Greg BEAR Titre original : Blood music, 1985 Première parution : Westminster, Maryland, USA : Arbor House, avril 1985ISFDB Traduction de Monique LEBAILLY Illustration de Bruno LETIZIA
Un brillant généticien est renvoyé de sa start-up en Californie pour avoir mené des expériences interdites sur les biopuces, des ordinateurs biologiques de la taille d’une cellule. Afin de sauver le produit de ses recherches, il s’injecte les précieux organismes modifiés, espérant pouvoir les récupérer aisément. Mais ceux-ci se multiplient, deviennent hors de contrôle et finissent par transformer tout son corps. Cette pandémie intelligente se répand alors à une vitesse fulgurante aux États-Unis, et bientôt dans le monde entier, provoquant une apocalypse d’un nouveau genre.
L’avis de l’éditeur
Roman majeur de Greg Bear, La Musique du sang développe le thème de la nouvelle « Le chant des leucocytes », lauréate des prix Hugo et Nebula.
À la fois thriller-catastrophe et spéculation scientifique très aboutie, ce récit explore les dangers des nanobiotechnologies et préfigure les dérives des mégacorporations du numérique, démontrant ainsi de façon éclatante le rôle de la science-fiction comme lanceur d’alerte.
L’écrivain américain Greg Bear (1951-2022) est un géant incontesté de la science-fiction mondiale, avec des romans souvent prémonitoires, mêlant avec brio la rigueur scientifique et un imaginaire sans limite. Cet auteur enchaînera les succès tout au long de sa carrière, notamment avec son célèbre Cycle de l’Hexamone (Eon, Eternité et Héritage).
« Ce que j’aime dans son œuvre, c’est qu’elle embrasse librement tout ce que la science-fiction peut offrir… Greg Bear nous emmène dans un grand tour de manège grâce à son imagination débordante. »
(Robert J. SAWYER)
Ceux qui ont découvert Greg Bear avec La reine des anges,Éon ou L'échelle de Darwin avaient hâte de voir réédité le roman qui l'a révélé en 1985, et qui développe une nouvelle saluée par les prix Hugo et Nebula, « Le chant des leucocytes » : c'est chose faite chez Folio SF. On n'est pas déçu : l'imaginaire de la bio-ingéniérie et de l'infiniment petit adossé à de méticuleuses extrapolations scientifiques, mais aussi un art de la narration parfaitement maîtrisé, le grand soin pris à camper des personnages finement étudiés, une intrigue qui laisse place au suspense, quelquefois même à l'angoisse, voire à l'horreur : la palette de l'écrivain est déjà complète. À partir d'un personnage de savant renvoyé de son entreprise de recherches biologiques pour avoir effectué des recherches secrètes sur des cellules intelligentes, Bear déploie un scénario-catastrophe à l'échelle de tout le continent nord-américain, puis de la planète entière, en suivant des étapes dont les titres renvoient aux différents stades de la division des cellules (la mitose) : belle manière de développer le livre et l'histoire selon les procédures de l'idée mère du roman. La dérive métaphysique finale, qui donne un tour inédit au cataclysme annoncé (en allant faire une incursion dans le domaine des quanta), peut laisser un peu dubitatif ; cela ne suffit pas à gâcher le plaisir de cette lecture. Un livre à recommander !
La publication de ce livre est bien dans la ligne éditoriale de la collection Fictions qui, après deux titres d'auteurs relativement connus — Harry Harrison et G.R.R. Martin -, vient de révéler deux écrivains dont aucun roman n'avait été traduit jusque là. On connaissait Greg Bear par quelques nouvelles d'une originalité incontestable, notamment Petra et Le chant des leucocytes — lauréate l'année dernière des prix Hugo et Nebula — , toutes deux publiées dans Univers. La musique du sang est la novellisation du second texte.
Comme toutes les élongations de nouvelles, ce roman souffre d'une certaine lenteur et semble parfois ennuyeux. Du moins jusqu'aux alentours de la page 120. Ensuite, Bear s'est attaché à développer et, surtout, prolonger les idées en germe dans les dernières lignes du Chant des leucocytes. Malgré quelques personnages sans grande utilité — les jumeaux de la mère de Vergil — , les deux derniers tiers du roman sont bien construits et intéressants de bout en bout. Le thème — la création de cellules intelligentes qui permettent à l'humanité d'accéder à un stade de conscience différent — , débouche sur de nombreuses applications allant de la hard science la plus austère à un certain surréalisme ; les descriptions des villes des Etats-Unis en cours de remodèlement sont exemplaires à cet égard.
Au bout du compte, un bon roman basé sur une idée originale, qui aurait gagné à être plus court. Et représentatif, espérons-le, de ce que sera le niveau moyen de la collection.