Christian Grenier, auteur jeunesse
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Les notes de lecture étant publiées sur le blog chaque semaine, cela devenait difficile de mettre ces pages à jour en parallèle. Donc rendez-vous sur le blog pour les nouvelles "lectures de la semaine" ! CG, le Lundi 18 février 2013
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 Mars 2008 : Les lectures de janvier et février 

  Les temps cruels ( Sous le vent de la liberté, tome 3 ) , Christian Léourier ( Bayard jeunesse )  
     A l'image de son héros Jean de Kervadec, Christian Léourier persiste et signe !
     Au cours de mes précédentes lectures du mois, j'avais résumé le triste destin de ce noble Breton qui, à la veille de la Révolution, est non seulement spolié de son domaine et de ses droits, exilé volontaire ( lire le tome 1 : Lumières d'Amérique ) et doit voir Maria, celle qu'il aime, devenir l'épouse de son frère et rival Yves ce qui l'entraîne à partir loin de sa patrie ( lire le tome 2 : Chasseurs et Proies )...
     Ici, après un bref épisode animé avec ses complices le Danois, Babord Amures, Sotillo et Sudraka, Jean retrouve à la fois la France, sa bonne ville de Nantes... et la trace de sa bien-aimée : celle-ci a été contrainte de suivre son mari à Saint-Domingue. Aussitôt, Jean y fait voile !
     Mais en cette année 1991, l'île est en proie à la révolte des esclaves, sous la direction de Biassou et surtout du fameux Toussaint Louverture. Capturé, Jean devient très vite le porte-parole des esclaves révoltés. Pour ce faire, il doit revenir à Paris... où il assiste à la prise des Tuileries et aux massacres post-révolutionnaires !
     Avec une maîtrise étonnante et un style impeccable, Léourier entraîne son lecteur dans un ( dernier ) épisode à la fois trépidant, haut en couleurs et d'une fidélité historique à laquelle il faut rendre hommage. Rarement un ouvrage destiné à la jeunesse ( et aux bons lecteurs ) s'est révélé à mes yeux aussi solide, documenté et historiquement vraisemblable et nuancé. Aucun manichéisme, en effet, dans ce journal intime d'un noble à la fois généreux, passionné et engagé, qui se révèle une leçon d'histoire déguisée aussi passionnante... qu'un roman !

Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Le puits des âmes


 
  Quartier lointain ( tome 1 et 2 ) , Jirô Tanigushi ( Casternam )  
     Mes lecteurs me reprochent parfois l'absence quasi-totale de lectures ( donc de « critiques » ) de mangas ou de BD. Il est vrai que j'ai laissé la BD de côté depuis que j'ai quitté les éditions Vaillant et mon propre personnage de BD : Argyr. La lecture des mangas ( euh... Tokio Mew Mew par exemple ) qu'affectionne l'aînée de mes petites-filles ne m'a guère convaincu et je préfère rester à mes vieilles amours ( Tintin, Spirou, Edgar P. Jacobs ) ou aux plus récentes qui commencent à dater : Mézières, Bilal, Schuiten, Julliard, Loisel...
     Mais voilà que Fabien, le responsable de ma bibliothèque municipale, m'a mis d'autorité entre les mains LA BD indispensable, incontournable : Quartier Lointain, de Tanigushi. Certes, j'avais entendu dire le plus grand bien de L'Homme qui marche... mais je n'avais pas considéré sa lecture comme une priorité.
     Quartier lointain est la relation, à la première personne ( pas si simple, pour une BD ! ), d'un étrange incident survenu au narrateur, Hiroshi Nakamara, paisible citoyen japonais de 48 ans marié et père de deux filles. Assoupi dans le train Tokio-Kioto, Hiroshi se réveille dans un autre train qui le conduit dans le village de son enfance. Là, il s'aperçoit qu'il a vingt-quatre ans de moins ! Désormais dans le corps du garçon qu'il a été à 14 ans, il va vivre ou plutôt revivre quelques mois en compagnie de sa mère ( morte depuis ), de sa jeune sœur Kyôto, de son copain Daïsuké ( qui veut devenir écrivain ) et de son père, qui a quitté pour toujours le domicile conjugal alors qu'il était justement ado. Mais voilà : ses connaissances actuelles font peu à peu basculer son passé vers un autre présent, inattendu. Car Hiroshi se révèle cette fois bon élève en anglais, excellent en sport... ce qui lui vaut l'admiration de la jeune Tomoko, la plus jolie fille du lycée... Se posent alors au narrateur deux questions existentielles :
     1/ Peut-il tomber amoureux de Tomoko, lui qui est en réalité un père de famille de 48 ans ?
     2/ Peut-il modifier le passé en empêchant son père de partir ?
     Il obtient la réponse à la deuxième question : non. Mais au moins, il a une explication : son père assiste clandestinement aux derniers jours de vie d'une amie d'enfance, Tamiko, dont la mort va le décider à abandonner sa famille pour refaire sa vie.
     Quant à la première question... elle reste sans réponse puisque Hiroshi, comme on pouvait s'y attendre, revient dans le présent et retrouve sa famille, Hiroshi est différent, il est sans doute plus riche et plus indulgent grâce à ces quelques mois vécus en quelques heures...
     Cette BD se lit d'une traite, avec plaisir et facilité. On y trouve certes une jolie réflexion sur l'existence, le temps qui passe ( et qu'on gâche ) — mais j'avoue avoir été un peu sur ma faim, sans doute parce qu'on avait évoqué un chef d'œuvre et que je crois avoir lu un récit ( d'ailleurs plus littéraire que graphique ) certes intéressant, mais qui sur le plan de la philosophie ou du voyage dans le temps est, euh... un peu en retrait de ce que j'attendais d'une œuvre saluée, primée, récompensée, et qui passe pour être LE modèle du genre !
     Mais une fois encore, ma méconnaissance du genre doit fausser ce jugement qui paraîtra peut-être injuste ou sévère aux inconditionnels de la BD ou des mangas d'aujourd'hui.
     Et si je me permets cette « critique » mitigée ou nuancée, c'est une fois de plus parce que mes lectures de BD sont rares et que mes lecteurs m'en font le reproche.
     Promis, je ne recommencerai plus !


  La constance du jardinier , John Le Carré ( Seuil )  
     Le jardinier, c'est Justin Quayle, un petit diplomate au Haut-Commissariat de Nairobi, au Kenya, passionné par les plantes et surtout époux de la belle, jeune et vive Tessa qui fréquente beaucoup un séduisant médecin noir passionné d'humanitaire, Arnold Bluhm.
     Et la constance, c'est l'opiniâtreté du dit Justin à découvrir qui a assassiné Tessa, alors qu'elle se trouvait avec Arnold Bluhm au bord du lac Turkana, entre Niger et Soudan.
     La première partie de ce thriller est indirectement narrée par Sandy Woodrow, le premier conseiller du haut-Commissaire Porter Coleridge. Sandy a été amoureux de Tessa, il a eu l'imprudence de lui écrire une lettre enflammée et ce courrier n'est pas le seul document qu'il aimerait récupérer... Car l'assassinat de Tessa, le lecteur comme Justin le devinent très vite, n'est ni le fait de son prétendu amant noir, ni un crime crapuleux.
     La seconde partie de ce polar qui ( comme toujours avec Le Carré ) flirte avec le roman d'espionnage, est ( toujours indirectement ) relatée par Justin, qui prend le relais de sa défunte épouse et découvre au cours de son enquête les agissements d'une grosse entreprise de recherches pharmaceutiques, Three Bees, dont les intérêts financiers ( donc politiques ) doivent être préservés.
     Ce roman est sans doute l'un des meilleurs de John Le Carré — et il m'avait échappé, à moi qui achète des livres en me promettant de les dévorer au plus vite et qui voit d'année en année s'accumuler sur les rayonnages de ma bibliothèque les ouvrages « à lire en urgence »
     On ne sort pas indemne de ce grand ouvrage dans lequel l'auteur annonce très vite la couleur, même si c'est la victime, Tessa, qui affirme : « la quête de profits acharnés des entreprises détruit le monde, et notamment les pays en voie de développement. Sous prétexte d'investir, le capitalisme occidental ravage l'environnement originel et favorise l'émergence des kleptocraties. » Un constat qui, hélas, n'a pas pris une ride.
     Au cours d'une enquête passionnante et édifiante, John Le Carré démonte les mécanismes financiers et politiques qui lient le vieux monde occidental à l'Afrique. La morale de La Constance du jardinier est aussi réaliste que terrifiante : la raison d'état l'emporte toujours.
     Un ouvrage à lire d'urgence et qui démontre ( est-ce encore nécessaire ? ) que la littérature authentique peut faire bon ménage avec le roman noir, le polar, le récit d'espionnage, la réflexion sur le monde contemporain... et l'engagement.
Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Le chant de la mission


 
  Le clandestin , John Grisham ( Robert Laffont )  
     Au dernier jour de son mandat, le Président des Etats-Unis gracie le détenu Joel Backman, qui a été condamné pour trahison à vingt ans de réclusion. Ce cadeau est empoisonné : en relâchant ce détenu, la CIA espère qu'il sera bientôt assassiné par ceux-là mêmes qu'il a trahi, et elle aimerait bien savoir... de qui il s'agit : les Russes, les Israëliens, les Saoudiens, les Chinois ? Backman est en effet soupçonné d'avoir voulu vendre pour un milliard de dollars un super-logiciel permettant de piloter des satellites espions. Aussitôt libéré, Backman bénéficie d'une protection toute théorique et en fait très fragile : il est pris en charge par Luigi, un homme de la CIA, qui le transfère en Italie. Là, le « clandestin » doit apprendre la langue du pays avant d'être ( du moins le lui fait-on croire ) lâché par ceux qui le protègent. Bien sûr, Joel Backman veut fuir — aussi bien ses protecteurs factices que ses assassins potentiels. Mais il est démuni : il ne possède que des rudiments d'Italien, il n'a pas d'argent, pas de passeport, il sait son appartement truffé de caméras et de micros, et il ne peut même pas établir de contact avec le seul fils qui pourrait lui venir en aide... cependant, à force de ruses, d'astuces et de déguisements successifs, il parviendra à fuir !
     Si La constance du jardinier est l'un des meilleurs Le Carré, Le Clandestin est à mes yeux l'un des thrillers les moins réussis de John Grisham. Certes, l'ouvrage se lit d'une traite ; mais ce road movie semble simpliste, mal ficelé, presque improvisé parfois, et il fourmille de longueurs ou de passages peu utiles pour l'action ( ah... les interminables leçons d'italien ! les repas et les promenades qui n'en finissent pas ! ). On est loin de l'Affaire Pélican, dommage.
Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
La transaction


  Les voleurs d'histoire , Philippe Barbeau ( Archipoche Jeunesse )  
     En vacances en Sologne, le jeune Simon fait la connaissance de Lise, qui l'initie aux secrets de son pays. Elle lui révèle notamment que les nombreux tumulus qui parsèment le paysage sont des « tombelles », d'anciens tumulus gallo-romains qui servaient de tombes à des guerriers. Mais lors d'une promenade dans une propriété privée, les deux jeunes gens découvrent que les propriétaires du Moulin des Sarrazins s'intéressent eux aussi de très près à ces tombelles... et davantage pour les bijoux enfouis que pour les ossements qu'ils contiennent ! Faits prisonniers par les pilleurs indélicats, Simon et Lire finiront par s'enfuir et les démasquer.
     Un petit récit linéaire et simple, qui pourra initier les enfants ou les lecteurs débutants aux secrets ( et aux lois ) de l'archéologie.


  Un peu plus loin sur la droite , Fred Vargas ( Viviane Hamy )  
     Tout commence avec la découverte inopinée ( inespérée ? ), par Louis Kehlweiler, un ancien du Ministère de l'Intérieur, d'un petit os humain sur une grille d'arbre, à Paris. L'« Allemand », comme on le surnomme, met sur le coup son ami Marc Vandoosler. Cette piste ( le chien qui a mangé, digéré et rejeté l'os ! ) les mène au petit port breton de Port-Nicolas, village d'où la victime était originaire et dans lequel Marc côtoiera un étrange collectionneur de machines à écrire, un maire un peu menteur et un administré fort en gueule qui brigue sa place... Comment dénicher et démasquer l'assassin ?
     Une indiscrétion a permis d'apprendre que Fred Vargas n'avait pas bonne opinion de Sous les vents de Neptune, dont on a pu voir récemment l'adaptation sur Antenne 2. Pourtant, j'ai préféré Sous les vents de Neptune ( le livre ! ) à Un peu plus loin sur la droite qui me semble moins construit et un peu plus improvisé.
     Improvisé ? Oui !
     Notre meilleure auteure française de polars a en effet confié qu'elle ne connaissait pas la fin de ses récits quand elle en entreprenait l'écriture. Ici, cela se sent un peu plus qu'ailleurs, en raison d'un début à la fois lent et un peu confus et d'une enquête où l'on frise souvent l'invraisemblance : qui peut, en effet, identifier l'os d'un orteil — « d'une femme plutôt âgée ! »... sinon le subtil Kehlweiler, ou Fred Vargas elle-même, pour cause professionnelle ! De plus, la botte de la victime, enlevée par la marée, semble un indice un peu flou pour aboutir à la certitude d'un meurtre...
     Quant à l'écriture et aux dialogues, quel que soit le narrateur, ils obéissent à une langue identique, faussement relâchée, pleine de familiarité, de clins d'oeils et d'humour.
     Des défauts ? Peut-être...
     Mais alors, comment se fait-il que le lecteur ne décroche pas un instant ? Sans doute parce que c'est du pur Vargas et que la langue ( et les portraits, qui raviront les inconditionnels ) prennent le pas sur une intrigue dont les fils ne cessent de se resserrer au cours de la lecture !
Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Sous les vents de Neptune


  Sans feu ni lieu , Fred Vargas ( Viviane Hamy )  
     Deux femmes ont été assassinées chez elles, étouffées puis étranglées avec un bas. Et des témoins ont repéré, peu aupararavant, la présence d'un individu louche porteur d'un pot de fleurs. Des pots qui ont justement été retrouvées chez les victimes, avec de superbes empreintes !
     Peu après, le jeune Clément Vauquer, un simple d'esprit, vient se réfugier chez son ancienne protégée, une vieille prostituée, Mme Marthe, qui l'a autrefois éduqué et pris sous son aile. Clément sait qu'il est le premier suspect : c'est bien lui qui a, conformément aux instructions qu'on lui a données, porté les pots aux futures victimes. Nul doute que la police retrouvera très vite cet ancien jardinier qui ne sait pas aligner deux phrases, mais joue bien de l'accordéon ( et parfois aux osselets )
     Par chance, Marthe connaît bien Louis Kehlweiler dit l'Allemand, l'ancien du Ministère de l'Intérieur. Elle le connaît assez pour lui confier qu'elle a recueilli chez elle ce superbe suspect, qui est trop bête pour être le meurtrier.
     Flanqué de ses complices préférés ( et de son fidèle crapaud, niché dans sa poche ), Kehlweiler enquête, pas très convaincu — mais sa traduction de la biographie de Bismark lui casse un peu les pieds, alors...
     Après l'assassinat d'une troisième victime, il se demande si Clément ne pourrait pas être tout de même le coupable... avant de comprendre que l'assassin suit un étrange rituel : celui d'un poème de Gérard de Nerval : Je suis le ténébreux, le veuf, l'inconsolé... ! Un poème qu'on a affiché à Noël dans toutes les stations de métro ! Kehlweiler est désormais sûr que le meurtrier va frapper rue du Soleil Noir ( mais il n'y a pas de rue du Soleil Noir à Paris ! ), il se rend alors à Nevers, convaincu que l'assassin y a déjà sévi il y a huit ou neuf ans... Nevers où Clément était d'ailleurs jardinier !
     Plus on avance dans cet excellent roman de Fred Vargas, plus le rythme s'accélère, l'air de rien. Et même si parfois on frôle encore l'invraisemblance, on reste scotché devant ce récit haletant, sans doute à cause de l'humour permanent d'un texte parfaitement maîtrisé, et de personnages tous plus hauts en couleur les uns que les autres.
     Un conseil : ne commencez pas à lire ce polar tard le soir... vous risquez de passer une nuit blanche !
Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Sous les vents de Neptune


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