Il poussa un hurlement aigu quand il comprit que quelque chose lui déchirait la main. Il tenta de se mettre debout, mais il trébucha et tomba lourdement. Quelque chose de chaud s'accrocha à son visage. Il tenta de l'arracher et sentit un pelage dru sous ses doigts. Malgré sa panique il comprit la nature de l'horrible morsure : c'était un rat, mais un gros, un très gros rat. On aurait pu le prendre pour un petit chien.
James HERBERT est né à Londres, dans l'East End, et a passé sa jeunesse dans les quartiers populeux de la ville. Il a exercé plusieurs métiers, y compris ceux de fonctionnaire et de chanteur dans une formation rock. Actuellement il est directeur artistique d'une grande compagnie de publicité.
« Les Rats » est son premier roman.
Critiques
Il y avait déjà à distinguer l'Américain Frank Herbert et l'Allemand Herbert Franke, désormais il faudra connaître aussi l'Anglais James Herbert, dont le premier roman est remarquable. Il continue deux traditions : la première veut que l'histoire de Londres soit jalonnée de désastres — Grande Peste, Grand Incendie, Emeute de Gordon, Blitz — ; la seconde (conséquence peut-être de la première) que la SF anglaise brille surtout par les catastrophes — mort des céréales (Christopher), révolte des superplantes (Wyndham), grand vent et grande sécheresse (Ballard). Ici, ce sont les grands rats, les super-rats, porteurs d'un super-virus dont l'origine est expliquée de façon fort convaincante grâce à de bonnes connaissances en médecine, en zoologie et en matière de mutations, et les ravages racontés de façon fort effrayante grâce à l'art qu'a ce Cockney de décrire les quartiers populeux où il est né, et de camper en quelques lignes des personnages bien vivants, pathétiques dans leur médiocrité. Et puis, en quelques lignes aussi (p. 78), le livre éclaire des profondeurs (sociologiques ? écologiques ? philosophiques ?) : « Les gens lui avaient inspiré de la répulsion, non pas à titre individuel, mais en masse. Assez bizarrement, c'était le même genre de répulsion que celle que lui avaient inspirée les rats. Le sentiment d'une menace. »