Christian Grenier, auteur jeunesse
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Les notes de lecture étant publiées sur le blog chaque semaine, cela devenait difficile de mettre ces pages à jour en parallèle. Donc rendez-vous sur le blog pour les nouvelles "lectures de la semaine" ! CG, le Lundi 18 février 2013
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 Decembre 2004 : Les lectures de Novembre 

  Sous les vents de Neptune , Fred Vargas ( Viviane Hamy )  
     Fred Vargas est une grande, nous le savions déjà. Et son dernier roman le confirme. Contrairement à des bruits qui courent ( ce serait le plus mauvais des Vargas ! ) c'est à la fois du grand polar et de la vraie littérature, tout le monde ne peut pas en dire autant. Et il suffit d'avoir lu Da Vinci Code et Jean-Christophe Grangé pour s'apercevoir que Fred Vargas — même quand elle n'est pas au mieux de sa forme ? — vole loin au-dessus du fracas médiatique de ceux qui préfèrent le clinquant et le tape-à-l'œil au solide, au mûri.

     On retrouve avec un plaisir sans mélange le fameux Jean-Baptiste Adamsberg ( et même Camille, et la Clémentine du marché aux Puces )., confronté à un étrange crime qui réveille en lui de vieux démons : un corps retrouvé criblé de trois coups si parfaitement et mathématiquement espacés qu'il ne peut s'agir d'un hasard mais. d'un authentique coup de trident. Or, longtemps auparavant, son jeune frère Raphaël a été accusé d'un meurtre semblable, après une beuverie et une étrange perte de conscience. Du coup, Adamsberg se replonge dans une enquête qui va le conduire cinquante ans auparavant, sur la piste d'un juge hautain et cruel, Fulgence. C'est lui, le meurtrier, il n'en doute pas. Mais les problèmes se succèdent. car le juge, trop vieux pour être meurtrier — il aurait cent ans aujourd'hui ! — est mort il y a quinze ans. Et Adamsberg, qui part au Québec avec sa brigade pour un stage sur les indentifications ADN, se trouve tout à coup, lui aussi, confronté à un meurtre identique : ivre, il perd conscience, a un trou de deux heures dans son emploi du temps. et l'on découvre à son réveil, à quelques pas de l'endroit où il s'est écroulé, le cadavre d'une jeune fille, Noëlla ( qui lui courait après et dont il voulait se débarrasser ), transpercée d'un coup de trident ! Aurait-il imité son frère et. tué à son insu ?

     Il n'en croit rien, puis il doute.

     Et grâce à l'aide de deux vieilles dames indignes ( notamment d'une étonnante Josette, vieille bourgeoise devenue hackeuse de haut vol ! ), d'un ordinateur vidé de sa mémoire, d'un adjoint soupçonneux ( peut-être coupable ou complice ? ) et de la règle du jeu de Mah Jong, il finira par venir à bout d'une enquête incroyable, qui frôle certes l'invraisemblable mais flirte avec la métaphysique.

     Oui, un grand livre que celui-là, qu'on lit sans pouvoir en décrocher, accompagnant l'auteur dans un parcours semé d'embûches, d'humour ( ah. le langage québécois ! ) et de magnifiques fausses pistes.

     Un travail de maître, merci, Madame Vargas !
Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Un peu plus loin sur la droite | Sans feu ni lieu


  Un léger bruit dans le moteur , Jean-Luc Luciani ( L'Ecailler du Sud )  
     « Je suis un enfant qui tue les gens. »

     Tel est l'aveu qui débute ce roman décapant, morbide, atemporel et désespéré qui va jusqu'au bout de l'horreur. Car le narrateur, contrairement à ce qu'on soupçonne, fantasme moins qu'on ne le croit. Mal aimé, il a déjà supprimé son frère et a décidé d'éliminer un à un toutes celles et tous ceux qui l'entourent : son père, sa nouvelle mère, l'institutrice, l'épicière.

     Tout le village, ou presque, y passera — et le jeune assassin ne sera soupçonné qu'à la fin.

     La sobriété du ton et l'ambiance rappellent le meilleur de Pierre Pelot. Et l'on ne peut se détacher de ce roman avant sa conclusion, attendue ( mais pas convenue ) et après avoir participé en frémissant à ce jeu de massacre qu'expliquent une enfance mal aimée et un environnement particulièrement désespérant.

     Enfants et âmes sensibles s'abstenir !
Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Le secret de Papy Frioul | Brigade Sud : Le jeu du tueur | L'été en tente double


  L'envol de l'Abîme , Danielle Martinigol ( Mango , Autres Mondes )  
     Après avoir lu un mauvais roman de SF ( hélas, ça existe ! Mais ne le cherchez pas dans mes lectures... j'ai évité d'en parler ! ) j'ai abordé celui de Danielle Martinigol. Quelle différence ! Et dès le démarrage, quel plaisir de retrouver les merveilleux Abimes, ces animaux-vaisseaux géants qui parcourent la galaxie, quelle joie de faire face à un récit écrit, construit, avec les exigences des authentiques auteurs de SF ! Certes, même si ce roman peut être abordé sans qu'on ait lu Les Abîmes d'Autremer, il faut sans doute être déjà rompu à la SF pour aborder ce récit aux péripéties complexes et haletantes et aux personnages nombreux et foisonnants.

     Le sujet ? Le destin du jeune Corian, qui vit en paria sur la méchante planète de Djauze et qui, après être devenu perl ( pilote d'Abîme ), va devoir aborder le mystérieux Abîme sauvage — un certain Jiu-kam qui, après vingt-sept ans d'absence, réapparaît !

     Au-delà du roman d'aventures et de la réflexion sur les rapports étroits entre l'Homme, l'Animal et la Nature, ce second volet d'une trilogie se veut en même temps une critique des médias. Car si le recrutement et la sélection des « perls » se fait en direct, devant 27 milliards de spectateurs, c'est évidemment l'objet, pour l'auteur, de la dénonciation d'un système qui privilégie le spectaculaire au détriment de l'intime et l'exploit au détriment de l'Humain.


  Le rat , Magali Herbert ( Bayard Jeunesse , Millézime )  
     Deux personnages, un gros rat et un SDF, pour un petit récit et une rencontre. Celle de deux héros prêts à en découdre, que tout semble opposer mais que le hasard et une étrange forme de fraternité va réunir.

     Une petite fable sur la survie accessible aux plus jeunes.


  Les psy - Volume 10 ( et à part çà ?) , Bédu et Cauvin ( Dupuis )  
     Il me faut l'avouer : je lis peu de BD. Et c'est par hasard que je suis tombé sur cette vision critique et parfois désopilante du monde des psys. Une série de petits récits de quelques pages, des histoires courtes mais édifiantes qu'apprécieront tout particulièrement les adultes ayant fréquenté le milieu psychiatrique.


  Alpha Clone , Paul Thies ( Rageot , Métis )  
     Etrange de découvrir un roman de SF dans une collection et chez un éditeur qui n'en publie quasiment pas !

     Dans un monde futur qui rappelle parfois l'ambiance de Gattaca et où les inégalités se sont accentuées, les maîtres du monde, les Alphas, disposent de clones — des sous-hommes « cultivés » et gardés en réserve — destinés à leur servir de réserve d'organes en cas d'urgence. Et des urgences, il y en a car les Alphas se droguent et vivent en se grisant d'émotions et de sexe.

     Parmi eux, l'Alpha David est amoureux de la jeune et belle Isabel. qui soudain lui déclare qu'elle lui préfère son clone ! La substitution, rapide et inattendue, va transformer David en clone et son double. en Alpha.

     Du coup, David, prisonnier, va devoir s'évader, devenir un paria, s'initier à une vie de saltimbanque, tomber amoureux de Liane l'exclue et comprendre l'horreur d'une société où les clones sont méprisés. L'issue de ce texte classique, écrit par un auteur qui connaît bien la SF et livre là un premier roman dans ce genre, nous fera comprendre que ce récit s'inscrit dans une étrange expérience, le « Projet Miroir ». dans lequel les David, sortes de répliquants ( cf Blade Runner ) sont plus nombreux qu'on le croit.


  L'encyclopédie du ciel et de l'espace , Heather Couper et Nigel Henbest ( Gallimard Jeunesse )  
     J'ignore où et quand j'ai acheté cette encylopédie mais je viens de la retrouver, intacte et de m'y plonger.

     Qu'on connaisse ou non l'astronomie et l'astronautique, qu'on soit un collégien ou un adulte, on dispose là d'un outil complet et passionnant qui, de façon simple, synthétique et efficace, fait le tour de la question — des questions devrais-je dire : l'exploration du ciel, les télescopes, la radioastronomie, l'univers, les quasars, le big bang. rien ne nous est caché et tout nous est expliqué — sans parler d'un glossaire bien ficelé et d'une biographie de celles et ceux qui ont fait l'astronomie et la conquête du ciel, d'Aristarque de Samos à Armstrong.

     Consacrer six ou huit heures à la lecture de ce magnifique documentaire, c'est s'initier d'un coup aux dernières données en matière d'astronomie.

     Un outil superbe !


  Etre heureux , Jean-Philippe Arrou-Vignod ( Arléa )  
     Au Salon de Fougères, Jean-Philippe — à la fois auteur jeunesse, auteur Gallimard-de-la-Blanche et directeur de collection — m'a fait cadeau de ce petit ouvrage qui est un vrai livre de chevet. De quoi s'agit-il ? Tout simplement d'une série de réflexions sur le bonheur ! Des moments choisis, des fulgurances poétiques, des leçons de vie — et, au bout du compte, la certitude que le bonheur est moins un état qu'un désir permanent.

     Oui, Jean-Philippe est un philosophe, quelqu'un qui sait apprécier les petits moments de joie et qui perce les secrets d'un bonheur particulier, celui de l'écriture — à l'image de ce dicton que je pourrais faire mien : si le bonheur existe, il est dans les histoires, non dans leur épilogue. Ou encore de ce vertige dont nous n'apprécions presque jamais le miracle : la griserie de se sentir seulement en vie.

     Ce bien joli ouvrage est un véritable viatique, un missel pour ceux qui pensent que le bonheur se cache davantage dans les menues joies de la vie quotidienne que dans la richesse et les grands desseins.


  Deux ailes dans le dos , Jean-Luc Luciani ( Rageot , Métis )  
     Jullien, avec deux l ( c'est important ), vient de faire une fugue. Paumé, dévalisé, racketté, il erre dans un supermarché avant d'être pris en charge par Abdallah, qui lui apprend la dure vie des squats. On apprend ( et on comprend ) peu à peu quelles raisons — en fait quel drame : la mort de son frère Nicollas — ont poussé Jullien à partir.

     Il s'agit en fait d'un faux départ. Car il n'appartient qu'à Jullien de revenir, de retrouver le confort de sa famille, un temps désertée pour un court et difficile apprentissage de l'indépendance et de la vie.

     Par l'auteur d'Un jour, j'ai raté le bus, un beau et solide récit exemplaire. Une sorte de roman d'apprentissage à la mesure de notre société à la fois confortable et carnassière. On quitte le livre en frémissant — mais satisfait que Jullien, comme il devait le souhaiter, ait grandi et mûri.
Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Le secret de Papy Frioul | Brigade Sud : Le jeu du tueur | L'été en tente double


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