Les récits réunis dans ce recueil possèdent un trait commun qui leur confère une unité profonde : tous nous présentent des cas de réincarnation ou de possession. C'est là un aspect nouveau de l'œuvre de Lovecraft, car l'accent est mis, cette fois-ci, sur la psychologie et les mystères du subconscient et non sur la démonologie.
Cependant, les lecteurs qui se sont passionnés pour La couleur tombée du ciel et Dans l'abîme du temps retrouveront les entités mythologiques dont l'auteur a peuplé le « monde espace-temps » inventé par lui. Pour les héros de Lovecraft, notre planète a été jadis habitée par une autre race qui, après en avoir été chassée, continue de vivre en marge de notre univers et tente d'en reprendre possession.
Dans Par delà le mur du sommeil, Lovecraft donne, une fois encore, la mesure de son étrange génie, et nous émerveille par son érudition prodigieuse mise au service d'un pouvoir évocatoire qui a déjà séduit de très nombreux lecteurs.
4ème de couverture
Dans la même collection :
H. P. LOVECRAFT
La Couleur tombée du Ciel
Lovecraft, qui est Américain, a inventé un terrifiant monde de l'espace-temps, son style gagne encore à la traduction en fiançais.
Jean COCTEAU, de l'Académie française.
Il nous communique l'essentiel qui est son monde intérieur.
Maurice NADEAU, France-Observateur.
Lovecraft est le poète qui a su donner à l'angoisse de l'homrne moderne sa véritable, sa prodigieuse dimension.
Louis PAUWELS, Carrefour.
Ce nouvel Edgar Poe... est la grande découverte littéraire de l'année.
Paris-Match.
Dans l'Abîme du Temps
Lovecraft est pratiquement inclassable. Il est insolite.
Charles DELASNE, France-Observateur.
Un monde étrange et envoûtant.
Antoine LAURAS, Études.
Les récits de Lovecraft nous plongent toujours dans une atmosphère d'angoisse étouffante et d'horreur.
Ch. D., Les Lettres Françaises.
Littéralement prodigieux.
Michel CARROUGES, MONDE Nouveau.
Lovecraft associe intimement le fantastique à la science, les anticipations au sabbat des sorcières.
1 - Par-delà le mur du sommeil (Beyond the Wall of Sleep, 1919), pages 7 à 22, nouvelle, trad. Jacques PAPY 2 - Les Rats dans les murs (The Rats in the Walls, 1924), pages 23 à 49, nouvelle, trad. Jacques PAPY 3 - Le Monstre sur le seuil (The Thing on the Doorstep, 1937), pages 51 à 80, nouvelle, trad. Jacques PAPY 4 - Celui qui hantait les ténèbres (The Haunter of the Dark, 1936), pages 81 à 105, nouvelle, trad. Jacques PAPY 5 - L'Affaire Charles Dexter Ward (The Case of Charles Dexter Ward, 1941), pages 107 à 237, nouvelle, trad. Jacques PAPY
Les vieux renards comme moi se demandent toujours — avec condescendance — comment de jeunes lecteurs peuvent, encore aujourd'hui, se plonger dans les écrits de Lovecraft, les apprécier et, ainsi, faire fructifier un fonds de commerce rentable pour les éditeurs du reclus de Providence. Fort de nos certitudes, nous avons tendance à croire que cette jeune génération d'amateurs est issue du jeu de rôles et que, finalement, ils n'ont que le manque de goût qu'ils méritent, ces jeunes incultes remuants. Mais lorsque nous devons nous-même relire les nouvelles de Lovecraft, celles qui ont enchanté notre pré-adolescence, nous faisons la fine bouche et imaginons à l'avance les heures d'ennui et d'irritation qui vont suivre. Nous nous trompons. Force est d'admettre que nous avions oublié le plaisir du frisson viscéral, l'intemporalité des récits et des personnages, l'agréable morsure de la terreur suggérée, l'intelligence et le sens du récit de l'écrivain américain. Relire Lovecraft, c'est découvrir à quel point nous sommes victimes de nos propres faux souvenirs, clichés et préjugés (nés des différentes biographies publiées et des légendes entourant l'auteur maudit).
Par-delà le mur du sommeil est un recueil de cinq nouvelles dont le plat de résistance — et quel plat ! — s'intitule L'Affaire Charles Dexter Ward, certainement l'un des plus longs et intenses récits du créateur de cette cosmogonie fascinante sur laquelle règne l'ombre de la créature la plus connue du mythe : Cthulhu. Ce court roman est un hommage à peine déguisé aux romans gothiques du XIXe siècle et surtout à Frankenstein de Mary Shelley. Ambiance et décors hors du temps, personnages d'une certaine modernité, tout dans cette novella en fait le condensé et le lexique incontournable du reste de l'œuvre de Lovecraft. Quant aux autres nouvelles, celle qui donne son titre au recueil démontre à quel point les rêves (ou plutôt les cauchemars !) sont le ferment de l'imaginaire de cet homme. Anecdotique certes, mais riche d'enseignement. Les Rats dans les murs est l'une des histoires les plus connues et reprises, un récit efficace et modèle (voire standard), tandis que Le Monstre sur le seuil et Celui qui hantait les ténèbres (nouvelle dédiée à — et mettant en scène — Robert Bloch) jouent dans le même registre glacé et glaçant, distillant la terreur à petites gouttes — et touches — , entrouvrant peu à peu les portes qui donnent sur les profondeurs terrifiantes de l'espace où se dissimulent les Grands Anciens.
Difficile de juger ce recueil d'un œil neuf et naïf, mais savourer Lovecraft après plusieurs années d'abstinence provoque les mêmes sensations étouffantes et les mêmes frayeurs irraisonnées. L'âge venant, l'on se découvre un appétit de gourmet et non plus de gourmand. Seule faute de goût, cette présentation de l'auteur en quatrième de couverture qui bat tous les records de bêtise : « [Lovecraft] est l'inventeur d'un genre inédit : le conte matérialiste d'épouvante, inscrit dans un cadre mythologique terrifiant car cohérent et scientifiquement plausible. » Un monument de n'importe quoi à la sauce commerciale qui ferait presque pleurer si le plaisir de (re)découvrir Lovecraft n'était pas aussi intense.
Cité dans les Conseils de lecture / Bibliothèque idéale des oeuvres suivantesAnnick Béguin : Les 100 principaux titres de la science-fiction (liste parue en 1981)