La première chose qu'on remarque en prenant en main ce tome 2 de la nouvelle revue Mythologica, c'est le confort de lecture qu'offre l'objet-livre : un grand format tendant vers le carré, assez souple (beaucoup plus souple que le Fiction nouvelle nouvelle formule critiqué plus bas), une maquette simple, aérée et agréable, un papier de couleur crème léger qui a certes le défaut de « boire l'encre » (les photos et illustrations n'ont pas un rendu tip-top), mais sans que cela soit épouvantable pour autant. Un très chouette compromis.

            Le contenu est quelque part assez proche de ce qu'on peut trouver dans Bifrost : des nouvelles, des critiques (davantage touche-à-tout : littérature, BD, cinéma, musique, jeux vidéos), et un gros dossier. Contenu déjà généreux, auquel on ajoutera des débuts de romans (un procédé bizarre à l'heure où il est si facile de mettre ça dispo sur le net… et, en même temps, j'étais bien content de lire le début de L'Abomination d'Innswich d'Edward Lee, que je ne serais probablement pas allé lire en PDF – cf. la critique de Bertrand Bonnet plus haut dans nos pages).

            Les nouvelles sont au nombre de trois. Mélanie Fazi surprend avec un texte lovecraftien qui m'a laissé un goût de trop peu, comme si l'auteure avait écorché la surface d'une longue cicatrice, juste arraché un minuscule point de croûte (il y a deux ou trois phrases malheureuses, dont la première, dommage). Le texte de Julien d'Hem, mêlant sorcellerie onirique et Japon féodal, bien que d'une puérilité douloureuse, n'est pas totalement dépourvu d'intérêt ; l'envie de raconter une histoire est là, la technique encore balbutiante. Le texte de Clark Ashton Smith est typique de sa veine « Atlantide et autres terres perdues » ; sa traduction, correcte, ne m'a pas semblé assez poétique ; mais bon, c'est un auteur dur à traduire, à l’instar d’H. P. Lovecraft, d’ailleurs, dans un registre différent.

            Le dossier consacré au maître de Providence occupe pas moins de cent vingt-cinq pages (sans compter la nouvelle de Clark Ashton Smith). Évidemment, la tentation de comparer avec celui du Bifrost 73 est forte. On se contentera ici de dire que l'approche est différente, car résolument plus grand public. Et multimédia.

            Ce Mythologica n° 2 (qui a le bon goût de se prendre nettement moins au sérieux que le Fiction nouvelle nouvelle formule) m'a semblé convaincant, même si j'aurais apprécié des critiques plus pointues (il y a des moments où c'est vraiment très léger), davantage de nouvelles et moins de débuts de roman à paraître.

Thomas DAY (site web)
Première parution : 1/7/2014 dans Bifrost 75
Mise en ligne le : 5/4/2020