Recueil sans équivalent en langue anglaise, compilation des deux recueils parus sous les titres "Who Goes There?" en 1948, correspondant à l'édition Denoël de 1955, et "Who Goes There? and Other Stories" en 1955.
Des millions de spectateurs ont vu au cinéma ou à la télévision La chose d'un autre monde dans l'une au moins de ses deux versions. Mais la plupart d'entre eux ignorent la nouvelle dont elles furent tirées et jusqu'au nom de l'homme qui l'écrivit.
Ce recueil leur donne la possibilité de découvrir l'une et l'autre. Mais aussi des récits surprenants qui traversent l'histoire de l'univers jusqu'à son ultime déchéance, dans des textes comme Crépuscule ou Le ciel est mort.
John W. Campbell fut l'un des plus puissants créateurs américains de la science-fiction. Non seulement par son œuvre, impressionnante par sa qualité et sa modernité, mais aussi parce que, rédacteur en chef de la revue Astounding Science-Fiction, il influença Isaac Asimov, A.E. Van Vogt, Theodore Sturgeon, Robert Heinlein. C'est lui l'inventeur des fameuses Trois Lois de la Robotique dont il fit cadeau à Isaac Asimov. Il fut un visionnaire, un poète cosmique, un romantique scientifique.
Le ciel est mort réunit ses meilleures nouvelles dont La chose d'un autre monde. Ce recueil, en partie inédit en français et dont les traductions ont été révisées et parfois complétés, a été établi à partir des deux éditions américaines construites autour de ce texte célèbre. Il comporte un important dossier critique et une bibliographie complète de l'auteur. On y trouvera une définition de la Science-Fiction par John W. Campbell et un émouvant témoignage de Theodore Sturgeon.
1 - Gérard KLEIN, Préface, pages 7 à 10, préface 2 - Joseph ALTAIRAC & Francis VALÉRY, Alors vint John Campbell, pages 11 à 20, article 3 - Le Ciel est mort (Who Goes There? / The Thing and Other Stories, 1948), pages 23 à 227, recueil de nouvelles, trad. Alain GLATIGNY 4 - La Bête d'un autre monde (Who Goes There? / The Thing from Another World, 1938), pages 25 à 84, nouvelle, trad. Alain GLATIGNY 5 - Cécité (Blindness, 1935), pages 85 à 102, nouvelle, trad. Alain GLATIGNY 6 - Points de friction (Frictional Losses, 1936), pages 103 à 129, nouvelle, trad. Alain GLATIGNY 7 - Suicide (Dead Knowledge, 1938), pages 130 à 158, nouvelle, trad. Alain GLATIGNY 8 - Élimination (Elimination, 1936), pages 159 à 179, nouvelle, trad. Alain GLATIGNY 9 - Crépuscule (Twilight, 1934), pages 180 à 203, nouvelle, trad. Alain GLATIGNY 10 - Le Ciel est mort (Night, 1935), pages 204 à 227, nouvelle, trad. Alain GLATIGNY 11 - L'Histoire d'Aesir 1 - L'éveil d'Aesir (Out of Night, 1937), pages 228 à 273, nouvelle, trad. Francis VALÉRY 12 - L'Histoire d'Aesir 2 - Le manteau d'Aesir (Cloak of Aesir, 1939), pages 274 à 321, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH 13 - Introduction de John W. Campbell à l'édition Shasta (Introduction (Who Goes There?), 1948), pages 325 à 328, introduction, trad. Francis VALÉRY 14 - Theodore STURGEON, À propos de John W. Campbell (About John Campbell, 1955), pages 329 à 334, biographie, trad. Francis VALÉRY 15 - QUARANTE-DEUX, Bibliographie de John W. Campbell, pages 335 à 339, bibliographie 16 - QUARANTE-DEUX, Index des titres, pages 340 à 341, index
Critiques
(extrait de la critique de Ne vous retournez pas / Pocket)
La science-fiction honore ses classiques
La SF américaine a-t-elle connu un âge d'or ? On peut le croire, en relisant Catherine L. Moore, Henry Kuttner et John W. Campbell.
(...)
Autre figure incontournable de la SF : John W. Campbell (1910-1971), auquel un Classique de la collection Ailleurs et Demain vient d'être consacré. Campbell ne fut pas que le rédacteur charismatique de Astounding Science-Fiction, qui lança Asimov, Heinlein et Sturgeon. Ses talents d'auteur de fiction sont également indéniables, comme en témoignent Le ciel est mort et ses autres nouvelles. Ses biographes, Joseph Altairac et Francis Valéry, vont même jusqu'à déclarer : « La science-fiction campbellienne est la science-fiction ».
La lecture de ce livre (enrichi d'un très fort appareil critique) est indispensable.
Car lire un recueil de nouvelles de John W. Campbell, c'est tout d'abord se replonger dans l'âge d'or de la science-fiction, et en redécouvrir tous les thèmes importants : robots, invasion extraterrestre, exploration spatiale, voyage dans le temps, quête du héros.
Lire un recueil de Campbell, c'est ensuite renouer avec le rationalisme en honneur à l'époque : l'auteur sait comment, à partir d'un problème exposé clairement, y apporter une solution carrée, qui ne souffre aucune erreur de logique. Voir par exemple la première nouvelle de ce recueil, la plus connue aussi, La bête d'un autre monde (qui inspira Howard Hawks et John Carpenter pour « La chose d'un autre monde »), dans laquelle une station polaire est confrontée à une créature extraterrestre capable de prendre l'apparence de n'importe quel être, humain ou animal. Dans ces conditions, comment la débusquer ? Ce côté rationnel, l'auteur le développera également durant les longues années où il exercera la fonction de rédacteur en chef d'Astounding. Lire un recueil de Campbell, c'est enfin (re)découvrir un auteur éminemment humain. On oublie trop souvent que ses personnages ne sont pas de simples pantins lui permettant de planter ses intrigues. Les héros — qui sont d'ailleurs davantage des anti-héros — pleurent, se posent des questions, bref vivent, comme ce savant qui sacrifie tant à la science qu'il ne voit pas la société évoluer autour de lui. C'est peut-être aussi l'un des principaux enseignements de ce recueil : la méfiance de Campbell envers la science aveugle, celle qui ne se soucie que de résultats sans considérations éthiques.
John W. Campbell, outre sa carrière d'écrivain, est surtout connu pour avoir dirigé le pulp Astounding Science Fiction. En exigeant plus de rigueur des auteurs qu'il publiait, il a marqué un tournant décisif dans l'histoire de la science-fiction.
Ce recueil, un « classique », se compose de huit nouvelles des années trente. Cette édition est de plus complétée par une préface de Gérard Klein, une introduction de Joseph Altairac et Francis Valéry, un dossier, une bibliographie, un index... Ce travail très complet permet de bien situer l'œuvre dans son contexte.
Dans la première nouvelle, La Bête d'un autre monde, une expédition scientifique en Antarctique met à jour une forme de vie totalement inconnue sur Terre, conservée dans un bloc de glace. Dans cette atmosphère confinée, les tensions s'exacerbent et l'angoisse gagne rapidement tous les membres de l'expédition. Cette nouvelle joue beaucoup sur la psychologie des personnages et sur leurs différentes réactions face au danger. Dans Cécité, un vieux savant embarque dans une fusée avec son assistant pour s'approcher du Soleil car il espère résoudre ainsi les problèmes énergétiques de la Terre. Campbell revisite ici le mythe d'Icare. Points de friction a pour cadre un monde post-apocalyptique. La Terre a en effet subi une violente invasion extra-terrestre. Les humains semblent s'être résignés mais, seul, un scientifique croit encore pouvoir sauver la planète ; il fouille inlassablement les décombres pour réunir des miettes de la technologie disparue dans l'espoir de fabriquer enfin une arme efficace. Suicide, l'une des meilleures nouvelles du recueil, relate l'arrivée de trois astronautes sur une planète abandonnée, dont tous les habitants paraissent s'être donné la mort au même moment. Fonctionnant là aussi sur le ressort de la psychologie des personnages, c'est une nouvelle touchante et évocatrice. Élimination propose une réflexion sur le temps et les univers parallèles. Un groupe d'amis a en effet découvert comment voir le futur... Dans Crépuscule, le narrateur prend en auto-stop un étrange passager qui déclare venir d'une autre époque. C'est l'occasion pour Campbell de décrire sa vision de l'avenir lointain. Dans Le ciel est mort, un pilote contemple le destin de l'univers. Dans le sillage de Crépuscule, cette nouvelle propose une version pessimiste du destin de l'humanité. Enfin, L'histoire d'Aesir confronte les Terriens à une race d'extraterrestres — qui compte cinq femelles pour un mâle — organisée en matriarcat. Mais les hommes rechignent à se plier à ce modèle...
Le ciel est mort est un recueil fort intéressant, qui a cependant beaucoup vieilli. Les nouvelles reposent essentiellement sur l'idée scientifique, malheureusement au détriment du style et des personnages. Les récits sont également assez lents. Il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'une étape importante dans l'histoire de la SF. De ce point de vue, l'apport des commentateurs est vraiment utile pour mettre cet aspect en lumière. Pour un lecteur d'aujourd'hui, Le ciel est mort peut inspirer soit une curiosité historique, soit un sentiment de nostalgie.