R. A. LAFFERTY Titre original : Does Anyone Else Have Something Further to Add?, 1974 Première parution : Charles Scribner's Sons, septembre 1974ISFDB Traduction de Roland DELOUYA Illustration de (non mentionné)
DENOËL
(Paris, France), coll. Présence du futur n° 263 Dépôt légal : 4ème trimestre 1978, Achevé d'imprimer : 25 septembre 1978 Première édition Recueil de nouvelles, 256 pages, catégorie / prix : 2 ISBN : néant Format : 11,0 x 18,0 cm✅ Genre : Science-Fiction
Quatrième de couverture
Vous ignorez sans doute que le monde entier est gouverné par une organisation secrète vieille de 8809 ans, dont le nom de code est Crocodile.
Sans doute vivrez-vous plus vieux si vous ne l'approchez pas de trop près.
Peut-être ne savez-vous pas non plus que le monde tourne sur ses gonds et vous présente tantôt l'une de ses faces, tantôt l'autre.
C'est une information qui, elle aussi, peut être dangereuse pour votre tranquillité d'esprit.
Mais ce qui le sera certainement bien davantage, c'est la lecture de ce recueil où souffle un vent de folie douce... Raisonneurs, s'abstenir !
L'auteur :
Raphaël Aloysius Lafferty est né en 1916 dans l'Iowa.
Depuis qu'il a commencé à écrire, à l'âge de quarante ans, il a publié un grand nombre de nouvelles, de récits et de romans historiques.
C'est un humoriste brillant, inventif, qui ne ressemble à personne.
"Le plus fou, le plus pittoresque, le plus imprévisible des écrivains vivants", dit de lui Theodore Sturgeon.
2 - Fou furieux (Mad Man, 1964), pages 29 à 42, nouvelle, trad. Roland DELOUYA
1 autre édition de ce texte dans nooSFere : - in Galaxie (2ème série) n° 124 (OPTA, 1974) sous le titre L'Enragé
3 - Les Iles de marbre (Nor Limestone Islands, 1971), pages 43 à 59, nouvelle, trad. Roland DELOUYA
3 autres éditions de ce texte dans nooSFere : - in Histoires de mondes étranges (LIVRE DE POCHE, 1984) sous le titre Ni les îles de calcaire qui volent dans le ciel - in Histoires de mondes étranges (LIVRE DE POCHE, 1989) sous le titre Ni les îles de calcaire qui volent dans le ciel - in Histoires de mondes étranges (LIVRE DE POCHE, 2001) sous le titre Ni les îles de calcaire qui volent dans le ciel
4 - L'Homme au fond (The Man Underneath, 1971), pages 61 à 77, nouvelle, trad. Roland DELOUYA
1 autre édition de ce texte dans nooSFere : - in Galaxie (2ème série) n° 102 (OPTA, 1972) sous le titre L'Homme-dans-le-fond
5 - Boomer-les-plaines (Boomer Flats, 1971), pages 79 à 100, nouvelle, trad. Roland DELOUYA
Inédit.
6 - La Grande carcasse (This Grand Carcass, 1968), pages 101 à 116, nouvelle, trad. Roland DELOUYA
1 autre édition de ce texte dans nooSFere : - in Histoires mécaniques (LIVRE DE POCHE, 1985) sous le titre Cette grandiose carcasse
7 - Dans le jardin (In the Garden, 1961), pages 117 à 129, nouvelle, trad. Roland DELOUYA
Inédit.
8 - Les Gonds grinçants du monde (Groaning Hinges of the World, 1971), pages 131 à 143, nouvelle, trad. Roland DELOUYA
1 autre édition de ce texte dans nooSFere : - in La Frontière avenir (SEGHERS, 1975) sous le titre Grinçantes charnières du monde
9 - La Sentinelle d'or (Golden Trabant, 1966), pages 145 à 156, nouvelle, trad. Roland DELOUYA
Inédit.
10 - Comment ils la rendirent (How They Gave It Back, 1968), pages 157 à 168, nouvelle, trad. Roland DELOUYA
Inédit.
11 - Qui-Sait Jones et la cité (Maybe Jones and the City, 1968), pages 169 à 179, nouvelle, trad. Roland DELOUYA
Inédit.
12 - Sept histoires de rêve (Seven Story Dream, 1973), pages 181 à 194, nouvelle, trad. Roland DELOUYA
Inédit.
13 - Adam avait trois frères (Adam Had Three Brothers, 1960), pages 195 à 207, nouvelle, trad. Roland DELOUYA
Inédit.
14 - Porc piégé (Pig in a Pokey, 1964), pages 209 à 219, nouvelle, trad. Roland DELOUYA
Inédit.
15 - Un monde singulier (The Weirdest World, 1961), pages 221 à 241, nouvelle, trad. Roland DELOUYA
1 autre édition de ce texte dans nooSFere : - in Le Faiseur d'univers (OPTA, 1969) sous le titre Monde ingrat !
16 - La Créature idéale (The Ultimate Creature, 1967), pages 243 à 253, nouvelle, trad. Roland DELOUYA
Dans les années 1973/74, Lafferty avait fait dans l'édition SF de notre pays une impressionnante percée avec quatre romans traduits en moins de dix-huit mois 1. Le terrain avait été bien préparé, il est vrai, par Galaxie qui avait publié la plupart de ses nouvelles parues en français. Est-ce la disparition de notre consœur ?... quoi qu'il en soit, le boom laffertien fut sans lendemain, la signature de notre homme n'apparaissant depuis que très épisodiquement, dans quelques anthologies. Lieux secrets et vilains messieurs arrive à point pour nous rafraîchir la mémoire, pour nous replonger dans l'univers fou, fou, fou de Raphaël Aloysius Lafferty. Et ce, seize fois 2.
« Sur le plan de l'énormité du talent, Lafferty est ce qui est survenu de plus excitant depuis vingt-cinq ans (...) Des années lumières au-delà de ce que n'importe lequel d'entre nous essaie d'écrire ». Bigre ! Et de qui sont ces lignes définitives ? D'Harlan Ellison, pas moins 3. Il faut dire que la science-fiction de Lafferty ne ressemble à aucune autre. A vrai dire, comment pouvez-vous vous prénommer Aloysius et écrire de la SF comme le dernier des heinleins ? Lafferty c'est l'insolite dingue, l'humour déroutant, l'érudition infernale mâtinée d'une verve canulardesque, l'hermétisme le plus agaçant s'accouplant avec la loufoquerie la plus totale. Tout Lafferty procède de l'univers parallèle : L'inspiration kaleïdoscopique, l'écriture en folie mais d'une rare précision (« Ma passion c'est la langue. N'importe quelle langue »), la logique inimitable. Science-fiction éthylique ? Pourquoi pas, si l'on en croit l'auteur : « j'ai beaucoup bu pendant des années et y ai renoncé il y a six ans. Ça a laissé un vide : quand on abandonne la compagnie des buveurs les plus intéressants on renonce à quelque chose de pittoresque et de fantastique. Alors j'y ai substitué la science-fiction » 4. Science-fiction baroque, saugrenue et incongrue où des îles de marbre flottent dans le ciel (pour construire une pagode il n'y a qu'à attendre que l'une d'entre elles se pose à l'endroit voulu, et finir de la sculpter), où le monde pivote parfois sur ses gonds présentant tantôt une face, tantôt l'autre, où une société secrète dont le nom de code est Crocodile (vieille de 8 809 ans selon certains, 7 349 si l'on se sert de la chronologie courte) gouverne le monde etc.
Science-fiction ésotérique aussi, au goût prononcé pour le secret et la parabole abstruse qui laisse parfois — souvent — le lecteur perplexe. Là n'est pas le moindre charme de la prose laffertienne, mais aussi ses limites, irritantes, car n'entre pas qui veut dans l'univers d'Aloysius. Et seize délires à la file, sans souffler, c'est beaucoup. Aussi, au sage conseil du dos de couverture « Raisonneurs s'abstenir ! », j'ajouterais cet autre : « A déguster lentement, par petites lampées... »
Les hasards de l'édition font parfois bien les choses (mais est-ce bien un hasard ?) : le même mois que le Lafferty, sort en effet la réimpression -sous nouvelle couverture signée, comme d'habitude, Stéphane Dumont -du Pèlerinage A la Terre de Robert Sheckley, cet autre humoriste de la science-fiction, lui aussi vieil habitué de Galaxie. Le recueil n'a pas pris une ride et la machine scheckleyenne tourne à plein rendement, stigmatisant l'american way of life et l'homo américanus avec cette ironie mordante propre à « l'enchanteur paranoïaque » 5 et ce goût pour les univers absurdes où les bateaux de sauvetage se révoltent contre leurs occupants, où les épouses « modèle-pionnier » sont livrées congelées et où les rencontres du 3e type ne se passent pas comme au ciné !