Le cauchemar est une réalité tangible. Selon le jour, l'heure, le lieu, la circonstance, il s'incarne et se désincarné tour à tour aux yeux des humains, déployant un invraisemblable cortège de maléfices. Les dix-neuf contes fantastiques de ce recueil l'attestent en suffisance : personne ne peut échapper à l'hallucination. Ni le sage ni le dupe. Ni le fort ni le faible. Ni par la raison ni par la logique. Ni par la foi ni par l'incroyance. A moins d'être soi-même, comme Jean Ray, l'appariteur des ténèbres.
1 - Mathématiques supérieures, pages 7 à 10, nouvelle 2 - La Tête de monsieur Ramberger, pages 11 à 29, nouvelle 3 - Bonjour, Mr. Jones !, pages 30 à 35, nouvelle 4 - Histoires drôles, pages 36 à 43, recueil de nouvelles 5 - Tête-de-lune, pages 44 à 56, nouvelle 6 - Le Banc et la porte (De bank en de deur, 1959), pages 57 à 60, nouvelle 7 - Croquemitaine n'est plus (De Boeman is dod, 1948), pages 61 à 87, nouvelle 8 - Puzzle, pages 88 à 92, nouvelle 9 - L'Envoyée du retour, pages 93 à 96, nouvelle 10 - La Sotie de l'araignée, pages 97 à 104, recueil de nouvelles 11 - Le Beau dimanche, pages 105 à 115, nouvelle 12 - Le "Tessaract", pages 116 à 128, nouvelle 13 - La Sorcière, pages 129 à 142, nouvelle 14 - Les Gens célèbres de Tudor street (Beroemde lui in Tudor Street, 1953), pages 143 à 149, nouvelle 15 - Trois petites vieilles sur un banc (Drie oudevrouwtjes op een bank, 1956), pages 150 à 154, nouvelle 16 - La Conjuration du lundi, pages 155 à 165, nouvelle 17 - Un tour de cochon, pages 166 à 173, nouvelle 18 - Smith... comme tout le monde, pages 174 à 180, nouvelle 19 - Le Formidable secret du pôle, pages 181 à 247, roman
Ce recueil rassemble nombre de thèmes chers à l’auteur, traités à travers certains de ses meilleurs textes. L’hyper-géométrie sert de toile de fond à « Mathématiques supérieures », « Le Tessaract » et « Smith contre tout le monde ». Un fantastique de facture classique anime « Bonjour M. Jones ! » et « La Sorcière ». Le sordide quotidien s’illustre dans « Le Banc et la porte ». La tête autonome permet différentes variations, comme autant d’exercices de style dans « La Tête de Monsieur Ramberger », ou la tête vivante dans « Histoires drôles », florilège d’historiettes au comique absurde et grinçant. « La Sotie de l’araignée » revient à l’animal cher à Jean Ray depuis Les Contes du whisky (le nectar écossais laissant place pour ce recueil à la chartreuse verte, évoquée plusieurs fois). « Croquemitaine n’est plus », récit au ton flamand qui évoque le peintre James Ensor, est un bel exemple de la manière dont Jean Ray recyclait ses lectures (ici empruntées au Magasin pittoresque).
On retiendra surtout deux nouvelles, « Trois petites vieilles sur un banc », réinterprétation des trois Moires au fil d’un récit terrifiant, et surtout « Tête-de-Lune », probablement l’un des plus beaux textes de Jean Ray, illustration au vitriol de ce que Hegel appelait « le dimanche de la vie », soit l’idéal bourgeois du paradis, fait d’un plantureux déjeuner familial, suivi d’une promenade digestive. Sur le même thème, en mode comique, l’auteur propose également « Le Beau dimanche ».
Dans sa première édition, le recueil est complété par Le formidable secret du pôle, court roman pour la jeunesse signé à l’origine John Flanders. L’intrigue convoque Thulé et l’Atlantide et se place sous les auspices de Jules Verne et de Ridder Haggard, ce dernier donnant son nom à l’un des personnages. Un roman dispensable, qui ne sera d’ailleurs pas repris dans l’édition Alma en 2018.
Xavier MAUMÉJEAN Première parution : 1/7/2017 Bifrost 87 Mise en ligne le : 12/1/2023