent quelques grandes figures, comme La Mort, un cavalier de l'Apocalypse motorisé, qui a dressé des créatures gélatineuses innommables, ou comme le Président lui-même, au nom improbable d'Armenyam Dum Dum Forest, ancien boxeur, ou encore le Gouverneur, Runtroepe, « hallucinante masse de graisse et de corruption ».
     Le mouvement du récit est la convergence — passage des bandes de circulation extérieure au building suprotégé de la Xerox (une multinationale dont le nom doit être un clin d'oeil à une BD célèbre que Houssin doit adorer tellement elle colle à son univers), mais il est simplement dommage que cette convergence soit atteinte de pelade thématique à mesure qu'elle se resserre : comme souvent, mais ici plus encore que de coutume, le roman s'arrête brutalement au moment où on voudrait continuer à le chevaucher. Les 180 pages standard du Fleuve bloquent la création de l'auteur qui, de temps à autre, devrait interrompre sa production-fleuve pour se lancer, ailleurs, dans un ouvrage de plus vaste envergure qu'on attend de lui.

Jean-Pierre ANDREVON (lui écrire) (site web)
Première parution : 1/12/1983 dans Fiction 346
Mise en ligne le : 10/5/2002

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition GOATER, Rechute (2021)

    La collection « Rechute » des éditions Goater se veut explicitement (p. 4) la résurrection de la collection « Chute libre » des éditions Champ Libre, la maison de Gérard Lebovici — cette collection créée sur une idée de Jean-Patrick Manchette et dirigée par Jean-Claude Zylberstein. Vingt-et-un titres y furent publiés de 74 à 78, dont, histoire de situer le propos : La Jungle nue et Tarzan vous salue bien de Farmer, Le Chaos final de Spinrad, Vice versa de Delany, La Défonce Glogauer de Moorcock, Venus Plus X de Sturgeon, Orgasmachine de Watson, ou encore La Foire aux atrocités de Ballard. Le tout illustré par des Tardi et autres Mœbius… En fait, « Chute libre » fut en pleine concurrence avec la collection « Contre coup » des éditions du Sagittaire, où l’on retrouve Dick et Malzberg aux côtés de Vonnegut et Platt, pour l’exemple. Les visuels étaient différents, mais dans un esprit proche. Même format et même matière souple et toilée pour les couvertures, à l’instar de Goater. Marianne Leconte reprit dans sa collection de poche « Titres SF » chez Jean-Claude Lattès, une large part de la collection « Chute libre », mais aucun « Contre coup ». Ces deux collections ne publièrent que des anglo-saxons tandis que Goater est ouvert aux francophones.

    On l’aura compris, nous voici replongés au cœur de ce que fut la SF politique des années 70/80. Une littérature qui se voulait engagée (à gauche), contestataire, transgressive et tournée vers la sexualité la plus débridée — le Sida n’était pas encore passé par là. « Rechute » propose des œuvres récentes et inédites, à l’exception notable de Joël Houssin, justement, des œuvres engagées, gauchistes — un court recueil d’Ursula Le Guin, La Fille feu follet et autres textes, et une novella de Samuel Delany, L’Athée du grenier, sont annoncées à l’heure où nous bouclons.

    Houssin fut, entre autres, un auteur de SF des années 80, et donna aussi dans le polar noir avec Le Doberman ; voilà qui situe. Une littérature violente, voire ultra, qui cogne sec dans les tripes, mais on en a tant vu… Une littérature coup de poing, au sens propre : dans City, le pouvoir, la présidence, se conquiert sur le ring, entre les cordes, les gants aux poings. De la littérature Red Skins, en quelque sorte. L’univers peint à gros traits par Houssin n’est que la caricature de ce que fut le nôtre, dont il exacerbe les aspects les plus noirs et violents, les côtés les moins ragoutants. City est un vaste jeu de massacre de la différence sur fond de complot capitaliste vu par le flingueur-chef, le tout assaisonné de quelques scènes de sexe pas piquées des hannetons qu’on n’oserait plus écrire sans risque aujourd’hui.

    Dans « Multicolore », la première nouvelle à succéder au roman, le statut social ne se joue plus sur le ring mais à la roulette. Une roulette assurément russe, puisque les perdants finissent flingués fissa, dans un contexte sociétal axé sur le jeu, la flambe, la frime, sans aucune opposition. Suit « Cinq cent milligrames d’enfer », où les labos pharmaceutiques règnent en maîtres, se faisant de ces guerres où l’on tire court… Là encore, plus ça change, moins ça change. Thème qui sera aussi celui de « Jolie petite fille », où la rebelle finit comme solution de continuité pour la société en forme de ruche qu’elle tentait de fuir ; le pion qu’elle était atteint la huitième rangée pour se changer en reine.

    Excepté le dernier, ces textes ont recours à des artifices typographiques comme il était alors fréquent — des auteurs tels que Daniel Walther s’y adonnaient d’abondance. Des récits typiques de leur époque, on l’a dit. Il y a un gap non négligeable à les ressortir aujourd’hui, tant la société a changé. Tout comme la Chine de Xi Jinping n’a que bien peu à voir avec celle de la Révolution Culturelle et ses Gardes Rouges — ce qui était alors des revendications légitimes a désormais, dans le monde capital-socialiste actuel, accédé au pouvoir, mais ce faisant, s’est également modifié. Corrompu ?

    Bien que datée, l’écriture de Joël Houssin n’en reste pas moins dynamique ; on ne s’y ennuie pas. Toutefois, l’écart entre ce qui nous est présenté de potentialité et le monde actuel fera sans doute décrocher certains lecteurs. Il ne faut pas perdre de vue ce que l’on lit : Houssin ne critique pas le monde contemporain, mais celui des années 70/80.

Jean-Pierre LION
Première parution : 1/1/2021
Bifrost 101
Mise en ligne le : 16/6/2024

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