Christian Grenier, auteur jeunesse
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Les notes de lecture étant publiées sur le blog chaque semaine, cela devenait difficile de mettre ces pages à jour en parallèle. Donc rendez-vous sur le blog pour les nouvelles "lectures de la semaine" ! CG, le Lundi 18 février 2013
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 Novembre 2004 : Les lectures d'Octobre 
     Je rappelle qu'il s'agit là d'un choix, non d'un guide de lecture ou d'un hit parade. J'ai retenu ces textes parce qu'ils me touchent — ou me rebutent ! — et parce que j'en connais souvent les auteurs.


  Le Printemps de Thomas , Dany et Michel Jeury ( Nathan , Les romans de la mémoire )  
     Ah, quel beau récit que celui-là. Comment pourrais-je ne pas l'aimer puisque Dany et Michel ont eu la gentillesse de me le dédier ? On me pardonnera d'en parler si longuement quand on saura que je connais Michel depuis plus de trente ans ( Dany un peu moins puisqu'elle a aujourd'hui... 25 ans ! ) et que cette collection, dirigée par Christian Léourier, m'est très chère : j'ai suivi de très près sa création et je suis l'auteur du premier volume paru : Août 44, Paris sur scène.

     Nous voici en mars 44, dans le Périgord, à la veille de la Libération.
     Le jeune Thomas Borderie, 13 ans, secrètement amoureux de la jolie Mlle Blandine, rêve d'accomplir une action d'éclat au sein de la Résistance. Il y parviendra, presque malgré lui, car après un parachutage secret, il fournira une cache et aidera à la fuite de « monsieur Etienne », le représentant du fameux colonel Berger, alias... André Malraux.
     Le personnage de Thomas est très attachant et sa passion juvénile ( et sans espoir ! ) pour Blandine bien émouvante. C'est, au sens propre, un magnifique « roman d'apprentissage », à tous les points de vue : apprentissage de la vie, de l'amour, du courage, de l'engagement...
     J'aime aussi ce récit parce que le village de Rivièrac ( imaginaire ) n'est pas loin d'Issigeac et de mon village du Fleix. Tous ces lieux me sont devenus aujourd'hui très familiers, de la poudrière de Bergerac à l'aérodrome de Roumanière en passant par Mouleydier et Puyguilhem !
     Ce qui frappe est le style « d'époque », grâce à ces tournures et proverbes qui pimentent le récit ( j'ai mis ma honte dans ma poche... le coeur me battait comme une cloche de village le matin de Pâques... j'en passe !)
     Plusieurs détails réalistes m'ont fait sourire : la douille voleuse ( j'en ai encore, mon père en utilisait une dans la cave de notre immeuble, puisqu'il n'y avait pas de prises de courant ! )
     Une scène m'a ému aux larmes, celle du chien berger roux, blessé, et que Thomas n'a finalement pas besoin d'achever. La scène suivante, rapportée ( la mort du fermier de Puyguilhem et de son chien ) donne étrangement la mesure de la scène précédente, dans une comparaison aussi pudique que dramatique. D'autant plus que cette scène sanglante n'est finalement décrite qu'au moyen de l'agonie du chien sur la route.
     Le chien Rip, qui n'apparaît que par brefs épisodes, est lui aussi un personnage attachant.
     L'humour, discret, est toujours présent : parfois cruel ( la bouse de vache lancée dans la soupe en guise de « gras » ), d'autres fois distancié ( le notaire ex Pétainiste qui assure désormais la Résistance de sa... collaboration ! ), parfois, c'est un « private joke » comme l'expression « c'est un drôle », typiquement du sud-ouest.
     Solidement documenté, ce roman pour tous les âges se lit d'une traite, on ne peut s'en détacher ni décrocher.

Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Angéline | Le Temps incertain et Soleil chaud, poisson des profondeurs | La petite école dans la montagne | Les secrets de l'école d'autrefois : Savoir lire, écrire, compter | Les gens heureux ont une histoire | Le dernier certif | Les beaux jours du docteur Nicolas | May le monde


  Hé, Petite ! , Yaël Hassan ( La Martinière Jeunesse , Confessions )  
     Dans cette confession cohérente et bien construite, Yaël nous raconte comment sa petite taille fut, longtemps, notamment dans l'enfance et l'adolescence, une inquiétude pour ses parents et pour elle un handicap. Handicap peu à peu assumé et revendiqué. Une belle leçon de ténacité dont la morale pourrai être : transforme en qualités ce que tu crois être des défauts, et assume-toi !



  Doué pour le silence , Sarah Cohen-Scali ( La Martinière Jeunesse , Confessions )  
     Enfant puis adolescence surdouée et solitaire, Sarah explique comment elle se réfugia longtemps dans le silence, la réflexion, nourrissant en secret une vive passion pour le théâtre alors que ses excellents résultats scolaires ( dont elle se moquait ! ) la destinait en principe à une profession prestigieuse. Contrairement à Yaël, ce qui semblait complexer Sarah était... sa grande taille ! Cette confession touche particulièrement parce que Sarah s'y confie un peu en vrac, avec une franchise, une très sincérité touchantes.



  On s'était dit : Pour la vie ! , Claire Mazard ( La Martinière Jeunesse , Confessions )  
     Claire évoque, pendant son adolescence, sa meilleure, sa fidèle amie, la complice de ses confidences et de ses jeux — une fille ouverte et joyeuse qui, un jour, soudainement... décide de prendre le voile et de se retirer dans un couvent !
     Une décision incompréhensible, et même inacceptable pour Claire qui, bien après que les portes de ce couvent se seront définitivement refermées, s'interroge sur cette volte-face incompréhensible.
     Une confession étrange et décalée, l'écho d'un événement très perturbant... et un récit qui laisse ( et pour cause ! ) une terrible sensation de malaise puisqu'aujourd'hui encore, la clé de cette décision a gardé son mystère.



  Les Pommes Chatouillard du chef , Lorris Murail ( Gallimard , Folio Junior )  
     Voici un récit ( mi roman, mi documentaire ? ) particulièrement original !
     Le jeune Maximin travaille chez Robuchon, au Lion d'or, grand restaurant — concurrent malheureux du prestigieux restaurant concurrent, chez Veygnaire. Pour redorer son blason et éviter la fermeture de son établissement qui n'est plus aux normes, Robuchon se présente au concours du Meilleur Ouvrier de France. Hélas, une épreuve lui paraît insurmontable, la recette des pommes chatouillard ! Discrètement, Maximin s'introduit chez Veygnaire où il va percer les secrets du grand chef... et celui de cette mystérieuse recette !
     Pour ceux qui l'ignoreraient, Lorris est à la fois le frère de plusieurs autres Murail célèbres ( les deux écrivaines Marie-Aude et Elvire, alias Moka, et le grand compositeur contemporain Tristan Murail, élève d'Olivier Messiaen ), un grand écrivain tout court ( auteur notamment d'un bijou, Blanche Ebène, publié chez Robert Laffont ), un vieil ami, un complice ès science-fiction, un critique gastronomique ( il a longtemps oeuvré pour Gault & Millau ), un fin cuisinier et... un voisin pendant les vacances. Quelle carte de visite, excusez du peu !
     C'est d'ailleurs à l'occasion d'une visite et d'un repas mémorable, l'été dernier, que je suis reparti les papilles agréablement excitées et sous le bras ce petit ouvrage qui n'a l'air de rien. Non seulement il contient une histoire passionnante et pleine d'humour, mais il apprend mille trucs sur la cuisine ! Au sein de la littérature, c'est un véritable OVNI à placer entre la lettre de Madame de Sévigné sur la mort de Vatel, le Petit Nicolas de Gosciny... et La cuisine est un jeu d'enfant de Michel Oliver ! ! !

Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Les semelles de bois | La grande roue | Ce que disent les nuages | Nuigrave


  29 Février , Rémi Stéfani ( Rageot , Métis )  
     Etrange voyage que cette traversée de la France en corbillard ( une Cadillac... tout de même ! )
     Léo, en effet, a pour mission de rapatrier le corps du vieux Joseph Bardot de l' Alsace à Biarritz. Mille kilomètres. Mais la promenade en palace roulant se transforme peu à peu en cauchemar. Car le mort... est vivant. Riche, farfelu, exigeant, il raconte sa vie à Léo, une existence marquée sous le sceau du hasard et du 29 février... et il oblige le jeune conducteur à une série de détours propres à faire douter Léo de la raison du vieillard en sursis. En réalité, Josesph Bardot a été assassiné et il ruminerait bien une vengeance ! Elle sera inattendue, à l'image de ce roman très décalé et d'une conclusion en forme de pirouette.
     Grâce à son style enlevé, très familier, que les ados apprécieront sûrement, ce récit rappelle par son ambiance les meilleurs films « road movies » américains !



 
  Da Vinci code , Dan Brown ( Jean-Claude Lattès )  
     Puisqu'il fallait le lire, je l'ai lu. D'une traite évidemment, comme tout bon thriller qui se respecte. On ne peut pas reprocher à ce roman de ne pas être passionnant. Il se dévore, il est haletant — c'est à mes yeux une qualité énorme ! Et c'est sans doute la raison de son immense succès.
     Cela dit, on peut évidemment lui faire des reproches. Mais si l'on écarte les invraisemblances, si l'on ne tient pas compte des coïcidences et des naïvetés, si l'on ferme les yeux sur la structure en réalité très simple du récit ( on n'est pas loin... du club des cinq, et on est à pied joint dans un tout bête « jeu de pistes » ! ), si l'on apprécie la mode des thrillers à la Indiana Jones ( le héros, Langdon, est après tout une sorte d'archéologue ! ) et la vogue actuelle du mysticisme et de la quête du Graal... on est largement satisfait !
     Je suis très bon public et je n'ai pas boudé mon plaisir, sachant dès le départ être aux antipodes de Marguerite Yourcenar ou Robert Pinget.
     Après tout, ce thriller est un modèle du genre, un bijou dans sa catégorie, une sorte de Harry Potter tout public qui ratisse large : la religion, le Graal, l'Opus Dei, le monde de l'art, le Louvre, Paris, Londres, l'abbaye de Westminster... les codes secrets, les symboles, les messages cachés dans les tableaux des grands maîtres... les trahisons, les coups de théâtre... c'est un véritable festival et l'on est presque étonné, arrivé à la conclusion, de ne pas être trop déçu d'une fin qui, somme toute, pourrait faire tomber le lecteur de très haut. Car si je révélais ( mais surtout pas, on ne livre pas le nom du coupable à un lecteur qui va lire un policier ! ) le fruit de la quête des deux héros et l'objet de la course-poursuite qui constitue l'essentiel de l'ouvrage... bien des lecteurs, sans doute, éclateraient de rire face à ce qui, vu de notre réalité, paraît une incommensurable énormité !
     D'autant que, sur cinq cents pages, l'auteur nous fait vivre une action concentrée sur une nuit !
     Mais ça fonctionne. Comme fonctionnent, semble-t-il, les affirmations de l'auteur qui, aujourd'hui, prétend que tout — à part la trame de son récit — est vrai, un auteur qui, à ce qu'on m'a dit, bénit du pouce le front des lecteurs venus se faire dédicacer son bouquin. Pour ma part, je préfère m'arrêter à l'histoire et ne pas mettre le doigt dans ce qui commence à ressembler à une secte ! Après tout, avant de créer l'église de scientologie, Ron Hubbard, son Grand Maître, était écrivain de science-fiction... ce qui a fait un tort considérable à la profession !



  Le jardin des secrets , Alain Grousset ( Flammarion , Castor Poche )  
     L'année dernière, Michel Jeury et Alain Grousset publiaient un gros roman historique chez Robert Laffont, Nounou. Alain, qui avait été chargé de la documentation et avait rassemblé mille informations sur les nourrices qui « montaient à Paris dans la deuxième moitié du XIXe siècle », avait décidé de donner, en quelque sorte, une version « jeunesse » de ce gros roman destiné aux aîné.
     C'est chose faite !
     Nous sommes en 1855 et le jeune Etienne, à la suite de la mort de son père Gustave, doit s'exiler à Paris où sa mère décroche un poste de nourrice. Tandis que Marie-Jeanne s'initie à cet étrange et attachant métier chez de grands bourgeois, Etienne, qui n'aimait guère son père, braillard et ivrogne, recherche et retrouve à Paris le fort sympathique Justin... qui a bien connu sa mère autrefois et a même failli l'épouser.
     A la suite de bien des péripéties, Etienne finira par découvrir le secret qui relie sa mère à ce mystérieux garçon.
     Voilà un récit frais et attachant, accessible aux plus jeunes, il se lit d'une traite et offre un panorama bien intéressant sur la vie quotidienne des gens simples ( et des bourgeois ) qui vivaient à Paris il y a un siècle et demi.

Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
10 nouvelles fantastiques : De l'Antiquité à nos jours | Attention, Départ !


  Dix jour avant sa mort , Bernard Friot ( La Martinière Jeunesse , Confessions )  
     La mort, ce pourrait bien être à la fois celle, attendue et redoutée, du grand-père de Bernard. Mais c'est aussi le sujet implicite de ces quelques jours de vacances passées en famille, avec les oncles Jean et Antoine, les cousins et les cousines, jours passés à attendre des nouvelles de l'aïeul qu'on vient d'opérer et dont l'état est en permanence « stationnaire ».
     Ces jours, décomptés, examinés à la loupe ( déformante et magnifiante ) du souvenir, sont relatés par Bernard Friot avec un style d'une grande rigueur, d'une précision et d'une simplicité bouleversantes. Car c'est aussi de la mort de l'enfance dont il est question.
     C'est à mes yeux cela, la grande écriture : celle qui va à l'essentiel et, avec une grande économie de moyens, livre au lecteur des faits et des impressions bruts qui ont pour effet de remuer en lui mille émotions puissantes. En même temps, cette confession, dès le départ, apparaît clairement comme le prélude d'Un autre que moi, la première confession de Bernard parue dans la même collection : les confidences d'un adolescent de quatorze ans mais qui en paraît dix, d'un garçon secret qui, sans cesse, joue un rôle et se renferme sous sa carapace — car ce qu'elle protège est terriblement fragile. C'est aussi, repêché dans le passé, les derniers instants d'une enfance qui va s'achever puisque, à la rentrée, Bernard entrera en pension...
     J'ignore quand ce magnifique et pudique récit paraîtra. C'est en effet à la fois Béatrice Decroix et Bernard qui me l'ont adressé par mail — un grand témoignage de confiance.
     On pourrait se demander pourquoi, ce mois-ci, apparaissent tant de récits appartenant à cette collection... C'est simple : le 11 février dernier ( c'est précis ! ) Béatrice m'a tout simplement demandé si j'accepterais de me livrer, moi aussi, à une « confession ». Après avoir longuement hésité, j'ai rédigé un épisode douloureux de mon enfance et de mon adolescence. J'en reparlerai bien sûr un peu plus tard dans mes éditoriaux mensuels...

Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Un autre que moi | Un dernier été | Pour vivre : Presque poèmes


 
  Les voyageurs de l'espérance  - Récit de l’âge atomique , Georges Duhamel ( Librairie Gedalge )  
     Il m'arrive souvent de relire certains ouvrages que j'ai aimés, autrefois, qu'il s'agisse de La Modification de Michel Butor... ou de romans offerts à l'occasion d'un anniversaire, quand j'étais enfant ou adolescent.
     Il s'agit là d'un livre de prix — je devais avoir dix ou douze ans — et d'un des derniers romans de Georges Duhamel, écrit ( hélas ! ) tout spécialement « pour la jeunesse ». Il y a cinquante ans, cette robinsonade qui flirtait avec la SF m'avait enchanté. Aujourd'hui, je reste confondu devant la mièvrerie et le caractère ampoulé de ce récit qui m'avait tant séduit ! C'est, au mauvais sens du terme, pédagogique, didactique, moralisateur, redondant et encombré de digressions...
     Qu'on en juge :
     « Ici et dès mon commencement, je m'arrête et je vous regarde. Que l'histoire de la bombe Z soit une histoire effrayante, vous le savez, je vous ai prévenus. Vous m'écoutez très bien et j'en suis absolument stupéfait, car s'il s'agit de faire du bruit, vous montrez, mes chers petits enfants, des dispositions admirables et de jolies facultés d'invention. Pour écouter, c'est tout différent et, d'ordinaire, vous cachez assez bien vos dons naturels que je ne mets pas en doute, bien, que je ne les aie pas encore vus à l'oeuvre. Enfin, aujourd'hui, vous m'écoutez. Or, chose étonnante, je vais m'arrêter, dès les premiers mots, et vous reprocher... quoi ? Eh bien ! de ne pas m'avoir coupé la parole, ce que vous faites si volontiers, de ne pas m'avoir interrompu pour me demander le sens de certains mots que je viens de prononcer devant vous. »
     Suit un plus long paragraphe encore sur la signification du mot : « clan ».
     On est confondu... d'autant que Duhamel reste à mes yeux un grand auteur. Mais que ce roman, cinquante ans plus tard, ait disparu, ne m'étonne guère. Quand il est sorti, il était déjà vieux d'un siècle. Ce qui me conforte dans cette conviction : un bon texte est en fait... un texte qui dure.



  Le Grand Meaulnes , Alain-Fournier  
     Alors que j'ai été incapable de finir le roman précédent, j'ai relu, d'une traite, ce classique. Son sujet a pourtant bien vieilli et, là encore, l'univers décrit, les sentiments, les préoccupations des personnages rappellent le meilleur de la littérature du XIXe siècle. Car on est tout à la fois dans George Sand, Maupassant, mais aussi parfois Zola — et même Flaubert, pour le style.
     Car ce qui ressort de cette lecture, ce n'est pas la trame de ce roman, confuse et convenue, avec sa conclusion à la fois classique et invraisemblable, digne d'un opéra : Meaulnes épouse Yvonne de Galais, la quitte pour partir à l'aventure, et finit par tomber amoureux de... l'ancienne fiancée du frère d'Yvonne, le fameux Frantz dont l'absence, le mystère et les préparatifs du mariage occupent toute la première et célèbre partie. Mais voilà : Yvonne de Galais meurt, juste après avoir mis au monde une petite fille. Et quand Meaulnes revient, c'est pour se repentir, embrasser sa fille, et partir avec, pour mission, retrouver l'ex fiancée de Frantz et resouder ce couple qui ne s'est jamais constitué !
     Non, ce qui retient mon attention, malgré une partie centrale longue et assez dénuée d'intérêt, c'est le style, qui comme on dit « tient encore la route ». C'est aussi ce que j'appelle « la place du narrateur », François. Car François, le fils des instituteurs de Sainte Agathe, est en réalité le double de Meaulnes. Un double si imprégné par son modèle qu'en réalité, ce roman n'est que celui d'Augustin Meaulnes, vu à travers le regard envieux et admiratif d'un François qui, on l'a compris, n'est personne d'autre qu'Alain-Fournier lui-même.
     Un jeu de miroir passionnant — mais au second degré, car je doute qu'un adolescent d'aujourd'hui puisse être passionné ou même séduit par ce récit — mais il m'a encore tenu en haleine, moi qui approche soixante ans, et ce n'était pas le cas du précédent !



  Georges Sand, le défi d’une femme , Séverine Forlani ( Editions du Jasmin , Signes de vie )  
     Audace et générosité, telles pourraient être les deux devises de ce « grand homme », comme l'appelait respectueusement Flaubert.
     Audace car Aurore Dupin milita toujours pour la cause des femmes et celle des petits et laissés pour compte ; audace car, pour écrire ou aimer, elle ne se préoccupait que de sincérité et jamais du qu'en dira-t-on. Générosité car toute sa vie elle donna : de l'amour, de l'attention, du temps — à ses amants, ses amis, ses enfants et petits-enfants.
     Dans cette biographie qui se lit comme un roman et que les éditions du Jasmin destinent à tous les publics, on en apprend sur George Sand davantage qu'elle n'en livre elle-même dans l'imposante Histoire de ma vie qu'elle livra aux lecteurs de son temps avides de détails croustillants. Or, si George Sand aima — Jules Sandeau, Musset, Chopin et bien d'autres ! — elle le fit avec un désintéressement, une passion, une sincérité, une générosité exemplaires. Et elle écrivit avec les mêmes principes, la même spontanéité désintéressée.
     Moi qui croyais bien connaître l'oeuvre ( hélas... je n'ai pas lu le quart de ses 80 ouvrages ! ) j'ai appris mille choses sur la femme, l'écrivain, la militante. Par exemple qu'elle avait lancé un journal dont le titre était... La cause du peuple.
     En quittant cette lecture, et en revivant la fin de ce grand écrivain, j'en avais presque les larmes aux yeux. Sand, comme Flaubert, auquel elle ressemble pourtant si peu, reste pour moi un exemple. Celle d'un écrivain authentique qui, dans bien des sens du terme, montra la voie.
     Chercher à écrire dans la trace de l'auteur d'Indiana, de Consuelo et de La Petite Fadette me semble être un privilège, un honneur.



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