John BRUNNER Titre original : The Crucible of Time, 1983 Première parution : Del Rey, 1983 Traduction de Jacques POLANIS Illustration de MANCHU
LIVRE DE POCHE
(Paris, France), coll. SF (2ème série, 1987-) n° 7121 Dépôt légal : mars 1990 Réédition Roman, 608 pages, catégorie / prix : LP13 ISBN : 2-253-05269-8 Format : 11,0 x 16,5 cm Genre : Science-Fiction
Certaines personnes, dit-on, sont nées sous une mauvaise étoile. Certaines espèces aussi. Comme celle-ci, composée de végétaux pensants, dont le système tout entier doit traverser une région de l'espace encombrée de poussières, de météores, de planétoïdes errants.
Elle se découvre condamnée au moment même où elle invente les rudiments de la science et commence à comprendre l'univers qui l'entoure.
Un univers qui lui est hostile.
Mais qu'elle ne renonce pas à défier.
John Brunner, l'un des plus grands écrivains britanniques de science-fiction, l'auteur du célèbre Tous à Zanzibar, nous fait partager dans ce roman haletant les affres et les espoirs d'un peuple radicalement différent de notre humanité et pourtant parfois si proche.
Cette vaste fresque retrace les principales étapes d'une race végétale vers la connaissance scientifique, jusqu'à l'ère spatiale qui lui permettra de quitter sa planète vouée à la destruction. Bien que fort dissemblables par rapport à l'être humain, ces végétaux intelligents ont en commun les sentiments et la plupart des comportements. Loin de vouloir illustrer les modes de vie et de pensée d'une civilisation a priori incompréhensible (comme c'est le cas d'une certaine SF ethnologique dont l'oeil de la reine constitue un récent exemple), Brunner s'attache à relever les similitudes qui jalonnent le parcours vers la connaissance ; ainsi, la conquête du savoir semble obligatoirement devoir suivre le même déroulement, respecter les mêmes étapes comme si l'ordre logique des découvertes était lui-même soumis à une loi scientifique. Les religions obscurantistes précèdent la connaissance et le fanatisme des sectes vient également, à une période plus avancée de l'histoire de ce peuple, entacher la science du mysticisme. Le même hasard préside à la découverte de la radioactivité. L'évolutionnisme social et culturel pour Brunner est unilinéaire, comme l'illustrent les sept parties de l'ouvrage retraçant les phases du travail de l'acier : après le feu, on passe de la fusion à la coulée, du moule au lingot, du marteau et de l'enclume à la forme adéquate.
Dans la même collection, l'œuf du dragon de Foward présentait une civilisation extraterrestre tout au long de son évolution, jusqu'à l'étape que l'homme n'a pas encore atteinte. Les conclusions optimistes proposent un message d'espoir.
Après avoir décrit des futurs proches d'un noir pessimisme, (et Brunner est l'un des plus sombres représentants de cette tendance), la SF ne repart pas vers les lointains avenirs radieux mais s'applique à décrire le destin, à raconter l'histoire d'univers étrangers. Cette mise en parallèle rassurante pour l'humanité, pose à nouveau, maintenant que les problèmes immédiats semblent en passe d'être surmontés, la question de la spécificité de l'être et de sa place dans l'univers.
Tout au long de ce livre chatoyant, vivant et coloré, elle reste en suspend, le lecteur ne pouvant s'empêcher à chaque anecdote, d'effectuer des comparaisons.