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Péninsule

Michael G. CONEY

Première parution : pas d'équivalent en VO
Traduction de Marc FÉVRIER & Jean-Pierre PUGI
Illustration de Sébastien HAYEZ

LES MOUTONS ÉLECTRIQUES (Lyon, France), coll. La Bibliothèque voltaïque précédent dans la collection suivant dans la collection
Dépôt légal : janvier 2008, Achevé d'imprimer : janvier 2008
Première édition
Recueil de nouvelles, 304 pages, catégorie / prix : 26 €
ISBN : 978-2-915793-40-6
Format : 17,0 x 21,0 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture
Appelez-les des « pièces de rechange ». Ils (ou elles) ont fait un choix : la prison pour leurs crimes ou la semi-liberté comme serviteurs volontairement attachés à une personne particulière. Mais pour prix de ce singulier servage, leur contrat inclut l'obligation de faire don à leur maître de tout organe ou membre corporel dont la greffe s'avérerait nécessaire en cas de maladie ou d'accident. Tel est le risque ! Joe Sagar emploit des prisonniers du pénitencier d'Etat dans la ferme où il élève des animaux extra-terrestres. Sans se poser de questions. Mais lorsque Carioca Jones, célèbre star de la télévision, lui rend visite, le fragile équilibre commence à se fissurer, dans cette étrange société vivant sur une Péninsule post-cataclysmique.
 
Michael G. Coney fut salué lors de ses débuts par Theodore Sturgeon comme l'une des nouvelles voix les plus intéressantes de la science-fiction américaine. Cet écrivain canadien, décédé en 2005, principalement connu pour son cycle du Chant de la Terre, laisse derrière lui une oeuvre aussi riche qu'intellectuellement excitante, exemplaire du meilleur de la science-fiction anglophone des années 1970. Ce volume réunit pour la première fois le roman « Les Crocs et les griffes » et les quatre nouvelles du même cycle.
 
« Pour Michael G. Coney, l'homme est une toute petite chose de rien du tout face aux flots du temps et de l'espace. » (Jean-Pierre Andrevon).
 
[texte du rabat de couverture]

« Michael Coney s'est imposé dans le milieu des années 1970 comme l'un des principaux auteurs de science-fiction britannique de son époque, avec une série de romans qui se distinguent par leur combinaison d'une lecture aisée en surface et d'une grande noirceur en profondeur. »
Christopher Priest
 
« Coney n'a jamais eu la réputation d'un Priest ou d'un Watson, bien qu'il mérite d'être placé à leurs côtés […] Chaque aspect du récit est maitrisé, pensé. Aucun « auteur secondaire » ne pourrait arriver à un tel résultat..»
Roland C. Wagner
 
« Car Michael Coney est un grand auteur, non : un Grand Auteur. Et depuis longtemps. »
André-François Ruaud
 
« Ainsi, pour Michael Coney, la fonction des êtres de fiction, ou que nous tenons pour tels, c'est de nous éveiller, c'est de nous rendre au réel. »
Gérard Klein
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Pierre PELOT, Préface, pages 5 à 6, préface
2 - Les Crocs et les griffes (The Girl With a Symphony in Her Fingers / The Jaws That Bite, The Claws That Catch, 1975), pages 7 à 205, roman, trad. Jean-Pierre PUGI
3 - Au bon vieux temps du carburant liquide (Those Good Old Days of Liquid Fuel, 1976), pages 207 à 228, nouvelle, trad. Marc FÉVRIER
4 - La Machine de Cendrillon (The Cinderella Machine, 1976), pages 229 à 248, nouvelle, trad. Marc FÉVRIER
5 - La Catapulte et Les étoiles (Catapult to the Stars, 1977), pages 249 à 270, nouvelle, trad. Marc FÉVRIER
6 - Les Insectes de Feu, Holly et l'amour (Sparklebugs, Holly and Love, 1977), pages 271 à 289, nouvelle, trad. Marc FÉVRIER
7 - Jean-Pierre ANDREVON, Introduction à Michael G. Coney, pages 291 à 292, Introduction  (lire ce texte en ligne)
8 - (non mentionné), Les Romans de Michael G. Coney, pages 292 à 292, bibliographie
9 - Eileen KERNAGHAN, Rencontre avec Michael G. Coney, pages 293 à 297, entretien avec Michael G. CONEY, trad. André-François RUAUD
Critiques
     Il est des livres qui enchantent le lecteur, au point que l'on se demande encore comment ils ont pu disparaître des librairies. Péninsule de Michael Coney est assurément de ceux-là. Ce très bel objet regroupe un roman (Les Crocs et les griffes — longtemps disponible chez Pocket) et quatre nouvelles situées dans le même univers. Ajoutez à cela une préface inédite de Pierre Pelot, une présentation de l'auteur par Jean-Pierre Andrevon lui-même ainsi qu'une interview de Michael G. Coney et vous avez là l'un des livres incontournables de ce début 2008. Avec, cerise sur le gâteau, la très belle couverture de Sébastien Hayez.

     Joe Sagar habite la Péninsule, riche enclave située au milieu de nulle part. Il y élève des slictes. La peau de ces reptiles sert à faire des bracelets et des habits. Elle a en effet l'étrange capacité de changer de couleur selon les émotions de celui qui la porte. Cette propriété intéresse beaucoup sa voisine Carioca Jones, une ex-star de cinéma. Elle lui commande une robe. Joe ne sera pas pour autant débordé. Il bosse en dilettante, l'essentiel du travail étant effectué par sa PDC.

     PDC, comme pièce détachée corporelle. Ce sigle sinistre désigne un prisonnier qui a choisi de voir réduite sa peine d'un tiers. Pour se faire, il est confié à un homme libre dont il devient le serviteur. A ceci prêt qu'en cas d'accident, toute greffe d'organe, de membre ou autre sera prise sur la PDC. Pour les citoyens libres ne disposant pas d'une PDC, il y a la Banque d'organes. Elle fonctionne par les prélèvements faits sur des prisonniers, selon les besoins. Strictement encadrée par l'Etat, cette politique évite aux contribuables de payer pour que les prisonniers soient entretenus dans l'oisiveté. Pourquoi dès lors les honnêtes gens ne se risqueraient-ils pas aux sports extrêmes ? Les risques sont couverts par les PDC, alors peu importent les mutilations, les fractures ou les amputations. Il n'y a guère qu'une poignée de pétroleuses pour dénoncer ces pratiques que presque tout le monde accepte. Car nous ne sommes pas sur Shayol, qu'on se le dise. Il n'y a pas d'échappatoire ou de bons démiurges. Les hommes sont livrés à eux-mêmes, à leur sagesse comme à leur horreur.

     Au-delà de l'anticipation, la S-F apparaît en background. La Péninsule est une oasis née d'un cataclysme, l'humanité a colonisé d'autres planètes (dont celle d'où viennent les slictes). Mais tout cela est simplement évoqué. La substantifique moelle, ce sont les relations entre Joe, Carioca et leurs PDC.

     Cela vaut d'ailleurs aussi bien pour le roman que pour les quatre nouvelles. L'éditeur nous signale d'ailleurs que l'auteur n'a pas eu le temps de retravailler ces nouvelles, qui entrent parfois en contradiction avec le roman. Mais cela ne gâche absolument rien, bien au contraire. Les nouvelles apparaissent plutôt comme des fins alternatives façon DVD, ou des « alternate takes » façon CD.

     On y découvre même une autre facette de Michael G. Coney (écrivain disparu, rappelons-le, en 2005). Il utilise en effet de façon redoutable l'ellipse et le laconisme. La chute de la deuxième nouvelle, « La Machine de cendrillon », en est la parfaite, remarquable et redoutable illustration.

     Nouvelles comme roman, la noirceur y est totale, mais jamais grandiloquente. Bien au contraire. Elle est d'autant plus banale qu'elle en devient terriblement crédible. Le récent démantèlement par Interpol d'un trafic d'organes en Inde est là pour nous le rappeler.

     Il est bien connu que nous aimons toujours chercher la petite bête. S'il faut vraiment en trouver une, on dira qu'il reste encore quelques coquilles. Mais rien de bien méchant : on sent que les Moutons sont sur la bonne voie en la matière.

     En à peine quelques titres, cette « Bibliothèque voltaïque » s'annonce déjà incontournable. Car outre le bon goût littéraire, elle n'a pas peur de nous offrir des couvertures qui ont vraiment de la gueule. Ce qui nous change singulièrement des étrons chatoyants d'une Paternoster 1.

     Inutile de chercher plus longtemps le chaînon manquant entre la poésie du Ballard de Vermilion sands ou le Priest de L'Archipel du rêve et la noirceur de Thomas Disch ou Thierry Di Rollo. Vous l'avez sous les yeux : ne le ratez pas !

Notes :

1. A l'occasion, jetez un coup d'œil à la couverture de la réédition de Terremer. Et regardez bien sur quoi est juché le magicien : http://noosfere.org/images/couv/l/laffont-ad10791-2007.jpg [NDLA]

Olivier PEZIGOT
Première parution : 1/5/2008 dans Bifrost 50
Mise en ligne le : 24/5/2009

Prix obtenus par des textes au sommaire

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