Le jeune Ethan Lawson Wate habite Gatlin, petite bourgade ordinaire perdue au fond de la Caroline du Sud. Il y vit depuis seize ans avec son père écrivain et sa gouvernante Amma, grand-mère de substitution. Ethan rêve souvent d'une mystérieuse adolescente qui l'appelle à l'aide. Or, un matin, la jeune fille en question arrive dans son lycée !

     Problème : cette Lena Duchannes est la nièce du mystérieux et suspect Macon Ravenwood, qui réside dans un domaine proche de Greenbrier, à la réputation historique sulfureuse.

     Fasciné par Lena, par ses yeux verts immenses, par la musique ( Seize Lunes... ) et les étranges parfums ( citron et romarin ) qui l'entourent ou l'accompagnent, Ethan en tombe éperdument amoureux. Et ce, malgré les avertissements de son vieux copain Link, la désapprobation — voire l'opposition — de tous ses camarades et surtout la méfiance d'Amma, qui s'y connaît bien en magie et autres sortilèges...

     Bientôt invité à pénétrer dans le domaine où vit Lena et son oncle, Ethan comprend très vite qu'il dispose lui aussi de certains pouvoirs, même s'il n'est en apparence qu'un simple Mortel. Il s'aperçoit aussi que cette demeure et leurs propriétaires ( étrange famille que celle de Macon Ravenwood ! ) sont doués de pouvoirs fabuleux et de liens à la fois puissants et maléfiques...

     Sans livrer toutes les clés de ce récit à la fois long, complexe et palpitant, livrons-en deux clés essentielles :

     · Lena est en réalité une Elue. A seize ans tout juste ( et elle les atteindra... à la fin de l'ouvrage ! ), elle sera forcément Appelée et deviendra soit Lumière soit Ténèbres, sans qu'elle puisse hélas choisir son camp. Voilà pourquoi, malgré son attirance pour Ethan, elle tente de résister à une passion qui pourrait les entraîner tous deux dans l'abîme.

     · Le bourg de Gatlin est au cœur du Sud profond... un pays où règnent encore le racisme ordinaire, la méfiance de l'étranger et le souvenir des fameuses « sorcières de Salem ». Ce récit contemporain prend place peu avant la reconstitution historique de la fameuse bataille de Honey Hill, certes perdue ( le 11 février 1865 ) par les Sudistes, mais dont les descendants perpétuent fièrement le souvenir... Or, contrairement à la population et aux enseignants de leur lycée, Ethan et Lena n'ont guère l'esprit sudiste, même si leurs ancêtres ( voir les arbres généalogiques des héros pages 276/277 ! ) ont participé à cette bataille, défaite marquée par une histoire d'amour, un mystérieux camée et une désertion justifiée...

     Vous aimez les univers où fourmillent Enchanteresses, Incubes, Thaumaturges, Evos, Elus, Mortels, Sirènes, Sibylles, Illusionnistes, Palimpsestes et autres Transmutants ?

     Vous avez adoré les quatre volumes de Twilight ?

     Alors vous tomberez forcément sous le charme le charme de Seize Lunes !

     Certes, la recette est usée jusqu'à la corde : un adolescent amoureux d'une jeune sorcière ( enfin... d'une Elue ! ), un mystérieux talisman ( enfin... un médaillon, un camée, vieux bijou de famille ) et une lutte familiale qui oppose la branche de la Lumière à celle des Ténèbres, le tout pimenté par un compte à rebours... rien de nouveau sous le soleil du fantastique contemporain !

     Eh oui, qui se souvient qu'en 1973, l'Américaine Susan Cooper, avec L'enfant contre la nuit ( traduit en 1979 chez Robert Laffont, collection L'âge des Etoiles ) avait donné le premier élan à un nouveau genre, la fantasy ( attention, pas l'heroic fantasy ! ) qui à l'époque n'intéressait personne et mettrait plus de trente ans à s'imposer outre Atlantique ?

     Seize Lunes me semble mieux écrit, plus littéraire et ambitieux que Twilight. Bref coup de chapeau au passage à Luc Rigoureau qui a déjà traduit Fascination, Tentation, Hésitation et Révélation... soit près de 2500 pages !

     Bien sûr, nous sommes dans un univers typiquement américain et même très sudiste que les jeunes lecteurs français auront peut-être un peu de mal à apprivoiser ! Mais l'ouvrage, un bon point, s'appuie sur des références littéraires et historiques nombreuses. L'un des personnages, la bibliothécaire Marian Ashcroft — ancienne amie de la mère défunte du héros — n'est pas sans rappeler le gardien du cimetière des livres de L'Ombre du vent. Et le style, tout à fait dans le ton de l'univers ado contemporain, n'est pas seulement efficace ou plat comme on pourrait le redouter dans ce genre de récit.

     Disons, toutes proportions gardées, que ce roman, dans la continuité de Blackmoon, se situe au croisement improbable de :

     · Julien Green ( pour le cadre, pas pour le style ! Je pense bien sûr aux Pays Lointains )

     · Margaret Mitchell ( les références historiques à Autant en emporte le vent sont évidentes )

     · Stefen King ( pour l'ambiance, les surprises et les frissons... Gatlin rappelle d'ailleurs bien des villes du Maine ! )

     · et La famille Adams ( pour les personnages... mais si ! ).

     Bref, un joli pavé de 630 pages que j'ai avalé en une seule et longue journée — moi qui ne suis pas vraiment un fan de littérature fantastique — et que j'ai passé aussitôt à ma petite-fille ( de 13 ans, elle est en 4^ème ) qui, je le sais, va adorer !

     Danny va épouser Beth Wilson, fille d'un grand garagiste...

     Pour fêter sa demande officielle, Danny ( ainsi que Beth et son frère Bernie ) se retrouvent dans un bar où trois inconnus éméchés et un acteur momentanément très connu ( il joue dans une série du genre Urgences ! ) les provoquent grossièrement. Le plus vulgaire d'entre eux, Craig, se bat avec Danny à la sortie du bar. Bernie s'interpose... et Craig l'assassine d'un coup de couteau.

     Las ! Craig, qui est avocat, prévient la police et affirme que Dany a tué son futur beau-frère afin d'hérité du garage ! Ses trois amis confirment sa version des faits.

     Injustement condamné, Danny se retrouve en prison avec deux compagnons de cellule très attachants, Nick ( un noble, militaire gradé ) et Big Al, son ancien chauffeur et complice.

     Convaincu de l'innocence de Danny ( comme d'ailleurs tout le personnel de la prison, Directeur y compris ), Nick prend notre héros sous son aile ; il lui enseigne les bonnes manières jusqu'à ce qu'un événement imprévu — mais, hum, prévisible pour le lecteur ! — lui permette de recouvrer la liberté sous une fausse identité.

     Reste à Danny à accomplir sa vengeance : retrouver les responsables de sa condamnation et les obliger à avouer !

     Résumer ce thriller haletant de 572 pages priverait le futur lecteur d'une série de rebondissements dont il vaut mieux lui laisser la surprise. De l'aveu même de Danny ( ou... de Jeffrey Archer lui-même ? ), il s'agit là d'un remake britannique et contemporain de notre bon vieux Comte de Monte Cristo. D'ailleurs, les références à Alexandre Dumas ( et aux trois/quatre mousquetaires ) sont fréquentes.

     Si vous êtes un inconditionnel de la Littérature, inutile d'aborder ce récit. Mais si vous fréquentez assidûment John Grisham et Douglas Kennedy, ne ratez Seul contre tous sous aucun prétexte.

     Evitez de le commencer un soir, sauf si vous vous sentez capable de passer une nuit blanche !

     Palomar rime avec regard...

     En effet, Monsieur Palomar apprend à voir !

     En vacances, il se perd dans la contemplation d'une vague, il réfléchit sur le sein nu d'une estivante ( qu'il faut faire semblant de ne pas voir tout en évitant de détourner ostensiblement le regard... pas facile ! ), il déambule dans le jardin ou en ville et part en voyage pour observer, se taire et mûrir de multiples réflexions sur le monde, les jeunes et la société en général...

     Italo Calvino ( auteur italien mort en 1985 ) n'est pas seulement l'auteur du célèbre Baron perché, classique de la littérature pour la jeunesse. En réalité, il a surtout publié dans le domaine de la littérature générale ! Réédité par Le Seuil, le bel album Palomar ( superbement illustré par Yan Nascimbene ) est trompeur car on le confond avec un livre pour enfants. Ce qu'il n'est pas, mais pas du tout ! C'est une suite de saynètes tour à tour originales et cocasses, faussement naïves, prétexte pour Italo Calvino ( qui évoque son Monsieur Palomar avec un détachement amusé ) à réfléchir sur une autre façon, fort intellectuelle, de voir le monde et les hommes.

     Un beau moment de littérature !

     Le jeune Mattéo nous relate son voyage en Paradoxie en compagnie de son grand-père Pijako.

     Or, chacun sait que les habitants de la Paradoxie ( pays bien connu situé entre la Roumanie, la Pitrerie et la Hongrie ) sont des vampires... vampires hélas contaminés par l'humanite aiguë qui les condamne à devenir des humains ! C'est ainsi que Mattéo et son grand-père vont faire la connaissance de Vladimir Poltronic ( dit Poltron ), vampire contaminé de 3^ème classe contraint de dissimuler aux siens son état...

     Dès le début, le ton est donné, notamment quand l'auteur nous révèle que les vampires n'aiment pas « le teint frais, le thym frais, les aulx, les eaux, les os » !

     Album pour enfants ?

     Certes !

     Mais à l'heure où les vampires sont très tendance dans la littérature jeunesse, Jacques Chaboud ( et la grande Nicole Claveloux ) les détourne(nt) avec un humour et un bonheur qui n'excluent nullement, à y bien regarder, la réflexion, la morale, et une bien agréable lecture au deuxième et au troisième degré !