Léon FAURE Dépôt légal : 4ème trimestre 1982 Première édition Roman, 184 pages, catégorie / prix : 18 F ISBN : 2-86357-010-4 ✅ Genre : Imaginaire
Quatrième de couverture
... Les maisons qui entourent le square (qui est en réalité ovale et porte le nom d'un peintre) sont moins nettes que le square lui-même, plus fumeuses ; un peu plus, on dirait qu'elles tremblent ; un souffle, le vent les disperserait. Personne n'y habite ; ou plutôt si : des ombres, population tout à fait en accord avec la matière fluide du lieu. Dans ce décor tranquille aurait dû se dérouler une histoire simple, avec de simples gens vaquant à de menus travaux ...
Ce recueil rassemble une trentaine de « textes de jeunesse » d'Andrevon, écrits avant ses débuts professionnels à la fin des années soixante.
(Quelques-uns d'entre eux avaient figuré jadis dans Fiction, dans les séries de brefs récits intitulées Huit communiqués sur la guerre totale ordinaire : n° 245, et Neuf déchirures dans la trame de la désespérance journalière : n° 259/260). Dans ces écrits savoureux, un jeune Andrevon encore timide à manier la plume mais qui sait déjà où il veut en venir développe de courtes fables, des saynètes incongrues, des paraboles doucement et férocement poétiques, avec des éclats de violence efficacement manœuvres. Le style est limpide comme de l'eau, il est pour un débutant habilement contrôlé, il explose parfois en giclées qui font mouche. On enchaîne d'un texte à l'autre, propulsé par ce qu'il faut bien appeler une « inspiration » -même si on décèle au passage des influences, Buzzati et autres. Andrevon jeune n'avait pas de métier mais déjà du talent. Aujourd'hui il a gardé le talent et acquis le métier. Si la curiosité vous prend de vous pencher sur ses premiers pas (qui certes ne laissent pas deviner sa carrière future), ne manquez pas ce livre. Andrevon a fait mieux par la suite, mais il y avait ici une incomparable « fraîcheur ». Les écrits de jeunesse sont décidément toujours intéressants, après coup (ce qui me rappelle — j'espère que vous l'avez lu ! — son Traitement définitif d'une histoire d'amour à la manière de Boris Vian, écrit en 1963 et tardivement publié en décembre 1982 dans Fiction).
Et au fait, si par hasard vous dénichez dans les rayons de votre libraire préféré (et qualifié) un autre recueil marginal d'Andrevon : C'est tous les jours pareil (Dernier Terrain Vague, 1977), n'hésitez pas à vous le procurer : c'est une future pièce de collection, qui reprend vingt-sept histoires écrites en 1975 pour Charlie-Hebdo (où douze seulement virent le jour). Là, de l'eau a coulé sous les ponts ; ce sont des textes beaucoup plus cyniques, violents et décapants, mais qui bizarrement semblent prolonger, à des années de distance, la veine de ceux qui sont réunis dans Des îles dans la tête. Cette « petite musique » d'Andrevon n'est pas sur le mode mineur : loin de là.