Christian Grenier, auteur jeunesse
Recherche
   
     Ces pages ne seront plus mises à jour ( pour l'instant ...).
Les notes de lecture étant publiées sur le blog chaque semaine, cela devenait difficile de mettre ces pages à jour en parallèle. Donc rendez-vous sur le blog pour les nouvelles "lectures de la semaine" ! CG, le Lundi 18 février 2013
20042005200720082009201020112012
JanvierMarsMaiSeptembreNovembre
 
 Janvier 2008 : Les lectures d'hiver ! 

  Les gens heureux ont une histoire , Michel Jeury ( Robert Laffont )  
     A 70 ans, Jean Romain se souvient...
     Il évoque pour sa petite-fille préférée, Fanny-Fa, sa vie à la fois simple et tumultueuse : ses premières amours, les émois de la nature, sa femme Evelyne qui voulait qu'on l'appelle Anne, Anne qu'il a épousée enceinte avant d'avoir d'elle deux enfants ; il évoque aussi la petite Vini morte à neuf ans, et dont le deuil est impossible...
     D'ailleurs Fany-Fa est peut-être une Vini par procuration, comme si Jean Romain avait mis sa tendresse et ses espoirs dans cette première enfant qui n'a pas assez vécu. Car Fanny-Fa est en révolte permanente : révolte contre ceux qui l'entourent mais surtout contre l'injustice, la mauvaise foi, la nature pillée et le monde en général...
     Une complicité permanente circule entre le vieux narrateur et celle à qui il s'adresse, il raconte sa propre histoire et celle d'une famille dont le dernier secret sera le coup de théâtre final d'un ouvrage qui ressemble à un testament.
     C'est aussi un « livre de famille » dans la mesure où Jean Romain ( qui déplore « s'être laissé vieillir sans avoir changé le monde » n'existe que grâce à celles et ceux qui l'entourent.
     Michel Jeury nous livre là un grand livre d'automne. Oui, il y a dans ce roman quelque chose des « vestiges du jour » : le bilan d'une vie, d'un destin à la fois modeste et extraordinaire, celui d'un héros effacé mais qui observe, impitoyable, ses proches ( et les moins proches... ) évoluer autour de lui, se débattre, se quitter, se jalouser... un récit qui livre, parmi de superbes pages sur la nature et la complicité du grand-père et de la petite-fille ( « nous étions dans le dedans des choses, ensemble. » ) mille métaphores et de belles leçons de philosophie : Jean avoue « traverser bravement les petits malheurs des gens heureux ». Et il ajoute : « Nous, les vieux, le cul sur le mol coussin du hasard et de la nécessité, nous arrangeons poliment avec l'ordre sanguinaire du sixième jour »
     Un récit souvent plein d'espièglerie... Lorsqu'une jeune Russe demande à Jean :
     — Pourquoi si gros autos en France ?
     Il se contente de répondre, dans un bien joli raccourci :
     — Français petite cervelle et gros ego.
     Et pour conclure, quand on demande au vieux Jean :
     — Vous ne trouvez pas que l'amour est un peu surfait, vous ?
     Il avoue à voix basse, non pas à celle qui lui a posé la question mais au lecteur, témoin permanent et complice :
     Moi ? Non. J'en reprendrais bien une lichette...

Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Angéline | Le Temps incertain et Soleil chaud, poisson des profondeurs | Le Printemps de Thomas | La petite école dans la montagne | Les secrets de l'école d'autrefois : Savoir lire, écrire, compter | Le dernier certif | Les beaux jours du docteur Nicolas | May le monde


  La grande Beune , Pierre Michon ( Verdier )  
     La grande Beune, c'est le nom du ruisseau aux allures de torrent qui coule en bas de Castelnau, en Dordogne. Et Castelnau, c'est le bourg dans lequel le narrateur, instituteur, s'installe pour son premier poste ( un métier et un pays que je connais bien, et pour cause ! )
     Observateur discret d'un milieu rural et rude, Pierre Michon ( si ce n'est lui... ) évoque deux femmes : l'aubergiste Hélène, plantureuse et maternelle... et surtout Yvonne, la superbe buraliste, objet de tous les fantasmes !
     Récit court, grande nouvelle, La grande Beune vaut essentiellement par son écriture enfiévrée, à la fois efficace et dense — un régal pour la langue et un tremplin pour l'imaginaire.
     A réserver aux lecteurs exigeants et aux amoureux du style.



  Les âmes grises , Philippe Claudel ( Stock )  
     Etrange récit que ces Ames grises... à la fois journal intime, livre de mémoire, roman d'ambiance et... polar !
     Le narrateur, dont l'identité et la personnalité ne se feront jour que dans la dernière partie du récit, relate les étranges événements qui ont eu lieu près de la ville de V. ( on pense à Valenciennes, et à d'autres affaires plus récentes mettant des notables en cause... ) pendant et après la première guerre mondiale...
     Ces événements, tous, tournent autour de deux « âmes grises » : l'énigmatique Pierre-Ange Destinat, dit « Monsieur le Procureur », un notable — froid et distant, propriétaire d'une si belle demeure avec parc qu'on l'appelle « le château » ; et le juge Mierk, son ennemi juré. Tous deux fréquentent l'auberge Le Rébillon, où ils ont leurs habitudes, et où vaque la petite Belle de jour, dix ans, fille cadette des taverniers, les Bourrache.
     Mais on découvre Belle de jour, morte étranglée derrière le parc du château... On enquête, on soupçonne — mais les langues ne se délient guère.
     Peu après arrive une jolie et séduisante institutrice, Lysia Verhareine, qui devient la locataire du château. Une jeune femme à laquelle s'attache aussitôt le Procureur, mais dont le fiancé, avec lequel elle correspond, est au front.
     Et l'on retrouve Lysia morte à son tour, étranglée ou pendue... Un suicide.
     Bien sûr, la discrétion, le silence et la province façon Chabrol feront le reste.
     Un roman attachant, atypique, à la fois étrange et fort.



  Les jours fragiles , Philippe Besson ( Julliard )  
     Les jours fragiles, ce sont les derniers que va vivre Arthur Rimbaud, à travers le journal intime imaginaire, ou plutôt reconstitué, d'Isabelle, sa sœur cadette de six ans.
     Nous sommes en 1891. Arthur Rimbaud, qui n'a pas 37 ans, revient d'Afrique via Marseille, où il doit se faire amputer de la jambe gauche.
     Son retour à Charleville — une ville qu'il déteste — est un supplice à de nombreux titres : Arthur n'est pas seulement amputé de sa jambe mais de sa poésie, de l'Afrique qu'il a tant aimée, d'un passé tumultueux qui le hante, d'une sœur perdue et d'un certain Djami, dernier amour laissé de l'autre côté de la Méditerranée...
     Que de deuil ! Que de souffrances !
     Ce deuil, cette souffrance, Philippe Besson utilise Isabelle, Isabelle la laide, la discrète, la célibataire définitive, pour les exprimer, au sens propre.
     Cette sœur soignante et compatissante suivra Arthur jusqu'à Marseille, où l'ancien poète voudra revenir, dernière étape pour une Afrique qu'il ne reverra jamais puisqu'il mourra, gangrené au dernier degré, dans l'hôpital qui l'a amputé vingt semaines plus tôt. Sa sœur ramènera sa dépouille clandestinement... dans la caveau familial, humiliation suprême !
     Ces dernières semaines éprouvantes sont d'autant mieux relatées que l'auteur a utilisé des documents authentiques ( ceux de Jean-Jacques Lefrère, dans son Arthur Rimbaud paru chez Fayard ), habilement cousus à son récit.
     Magnifique journal, fiction terriblement vraisemblable, dans laquelle Isabelle ( contrairement à ce qui s'est passé, puisque la vraie Isabelle a travesti la réalité ), raconte la vérité des derniers jours de son frère, au sein de cette famille où rôdent bien des fantômes : le capitaine, père décédé très tôt mais omniprésent, Frédéric, le frère rejeté, et les deux sœurs Vitalie, mortes l'une à trois mois et l'autre à 17 ans... Il y rôde aussi des vivants comme la mère, rude, indifférente et intransigeante, cette mère qu'Arthur aura détestée et fuie, comme cette terre où sa famille est née...
     La poésie, dans ces pages brûlantes, est seulement là en écho ( on sait qu'Arthur ne fut jamais célèbre, sauf pendant les quelques mois de sa liaison orageuse avec Verlaine ! ), on a l'origine du Dormeur du val... et quelques bribes de Ma bohème, en guise de clin d'œil.



  Le lièvre de Vatanen , Arto Paasilinna ( Denoël )  
     Si vous ne connaissez pas l'humour finlandais, ce livre est pour vous !
     Difficile d'en résumer la trame : le narrateur, un journaliste d'Helsinki, recueille un lièvre que son ami photographe a failli écraser. L'animal est blessé.
     Vatanen, pour le soigner, choisit d'abandonner sa profession et même la civilisation... Commence alors un étonnant et burlesque road movie ( et une indéfectible amitié ! ) du narrateur et de son lièvre.
     Un road movie ? Oui. Nourrir un lièvre blessé n'est pas si simple...
     De village en forêt, de cabane en vétérinaire, on regarde Vatanen comme un fou parfois dangereux ! Mais le récit ( haletant, trépidant, rebondissant ! ) n'est rien en regard d'une écriture à la fois simple, efficace et originale.
     Il faut lire le chapitre ( 10 ) dans lequel un pasteur poursuit le lièvre dans son temple, lui tire dessus avec un Mauser, le rate mais blesse Jésus ( du moins sa statue en croix ! ) avant de se tirer une balle dans le pied...
     Il faut suivre Vatanen occupé à apprendre à nager à Kurko, un vieil ivrogne qui veut récupérer son dentier tombé dans la rivière... Vatanen qui doit se battre contre un corbeau vorace qui dévore chaque nuit toutes ses provisions, Vatanen qui, en guise d'épilogue, va poursuivre un ours malfaisant et dangereux jusqu'en Union Soviétique... où il finit par être capturé comme espion !
     Et savez-vous comment il s'en tira et revint en Finlande ? Il « écrivit une lettre au Président de la République ; il fit sortir la lettre en fraude des murs de la prison, collée au fond d'une gamelle à destination de l'usine de galvanisation, où un ouvrier l'avala pour l'évacuer ensuite le soir dans son studio par les voies naturelles ; il sécha le document, le repassa, le mit dans une enveloppe propre et le déposa en pleine nuit, au clair de lune, dans la boîte aux lettres du palais présidentiel (...) Lorsque je demandai à Vatanen comment il avait négocié l'affaire, il répondit qu'il ne voulait pas s'entendre sur le sujet, la lettre ayant été dès le début une missive confidentielle. »
     Dommage que Paasilinna, lui aussi soit un auteur... confidentiel !



  Océania - Tome 1 : La prophétie des oiseaux , Hélène Montardre ( Rageot )  
     Enfin, un roman jeunesse dans cette liste, oui, je sais !
     Le sujet ? Flavia, jeune orpheline, vit au bord de l'océan avec son grand-père Anatole, le vieux guetteur. Ils semblent coupés du monde, un monde futur dont ils ne savent qu'une chose : il est en danger, le niveau des eaux ne cesse de monter, comme en témoignent les oiseaux.
     Seule issue de secours pour Flavia : gagner la civilisation, l'Amérique.
     A cette fin, Flavia gagne la ville et participe à un concours télévisé dont le premier prix est une place pour les Etats-Unis... mais le jeu est hélas truqué.
     Alors, Anatole oblige sa petite-fille à partir sur le Samantha, un brick-goélette que conduit le capitaine Blunt qui la fera passer pour sa nièce et qui la conduira clandestinement à New York.
     Il interdit à Flavia de fréquenter les autres passagers... pourquoi ?
     Heureusement, il y a Tommy, le mousse si sympa !
     A la suite d'un naufrage — une digue immense protège l'accès aux Amériques ! — Flavia est recueillie par Chris, un jeune Américain, qui tombe amoureux d'elle et la cache. Car elle est désormais une clandestine dans ce pays policier protégé, coupé du reste du monde.
     Flavia découvre bientôt que Tommy est chargé de pirater des documents scientifiques avec une super clé USB... et elle retrouve à New York les passagers du Samantha, des savants devenus hors la loi.
     A la suite d'une manifestation des clandestins de New York, Flavia, munie de la clé USB hélas incomplète, quitte Chris et repart avec le capitaine Blunt vers l'Europe...
     Ce premier volume entraîne le lecteur dans un monde futur étrange, où seuls les oiseaux ( qui ont établi avec Flavia une mystérieuse complicité ) semblent connaître le véritable état de la planète. Le lecteur va de surprise en surprise en compagnie de cette jeune héroïne exilée, prisonnière d'une Amérique totalitaire qui ignore le changement climatique et s'en prend à ceux qui voudraient alerter l'opinion mondiale sur l'état de la planète et le sort des clandestins.
     Hélène Montardre décrit un univers à la fois poétique et inquiétant, une anticipation qui pourrait se révéler hélas plus réaliste que prévu...



  Océania - Tome 2 : Horizon blanc , Hélène Montardre ( Rageot )  
     Revenue en Europe, Flavia découvre un continent en proie au froid polaire ; elle part vers la base scientifique avec la jeune dompteuse Anita et son frère muet.
     Parallèlement, en Amérique, Chris retrouve Amélia, la sœur jumelle de Flavia. On apprend aussi qu'elles ont un frère, Guillaume, et que leurs parents ne sont pas morts en mer. Quant à Anatole, le grand-père que Flavia retrouve enfin, il lui révèle qu'il a dû lui cacher la vérité sur sa famille et a voulu l'élever seule.
     Pour que les scientifiques de la base européenne cachée sous la glace aient accès à la clé, la présence des empreintes d'Amélia semble nécessaire. D'ailleurs Flavia veut retourner en Amérique pour y retrouver Chris et ses parents... à moins que ceux-ci ne se trouvent sur une île du Pacifique épargnée par la montée des eaux : Laluk.
     Plus lent que le premier volume, ce volet est surtout consacré au voyage de Flavia au cœur de l'Europe gelée. La trilogie pourrait bien s'achever au cœur du Pacifique, avec les retrouvailles des jumelles avec leurs parents !



20042005200720082009201020112012
JanvierMarsMaiSeptembreNovembre

Dernière mise à jour du site le 12 octobre 2021
Adresse postale : Christian Grenier, BP 7, 24130 Le Fleix