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Nouvelles Tome 2 - 1964-1979

Frank HERBERT

Textes réunis par Pierre-Paul DURASTANTI

Traduction de Pierre-Paul DURASTANTI
Illustration de Ugo BIENVENU

GALLIMARD (Paris, France), coll. Folio SF précédent dans la collection n° 722 suivant dans la collection
Date de parution : 2 février 2023

Réédition
Recueil de nouvelles, 656 pages, catégorie / prix : F11
ISBN : 978-2-07-298963-6
Format : 10,8 x 17,8 cm
Genre : Imaginaire


Quatrième de couverture

Dans un monde dévoué à l’accélération constante, dans lequel les autoroutes sont limitées à 500 km/h et où les journées de quarante-huit heures tiennent dans le bon vieux modèle de vingt-quatre heures, l’officier Fisk, du Bureau de contrôle intérieur, étudie un phénomène inexpliqué : une vague de déménagements massifs et soudains vers les zones de marécages du pays. Dans un autre monde, depuis que le vaisseau chargé d’implanter la vie humaine sur une nouvelle planète n’a pas réussi à redécoller, une colonie est forcée d’improviser ses propres outils pour survivre. Ailleurs, des militants et des lanceurs d’alerte n’hésitent pas à révéler au grand public comment se procurer des armes de destruction massive dans l’espoir de créer une société plus régulée et plus égalitaire.

Tout à la fois ambitieuses, fascinantes et teintées d’humour, les vingt et une nouvelles de ce recueil nous invitent, chacune à leur manière, à nous plonger dans le quotidien d’après-demain, qui est peut-être aussi celui d’aujourd’hui. Elles achèvent de consacrer l’auteur de Dune pour ce qu’il est, l’un des géants de la science-fiction mondiale.

Journaliste et auteur de nouvelles ainsi que d'une vingtaine de romans, Frank Herbert (1920-1986) est considéré comme l'un des auteurs cultes de la science-fiction. Son roman Dune (1963-1965) premier tome d'une saga en comprenant six, s'est s'imposé comme l'un des grands classiques du genre. Il a été récompensé parle prix Nebula du meilleur roman et le prix Hugo, et adapté au cinéma, notamment par David Lynch et par Denis Villeneuve.

Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Pierre-Paul DURASTANTI, Présentation, introduction
2 - La Délicatesse du saboteur (The Tactful Saboteur, 1964), nouvelle, trad. Dominique HAAS rév. Pierre-Paul DURASTANTI
3 - Le Syndrome de la Marie-Céleste (Mary Celeste Move, 1964), nouvelle, trad. Dominique ABONYI rév. Pierre-Paul DURASTANTI
4 - Les Esclaves du Vert (Greenslaves, 1965), nouvelle, trad. Jacqueline HUET rév. Pierre-Paul DURASTANTI
5 - Le Comité du tout (Committee of the Whole, 1965), nouvelle, trad. Claire FARGEOT rév. Pierre-Paul DURASTANTI
6 - L'Effet MG (The GM Effect, 1965), nouvelle, trad. Dominique ABONYI rév. Pierre-Paul DURASTANTI
7 - Les Primitifs (The Primitives, 1966), nouvelle, trad. Christian MEISTERMANN rév. Pierre-Paul DURASTANTI
8 - Étranger au paradis (Escape Felicity, 1966), nouvelle, trad. Dominique ABONYI rév. Pierre-Paul DURASTANTI
9 - Selon les règles (By the Book, 1966), nouvelle, trad. Claire FARGEOT rév. Pierre-Paul DURASTANTI
10 - Les Marrons du feu (The Featherbedders, 1967), nouvelle, trad. Dominique HAAS rév. Pierre-Paul DURASTANTI
11 - La Bombe mentale (The Mind Bomb, 1969), nouvelle, trad. Pierre BILLON rév. Pierre-Paul DURASTANTI
12 - Semence (Seed Stock, 1970), nouvelle, trad. Dominique ABONYI rév. Pierre-Paul DURASTANTI
13 - Meurtre vital (Murder Will In, 1970), nouvelle, trad. Claire FARGEOT rév. Pierre-Paul DURASTANTI
14 - Passage pour piano (Passage for Piano, 1973), nouvelle, trad. Dominique ABONYI rév. Pierre-Paul DURASTANTI
15 - Martingale (Gambling Device, 1973), nouvelle, trad. Claire FARGEOT rév. Pierre-Paul DURASTANTI
16 - Rencontre dans un coin perdu (Encounter in a Lonely Place, 1973), nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI
17 - Mort d'une ville (Death of a City, 1973), nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI
18 - Francis Marion BUSBY & Frank HERBERT, Allons à la fête (Come to the Party, 1978), nouvelle, trad. France-Marie WATKINS rév. Pierre-Paul DURASTANTI
19 - Chant d’une flûte sensible (Songs of a Sentient Flute, 1979), nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI
20 - Les Grenouilles et le Savant (Frogs and Scientists, 1979), nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI
21 - Les Cochons à plumes (Feathered Pigs, 1979), nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI
22 - Le Ferosslk fortuit (The Daddy Box / The Accidental Ferosslk, 2014), nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI
23 - Pierre-Paul DURASTANTI, Sources des fictions, bibliographie
24 - Alain SPRAUEL, Bibliographie des œuvres de Frank Herbert (1920-1986), bibliographie
Critiques des autres éditions ou de la série
Edition BÉLIAL', Kvasar (2021)

    L’œuvre de Frank Herbert ne cessera jamais de revenir sur les thèmes qui la caractérisent, à savoir l’écologie, la rareté, la survie, le pouvoir et son éthique, la religion, la foi et l’espérance, les valeurs de l’échange et la communication, toujours en ouvrant de nouvelles approches, ceci, bien sur, à l’aune des compétences majeures de l’auteur : psychologie et psychanalyse. La présente intégrale des nouvelles (près de 1000 pages pour quarante récits dont plusieurs inédits) déplie ce constat à loisir.

    De facture dickienne, « Vous cherchez quelque chose ? » recourt d’emblée à la psychologie pour aborder l’idée nietzschéenne que qui vit dans le confort sans avoir à lutter s’affaiblit, et que le prédateur a tout intérêt à maintenir sa proie dans cette sécurité illusoire.

    « Opération Musikron » propose l’idée que l’inconscient collectif jungien ne relèverait pas d’un ordre symbolique, mais biologique, débouchant sur le concept de mémoire génétique – que l’on reverra dans « L’Effet GM » ou encore « L’Œuf et les cendres » – pour revisiter le mythe du phénix tout en préfigurant les révérendes-mères Bene Gesserit.

    Le struggle for life au cœur de toute l’œuvre herbertienne conduit, si on ne lui adjoint pas en parallèle des compensations satisfaisantes bien qu’illusoires, au« Syndrome de la Marie-Céleste », une sorte de massif burn out social. Chez Herbert, la lutte pour la (sur)vie ne se limite pas, comme le voudraient les ultralibéraux, à la guerre de tous contre tous qui sont la stratégie et les discours machiavéliens des dominants : diviser pour régner. Aux yeux d’Herbert, des concepts tels que l’éthique ou la coopération sont des armes tout aussi mobilisables aux fins de la survie.

    Ce qui précède donna à penser à certains – Marcel Thaon et Eliane Pons —, in Fiction n°220 (avril 1972), que Frank Herbert devait être perçu comme réactionnaire. Or il parle de la totalité, met souvent en garde contre la tentation de ne la point prendre en compte, et qu’elle comprend tant la réaction que le progrès. Sa plus grande crainte est d’ailleurs le conservatisme. Ainsi, dans « Forces d’occupation » ou « Cessez le feu », montre-t-il le peu d’estime qu’il porte aux militaires. Il fait aussi preuve de cet humour dont il lui a été reproché de manquer dans « Le Rien du tout », et même d’un brin d’ironie face à cette préscience à laquelle soit on ne saurait échapper ( Dune), soit qui n’en est pas une. Un sort semblable à celui de Muad’Dib sera effleuré de manière minimaliste dans « Rencontre dans un coin perdu » ; un tel pouvoir ne pouvant qu’engendrer peur, rejet et haine.

    « La Drôle de maison sur la colline » , où le prédateur finit par tomber dans le piège qu’il a lui-même tendu, et « BEUARK », tournent autour du désir, moteur libidinal de toute action pour le psychanalyste que fut Herbert, qui, à défaut de sublimation, offre sa victime au prédateur ici paré des oripeaux de l’escroc. Herbert approfondira l’idée du « Comité du tout » dans La Ruche d’Hellstrom et Dosadi. À savoir que lorsque les moyens de la violence sont partout répandus ou qu’il existe une arme absolue, il devient dès lors pour les puissants prudents de s’en abstenir.

    Pur chef-d’œuvre, « Essayez de vous souvenir » rappelle que le langage corporel dit la vérité là où les mots, qui ne sont que symboles, peuvent mentir, et a eu une somptueuse descendance avec L’Enchâssement de Ian Watson, Babel 17 de Samuel R. Delany, sans oublier le fameux « L’Histoire de ta vie » de Ted Chiang (mis en images par Denis Villeneuve, déjà…).

    La plus grande crainte d’Herbert est celle de l’instauration d’institutions figées parce que suffisamment tolérables. Afin d’y remédier, il a créé le BuSab de Jorj X. McKie. Le thème revient dans« La Bombe mentale » et « La Mort d’une ville », ainsi que dans « La Voie de la sagesse », « Le Chaînon manquant », « Opération meule de foin » et « Les Prêtres du psi », qui forment le fix-up Et l’Homme créa un Dieu. Tant la cabale féminine du troisième texte que le complot d’une religion à même de faire de vrais miracles illustrent l’idée que le changement est non seulement inévitable, mais surtout souhaitable. Jorj X. McKie apparaît comme un alter ego de Jerry Cornelius : des agents réintroduisant du changement, de la fantaisie (de l’humour) dans un monde où cela vient à faire défaut afin que la lutte pour la survie puisse continuer au profit du mieux s’adaptant. Si Herbert avait été physicien, il l’eut exprimé en terme d’entropie, celle-ci s’accroissant inexorablement au fil des changements, la solution la plus écologique, de moindre énergie, consiste à se laisser porter par le flux, s’adapter plutôt que de se scléroser, et continuer de participer à la lutte pour une vie (meilleure). D’un texte à l’autre, ses thèmes ne cessent de s’entrelacer subtilement.

    Outre « Le Chant d’une flûte sensible » rattaché au «  Programme Conscience », l’intégrale se conclut sur quelques textes de moindre envergure, dont « Le Ferosslk fortuit » destiné au Last Dangerous Visions de feu Harlan Ellison est une variation de «  Tout smouales étaient les borogoves » de Lewis Padgett qui n’égale pas son modèle.

    Parce qu’il traite des sujets les plus fondamentaux – la survie de l’humanité et les moyens d’y parvenir –, Frank Herbert est un écrivain sans pareil. Il nous révèle les mécanisme du pouvoir à l’œuvre, dit pourquoi nous vivons et pourquoi nous le faisons ainsi. Il montre ce qui est sous-jacent au fonctionnement de l’humanité. Son œuvre ne pouvait voir le jour avant les années 50 et la découverte, la compréhension, de la finitude du monde. Par cela il est l’un des écrivains les plus importants, non de l’Imaginaire ou de la SF, mais de la littérature dans tout ce qu’elle a de plus utile: l’intellection du monde, et les deux tomes de cette intégrale sont à la fois les clés et les racines de cette œuvre.

Jean-Pierre LION
Première parution : 1/10/2021
Bifrost 104
Mise en ligne le : 9/1/2025

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