La première nouvelle d’Aliette de Bodard est un exercice de style assez vain mélangeant immigration vietnamienne et ange déchu. Le vocabulaire employé est tellement ouaté, distant, qu’on ne se sent jamais concerné. Quant à l’aspect fantastique, il est plaqué sur l’absence d’intrigue comme de l’or à deux balles sur une montre-bracelet camerounaise.
Le second texte, signé Raphael Carter, « L’Agénésie congénitale de l’idéation du genre » (titre garanti bac+7) tourne autour d’une idée géniale et finit par se réduire à cette seule idée géniale. Pour y arriver, on chemine à travers un article scientifique bidon, ennuyeux, et à moitié imbitable (n’est pas Ted Chiang qui veut). Donc l’idée qui sous-tend le texte est fascinante, mais à l’exception d’icelle l’ensemble n’a pas grand intérêt.
La nouvelle de Martin L. Shoemaker – histoire d’un robot médical qui s’occupe d’une vieille dame en fin de vie – est immanquablement la meilleure de la sélection, malgré un style qui est un modèle de nonchalance nord-américaine. Voilà un texte qui joue admirablement sur deux tableaux, celui de l’émotion et celui d’un progrès scientifique réaliste (les auxiliaires de vie cybernétiques).
La sélection de fictions se termine avec un texticule de Jean-Marc Agrati moins intéressant que l’interview (du même Agrati) qui suit. Il a des choses à dire, le père Agrati, mais il préfère les dire plutôt que les écrire…
Plusieurs articles et interviews, d’intérêt divers, complètent ce numéro au paratexte un tantinet prétentieux. On aurait largement préféré de meilleures nouvelles. La dimension sociologique des textes, répétée (pour ne pas dire martelée), nuit à l’ensemble.
Thomas DAY Première parution : 1/1/2017 dans Bifrost 85 Mise en ligne le : 22/11/2022