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Fugues

Lewis SHINER

Titre original : Glimpses, 1993
Traduction de Jean-Pierre PUGI
Illustration de Alain BRION

DENOËL (Paris, France), coll. Lunes d'Encre
Dépôt légal : octobre 2000
Première édition
Roman, 416 pages, catégorie / prix : 145 FF
ISBN : 2-207-25012-1
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture
     Ray Shackleford, réparateur de matériel hi-fi, se noie dans l'alcool et la musique. Il tente d'oublier une vie de couple chaotique et les brimades de son père. A la mort de ce dernier, sa vie bascule. Il se découvre un don singulier : il a le pouvoir de se projeter dans l'univers de ses groupes de rock favoris, d'enregistrer des versions inédites de leurs chansons. Poussé par Graham Hudson de Carnival Records, il accepte d'enregistrer l'album mythique et inédit des Doors : Celebration of the lizard. Mais ces voyages incessants dans le passé se révèlent bientôt dangereux. Car à trop jouer avec l'espace et le temps, ne risque-t-on pas d'ouvrir les portes du domaine de la Mort ?

     Fugues est à la fois un roman initiatique et un magnifique hommage au rock des années 60-70 ; on y croise entre autres Jim Morrison, Brian Wilson, Jimi Hendrix et les Beatles.

     Lewis Shiner est né en 1950. Son premier roman, Frontera, a été nominé au prix Nebula. Mais c'est son deuxième roman, Deserted cities of the heart (à paraître dans la même collection), qui lui a valu d'être encensé par une critique unanyme, dont James Ellroy.
Critiques
 
     Pour certains, une musique — surtout une chanson — , c'est une madeleine de Proust, un instantané temporel. De toute évidence, Lewis Shiner est de ceux-là, lui qui bâtit tout un roman sur la recréation du passé, mais pas n'importe lequel : le passé du rock, et d'une de ses périodes les plus fécondes, la fin des sixties.
     Le protagoniste de Fugues, Ray Shackleford, est — tout comme Shiner — un ancien musicien. Il s'est pour sa part reconverti dans la réparation des appareils de hifi, amplis, platines, etc. (Le roman date de 1993 et se déroule cinq ans plus tôt.) Un jour, alors qu'il rêvasse à ce qu'aurait été Get Back, l'album des Beatles sorti sous le titre Let It Be, et notamment « The Long and Winding Road » sans les rajouts sirupeux de Phil Spector, il a la surprise non seulement d'entendre ce titre fantôme, mais de l'enregistrer... Une musique issue d'un univers parallèle ?
     Des albums fantômes, il en connaît d'autres. The Celebration of the Lizard, des Doors. Smile, des Beach Boys. First Rays of the New Rising Sun, de Jimi Hendrix. Pourquoi ne pas les invoquer aussi, puis trouver un autre amoureux du rock des sixties pour les vendre ? Et même, pourquoi ne pas glisser dans le temps, « fuguer », en somme, afin d'aller motiver les musiciens concernés ? Sauf que la réalité peut se montrer résiliente...
     Fugues est un roman d'une grande richesse. Portrait à la fois d'une époque révolue, d'une génération désenchantée et d'un personnage épris d'absolu dans la musique comme en amour (car, surtout par sa faute, son couple bat de l'aile), il fait partie de ces livres de genre — tel, au hasard, Replay de Ken Grimwood — qu'on peut mettre entre les mains de tout lecteur raisonnablement ouvert.
     Son aspect le plus étrange, toutefois, tient à ce que, depuis sa parution, son intrigue s'est réalisée. La plupart de ces galettes mythiques sont disponibles — Let it be... naked des Beatles s'écoutant dans sa version déspectorisée, le Beach Boys et le Hendrix ayant été reconstitués, il n'y a guère que le Doors qui reste insaisissable, mais pour combien de temps ?
     Cela ne retire rien à la qualité de ce bouquin attachant et nostalgique. Au contraire : on dispose maintenant de sa bande son.

Pierre-Paul DURASTANTI (lui écrire)
Première parution : 1/1/2013 dans Bifrost 69
Mise en ligne le : 17/12/2017


     Ray Shackleford exerce la profession de réparateur de matériel hi-fi. Fin connaisseur du rock, notamment celui des années 60 et 70, il souffre de la dégradation de ses relations avec sa femme. Lorsque son père meurt dans un accident de plongée, il se découvre un talent très étrange : il arrive à visualiser et même à vivre de l'intérieur une séance en studio des Beatles. Ce bœuf n'a jamais été enregistré, alors qu'il contenait des tubes en puissance. Shackleford prend alors contact avec le patron d'une maison de disques, Graham Hudson, spécialisé dans les CD pirates. Celui-ci, passionné de musique rock comme Ray, fond de bonheur quand ce dernier lui fait entendre un enregistrement qu'il a réalisé de cette session. Illico presto, il décide de la commercialiser. Ce n'est que le début d'une longue série de quêtes de disques perdus, comme le Celebration of the Lizard des Doors de Jim Morrison, ou le Smile de Brian Wilson et des Beach Boys. Peu à peu, le passé va revêtir une apparence de réalité de plus en plus confondante, de telle sorte que la femme de Ray, s'estimant délaissée, décide de quitter son mari.
     L'argument de base de ce roman, un homme capable de faire revivre le passé, s'efface rapidement pour céder la place à une étude psychologique et à un hommage au rock. C'est sans doute le défaut de Fugues, si l'on considère ce livre comme de la science-fiction (ou du fantastique, l'auteur ne rationalisant à aucun moment ses voyages dans le passé) : le talent irréel du narrateur sert uniquement à déclencher une série d'épreuves bien réelles qu'il va vivre. Mais, heureusement, Lewis Shiner connaît le rock autant que ses personnages, et s'est visiblement bien documenté : tous les détails sonnent juste. De plus, Ray Shackleford, malgré son comportement lunatique à l'égard de sa femme, est un personnage attachant, décrit avec finesse, et notamment dans ses relations orageuses avec son père. L'autre intérêt de ce roman réside dans l'opposition entre ces deux thèmes : alors que Shackleford se rend de plus en plus fréquemment dans un passé magnifié à la rencontre de stars du rock, il essaie d'oublier la partie de sa vie marquée par les pénibles affrontements avec son père. Mais, d'un côté comme de l'autre, les apparences sont parfois trompeuses  : bientôt il se rend compte que les années 60 ne sont pas si idylliques que ça, et se prend à regretter la mort brutale de son père. Bref, un excellent roman psychologique, vibrant hommage au rock, mais qu'on se gardera bien de prendre pour un livre de science-fiction, auquel cas on serait déçu.

Bruno PARA (lui écrire)
Première parution : 1/9/2001 nooSFere


     Ainsi donc Deno­ël, sous la hou­lette de Gilles Dumay, prend l'initiative de publier pour la première fois la traduction d'un roman de Lewis Shiner, auteur qui acquit sa re­nommée avec Frontera et Deserted Cities of the Heart. Re­nommée sem­ble-t-il méritée : Fugues reçut le World Fantasy Award 1994.

     La jungle phagocytant la Californie de Deserted Cities of the Heart évoquait J.G. Ballard ; les errements de Fugues, quant à eux, du moins dans la première partie, possèdent un parfum de Stephen King. Il ne s'agit pas en effet d'un fantas­tique intransigeant à la Lovecraft, on sort du domaine des pulsions pour s'intéresser à la psychologie du personnage, à son rapport avec la génération précédente et, surtout, avec la sienne.

     Le personnage principal, le texan Ray Shackleford, réparateur de matériel hi-fi, un individu quelconque — quoique assez exotique d'un point de vue strictement européen — traverse la crise de la quaran­taine, consécutivement à la mort de son père. Son mariage qui sombre dans l'indif­férence, une consommation déraisonnable de bière de mauvaise qualité, le retour de sa mère doublé d'un Œdipe costaud, sans oublier les inévitables interrogations quant à ses facultés de séduction... tout cela le pousse à se réfugier dans la musique de sa jeunesse, celle des années 60.

     Des années pour lui difficiles mais riches de potentiel, même si, vers leur fin, quelque chose tourne mal, le flower power virant au golden boy, le rock mutant heavy metal puis hard, la couche d'ozone s'ajourant et le SIDA ne menaçant en rien un mariage sexuellement déficient. Il jouait alors dans un groupe, avait une petite amie infiniment plus stimulante que sa future épouse et, surtout, la musique, celle des Beatles, des Doors, des Beach Boys, de Jimi Hendrix, c'était de la vraie musique, pas ces trucs de jeunes de maintenant qui ressemblent à rien.

     L'égocentrique Ray Shackleford, en quête de repères, s'identifie très vite à sa généra­tion et n'hésite pas, malgré la différence d'échelle, à se trouver de nombreux points communs avec les stars déchues du rock et de la pop. Il amorce alors, sous l'action d'un catalyseur, une quête initiatique assez voisi­ne des rites hallucinatoires shamaniques, voire de la psychanalyse. Le monde, sa génération, sa vie, auraient-ils connu une évolution meilleure si Smile, de Brian Wilson, avait damé le pion a une production étrangère, Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band, si Jim Morrison avait enregistré Celebration of the Lizard au lieu de sombrer dans l'alcoolisme, si Jimi Hendrix... Si tous ces albums qui auraient dû voir le jour avaient saturé l'Amérique de good vibes, pulvérisant l'atavisme qui avait fini par rat­traper une génération devenue conservatri­ce, médiocre sexuellement et incurablement nostalgique... D'un haut-parleur surgit alors une musique impossible, issue de ses regrets, et enregistrable...

     Et l'on tergiverse longtemps avant de ren­trer dans le vif du sujet. L'auteur tient en effet, après l'avoir appâté, à exposer au lec­teur la vie et les déboires psychologiques du personnage, lesquels, à l'image même de ce dernier, ne présentent rien de saillant. Quitte à ce que ce Ray Shackelford soit banal, qu'il le soit indiciblement. Ce­pendant, le personnage ne manque jamais de crédibilité : l'auteur a poussé le vice jus­qu'à placer dans sa bouche des citations d'un bouquin de vulgarisation du couple Pease intitulé Why Men Don't Listen & Women Can't Read Maps, dont une mot pour mot.

     La suite, qui consiste en une série de reconstitutions historiques intercalées avec des prolongements de la première partie, dépeint notre Ray Skackleford, aussi niais qu'égocentrique, parti à la pêche aux morts, très à l'aise avec ses chanteurs et musiciens favoris. Lewis Shiner en profite pour le mettre aux prises avec une tarte à la crème de la science-fiction, traitée comme telle.

     Toutefois, on aurait tort de croire que Lewis Shiner, qui accuse — coïncidence — le même âge que son Ray Shackleford, a brodé une vague histoire fantastique sur un thème éculé. La force du roman réside dans des personnages en prise avec le matériau de leur existence. Pas le personnage prin­cipal, qui, en dépit de l'accumulation de faits le concernant, résonne quand on le frappe tant il est creux, mais tous les autres. Guère plus qu'un prétexte, Ray Shackleford réunit une comédie humaine, issue du pas­sé comme du présent. Des personnages vivants, dotés d'un caractère, d'une voix, se livrent à chaque rencontre ; à tel point que le lecteur peut tâter de ses'doigts l'étoffe de leur humanité.

     De nombreuses références à la plongée sous-marine laissaient néanmoins espérer plus de profondeur. Lorsque Lewis Shiner saura où il veut en venir dans ses romans et dépassera d'une foulée puissante l'objectif fixé, bref, quand il aura cessé de se disper­ser, on lira de grandes et belles choses. En attendant, encourageons Denoël à le tra­duire.

Jérôme "Al" DUROU
Première parution : 1/4/2001 dans Bifrost 22
Mise en ligne le : 1/10/2003


     Fugues est un étonnant roman qui comporte deux intrigues parallèles d'inégale valeur. La première est centrée sur les états d'âme du narrateur, Ray Shackleford, qui traverse une grave crise morale lorsque l'histoire débute, en novembre 1988, peu après le décès de son père. Le récit, à la première personne, nous fait partager ses difficultés relationnelles avec ses parents et ses problèmes de couple.

     La seconde intrigue est d'inspiration fantastique. A force d'étudier l'histoire, Ray s'imprègne des contextes et ressent les ambiances au point de parvenir réellement à explorer les époques passées. Au début, il peut entendre et même enregistrer des musiques, puis il réussira à s'y projeter physiquement.
     Cette méthode fait bien sûr penser au Voyage de Simon Morley de Jack Finney. Simon Morley remontait de même le temps sans l'aide d'aucune machine. L'époque était cependant différente (1882) et surtout Finney en profitait pour faire de l'image un véritable acteur du roman (sous forme de descriptions mais aussi de dessins, de portraits et de photographies), tandis que Shiner confie ce rôle à la musique. Passionné de rock, Ray se transporte en effet vers quelques instants des années 1960 et 1970 décisifs pour son courant musical de prédilection ...

     Mais le passé que rencontre Ray n'est pas le nôtre  : dans les temps qu'il explore, des morceaux qui n'ont jamais été composés voient le jour, tandis que des albums jamais achevés sont enfin disponibles  ; de même, les destins de musiciens comme Jim Morrison ou Brian Wilson peuvent être bouleversés. Pourtant, lorsque Ray revient dans le présent, il constate que rien n'a changé. S'agit-il d'hallucinations ou d'univers parallèles  ?

     Tous ces voyages en compagnie des Beatles, des Doors ou des Beach Boys sont passionnantes. En quelques anecdotes bien documentées, Lewis Shiner parvient à redonner vie et densité à cette époque, et à nous faire pénétrer dans l'intimité de ces musiciens devenus des mythes. On peut alors comparer son roman au fameux Armageddon rag de Georges R.R. Martin, chef d'œuvre qui mêle aussi rock, nostalgie et fantastique.
     Resté sur une impression d'échec, Ray a le sentiment que quelque chose aurait du se produire, qui aurait transformé le monde. Il a bientôt l'intime conviction que la musique aurait pu jouer un rôle salvateur, et que si Jim Morrison n'était pas mort prématurément — ou si Brian Wilson avait achevé l'album Smile — , le futur aurait été différent, peut-être plus heureux, et sa vie personnelle plus réussie.
     C'est évidemment le regret d'un homme aux espoirs déçus, qui constate que sa jeunesse s'est irrémédiablement enfuie, d'un homme qui ne se sent plus en phase avec les évolutions de son époque — notamment, dans le domaine musical, le hard rock ou le rap. Ray se raccroche donc au pouvoir qu'il se découvre  : est-il encore temps de refaire le monde, de réparer ce qui ne marche plus, de faire la paix avec ses proches mais aussi avec lui-même  ? La maturation passera par une certaine forme de renoncement...

     Malheureusement, l'intérêt des deux intrigues s'équilibre mal. Les scènes où Ray se remémore le passé, puis s'y transporte, sont si prenantes que ses soucis familiaux peinent à soutenir la comparaison. Dès lors, les épisodes du présent semblent inutilement étirés. Par exemple, le chapitre Transit – presque quatre-vingt dix pages à lui seul — , raconte un séjour au Mexique, certes important dans l'itinéraire personnel du narrateur  ; mais le lecteur, lui, s'impatiente en attendant de retrouver les chapitres consacrés à la musique.
     La fin se recentre surtout sur le présent du narrateur, ce qui engendre une légère frustration, car on regrette que Shiner n'aille pas plus loin dans son exploration de ces réalités parallèles où la musique et le monde peuvent suivre d'autres chemins.
     A cette réserve près, Fugues est un roman écrit avec beaucoup de finesse et d'originalité, indispensable pour qui s'intéresse à cette période musicale, mais également recommandable à tous.

Pascal PATOZ (lui écrire)
Première parution : 15/12/2000 nooSFere


     Ray, un réparateur de matériel hi-fi, alcoolique englué dans ses problèmes familiaux (il n'a pas réglé son contentieux avec son père décédé et son couple bat de l'aile), s'aperçoit qu'il lui suffit d'imaginer ce qu'aurait pu être la version originale d'une chanson des Beatles pour entendre celle-ci via un poste et même l'enregistrer ! Son don intéresse un producteur qui lui demande de réaliser les albums mythiques, inédits ou inachevés, des grandes rock stars. L'entreprise, qui commence par Celebration of the Lizard des Doors, se poursuit avec Brian Wilson et Jimi Hendrix, suppose une connaissance parfaite du sujet, de l'époque et des conditions de création. Cette reconstitution mentale est telle que Ray se retrouve dans le passé, aux côtés de ses idoles des seventies.
     Par son sujet, Fugues est similaire au fameux Voyage de Simon Morley (et à sa suite, Le Balancier du temps), écrit à la même période. Mais là où les romans de Jack Finney se limitent à la découverte fascinante et émerveillée de temps et lieux révolus, Shiner va plus loin en mettant en relation la vie personnelle de Ray et ses plongées dans le temps. Est-ce parce qu'il est imprégné de la colère et du mépris de Jim Morrison ou de la gentillesse des Beach Boys que ses relations conjugales s'enveniment ou s'améliorent ? Ou bien parce que ces musiques renvoient aux facettes présentes en chacun de nous, la sensualité et l'égoïsme du mâle pour Morrison, la générosité infantile pour Brian Wilson, la tentative de fusion de la chair et de l'esprit pour Hendrix ?
     C'est ainsi que ces fascinants voyages, toujours plus dangereux, se doublent d'une douloureuse quête personnelle, centrée autour de la figure honnie du père, au terme de laquelle Ray connaîtra l'apaisement. On ne peut s'empêcher de songer à L'Échange : chez Brennert également, le passage dans un univers parallèle se double, pour les deux personnages, d une quête de soi.
     Ce brillant roman, qui a obtenu le World Fantasy Award, n'est pas seulement remarquable par ses solides connaissances musicales : chatoyant de mille finesses, il est servi par un style à la hauteur de son sujet. Impressionnant, magique, et nostalgique, forcément.

Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 1/12/2000 dans Galaxies 19
Mise en ligne le : 1/3/2002

Prix obtenus
World Fantasy, Roman, 1994


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Voyages dans le temps

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