BRAGELONNE
(Paris, France), coll. L'Ombre Date de parution : 28 mai 2008 Dépôt légal : mai 2008, Achevé d'imprimer : avril 2008 Première édition Recueil de nouvelles, 552 pages, catégorie / prix : 22 € ISBN : 978-2-35294-181-1 Format : 15,5 x 24,0 cm✅ Genre : Imaginaire
Quatrième de couverture
« Révélation » pour Le Monde, « Surdoué » pour Le Nouvel Observateur, « Écrivain majeur » pour The Guardian, Michael Marshall nous offre dans ce recueil trente nouvelles qui démontrent toutes les facettes de son talent.
Thriller, horreur, fantastique, littérature générale ou science-fiction, aucun genre n’est à l’abri de son imaginaire. Car c’est par la forme courte que Michael Marshall s’est d’abord illustré, remportant prix littéraire sur prix littéraire, et il y est toujours fidèle – entre chaque roman il continue de produire des nouvelles, incapable de faire taire ni ses mains ni cette voix si unique qui est la sienne, impressionnant jusqu’à Stephen King lui-même, pourtant roi de l’exercice.
À travers des aspects aussi quotidiens qu’Internet, la vie de couple ou un homme qui dessine des chats à la craie sur le sol, Michael Marshall ne souhaite qu’une chose : vous toucher au plus profond. Car qui sait ce que l’homme cache en son sein ?
Michael Marshall est le prodige britannique de la littérature de genre : il a fait éclater la SF avec Avance rapide ou Frères de chair avant de s'imposer comme l'un des grands maîtres du thriller et de la terreur avec Les Hommes de paille, Le Sang des anges et Les Intrus qui trustent les listes de meilleures ventes en France et dans le monde entier. Habitué des prix littéraires, il a également vu les droits de deux de ses romans achetés par Steven Spielberg. Il vit à Londres, avec sa femme et son fils.
Inédit. Première parution en 2008 (non référencée dans nooSFere).
26 - D'autres portes (Open Doors, 2003), pages 439 à 447, nouvelle, trad. Benoît DOMIS
Inédit. Première parution en 2008 (non référencée dans nooSFere).
27 - Plus tard... (Later, 1992), pages 449 à 456, nouvelle, trad. Benoît DOMIS
Inédit. Première parution en 2008 (non référencée dans nooSFere).
28 - Plus cruel que la mort (More Bitter Than Death, 1991), pages 457 à 473, nouvelle, trad. Benoît DOMIS
Inédit. Première parution en 2008 (non référencée dans nooSFere).
29 - Une dernière promenade (A Long Walk, For The Last Time, 2002), pages 475 à 480, nouvelle, trad. Benoît DOMIS
Inédit. Première parution en 2008 (non référencée dans nooSFere).
30 - Vaccinator (The Vaccinator, 1999), pages 481 à 525, nouvelle, trad. ANGE rév. Benoît DOMIS
2 autres éditions de ce texte dans nooSFere : - in Faux rêveur (BRAGELONNE, 2002) - in Faux rêveur (BRAGELONNE, 2011)
31 - Le Prix d'une vie (Enough Pizza, 1998), pages 527 à 539, nouvelle, trad. Benoît DOMIS
Inédit. Première parution en 2008 (non référencée dans nooSFere).
32 - Ne pas écrire (On Not Writing, 2003), pages 541 à 547, postface, trad. Benoît DOMIS
Inédit. Première parution en 2008 (non référencée dans nooSFere).
Critiques
Si l'on connaît bien les romans de Michael Marshall (Smith), ses textes courts, publiés de loin en loin dans les pages de diverses revues, n'ont jusqu'alors guère eu l'occasion de toucher le grand public. Essentielle était donc la publication de ce volumineux recueil, où l'on découvre un nouvelliste génial, et je pèse ma surenchère d'adjectifs. Car après une préface dispensable de son compère Stephen Jones, ce sont quinze ans de la carrière littéraire du petit prodige du fantastique britannique qui se déroulent sous vos yeux ébahis.
Je me suis longtemps demandé comment parler d'un recueil aussi riche et hétérogène, aussi ai-je d'abord entrepris de me limiter aux nouvelles les plus fortes, celles qui continuent de vous hanter plusieurs jours, voire plusieurs semaines, après les avoir terminées. Et c'est en les cochant dans le sommaire que je me suis rendu compte que plus de la moitié des textes présents entraient dans cette catégorie. Qu'il s'agisse de fantastique — quantitativement le genre le mieux représenté dans ces pages — , de science-fiction, de thriller ou de littérature générale, Michael Marshall (Smith) parvient en quelques lignes, un paragraphe, à immerger le lecteur dans son univers et dans l'intimité de ses personnages. Du premier au dernier mot, il distille ses effets avec une précision et une économie qui n'ont rien à envier à un King, un Matheson ou un Silverberg. Si quelques-uns des textes sont des nouvelles à chute assez classiques dans leur forme (« Le Livre des nombres irrationnels », « Ville morte », « Moteur ! », qu'on ne racontera évidemment pas, sous peine de gâcher le plaisir), l'auteur privilégie plus volontiers une prise de conscience progressive des éléments : dans « A suivre », « La magie est en toi », « L'homme qui dessinait des chats », « Voir la mer », « Chère Alison » et d'autres encore, c'est justement quand on croit avoir compris le truc, avoir atteint le point de non-retour, que tout commence. Vous pensiez avoir touché le fond, eh bien non, il est encore loin. Et puis il y a les autres, véritables monstres de virtuosité narrative, qui transcendent toute classification formelle, comme « Rendez-vous demain », où le personnage se retrouve plongé dans une boucle temporelle en miroir, et dont on ressort, après deux ou trois lectures pour essayer de trouver une faille qui n'existe pas, avec une migraine bien sonnée.
Néanmoins, réduire ces nouvelles à leur parfaite maîtrise technique ne serait pas rendre justice à leur ton, tantôt morbide, tantôt loufoque, mais le plus souvent empreint d'une douce tristesse qui rappelle Bradbury ou Andrew Weiner. Dans cette dernière veine, « Voilà que l'enfer dilate sa gorge », qui ressemble étrangement, par son intrigue et sa narration en flash-back, au Dernier homme de Margaret Atwood, nous parle d'amours contrariées, de paradis perdu et d'une fin du monde en demi-teinte. « L'Homme qui dessinait des chats » nous plonge dans une modeste bourgade américaine transfigurée par la bravoure d'un homme. « Une dernière promenade » dresse le portrait magnifique d'une femme sur les rives de la mort. « Requiem », qu'aurait pu écrire Thierry Di Rollo, dépeint un futur pas si lointain où les animaux ne sont plus que légendes. Et puis il y a les inclassables, comme « Vaccinator », variation rock'n'roll sur le thème de l'alien abduction, où des E.T. enlèvent des touristes plein aux as... pour empocher la rançon ! Ou encore « Le Pays obscur », texte fou que n'aurait pas renié un John Carpenter sous acide, où le narrateur se retrouve piégé dans une maison en pleine déliquescence dimensionnelle, dans laquelle deux personnages bizarres, pas tout à fait réels mais assurément dangereux, tentent de pénétrer.
Ne vous y trompez pas, c'est bien de la mort que Michael Marshall (Smith) nous parle à toutes les pages. On y croise ceux qui la donnent, ceux qui la reçoivent, ceux qui la fuient, ceux qui la côtoient, ceux qui la tutoient... La mort sous toutes ses formes qui, loin d'être définitive, apparaît ici — comme chez les pionniers du fantastique, du reste — comme une frontière perméable, un miroir au prisme duquel nous devons, collectivement et individuellement, réinterpréter notre monde et notre rapport à l'autre.
Au risque de me répéter, Michael Marshall (Smith) est un grand parmi les grands, et ce recueil est à ce jour ce qu'il a fait de mieux.
Recueil roboratif (550 pages !), L'homme qui dessinait des chats nous prouve le talent dans la forme courte de Michael Marshall, auteur que l'on a connu avec des romans de SF — Avance rapide, La Proie des rêves, publiés sous le nom de Michael Marshall Smith — avant qu'il ne se fasse un nom (sans le Smith, pour cause d'homonymie avec un autre auteur) dans le thriller. Certaines de ces nouvelles avaient déjà été publiées sur divers supports, revues, anthologies, mais c'est là le premier recueil de l'auteur en Français. Même si le fantastique et l'horreur restent les deux genres les plus représentés ici, les autres ne sont pas négligés pour autant : science-fiction, mainstream, policier... Avec quand même un dénominateur commun à la plupart de ces textes : l'inéluctabilité. Nombre de protagonistes de Marshall assistent à l'histoire sans pouvoir influer sur son cours, fétus de paille ballottés au gré des événements. Et, bien sûr, le meilleur symbole de l'inéluctabilité, c'est la mort à laquelle nous serons tous conviés un jour ou l'autre ; cette mort se trouve donc au centre de la majorité des textes, sous toutes ses formes : brutale ou lente, cauchemardée ou accueillie avec joie ou soulagement, subie ou provoquée... On croisera donc des scientifiques un peu fous qui créent une épidémie mondiale, un tueur en série qui base tous ses actes sur des nombres irrationnels, un peintre qui dessine sur les trottoirs des chats qui s'attaquent aux personnes violentes, des clones servant de réservoir de pièces de rechange pour leur personnalité originale, un vampire en devenir... l'auteur n'oublie pas les classiques, et nous propose un hommage à Lovecraft que l'on croirait écrit par le maître de Providence, la modernité du décor mise à part. Les textes sont ainsi globalement forts, voire parfois insoutenables, et hantent le lecteur longtemps après qu'il ait fini leur lecture ; qu'on en juge par le tout premier texte du recueil, « A suivre »...
On meurt donc beaucoup chez Marshall ; mais on meurt souvent dans la bonne humeur, ou en tout cas avec un certain recul. L'auteur manie en effet beaucoup l'humour, volontiers noir, très noir, ce qui est parfois salutaire, tant l'ambiance est glauque et sans rémission. Parfois, il éprouve même le besoin de tomber dans un registre plus ludique, comme dans « Vaccinator », le récit hilarant — mais un brin potache — d'une invasion extraterrestre.
Bref, L'homme qui dessinait des chats est un recueil très solide de Michael Marshall, décidément un auteur aux multiples talents. Il convient néanmoins de lire ce livre quand on a le moral ; vu le nombre de pages, on conseillera également de le lire par petits bouts pour mieux le savourer sans risquer l'indigestion.