Le roi est bien jeune, et les régents ont les mains libres. Au sein du conseil de régence, les humains se sont débarassés des Derynis et peuvent mettre Gwynedd en coupe réglée. Animés d'une folie sanguinaire, ils ne reculent devant rien, et seul Javan, jumeau du roi, tente de leur résister. Mais que peut-il contre des armées entières, un ordre religieux créé pour exterminer, des seigneurs prêts à s'entre-égorger pour une parcelle de pouvoir, des assassins sans conscience qui tuent femmes et enfants ? Infirme de naissance, héritier des pouvoirs magiques des Haldanes, isolé au milieu de ses ennemis, craignant à chaque instant pour sa liberté et sa vie, Javan va jouer un jeu dangereux. Ses talents naissants, il en fait une arme pour aider les Derynis qui s'organisent, pour abriter sa lutte sous le masque du religieux (puisque c'est le sort qu'on lui réseve). Hors des chateaux où on le tient enfermé, il sait que Gwynedd souffre et n'est plus qu'une terre couverte de sang qu'il doit sauver à tout prix.

 

     Cycle se déroulant sur plusieurs siècles de l'histoire du royaume de Gwynedd (autre nom du Pays de Galles), Les Derynis de K. Kurtz ont la particularité d'introduire dans le médiéval fantastique la dimension religieuse qui marquait de son empreinte indélébile le Moyen Âge historique. Loin de se limiter aux intrigues politiques et magiques entre les humains et leurs inquiétants voisins Derynis, les romans de K. Kurtz (qui est titulaire d'un diplôme d'histoire médiévale) s'attachent à examiner l'âme religieuse qui, à chaque instant, prenait part aux décisions des hommes. Vocations, vénération de nouveaux saints, miracles et politique spirituelle s'insinuent dans les relations humaines comme dans les décisions politiques de cette superbe métaphore de l'absence de communication et de la peur de l'autre. Le cycle des Derynis s'attache à la religion et à l'érudition avec la même force que certains livres d'histoire.

     Depuis la débandade des Derynis et la prise du pouvoir de la régence, qui tente de diriger un jeune roi maladif et infantile tout en contrôlant son jumeau plus solide, le peuple maudit des magiciens doit vivre dans l'ombre et tenter de survivre malgré les pogroms. Les anciens conseillers du roi Cynhil se terrent dans leur malheur de ne pouvoir aider à la bonne marche des affaires du royaume. Le Conseil Cambérien se forme et tente d'infléchir la marche séculière et de mieux connaître les arcanes du passé Derynis pendant que le jeune Javan cache ses talents magiques à la cour pour sauvegarder sa vie et celle de son frère le roi dans l'ambiance sombre et sanglante d'un jeu de pouvoir mesquin. N'eût été le caractère magique de la race « maudite », ce roman comme les autres volumes du cycle pourrait être considéré comme une véritable histoire alternative de la vie quotidienne au Moyen Âge anglo-saxon, offrant aux lecteurs le plaisir rare d'une histoire politique et religieuse sérieuse et intelligente sans aucune des mièvreries qui font parfois le bonheur des rêves de fantasy...