Michael G. CONEY Titre original : The Celestial Steam Locomotive, 1983 Première parution : Boston, USA : Houghton Mifflin, septembre 1983 Cycle : Le Chant de la Terre vol. 2
Voici le premier volume d'une oeuvre épique immense, Le Chant de la Terre, qui décrit comment, dans un avenir très éloigné, un être vraiment cosmique, Starquin, fut involontairement piégé par les hommes et comment il parvint à se libérer, dans certains possibles, en changeant le cours de l'histoire.
La Fille, Zozula le Cuidador et Manuel l'Humain sauvage devaient jouer un rôle décisif dans cette libération en explorant à bord de la Locomotive le Pays des Rêves Perdus.
Par sa richesse imaginative, aux frontières de la fantasy et de la science-fiction, cet univers dont chaque volet est indépendant évoque l'oeuvre célèbre de Cordwainer Smith ou le Radix d'A.A. Attanasio.
Une des découvertes majeures des années 80. A suivre dans Les Dieux du grand loin.
Michaël Coney est décidément un auteur surprenant, dont aucun livre ne ressemble au précédent. Son œuvre possède une richesse thématique plutôt rare chez les écrivains anglo-saxons de sa génération, qui ont souvent tendance à se cantonner dans un genre dont ils exploitent à fond les ficelles et possibilités en un appauvrissement progressif de leurs idées et de leurs images. (Il suffit de comparer les plus récents space opéras de G.R.R. Martin, par exemple, avec Armaggedon Rag pour réaliser à quel point l'approche d'un genre nouveau peut dynamiser un romancier dont l'œuvre sombrait dans la grisaille).
Coney a en effet touché à la plupart des sous-genres de la SF, du roman post-cataclysmique — Les enfants de l'hiver — à la fiction spéculative — Les crocs et les griffes — en passant par le space opéra « ethnologique » — Syzygie, L'image au miroir — et sans compter les livres inclassables car trop personnels — Demain la jungle et La locomotive à vapeur céleste.
Ce dernier roman repose sur une série de postulats si longue qu'il est difficile de les énumérer tous, mais le principal est l'idée des aléapistes, ou avenirs possibles, qui rejoint le principe aujourd'hui banal de l'arbre du temps. Mais réduire La locomotive à vapeur céleste à cette unique idée serait une trahison. Car il y a aussi cette humanité aux rameaux divergents, et la Terre du Rêve, et les Didons, qui gardent les Rochers, points de transfert essentiels au voyage dans le Grand-Loin... Et ce ne sont que des détails car, comme le dit Coney, cette histoire n'est qu'un infime fragment du Chant de la Terre, épopée vertigineuse qui couvre la totalité de l'espace, du temps et des aléapistes.
Un roman cosmique, donc, impressionnant de maîtrise, dans lequel Coney traite avec succès un thème d'une ambition démesurée sans pour autant oublier l'Homme qui, au fond, est chez lui le seul véritable thème, les autres ne constituant qu'un habillage — prestigieux, il est vrai. Avec ce livre-univers, premier d'une trilogie, il démontre qu'il est un grand de la SF et qu'il faudra compter avec lui dans les années à venir.