LIVRE DE POCHE
(Paris, France), coll. SF (2ème série, 1987-) n° 7122 Dépôt légal : mars 1990 Réédition Roman, 352 pages, catégorie / prix : LP11 ISBN : 2-253-05270-1 Format : 11,0 x 16,5 cm Genre : Science-Fiction
Le monde en 2010. Tout est informatisé, automatique, électronique. Le Réseau est accessible à partir de n'importe quelle prise, téléphonique.
Et si vous êtes un petit malin, vous pouvez savoir tout sur tous.
Les plus, forts, évidemment, en savent davantage.
Jusqu'à ce que Nickie Haflinger, génie de l'informatique qui compose des programmes comme Bach des cantates, décide de ruiner le Réseau.
Et y expédie des couleuvres. Ce qu'on appelait autrefois des virus. En beaucoup, beaucoup plus gros.
Ce tableau d'un univers peu utopique, qui passionnera ceux qui se méfient des ordinateurs comme ceux qu'ils font rêver, est l'un des volets de la célèbre fresque prospective de John Brunner, composée de Tous à Zanzibar, L'Orbite déchiquetée, Le Troupeau aveugle et, bien entendu, Sur l'onde de choc.
Dans ce gros et puissant roman, les références au Choc du futurd'Alvin Toffler et à 1984 d'Orwell sont évidentes, et même explicites (pp. 220 et 273) : c'est un « Ingsoc » où le rôle d'uniformisation et de contrôle de la télévision à double sens est tenu par le système informatique (banque d'ordinateurs et viphones) ; mais Winston Smith et Julia, devenus ici Nick Hatlinger et Kate, ne se contentent pas de se « faufiler entre les mailles du réseau », ils y font de gros accrocs, qui finalement emportent tout l'ouvrage : en retournant ses armes contre lui, ils parviennent à renverser « Big Brother », ici hydre dont les têtes principales sont Big Government et Big Crime. Mais une autre référence s'est imposée à moi : il y a du Jeury dans l'art de plonger le lecteur abruptement dans une société étrangère, grouillante de personnages inconnus et de mots nouveaux : seulement, alors qu'un livre comme Soleil chaud est une tranche de vie qui n'a ni commencement ni fin, Brunner, plus intellectuel que Jeury (comme il est moins sensuel), donne sur la fin une explication du mécanisme de cette société (p. 278) et une conclusion aux machinations et contre-machinations de ses personnages. Une grande et belle machine, à la finition impeccable, sur un sujet d'une brûlante actualité (SAFARI, vous connaissez ?).