Dans le royaume des Six-Duchés battu par les vents, Fitz, bâtard d'un prince, rejeté par sa famille, est élevé à la cour par le maître d'écurie de son père. Mais le roi décide de lui faire enseigner une science redoutable, don de sa lignée, les Loinvoyant : l'art de la magie. Et qui plus est, dans l'intérêt du royaume, il devra également apprendre à devenir un assassin...
Dans la grande tradition des romanciers de l'aventure et de ce que les Américains appellent fantasy, Robin Hobb, alias Megan Lindblom, qui s'est distinguée dans des oeuvres de science-fiction, est considérée comme un maître du genre. Son oeuvre figure sur les listes de best-sellers en Amérique et en Angleterre ; elle est publiée pour la première fois en France.
Premier tome de la célèbre série « l’Assassin Royal », L’Apprenti assassin met en scène la jeunesse et l’apprentissage du héros, Fitz, bâtard de l’héritier au trône des Six-Duchés. Abandonné dès sa naissance, celui-ci s'est vu confié à la garde de la famille de sa mère avant d'être renvoyé à la cour à l’âge de six ans pour sa formation au métier d’assassin, ainsi que ses première misions sur le terrain.
Cet ouvrage offre une lecture très abordable et agréable car Robin Hobb emploie un vocabulaire simple et un langage clair, sans tournures de phrases ardues, objets magiques obscurs ni descriptions longues et harassantes.
Mais son point fort principal est l'habileté de l’auteur à présenter l’état d’esprit d’un personnage souffrant de sa bâtardise. Les bâtards sont souvent présents en medieval fantasy, sans pour autant que les auteurs prennent le temps d’approfondir leur psychologie. Leur statut d’enfant illégitime passe au second plan, pour parfois même disparaître dans l’esprit du lecteur (et de l'auteur ? ? ?).
Néanmoins, ces aspects positifs ne peuvent en cacher d’autres, moins excitants.
Ainsi, une fois de plus (et à mon grand regret), le héros est un enfant, ce qui rend le scénario peu crédible. En effet, qu'il existe des enfants-soldats ou terroristes, c'est une triste réalité, mais imaginer qu'un garçon de treize ans mène de subtils complots et de retors assassinats me semble irréaliste. Certes, le côté « apprentissage » s’applique d’autant mieux à un enfant, mais il rend aussi le personnage principal plus proche du lecteur pré-adolescent. Le lecteur adulte préfèrera sans doute des assassins plus sombres et cyniques, comme Vlad Taltosde Steven Brust ou le Benvenuto Gesufal de Jean-Philippe Jaworski (in Gagner la guerre). D'ailleurs, le scénario et les personnages très simplistes, pas assez creusés, et l’intrigue franchement linéaire renforcent cette impression de littérature peu mâture.
Tout cela fait de L’Apprenti assassin un livre léger et agréable à lire, mais sans réelle consistance, qui conviendra plus à un jeune lecteur ayant fini la saga des Harry Potter et cherchant un nouveau héros à qui s’identifier, plutôt qu’à un adulte préférant les aventures sombres et grinçantes d’un tueur à gages tourmenté.
Cité dans les Conseils de lecture / Bibliothèque idéale des oeuvres suivantesJean-Pierre Fontana : Sondage Fontana - Fantasy (liste parue en 2002) pour la série : Le Royaume des Anciens