Christian Grenier, auteur jeunesse
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     Ces pages ne seront plus mises à jour ( pour l'instant ...).
Les notes de lecture étant publiées sur le blog chaque semaine, cela devenait difficile de mettre ces pages à jour en parallèle. Donc rendez-vous sur le blog pour les nouvelles "lectures de la semaine" ! CG, le Lundi 18 février 2013
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 Janvier 2010 : Les lectures de janvier 

  Ou on va, Papa ? , Jean-Louis Fournier ( Stock )  
     Un enfant handicapé, puis deux...
     « Je pensais bien que ça n'arriverait pas une seconde fois. Je sais que qui aime bien châtie bien, mais je ne pense pas que Dieu m'aime autant... »
     Ce n'est pas un roman, ni un essai — pas même un récit. C'est la confidence tendre et amère d'un homme qui a eu deux enfants « anormaux » ( mais c'est quoi, normal ? ) ou plutôt « pas comme les autres » — en fait, une lettre qui leur est destinée et qu'ils ne liront jamais puisque Mathieu a fini par mourir et que Thomas est incapable de lire.

     On est aux antipodes du larmoyant et de la convenance. Et ce qui fait la force de ce texte, c'est justement cela : la sincérité, l'humour, la dérision, la franchise, la provocation d'un père qui relate la naissance et l'enfance de « deux enfants ratés ».
     Quand on lit, on frémit, on sourit et l'on rit ; et puis on frémit d'avoir ri. Alors on pleure sans même s'en rendre compte parce que les mots finissent par vous bouleverser, de gré ou de force.
     Ce livre qui dérange peut irriter mais il ne vous laissera pas indifférent.
     Jean-Louis Fournier a eu le cran de l'écrire ; ayez donc le courage de le lire.


  A vos Marx, prêts, partez ! , Jérôme Leroy ( Baleine )  
     Tous les amateurs de polars connaissent Gabriel Lecouvreur dit « Le Poulpe », ce héros récurrent qui a vécu des dizaines ( pardon : des centaines ! ) d'enquêtes d'autant plus différentes que chaque auteur peut, grâce à un cahier des charges très ouvert, l'accommoder à sa propre sauce.
     Le lecteur tatillon s'interrogera à juste titre : pourquoi Grenier a-t-il choisi ce Poulpe-ci et pas un autre ? Euh... eh bien d'abord parce que c'est le dernier que j'ai lu ( et puis c'est le dernier paru ).
     Ensuite parce que son sujet est encore plus iconoclaste que d'ordinaire : ne s'agit-il pas d'aller tuer Karl Marx avant qu'il n'ait écrit et publié son Capital ?
     Et enfin parce que ce polar peut être aisément rangé dans une SF que j'apprécie plus qu'une autre puisqu'elle hésite entre politique-fiction et uchronie !

     En 2008, les six membres du mystérieux et puissant Consortium ( dont l'âge ava ncé nous plonge déjà en pleine SF ) comprennent que la Crise risque de rendre le marxisme à nouveau tendance. Le capitalisme ne peut pas être ainsi condamné et l'économie de marché menacée !
     Heureusement, on vient de mettre au point, près de Genève, le fameux LHC ( grand collisionneur de hadrons ) dont l'une des applications possible et secrète est... le voyage dans le Temps !
     Le premier essai est positif : on envoie un cobaye humain sur la place du marché de Rouen, en 1431, pour assister à l'agonie de la Pucelle, mais si !
     On expédie ensuite quelques tueurs à Paris, en 1843, du côté de la rue Vanneau. Objectif : contrecarrer Marx et l'empêcher de publier ses théories.
     Hélas, la machine temporelle est mal refroidie et les sbires du Consortium se retrouvent le 6 juin 1832, rue de la Chanvrerie, jour de l'insurrection contre Louis-Philippe !
     Tel est pris qui croyait prendre : les assassins surgis du futur se font massacrer.
     Grâce à un tour de passe-passe littéraire, le Consortium ne voit plus qu'une solution : envoyer Le Poulpe en personne tuer Marx.( Faut-il que ces Capitalistes connaissent mal Gabriel et ses sympathies libertaires ! )
     La tâche est donc fort difficile pour Le Poulpe qui, par surcroît, est en grosse crise existentielle et sentimentale avec sa chérie Chéryl...
     Inutile de dévoiler la fin attendue de ce roman qui fait une habile jonction entre le très réel arrêt du LHC pour des causes qui seront enfin révélées au lecteur !
     Ce polar pur jus, dont les invraisemblances sont aisément gommées par l'humour, l'entrain et le style, a de gros avantages : son auteur possède quelques données scientifiques, il connaît assez bien le marxisme, fort bien l'Histoire et parfaitement la SF — ah, les jolis clins d'œil aux lecteurs avertis !
     Un récit à recommander aux fans de ces deux mauvais genres qui apprécieront ce roman cross over.


 
  La transaction , John Grisham ( Robert Laffont )  
     Clay Carter, jeune avocat pauvre commis d'office, est fiancé à la belle et riche Rebecca, dont les parents, insupportables et prétentieux, ont fait fortune dans l'immobilier. Clay refuse obstinément les offres du père de Rebecca — ce qui provoque la rupture du futur couple.
     En revanche, quand un inconnu ( Max Pace... mais c'est un prête-nom ! ) lui propose une affaire juteuse au bord de la légalité, il accepte. Pace dispose en effet d'informations secrètes sur la nocivité de produits pharmaceutiques ayant causé des dégâts chez de nombreux patients. Carter peut se faire l'intermédiaire entre les victimes et le trust en question pour négocier un dédommagement... et éviter des procès nombreux, coûteux et dispersés ?
     En quelques mois, le jeune Clay Carter ( 31 ans ) devient riche, célèbre et envié.
     Entre-temps, Rebecca s'est mariée. Mais au moment où Clay songe pouvoir la récupérer, un méchant retour de bâton va le mettre en danger.

     Ce n'est pas le dernier ni le meilleur Grisham — mais il est, si j'ose dire, sans ( bonne ni mauvaise ) surprise : une fois qu'on l'a commencé, on va jusqu'au bout, de gré ou de force, entraîné par une narration d'une efficacité redoutable. Et ce, malgré les avalanches de chiffres et les complexités de procédures. Car si John Grisham se renouvelle peu, on doit reconnaître que cet ancien avocat connaît son affaire et qu'il sait passionner son lecteur.
Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Le clandestin


  Une comédie légère , Eduardo Mendoza ( Points )  
     L'auteur Carlos Prullas et son vieil ami, le metteur en scène Gaudet, répètent la dernière pièce policière du célèbre dramaturge, une « comédie légère » dans laquelle des apprentis meurtriers, pris à leur propre piège, comprennent à leurs dépens qu'un assassin les a précédés.
     Prullas évolue entre le théâtre de Barcelone, son domicile et la station balnéaire où sa femme Martita et leurs deux enfants passent l'été. Bourgeois aisé, il va au cinéma, lit le journal, suit avec intérêt le procès de Krupp, le marchand d'armes nazi qui sera finalement acquitté... Il fréquente les cafés ; se confie souvent à sa vieille amie et complice Mariquita Pons, dite Quiqui, actrice sur le retour ; il recourt souvent aux services d'un petit trafiquant, Poveda, qui le fournit en tabac, en alcools, en parfums ( très important ! )... et il obéit à sa fidèle et vieille bonne Sébastiana qui ne cesse de veiller sur sa nourriture, son sommeil et sa santé.
     Volontiers volage, Prullas vient de se laisser séduire à la fois par Marichuli Mercadal, une rousse incendiaire — une amie de son épouse — et par une jeune, séduisante ( et médiocre ! ) actrice débutante, Lili Vilalba, prête à tout pour se faire une place de comédienne.
     Or, la petite Lili est la protégée du puissant Ignacio Vallsigori, que Prullas rencontre un soir et avec lequel il sympathise... une soirée imprudente, longue et arrosée.
     Car le lendemain, Prullas a la visite du hiérarque Don Lorenzo Verdugones, le chef de la police, qui lui apprend que Vallsigori a été assassiné dans la nuit !
     Contraint de mentir sur son emploi du temps, Prullas comprend peu à peu qu'il est le principal suspect ; il doit mener au plus vite sa propre enquête s'il ne veut pas finir sous les verrous !
     Si vous avez aimé La ville des prodiges ( Barcelone, bien sûr ! Un petit bijou ! ), vous adorerez ce récit fort et original qui est un nouvel hommage à la capitale de la Catalogne.
     Etrange roman qui brosse un portrait précis, attachant et haut en couleurs de l'Espagne de l'après-guerre ( quartiers, mœurs, ambiance... ) avant de basculer page 250 ( le milieu de l'ouvrage ! ) dans un roman policier dont le héros, innocent, est le principal suspect !
     Le lecteur suit alors avec inquiétude et amusement les états d'âme et les agissement de ce bourgeois versatile pris dans le piège qu'il s'est lui-même tendu... eh oui, au fil des répétitions, Mendoza glisse habilement de nombreux extraits de la pièce inédite de Prullas dans laquelle les personnages, comme notre héros, se trouvent tout à coup traqués !
     L'ombre de Franco, de sa milice, du silence obligé de la population ne cesse de planer tout au long de ce texte — mais jamais le nom du dictateur n'est prononcé, seul apparaît une fois le terme de Caudillio !
     Bien que les dialogues, questions et réponses ! soient tous intégrés au texte, ce qui lui donne une allure de long monologue indirect libre, ce roman se lit d'une traite grâce à un style d'une densité rare pimenté d'un humour décapant et permanent ! Si l'on est aux antipodes du ton du polar, on est au cœur d'un authentique récit policier : en effet, les détails les plus anodins de l'emploi du temps de Prullas se révèlent, pour l'enquête de la seconde partie, d'une importance capitale.
     Pourtant, ce roman vaut pour son écriture seule, son ambiance très particulière, sa structure, sa construction... et pour les portraits attachants de tous ses protagonistes !


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