C'est parce qu'il a été un piètre joueur de golf — « le plus détestable que le monde ait porté » — que Jean Ray a écrit les contes réunis dans ce volume. Autant dire par vengeance. Mais le plus extraordinaire est de trouver ici, sur un seul et unique sujet, tous les grands thèmes de la mythologie de l'auteur : les univers intercalaires, la déchéance des dieux, l'envoûtement, la magie noire. Et aussi cet humour corrosif inimitable qui, dans l'œuvre éblouissante de Jean Ray, est le contrepoids facétieux de l'épouvante.
1 - 72 holes... 36… 72, pages 5 à 13, nouvelle 2 - "Le Golfeur" de Mabuse, pages 14 à 19, nouvelle 3 - Seul dans le club-house, pages 20 à 26, nouvelle 4 - Mlle Andrette Froget, pages 27 à 31, nouvelle 5 - Influence, pages 32 à 38, nouvelle 6 - La Balle de l'engoulevent, pages 39 à 46, nouvelle 7 - La Parade des soldats de bois, pages 47 à 53, nouvelle 8 - Les Hazards du colonel Midgett, pages 54 à 59, nouvelle 9 - Le Swing, pages 60 à 64, nouvelle 10 - La Bête des links, pages 65 à 70, nouvelle 11 - Les Links hantés, pages 71 à 79, nouvelle 12 - La Grande ourse, pages 80 à 87, nouvelle 13 - La Chance des aigles blancs, pages 88 à 94, nouvelle 14 - Le Plus ancien membre, pages 95 à 99, nouvelle 15 - EG-1405, pages 100 à 106, nouvelle 16 - La Balle volée, pages 107 à 113, nouvelle 17 - La Forêt de Madrones, pages 114 à 119, nouvelle 18 - Hecate, pages 120 à 127, nouvelle 19 - M. Ram, pages 128 à 135, nouvelle 20 - La Fin, pages 136 à 140, nouvelle 21 - Le Septième trou, pages 141 à 146, nouvelle 22 - Qui ?, pages 147 à 153, nouvelle 23 - La Belle partie, pages 154 à 156, nouvelle 24 - Le Driver doré, pages 157 à 162, nouvelle 25 - Le Vestiaire, pages 163 à 167, nouvelle 26 - Le Mystère du Dip-Club, pages 168 à 179, nouvelle 27 - ANONYME, Lexique, pages 181 à 184, lexique
Le recueil, constitué après la mort de Jean Ray, regroupe des textes initialement parus dans la revue Golf. Exercices d’écriture sous contrainte, donc. Dans Les Contes du whisky, l’unité thématique donnait prétexte aux récits sans vraiment les influencer. Ici, le fond détermine les différentes variations formelles, et Jean Ray brasse large. « 72 holes… 36… 72 », « Seul dans le Club House » et « Mademoiselle Andrée Froget » traitent de tragédies amoureuses. « La Balle de l’engoulevent » s’intéresse à la sorcellerie, « Les Links hantés » et « La Chance des aigles blancs » sont des histoires de fantômes, « Hécate » et « EG-1405 » parlent de surnaturel exotique, tout comme le très beau « Monsieur Ram », histoire d’enfant martyr et de son ami pas si imaginaire que cela. « Le Mystère du dipclub » propose une vengeance à la Monte-Cristo. « La Grande Ourse » revisite l’un des thèmes classiques du fantastique, la boutique qui disparaît du jour au lendemain. « La Bête des links » offre un récit réaliste autour d’un tueur de femmes, tandis que « Le Plus ancien membre », « La Fin » et « Le Septième trou » relèvent du fait-divers. On retrouve aussi la parodie d’essai, exercice cher à l’auteur, avec « Le Vestiaire » et l’usage de références historiques, fausses ou avérées dans « Le Golfeur de Mabuse ».
On appréciera, à titre de clin d’œil, « La Balle volée », qui permet de retrouver le personnage de Si Triggs, héros malgré lui du roman La Cité de l’indicible peur (Alma, 2015), et surtout « Le Swing », récit d’une réjouissante méchanceté.
Un ensemble hétérogène, qui va de l’agréable à l’excellent, complété dans l’édition d’origine par une postface d’Henri Vernes.
Xavier MAUMÉJEAN Première parution : 1/7/2017 Bifrost 87 Mise en ligne le : 12/1/2023