Christian Grenier, auteur jeunesse
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Les notes de lecture étant publiées sur le blog chaque semaine, cela devenait difficile de mettre ces pages à jour en parallèle. Donc rendez-vous sur le blog pour les nouvelles "lectures de la semaine" ! CG, le Lundi 18 février 2013
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 Novembre 2005 : Lectures d'octobre 
     « Je ne peux m’empêcher de penser à une critique qui ne chercherait pas à juger, mais à faire exister une œuvre, un livre, une phrase, une idée... »

  Je ne sais pas comment elle fait , Allison Pearson ( Plon )  
     Sous ce ( faux ) roman se cache un ( vrai ) plaidoyer. Celui des femmes-mariées-avec-enfants-et-qui-travaillent.
     Katharine Reddy est courtière à Londres, mariée à Richard ( architecte ), mère d'Emily ( 9 ans ) et de Ben ( 1 an ). Elle vit à cent à l'heure, essayant de concilier sa vie professionnelle trépidante et réussie à sa vie familiale qui commence à battre de l'aile... en partie à cause de sa vie professionnelle réussie ! Elle se bat en même temps avec Paule, la nounou, avec sa femme de ménage — inefficace mais indispensable... et surtout avec ses collègues macho.
     Est-il nécessaire d'évoquer son flirt à New York ? Sa complicité naissante avec Momo, une jeune stagiaire sri-lankaise admirative et innocente ? Ses rapports difficiles avec son père-inventeur-génial ( mais alcoolique ), sa mère femme de service et une soeur cadette qui vit et travaille dans le décor sordide de Secrets et mensonges, la fuite de Richard et le petit complot final ?
     Non. Car l'essentiel de ce récit ( rédigé au présent et à la première personne ) est ailleurs : dans son style enlevé, précipité, dans ses formules originales et drôles... et toujours pleines de vérité.
     Parfois, on se dit : « C'est une caricature ! » Et en relisant, on s'aperçoit que le trait n'a pas été forcé. L'auteure, une Anglaise, vise simplement juste et fouille profond.
     On rit, on réfléchit... et on en prend plein la tronche. Surtout si l'on est un homme. Car ce livre est évidemment destiné aux femmes. Mais au fond, et malgré les apparences, c'est peut-être aux maris de ces femmes que ce récit s'adresse !
     Dans les années 70, quand j'étais prof, il m'arrivait de confisquer Salut les copains, la revue préférée de mes élèves qu'ils et elles se refilaient en douce sous les pupitres. J'y apprenais des choses passionnantes et stupéfiantes, du genre : comment tricher sans se faire voir ou se mettre les profs dans la poche sans rien faire et sans avoir l'air de fayoter. Il est toujours utile de savoir ce que lisent ceux qu'on croit connaître, et de découvrir leur vrai regard sur soi.
     J'ai lu ce livre d'une traite, dans la journée du 16 septembre, dans le car qui nous transportait d'Istambul à Izmir. 480 kilomètres — soit un kilomètre par page de moyenne. C'est là un récit utile, salutaire et plus sérieux qu'il n'y paraît. On y glane mille vérités. On y éclate de rire trois fois par page ( faites le calcul ). Je l'ai acheté pour ma fille. Mais ma femme l'a d'abord lu. Et en l'entendant rire et s'écrier à tout bout de champ : Comme c'est vrai ! je me suis précipité dessus. Et je ne l'ai pas regretté. Cet ouvrage est une bouffée d'oxygène et une belle réflexion sur les rapports hommes-femmes dans le quotidien. Qui que vous soyez, il vous apportera quelque chose. Ne serait-ce qu'un utile sentiment de culpabilité. Et si ce n'est pas le cas, vous aurez ri trois fois quatre cent quatre-vingts fois. Ce qui, dans la littérature, n'est plus si courant, n'est-ce pas ?



  Le Dieu dans l'ombre , Megan Lindholm ( Editions Télémaque )  
     Pourquoi avoir acheté cet ouvrage ? D'abord parce que ce pseudo cache une grande dame de la fantasy américaine ( l'auteur de l'Assassin du roi )... et ensuite parce que j'ai rencontré Robin Hobb aux Utopiales de Nantes !

     L'histoire :

     Mariés depuis cinq ans, Evelyn et Tom ont un enfant : Teddy. Leur bonheur est total et leur entente exemplaire. Jusqu'au jour où Tom entraîne pour un petit mois son épouse et leur fils vers le sud, à Tacoma, chez ses parents et ses soeurs. Réactionnaire et bougon, le père de Tom accepte mal sa belle-fille. Sa mère, Maurie, est une maniaque de la propreté et du rangement. Seule la belle Steffie, la soeur aînée de Tom, accorde un peu de sympathie à Evelyn.
     Le jeune couple et leur enfant sont installés un peu à l'écart, dans une annexe qu'ils doivent entretenir avec soin.
     Peu à peu, Tom se retrouve accaparé par l'entreprise familiale de ses parents. Le séjour se prolonge jusqu'à l'hiver. La solitude d'Evelyn s'accentue d'autant plus qu'elle se sent prisonnière et tenue à l'écart. L'achat d'un poney pour Teddy complique la situation, accentue leur dépendance et prolonge leur séjour ad libitum. Teddy, d'ailleurs, est accaparé par ses grands-parents.
     Au fil de ces mois difficiles, Evelyn se remémore son enfance à Fairbanks, en Alaska ; elle a toujours été une enfant sauvage, solitaire, plus proche des bêtes que des gens. C'est alors que le satyre et compagnon fidèle de son enfance, Pan, réapparaît à Tacoma. Elle a si longtemps partagé son amitié et ses goûts ! Ce personnage n'était donc pas imaginaire ?
     Délaissée, Evelyn va le rejoindre chaque jour, et Pan devient son amant.
     Survient alors un drame ( dont il serait délicat de révéler le détail ici )
     Evelyn s'enfuit. Elle quitte tout, notamment la civilisation pour partir seule vers le nord avec son amant aux pieds de bouc. Avec lui, elle a un enfant...
     Ce maigre résumé donne une faible idée de ce roman original et fort, décalé, inclassable. Réaliste ? Pas tout à fait. Fantastique ? Pas vraiment non plus. Car Pan, qu'on croit imaginaire, existe. Même s'il disparaît au dernier chapitre.
     Non. C'est là un récit étonnant et personnel, une autobiographie rêvée ou fantasmée, en même temps qu'un fabuleux hymne à la nature.
     Seuls les fans de fantasy connaissent Robin Hobb et sa trilogie Le Roi assassin. Sous cet autre nom, elle a donc publié récemment ( en 2004 aux USA ) ce récit vieux de quinze ans dont le ton, chez un grand éditeur, aurait sans doute détonné — ou découragé les lecteurs.
     « Je n'ai pas besoin de toi ! Je peux vivre dans le monde réel quand je veux ! » dit-elle un jour à Pan avant de révéler : « Nous sommes face à face, séparés par un fossé immense et en fait tout proche ». Habile métaphore. Car Le dieu dans l'ombre symbolise ses ( nos ? ) pulsions primitives, notre attirance pour cette nature dont nous sommes nés, et dont nous sommes cependant irrémédiablement séparés.

     Quand je reverrai Robin Hobb ( dans un mois ? ) j'aurai mille questions à lui poser sur ce récit très intimiste ; il passionnera les adultes qui admirent cet auteur méconnu.



  Le langage de la passion : Chroniques de la fin du siècle , Mario Vargas Llosa ( Gallimard )  
     Cet été, en venant nous voir dans le Périgord comme tous les ans, Patrick Moreau ( mon fidèle webmaster ! ) m'a offert deux livres. Le premier est le dernier ouvrage ( paru en juillet 2005 ) de l'auteur de La guerre de la fin du monde. Ni roman ni essai, ce livre ( sorte de symbiose entre l'éditorial de Jean Daniel et la chronique de Bernard Franck du Nouvel Obs ) est en fait un choix de chroniques que rédigea l'auteur pour le journal El Pays entre 1992 et 2000

     Vargas Llosa se livre ici à un périlleux exercice : parler de tout et de rien — mais avec une solide conviction ! L'auteur aborde mille et un sujets avec une prédilection certaine pour la littérature, l'art et... la politique ( notamment celle du Pérou, du Chili et du Vénézuela ).
     Libéral convaincu ( on sait qu'il s'est présenté aux élections de son pays contre Fujimori ), Vargas Llosa cultive deux leitmotive :
     1. il faut que l'état cesse de mettre son nez ( et ses finances ) dans les affaires du pays
     2. il doit cependant sauvegarder la laïcité et l'indépendance de l'état ( notamment à l'égard de la religion ) à tout prix.

     Malgré des phrases à rallonge qui rendent parfois difficile à suivre la pensée de l'auteur, cet ouvrage se révèle passionnant, tissé de références culturelles précises qui le rendent accessible, hélas, à un public choisi.



  Les secrets de l'école d'autrefois : Savoir lire, écrire, compter , Michel Jeury ( Robert Laffont )  
     Michel m'a envoyé son dernier ouvrage qui, une fois n'est pas coutume, est... un essai sur l'école.

     Nostalgique ? Pessimiste ?
     Pas le moins du monde !
     Avec conviction et enthousiasme, Michel Jeury nous propose un historique salutaire sur l'Ecole. Il nous démontre, textes et exemples à l'appui, que l'école de Jules Ferry — et celle du milieu du XXe siècle — avait aussi ses travers. Il y a un siècle, la violence et l'intolérance existaient dans les classes ; et les salaires des enseignants flirtaient avec le seuil de pauvreté.
     Comment, il y a un siècle ou un siècle et demi, apprenait-on à lire à écrire et à compter ? Eh bien ma foi, les instits et les élèves ne s'en tiraient pas si mal. Parce qu'ils étaient patients, opiniâtres, et soucieux de ne laisser personne au bord de la route. Ce « nivellement par le bas » avait ses travers, mais il était salutaire. Sait-on qu'en 1900, l'armée estimait à 1% le nombre des conscrits illettrés ? On serait très content, aujourd'hui, de tels chiffres !

     Cependant, Michel Jeury ne cesse de nuancer et d'éclairer son propos. Son essai se lit comme un roman. Et c'en est un : celui de l'école et des apprentissages fondamentaux depuis que l'école laïque existe ( et même parfois un peu avant ). Mille et un témoignages nourrissent cet essai, qui ravira celles et ceux qui ont passé le certif. Quant aux autres, aux plus jeunes — surtout s'ils sont enseignants — sa lecture devrait les édifier ; elle devrait d'ailleurs relever des instructions officielles. Oui : si vous êtes enseignant ou préoccupé par l'école, lisez Les secrets de l'école d'autrefois ! D'accord ou pas, vous rirez, sourirez, vous vous étonnerez... et vous ne vous ennuierez pas une seconde !

Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Angéline | Le Temps incertain et Soleil chaud, poisson des profondeurs | Le Printemps de Thomas | La petite école dans la montagne | Les gens heureux ont une histoire | Le dernier certif | Les beaux jours du docteur Nicolas | May le monde


  Laissez bronzer les cadavres ! , Jean-Patrick Manchette et Jean-Pierre Bastid ( Gallimard , Folio Policier )  
     A Pont Saint Esprit, trois hommes ( Rhino, Gros et Jeannot ) attaquent un fourgon blindé, tuent les convoyeurs et récupèrent 250 kilos d'or. Ce braquage occupe... vingt lignes dans le roman !

     L'intérêt de ce polar réside évidemment ailleurs. D'abord dans le style, simple, sec, efficace et ( trente-trois ans plus tard ) très novateur. Puis dans l'ambiance et le décor : un hameau des Cévennes en ruines où les gangsters se sont réfugiés comme prévu, en attendant que la police cesse ses recherches. Enfin, dans la galerie de personnages pittoresques et dans les rapports entre eux : l'avocat marron Brisorgueuil — qui est à l'origine du casse même s'il n'y a pas mis la main. Luce, artiste peintre décadente et propriétaire des lieux. Max, l'écrivain alcoolique et raté. Puis, en invités surprise, Mélanie ( l'ex de Max ) ainsi que la jeune Pia ( la bonne ) et un enfant qui joue tour à tour le rôle d'otage et de figurant. Enfin et surtout le gendarme Lambert qui affrontera jusqu'au bout les truands, dans une partie de cache-cache nocturne pleine de rebondissements et qui, très vite, va tourner au massacre.
     Ce premier roman de JPM ( et Jean-Pierre Bastid ), s'il n'est pas le meilleur, fut cependant à sa sortie un événement. Il faisait basculer le genre du polar dans la littérature, mais on ne le savait pas encore. Ainsi, à trois reprises, une même scène nous est proposée vue par trois protagonistes différents. Quant à la morale, elle est inexistante, même si le crime ne paie pas. Car face aux portraits hauts en couleur des truands et de leurs complices aux moeurs anarchistes, le brave Lambert fait difficilement le poids.
     Pourquoi avoir relu ce roman sorti en 1972 ? Parce que Gallimard a eu la bonne idée de ressortir dans sa collection Quarto les douze « romans noirs » de JPM. Manchette, je l'ai croisé deux fois ( dans les années 70, au temps de Futurama, la collection de SF qu'il dirigeait aux Presses de la Cité ) avant sa disparition prématurée en 1995. Et j'ai lu sept de ses romans à leur sortie. Il ne m'en reste d'ailleurs aucun en réserve : je les ai tous prêtés et on ne me les a jamais rendus — ce qui est évidemment très bon signe concernant leur qualité...

     On trouvera donc dans le désordre, dans mes « lectures du mois », fin 2005, deux ou trois des romans de Manchette. Car même ceux que j'ai lus autrefois, je les relis... notamment Le petit bleu de la côte ouest qui, à sa sortie, m'avait particulièrement impressionné.



  L'affaire N'Gustro , Jean-Patrick Manchette ( Gallimard , Folio Policier )  
     C'est un hasard, mais cette lecture tombe à la fois au moment d'un ( sinistre ) anniversaire — 40 ans déjà ! — et le mois-même où sort un film sur le même sujet : l'affaire Ben Barka.

     Face à L'affaire N'Gustro existent deux types de lecteurs : les anciens, comme moi, qui ont vécu — et se souviennent de — l'affaire Ben Barka ; et les jeunes, à qui les noms du Général Oufkir et de Figon ne rappellent rien. Aux premiers, ce roman livrera un écho certain — mais il aura un goût d'actualité fané, et donnera du même coup l'impression que le roman a vieilli ( c'est cette impression que j'ai eue, l'Affaire N'gustro est l'un des sept romans de Manchette que j'ai lu en Série Noire dans les années 70 ) ; les seconds, eux, seront sans doute un peu perdus par la trame et les enjeux du récit, et les personnalités ambiguës des principaux protagonistes : N'gustro, démocrate, luttant pour l'indépendance et pour un socialisme adapté à son pays — et deux militaires d'opérette, le Maréchal Oufiri et son homme de main, le colonel Jumbo, chef de la police.
     Le récit débute sec, par l'assassinat de Butron qui confie au magnétophone son rôle dans l'« affaire N'gustro ». Le reste du roman, vaste flash-back déguisé, alternera les chapitres concernant d'une part le présent avec Oufiri et Jumbo, d'autre part le passé, relaté à la première personne par le fameux Butron, sorte de Lacombe Lucien désoeuvré, fascisant et raciste, devenu presque par hasard le garde du corps d'un présidentiable anticolonialiste. ( Butron se laisse convaincre vénalement par un certain Lavaudant d'emmener N'gustro à un rendez-vous et il assiste, impuissant, à l'enlèvement de celui qu'il était censé protéger. )
     Mais les deux types de lecteurs resteront fascinés par le style, célinien, direct, souvent ordurier — et par l'action et les dialogues serrés, denses, parfois difficiles à suivre pour ceux ( et c'est mon cas ) qui sont peu familiarisés avec l'argot des années 70. Bref, une intrigue complexe mais un personnage central ( et récurrent ) au monologue fort et attachant.

     Pour aborder Manchette, mieux vaut choisir un autre récit

Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Nada | Morgue pleine | Que d'os


  O dingos, ô châteaux , Jean-Patrick Manchette ( Gallimard , Folio )  
     Après la mort accidentelle de son frère et de sa belle-sœur, un seul obstacle se dresse devant Hartog pour hériter d'une fortune colossale : le jeune Peter, 7 ans. Décidé à le tuer, Hartog met au point un plan minutieux : il engage une jeune nourrice, Julie, qu'il tire d'un hôpital psychiatrique, et un tueur professionnel : Thomson. Objectif : pendant qu'Hartog sera loin, à l'étranger ( alibi imparable ), Thomson et deux complices captureront Julie et Peter et, grâce à une lettre extorquée à la nourrice réputée désaxée, ils feront passer le futur meurtre des deux victimes pour un enlèvement d'enfant suivi du suicide de la pseudo-coupable.
     Mais tout ne se passe pas comme prévu... Enlevée, Julie se révèle coriace. Elle tue ses kidnappeurs et fuit avec Peter, bien décidée à le rendre à... son oncle, évidemment !
     C'est là sans doute le récit le plus linéaire de JPM. Sobre, précise, son écriture à l'emporte-pièce se révèle d'une efficacité d'autant plus redoutable que la trame est simple.

     On retiendra un épisode totalement fou d'une fusillade dans un supermarché et une conclusion baroque, dans une « Tour des Maures » dont la construction labyrinthique justifie ce titre étonnant emprunté à Rimbaud.

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Nada | Morgue pleine | Que d'os


  La Glace noire , Michael Connelly ( Seuil , Points )  
     L'officier de police Calexico Moore, qui enquêtait sur la « glace noire », une nouvelle drogue fabriquée à la frontière mexicaine, est découvert mort dans un motel. Tout semble indiquer qu'il s'est suicidé. Mais Harry ( Hieronymus Bosh, l'inspecteur récurrent des romans de M. Connely ) a des doutes. Notamment parce qu'on ne l'a pas aussitôt averti de ce décès et parce sa hiérarchie veut l'écarter de l'enquête. Soit. Harry se tourne vers d'autres tâches, celles que lui a léguées un collègue écarté du district pour alcoolisme notoire. Mais voilà : en essayant de découvrir le meurtrier d'un ouvrier mexicain anonyme, abattu derrière un bistrot fréquenté par des flics... il fait un lien évident avec la mort de Cal, qui ne ressemble décidément plus du tout à un suicide. Qui est ce Mexicain ? Où a-t-il été abattu ? Car son corps a été déposé à cet endroit six heures après son décès... Grâce à son amie du moment, médecin légiste, grâce aux confidences et à la fréquentation de Sylvia, la veuve de Moore — mais surtout parce que Harry est un fouineur impénitent et obstiné, sans cesse en butte à une hiérarchie uniquement soucieuse de résultats et de statistiques, Bosh remontera la filière et comprendra que le responsable est en réalité Humberto Zorillo, véritable pape de la drogue, individu riche, secret et redouté. Mais voilà : depuis quelque temps, Zorillo est quasiment invisible...

     Cette enquête de Harry Bosch se révèle, comme les précédentes, à la fois complexe et passionnante, à la fois riche en faits et rebondissements mais aussi en aventures humaines, en rencontres et en caractères. Celle-ci, dont les derniers chapitres se déroulent dans une usine suspecte, débouche sur un véritable coup de théâtre final qui étonnera les lecteurs les plus avertis. Quant à l'analyse du « suicide » de Cal Moore, il ravira les lecteurs des enquêtes de Scarpetta ( Patricia Cornwell ) mais aussi les fans du Silence des agneaux. Ici, il n'est pas question de papillons mais d'étranges mouches... ce sont d'ailleurs elles qui mettront la puce à l'oreille de Bosh !

Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Le cadavre dans la Rolls | Les égouts de Los Angeles | A genoux


  10 nouvelles fantastiques : De l'Antiquité à nos jours , Alain Grousset ( Flammarion , Castor poche )  
     Alain Grousset a eu l'excellente idée de rassembler dans un recueil accessible dès le CM2 ou la 6ème dix récits fantastiques offrant une jolie panoplie du genre, dans un ordre chronologique fort judicieux.

     La maison hantée de Pline le jeune ( un classique de l'antiquité court et très facile à lire ) prouve que les fantômes... ne datent pas d'hier !
     Bisclavet, de Marie de France ( XIIe siècle ), nous propose sans doute la première histoire — fort attachante — de loup-garou.
     Avec Des nouvelles de l'autre monde, d'Augustin Calmet ( un abbé ! ), récit contemporain du fameux Diable amoureux de Jacques Cazotte ( 1772 ), nous avons un récit exemplaire d'apparition, d'autant plus angoissant que l'auteur semble l'avoir vécu !
     Le château du diable, de Gérard de Nerval, nous livre tout simplement l'origine du diable Vauvert — une histoire courte et fort cocasse !
     Le masque de la mort rouge, d'Edgar Poe, le récit le plus long ( le plus lent ? le plus littéraire ? ) et le plus complexe du recueil, séduira les aînés — avec son ton hésitant entre le conte et la fable.
     Qui sait ? de Guy de Maupassant, raconte comment l'auteur vit d'un coup sa maison vidée de ses meubles... avant de la retrouver remeublée de façon aussi stupéfiante. Une superbe histoire de brocante, de maléfice... et de folie ( Maupassant oblige ) que je classerais volontiers en tête !
     Le thème de La disparition d'Honoré Subrac, d'Apollinaire, rappelle étrangement le futur Passe-Muraille de Marcel Aymé... avec une conclusion qui donne un agréable frisson !
     Le coquillage n'est sans doute pas le meilleur récit de Bradbury, mais c'est sans doute l'un des plus poétiques. L'auteur y conjugue une nouvelle fois le thème de la disparition, comme dans La Brousse — mais avec cette fois la mer pour thème.
     Stephen King, lui, livre un superbe texte d'horreur avec Popsy : une histoire de kidnapping qui finit dans un gore étonnant, où le quotidien et le vampirisme se conjuguent magnifiquement.
     Enfin, le recueil s'achève avec un récit tout neuf ( Fonds d'écran ) et à l'imaginaire très contemporain de Pierre Bordage — où l'auteur prouve qu'il excelle ailleurs que dans la SF. Quand vous l'aurez lu, vous ne vous servirez plus de votre portable sans frémir...

Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Le jardin des secrets | Attention, Départ !


  Donne moi de l'eau pure , Marc Baron ( Editions La Part Commune )  
     Marc m'a récemment fait deux bien beaux cadeaux : il m'a demandé d'être le Président d'honneur de son 21ème Salon du Livre (Fougère ). Et il m'a envoyé son dernier recueil de poèmes, paru en octobre 2005.

     Outre une indéfectible amitié qui nous lie depuis bien des années, Marc Baron et moi avons bien des points communs : l'amour des mots et des livres, une passion dévorante pour la musique, la foi dans un avenir et une humanité meilleure...
     Dans son dernier recueil ( préfacé par Charles Juliet ), Marc Baron conjugue une obsession qui, longtemps, accompagna mon adolescence : la recherche de la pureté, de l'essentiel, de ce « désir immense que j'eus un jour de la simplicité » ( p. 76 ), un goût que l'on retrouve chez bien des écrivains et des poètes, soucieux de viser juste et d'aller au plus vite à l'essentiel. Adolescence, vous avez dit adolescence ? Oui. Car Marc Baron est, reste jeune — dans son langage comme dans ses pensées et sa générosité — et l'on sait combien le terme « jeune » est pour moi dépourvu de tout caractère péjoratif !
     Son superbe poème Perdre pied ( page 41 ) mériterait d'ailleurs d'être lu et appris dans toutes les écoles de France, comme on le faisait autrefois des textes de Paul Fort ou d'Aragon. Ce désir de pureté, ce « besoin de clarté maladif peut-être » :

     O vie troublante vie troublée
     Je veux la transparence qui me hante

     passe aussi par certains regrets :

     Et les moments de doute je les ai gaspillés
     Sans y prendre des forces pour aimer
     Pour ouvrir et apprendre

     Jeune ? Oui ! Si Marc Baron évoque « notre enfance perdue mais brûlante encore », il en garde l'étrange, naïve et puissante force, que ses mots communiquent au lecteur. Car si Marc et moi n'avons pas exactement la même foi, nous pourrions affirmer ensemble :
     Tout me pousse à donner un sens à la route.

Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Les amants du fragile


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