Christian Grenier, auteur jeunesse
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     Ces pages ne seront plus mises à jour ( pour l'instant ...).
Les notes de lecture étant publiées sur le blog chaque semaine, cela devenait difficile de mettre ces pages à jour en parallèle. Donc rendez-vous sur le blog pour les nouvelles "lectures de la semaine" ! CG, le Lundi 18 février 2013
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 Novembre 2008 : Les lectures de septembre et octobre 

  Le dernier certif , Michel Jeury ( Robert Laffont )  
     A Saint-André-la-Vallée, village des Cévennes, en 1962, l'institutrice de la classe unique Emma Portal fait face à une année scolaire presque comme les autres.
     Presque ? Oui. Car elle a dans sa classe les enfants d'un Pied-Noir nouvellement arrivé, le mystérieux Paul Chabert. Un beau cinquantenaire qui a acheté terrains et maisons au village, qui se déplace en DS 19 verte, et dont on ignore s'il est veuf, séparé, divorcé...
     Emma a aussi une élève difficile, Alice Bonnet, 13 ans et demi, au caractère difficile et qui sera la seule à passer le certificat d'étude... le « dernier certif ».
     Heureusement, il y a la petite Emilie, la cadette de Paul Chabert, d'abord jeune rivale d'Alice avant qu'elle ne devienne sa complice.
     Mais voilà : Emma tombe malade et doit accueillir un remplaçant : le jeune Max Condat, beau comme Gérard Philipe ! Les élèves sont vite sous son charme ( surtout Alice ! ) au point qu'Emma, presque jalouse, se demande si elle pourra «  reprendre sa classe en main » après son départ. Elle apprend aussi que la vie de Paul est compliquée et que sa santé est compromise ; elle acceptera de prendre en charge sa fille aînée, Clara, dont l'âge mental est loin de ses 17 ans... avant de comprendre que son attachement pour Paul est réel.
     Michel Jeury, mieux que jamais, sait nous faire vibrer aux destins presque croisés de la jeune Alice et de son institutrice Emma. Il nous plonge au cœur de ces trente glorieuses dans un village cévenol où les cancans vont bon train... mais où les enfants et la pédagogie sont au centre de ce beau récit. Une histoire pleine d'amours, de désirs, d'humour et de nostalgie que dévoreront les lecteurs de tous les âges... avec un plus pour celles et ceux qui ont vécu cette époque dont l'auteur sait mieux que quiconque retrouver l'ambiance, les problèmes, les parfums — et les futurs espoirs déçus.
Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Angéline | Le Temps incertain et Soleil chaud, poisson des profondeurs | Le Printemps de Thomas | La petite école dans la montagne | Les secrets de l'école d'autrefois : Savoir lire, écrire, compter | Les gens heureux ont une histoire | Les beaux jours du docteur Nicolas | May le monde


  La vie rêvée des plantes , Lee Sung-U ( Zulma , Litterature Etrangere )  
     A Séoul, de nos jours, le jeune Kihyon est terriblement jaloux de son frère Uhyon.
     Pourtant, Uhyon a dû être amputé des deux jambes... et c'est sa mère qui pourvoit habituellement à ses soins — y compris quand il faut recourir à des prostituées... Quant au père, étrangement absent ou indifférent, il s'occupe surtout du jardin !
     Mais voilà : avant de partir pour l'armée, où il a perdu ses jambes, Uhyon avait une petite amie, Sunmi, dont Kihyon était ( et est toujours ) amoureux. Bien sûr, après son accident, Uhyon n'a plus jamais revu Sunmi. Peut-être même ignore-t-elle l'état de son ancien fiancé ?
     Un jour, Kihyon, qui a créé une sorte d'agence de détective, reçoit un mystérieux appel lui imposant de surveiller les agissements... de sa propre mère !
     C'est alors qu'il découvre une stupéfiante vérité : sa mère semble avoir un vieil amant... un amant qui pourrait bien être le père de son frère...
     Très délicat de résumer cet étrange récit sans en livrer toutes les clés. Clés qui, d'ailleurs, sont d'une certaine manière livrées d'abord dans le titre, et enfin dans une conclusion stupéfiante, entre métaphysique et mythologie.
     Un grand merci à mes fidèles bibliothécaires de m'avoir mis en main ce livre que je n'aurais pas spontanément emprunté, et qui, s'achevant sur une superbe leçon d'humilité, de tolérance et d'humanité, m'a entraîné dans un univers à la fois quotidien, exotique et décalé.


  Chroniques de l'oiseau à ressort , Haruki Murakami ( Seuil , Points )  
     Ces dernières semaines, j'ai lu presque coup sur coup deux romans de 850 pages :
     — un Robert Ludlum ( La Directive Janson ) recommandé par un ami dont je préfère taire le nom
     — un Murakami — de ma propre initiative !

     J'ai pris l'habitude de ne pas évoquer les livres qui m'ont peu marqué ou déplu mais ici, une étrange comparaison s'impose...
     Ludlum est une grosse machine, un auteur de best seller et de thrillers lus et traduits dans le monde entier. C'est l'une des raisons qui m'ont poussé à lire un ouvrage dont je pensais qu'il serait peut-être passionnant. Je me trompais. Certes, ce thriller est plein de rebondissements mais en le lisant, une grande lassitude et un sentiment de malaise ne m'ont pas quitté : la violence, le caractère militariste de ce faux James Bond m'ont épuisé. J'étais content d'arriver au bout de cette invraisemblable histoire de trahison et de revanche au point de griffonner sur la page de garde du livre : tordu, compliqué, violent, faussement moralisateur. Que de connaissances en diplomatie, en armes, en terrorisme, mises au servie d'une histoire peu attachante et pas du tout crédible.
     S'il fallait résumer l'ouvrage de Murakami, je dirais que c'est presque l'opposé : le récit, réaliste, bascule peu à peu dans l'invraisemblable, l'irréel, l'onirique — mais là, on est scotché, en attente... et on y croit ! L'histoire, difficile à résumer, semble n'avoir ni queue ni tête, elle est émaillée de scène quotidiennes et de réflexions en apparence anodines.
     Un style attachant ? Même pas. Traduit du Japonais, ce récit est écrit d'une façon simple et efficace, c'est tout.
     Le suspense ? Il est bien difficile à déceler ! Le lecteur devine qu'il n'y aura pas de révélation, ni de coup de théâtre final.
     Alors comment se fait-il que le lecteur ( euh... du moins moi ! ) soit littéralement hypnotisé par ce texte, qu'il ne décroche pas une seconde ?
     Mystère ! Mais on l'aura compris : entre ces deux romans au poids égal, Murakami sort vainqueur par KO face à la grosse machine de Ludlum. Aussi, il est vrai, les deux écrivains ne jouent pas dans la même catégorie...

     Un résumé ?
     L'oiseau à ressort, c'est l'oiseau invisible qui, dans le jardin du narrateur, semble avoir un cri métallique ( Ki, kii, kiii ! ) propre à « remonter le temps et la mécanique du monde ». C'est aussi le surnom dont la jeune May Kasahara affublera le héros, son voisin... et c'est enfin le titre d'une étrange chronique que le héros découvrira ( sur un ordinateur ) à la fin du récit.
     Un récit qui commence avec la disparition du chat de la maison, Noboru Wataya.
     Kumiko, la femme d'Okada, le narrateur, supplie son mari de tout faire pour retrouver l'animal. Le couple vit depuis six ans dans une maison paisible, coincée dans une impasse avec des pavillons indépendants... Le chat doit traîner de ce côté-là.
     Le narrateur a quitté depuis peu son emploi dans un cabinet d'avocat. Pas même au chômage, il hésite à retrouver un travail, il se plait finalement assez bien en « homme de maison ». Au fil de ses recherches ( le chat, bien sûr ), il fait la connaissance d'une jeune voisine de seize ans, May Kasahara, avec laquelle il va peu à peu prendre l'habitude de parler de la vie, de l'amour, de la mort... Il découvre aussi, non loin, une propriété abandonnée avec un puits asséché, un domaine maudit appelé dans le quartier « la maison des pendus » car il est arrivé malheur à celles et ceux qui y ont vécu.
     Peu à peu, au sein de l'inaction quotidienne d'Okada, tout semble peu à peu se dérégler. D'abord il reçoit d'étranges coups de fil anonymes. Puis — sur les conseils de sa femme — la visite d'une mystérieuse femme, Malta Kano, qui semble avoir des pouvoirs extralucides. Malta révèle à Okada que sa sœur Creta Kano a autrefois été violée par Noboru Wataya — non, ce n'est plus le chat, toujours introuvable, mais le frère de Kumiko, un intellectuel arriviste et prétentieux qui méprise et déteste le narrateur, une haine et un mépris d'ailleurs partagés.
     Enfin, la femme d'Okada, Kumiko, rentre de plus en plus tard. Il la soupçonne de le tromper — jusqu'au jour où elle disparaît pour de bon. Dans le même temps, le narrateur est également averti de la mort sans doute proche d'un vieil ami du couple qui, autrefois, leur a également fait des prédictions.
     Quelque peu perturbé, Okada se réfugie dans le puits à sec de la maison des pendus pour y réfléchir. Il en sortira différent, et affublé d'une mystérieuse tache sur le visage qui ( il le comprendra peu à peu ) lui confère un nouveau pouvoir... pouvoir qu'une autre femme va le convaincre d'exercer pour gagner de l'argent, racheter le domaine de la maison des pendus, mais peut-être aussi pour lutter contre l'influence grandissante du malfaisant ( mais séduisant ) Noboru Wataya, le beau-frère de Kumiko ( toujours absente )... un individu visiblement décidé à entamer depuis peu une brillante carrière politique.

     Un jugement ?
     Hum ! Arrivé à ce point, je me doute que le lecteur, sceptique, murmure déjà :
     — Quoi ? Et Grenier voudrait nous recommander un bouquin pareil ?
     En effet. J'ajoute que ce pâle et maladroit résumé ne fait que brosser le vague portrait d'un récit où foisonnent les paysages, les personnages, les scènes baroques, les rêves, les réflexions, et les « histoires dans l'histoire », récits d'ailleurs souvent historiques qui nous plongent dans l'univers cruel de la guerre entre le Japon et la Chine, via la Mandchourie, et du côté des terrifiantes années qui ont accompagné la chute du Japon après Hiroshima.
     La violence ? Il y en a. Elle est mille fois plus terrifiante d'ailleurs que celle de Ludlum. L'érotisme ? Il pimente le récit au moyen des rêves du narrateur, rêves qui, d'ailleurs, font parfois basculer l'histoire dans un irrationnel digne de Kafka, Borges ou Gabriel Garcia Marquez.
     La logique ? Elle existe. Et bien que toutes les réponses ne soient pas apportées aux multiples questions posées, Murakami parvient sans mal à nouer les fils qu'il n'a éparpillés qu'en apparence. Oui : le lecteur apprend pourquoi la maison est maudite, pourquoi la tache qui est apparue sur sa joue lui confère certains pouvoirs, pourquoi Kumiko est partie... Page 685, le même lecteur est même ( enfin ! ) éclairé sur tous ces liens enfin dévoilés... avant que le narrateur ne se lance dans un stupéfiant combat avec son ennemi intime, véritable incarnation du Mal : Noboru Wataya — son beau frère.
     A propos de Noboru Wataya... et le chat ?
     Eh bien le matou revient, que les amis des animaux se rassurent ! Et un rêve nous renseigne sur le point commun entre les deux possesseurs du même nom.
     Bref, il s'agit là d'un ouvrage inclassable, attachant, bizarre, plein de non dits, émaillé de multiples pistes ; une histoire dont le lecteur, haletant et stupéfait, ne sort pas indemne.
Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil | 1Q84 (tome 1)


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