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Le Silence de la cité

Élisabeth VONARBURG

Première parution : Paris, France : Denoël, Présence du futur, 1981


MNÉMOS (Saint-Laurent d'Oingt, France)
Date de parution : 24 septembre 2021

Réédition
Roman, 288 pages, catégorie / prix : 20 €
ISBN : 978-2-35408-925-2
Format : 16,0 x 24,0 cm
Genre : Science-Fiction


Quatrième de couverture

La civilisation humaine est presque détruite et dans la cité souterraine où ils sont enfermés, les scientifiques cherchent une solution aux désastres qui rongent la Terre. Il reste une dernière chance : Elisa, l’une des rares enfants, fruit d’expériences génétiques, aux capacités physiques étonnantes, peut faire espérer une humanité résolument nouvelle.

Mais saura-t-elle se libérer de son passé ? Et qu’en sera-t-il des hommes et des femmes qui, hors de la Cité, ont survécu à la barbarie et aux mutations de toutes sortes ?

Découvrez comment fut fondé le Pays des Mères
et comment l’humanité a survécu aux catastrophes !

Prix Boréal 1982
Grand prix de la SF française 1982
Prix Rosny aîné 1982

Élisabeth Vonarburg est une des figures les plus marquantes de la SF québécoise, reconnue tant dans la francophonie que dans l’ensemble du monde anglo-saxon.

Elle a reçu en 2018 le prix extraordinaire des Utopiales pour l’ensemble de sa carrière dans le domaine de la SF.

Critiques

    En rééditant Le Silence de la cité, paru pour la première fois chez « Présence du futur » en 1981, Mnémos poursuit son travail de remise en avant d’Élisabeth Vonarburg, grande figure franco-canadienne de la SF. Une démarche éditoriale qui avait débuté en 2019 par la réédition du splendide Chro­niques du Pays des Mères (cf. Bifrost n° 98). Ce dernier imaginait une Terre future régie par des sociétés matriarcales, dont la genèse est éclairée par Le Silence de la cité.

    S’intercalant entre notre présent et le futur lointain de Chroniques…Le Silence de la cité débute dans l’une de ces « Cités » enfouies sous la surface d’une Terre ravagée par une apocalypse protéiforme, peuplée d’une humanité ensauvagée et clanique. Organisées à la manière de villes d’une mo­dernité inentamée, ces Cités ont été réservées à une oligarchie politico-économique s’étant ainsi protégée des effets régressifs du Déclin. Sortes de « gated communities » futuristes, entretenus par des androïdes baptisés « ommachs », ces édens souterrains sont autant de laboratoires high-tech. Tel est notamment le cas de la ville abritant Élisa, protagoniste dont le roman suit les pas, de la naissance à l’âge adulte. D’abord subordonnée au confortable et illusoire horizon de l’enfance, la jeune fille que devient Élisa perce peu à peu la nature de l’extraordinaire projet scientifique dont les Cités forment le théâtre occulte. Une entreprise dont Paul – celui-là même qu’Élisa appelle « Papa » – est l’un des principaux maîtres d’œuvre, avec pour prométhéen dessein de libérer l’humanité de la mort. Après avoir compris que le chercheur démiurge l’a destinée à jouer un rôle aussi singulier qu’éminent dans cette quête de l’immortalité, Élisa se dérobe à ce destin génétiquement déterminé. Notamment parce que la fille – ou plutôt le cobaye de Paul – a compris que le rêve d’éternité de Paul se doublait d’un fantasme de toute-puissance. Celui-là même qui mena une première fois l’humanité à sa perte.

    Forte des dons dont Paul l’a nantie, les retournant contre lui en un geste d’empouvoirement, Élisa s’engage dès lors dans une aventure libératrice à plus d’un titre. S’aven­turant pour ce faire dans ce « Dehors » où les tribus commencent à se muer en proto-États, Élisa va par son action influer sur cette géopolitique en cours de redéfinition. Tou­jours au nom de son idéal émancipateur, et de retour dans sa Cité natale, elle prend la suite expérimentale de Paul pour concevoir une humanité affranchie de l’aliénation. Mais Élisa sera bientôt contrainte de constater que redessiner le réel n’est pas une entreprise aisée. Douloureusement et par­fois même tragiquement surprenante, la voie ainsi initiée par Élisa amènera à l’avènement du monde féministe de Chroni­ques du Pays des Mères

    Tout comme ce dernier, Le Silence de la cité s’inscrit donc dans le registre d’une fiction spé­­culative d’autant plus passionnante qu’elle déploie une ré­flexion d’une fine complexité. Aussi séduisant que Chroni­ques…Le Silence de la cité convainc toutefois moins quant à sa facture narrative. La faute notamment à des dialogues trop fréquents, rendant le souffle évocateur du Silence de la cité un peu court. Et ce même si l’ouvrage n’est pas exempt de visions ponctuellement saisissantes, telles celles liées aux étranges talents d’Élisa. L’on sera donc in fine tenté de réserver ce Silence de la cité à celles et ceux que passionne l’ample monde de Chroniques du Pays des Mères. Les unes et les autres éprouveront sans doute un plaisir réel à y trouver des réponses à certaines des questions que le maître-ouvrage d’Élisabeth Vonarburg laisse en suspens.

Pierre CHARREL
Première parution : 1/7/2022 dans Bifrost 107
Mise en ligne le : 9/4/2025

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition DENOËL, Présence du futur (1982)

     Traductrice de Varley, de Tanith Lee, animatrice de Requiem, nouvelliste connue et appréciée, dont un recueil vient de paraître (cf. Fiction323), Elisabeth Vonarburg nous propose un premier roman, qu'Elisabeth Gilles a eu le flair de publier. Il s'agit d'une œuvre marquante.
     Le plaisir de lecture est assuré d'emblée : l'accrochage est parfait. Un mystère se met en place, à mesure que diverses informations sont fournies à travers des scènes d'action, aboutissant à composer un arrière-fond où des projets se trouvent clarifiés sans qu'on voie qui va les mener à bien. C'est alors que la quête/mission de l'héroïne peut prendre corps. Dans tous les sens du terme.
     Ce lien entre la prise en compte des projets et du corps d'Elisa compose le thème central, celui de la métamorphose possible. L'avenir (celui de son corps, celui de la civilisation à (re)naître) sont-ils ou non déterminés (et par qui ?) ou bien un cours différent peut-il être donné, loin de toute nécessaire reproduction (aux deux sens) ? Quelles sont les conditions d'une intervention de la Cité (du savoir antérieur — la Science et sa possible folie) ? Science et folie : cette ambivalence laisse une place à reconnaître aux dispositifs pulsionnels à l'œuvre dans tout projet « altruiste » de type technologique. Science et technique ne sont pas simplement des idéologies, ce sont aussi des délires, que le texte prend en charge, et illustre, par une série de scènes d'action, de séquences dramatiques : lutte contre le Savant/père, contre les mutants, contre son propre désir de domination, etc.
     Au-delà des événements qui font de ce texte un roman aventureux, avec un métamorphe pour héros, on trouve toute une série de réflexions nourries de connaissances d'ordre anthropologiques, qui servent de motivation aux actions.
     L'originalité de ce roman tient à l'heureuse harmonisation de deux plans de référence, ceux venant de la culture SF (on songe à la thématique des Fondation,à celle des renouveaux multiples) et ceux qui relèvent des exigences de la nouvelles science FICTION. L'harmonisation, qui en même temps est une dynamisation, passe par la construction d'une intériorité complexe, celle du métamorphe. Elle réfracte ou intériorise ces problèmes de type anthropologique. La construction du point de vue de l'héroïne, Elisa, est liée à celle du monde neuf qu'elle imagine. Ses échecs et ceux de ce monde sont liés, comme la frustration qui naît pour elle du type de réussite qu'elle atteint.
     Ce n'est pas de la hard-science, malgré les références nombreuses et le côté clinique des descriptions ; ce n'est pas non plus un roman psychologique égaré dans un paysage de SF, malgré l'aspect fantasmatique souligné. Doit-on y voir la naissance d'une « soft science-fiction ? ». Au-delà de toute étiquette : une authentique réussite.

 

Roger BOZZETTO
Première parution : 1/2/1982
dans Fiction 326
Mise en ligne le : 15/12/2006

Prix obtenus
Grand Prix de l'Imaginaire, Roman, 1982
Boréal, Roman de Science-Fiction, 1982
Rosny aîné, Roman, 1982


Cité dans les Conseils de lecture / Bibliothèque idéale des oeuvres suivantes
Association Infini : Infini (2 - liste secondaire) (liste parue en 1998)

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