Christian Grenier, auteur jeunesse
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     Ces pages ne seront plus mises à jour ( pour l'instant ...).
Les notes de lecture étant publiées sur le blog chaque semaine, cela devenait difficile de mettre ces pages à jour en parallèle. Donc rendez-vous sur le blog pour les nouvelles "lectures de la semaine" ! CG, le Lundi 18 février 2013
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 Septembre 2005 : Lectures de Juin, Juillet et Août 
     Difficile d'imposer les résumés et les avis de trois mois de lecture !
     On ne trouvera donc là que quelques textes significatifs, parfois récents, parfois célèbres, d'autres fois plus confidentiels !


  Le miroir fêlé , Svetislav Basara ( Les Allusifs )  
     A Paris, j'ai passé une journée avec mon ami Michel Lamart à flâner chez les libraires. Au hasard de nos découvertes — mais ce n'est sans doute pas un hasard — nous nous sommes offerts chacun un livre. J'ai acheté à Michel Le Prince des marées de Pat Conroy — tout en l'avertissant qu'il s'agissait là d'un roman people... mais c'est mon côté Dumas ! — et lui m'a offert cet ouvrage d'un auteur que je ne connaissais pas.
     Un petit bijou de littérature décalée... Jugez plutôt du début :
     « Qu'est-ce que c'est que ce début ? » se demanda le typo à l'imprimerie en lisant : « Qu'est-ce que c'est que ce début ? Puis il haussa les épaules et continua de composer le texte. C'est ainsi que le roman commençait...
     L'histoire ? Elle est racontée à la première personne par Anan qui, un jour, prend conscience... d'abord que l'homme en général ne descend pas du singe mais du néant, et que lui, le narrateur n'existe pas. Quand Anan essaie de convaincre son père, communiste bien pensant qui-lit-La Lutte ( le magazine du Parti ), il commence par se fâcher avec lui. Bien entendu, la lucidité soudaine d'Anan va lui procurer les pires ennuis. Il est interné ( n'étant plus en accord avec la masse, il est forcément fou ), il dialogue avec les psys, puis va vivre chez Bobo le boxeur et il tente de lui expliquer sa philosophie...
     Il s'agit là, bien entendu, d'un récit satirique ( une sotie, dirait Michel Lamart dont les ouvrages possèdent le même caractère humoristique, critique et parfois désespéré ), d'un conte philosophique sur l'univers totalitaire et notre incapacité à être lucide face aux multiples pressions idéologiques de notre entourage.
     Mais l'intérêt de cet ouvrage réside surtout dans ses multiples entrées, ses niveaux de lectures successifs, et ses mises en abyme permanents : «  Dès le début du quatrième chapitre, mon père fit irruption dans ma chambre » dit Basara... au début du 4ème chapitre, évidemment. Pour illustrer le propos de l'auteur, on pourrait citer, en vrac :
     « Au nom de la démystification, il faut dire que les neuf-dixième de tout roman sont de la même étoffe ; ils ne sont là que pour impressionner ou pour endoctriner. On ne peut y échapper. Même si l'on est pleinement conscient de toutes les formes d'endoctrinement. »
     Ou encore : « d'une part, je crachais sur le monde quotidien, de l'autre je me conduisais comme tout un chacun : crétinisé, je m'étais inculqué la doctrine que je n'existais pas. Mais je me comportais comme si j'existais. Je ne me reprochais rien. Personne ne se conduit conformément à sa doctrine. »
     Un ouvrage inclassable et salutaire, entre Milan Kundera et Jacques Sternberg !



  Mourir d'enfance , Alphonse Boudard ( Pocket )  
     L'auteur de La Métamorphose des cloportes, ex truand repenti, ex taulard, se penche sur son enfance... une enfance heureuse, boueuse et paysanne avec une fausse maman, Blanche, et un faux papa, Auguste. Dans ce Loiret rural d'entre les deux guerres, Alphonse s'initie à la vie jusqu'au jour où arrive... sa vraie maman, une dame parfumée accompagnée d'un monsieur ( en général riche et bien fait de sa personne ). Car Alphonse est né de père inconnu et d'une mère... qui va d'homme en homme et vit de ses charmes. Peu après, elle l'emmène à Paris, chez sa vraie grand-mère, dans un méchant appartement du XIIIe arrondissement. Devenu un Parigot-tête-de-veau, Alphonse, qui est fin observateur, s'initiera à d'autres rites.
     Arrive la guerre puis l'occupation. L'occasion, pour le jeune Alphonse, de déménager les meubles, tableaux et bonnes bouteille du riche juif dont la grand-mère est la locataire, l'occasion de connaître quelques célébrités : oberlieutnant allemand, cocottes, collaborateurs et résistants. Car Alphonse, à tous les sens du terme, fera de la résistance, sans d'ailleurs s'en vanter. L'occasion a fait de lui un larron.
     Etrangement, l'enfance d'Alphonse s'arrête à la trentaine, quand il est jugé, malade, et confronté une dernière fois à sa mère mourante. Une mère trop légère qui ne l'a pourtant jamais quitté, mais dont les rencontres, trop rares, ont presque toutes été de gentils ratages...
     Le charme de cet ouvrage, bien sûr, c'est le style : fleuri, truculent, nourri de métaphores et d'argot. Moi qui pourtant suis aux antipodes de cet univers, je suis tombé sous le charme du récit. Car Alphonse Boudard sait raconter. Et au fil des pages, j'ai l'impression d'entendre José Giovanni — j'ai eu la chance de croiser plusieurs fois cet autre truand-écrivain qui te tutoyait d'emblée, te racontait mille anecdotes avec des expressions qu'on aurait jurées tirées de Michel Audiard... et qui achevait ses récits authentiques en critiquant le monde d'aujourd'hui mais en invitant l'auditeur à ne jamais suivre l'exemple du narrateur !



  La Onzième Souris Verte , Christian Poslaniec ( L’Ecole des Loisirs , Médium )  
     L'été, c'est la période pendant laquelle les parents, amis et collègues viennent, parfois à l'improviste, nous rendre visite dans le Périgord. En juillet, ce fut le cas de Christian Poslaniec qui m'a apporté ses deux dernières productions ( voir aussi Papa Poule ! )
     La onzième souris verte, comme son chiffre l'indique aux initiés, est le troisième volet des enquêtes de Christie Spivac, écrivain de profession, enquêteur à ses heures ( on a bien sûr déjà lu Le treizième chat noir et Le douzième poisson rouge ) et grand pêcheur ( pécheur ? ) devant l'Eternel. Or, si Christie Spivac est parti en vacances au Grau du roi avec son amie Véronique, c'est d'abord... pour pêcher ( pécher ? ) avec elle. Il s'aperçoit que cette petite ville est le repaire estival de ses amis sarthois. Très vite, il est fort intrigué par la présence de cadavres de poissons mutilés ( et même parfois « taggés » ! ) dans les carafes d'eau de Mireille, la restauratrice. Et quand Martine, l'une des clientes du restaurant, révèle que sa fille adoptive Séléna a disparu, il comprend que ces poissons, d'un vert fluorescent bien intrigant, livrent en réalité des messages codés... messages qui pourraient bien indiquer où Séléna est retenue captive. Car c'est bien d'un enlèvement qu'il s'agit !
     Si le récit, à la fois réaliste et farfelu, semble d'abord une enquête banale, il s'achève, de façon fort peu manichéenne et joliment nuancée, sur la résolution d'un problème humain et familial très fort, au moyen d'une progression subtile de l'humour vers la gravité.
     Le plaisir que j'ai pris à lire ce récit s'est constamment doublé d'une réflexion complice. Christian et moi avons en effet des opinions différentes — entre autres sur la littérature. Ainsi, tous les romans de mon alter ego sont rédigés à la première personne et au présent. Un parti pris que je dénonce souvent et, qui, ici ( ah ah ! ) lui a posé problème puisqu'il a eu besoin d'un autre point de vue... et a dû tricher en intercalant parfois des chapitres (en italique, titrés : ailleurs ) mettant en scène la Séléna disparue !
     Plaisir multiplié par de nombreuses pistes et indices, d'ordre sémantique ou littéraire cette fois. Par exemple quand l'auteur, évoquant un poisson, précise : c'est un loup. Un loup blanc. Plus connu sous le nom de bar... D'accord : connu comme le loup blanc ! Ou encore ce titre énigmatique : qui a éclipsé Séléna ? Quand on sait que Séléna est aussi le nom de la lune, le terme d'éclipse devient un clin d'oeil astronomique.
     Autres codages probables : le nom du narrateur et celui de son lieu de résidence ( Mézières-sous-les-lapins )... fort proches de ceux de l'auteur. Enfin, j'ai un doute terrible concernant la proximité du thème de cette Onzième souris verte avec ma Fille de Pleine Lune. Jugez plutôt : le thème de ce récit (sorti en 2005 ), est exactement le même que celui du mien ( paru en 2003 ), un thème qui pourrait se résumer par : une jeune fille a disparu... et elle s'appelle Séléna !
     Soyons sérieux : Poslaniec n'a sans doute jamais lu La fille de pleine lune et son choix du prénom Séléna est celui du hasard. Voilà aussi pourquoi je refuse désormais de lire les manuscrits qu'on m'envoie : un jour, une jeune fille qui avait insisté pour m'envoyer son récit ( que j'avais donc lu ) via Internet, a justement lu, six mois plus tard, à sa sortie, La Fille de pleine Lune et... m'a accusé d'avoir utilisé le prénom, rare il est vrai de l'un de ses personnages : Séléna. Elle ignorait que mon roman avait non seulement été écrit avant que je ne lise le sien, mais aussi que l'idée de cette histoire et les noms et prénoms de mes personnages étaient déjà là depuis quelques années !
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Vous avez dit « Littérature » ?


  Les mousquetaires de Belleville : Le mystère Malala , Stéphane Daniel ( Casterman Junior , Mystère )  
     Grâce à Un tag pour Lisa, Quercy Rap et Marchands de sommeil, les fidèles lecteurs de Stéphane Daniel connaissent déjà la petite troupe des « Mousquetaires de Belleville ».
     Ici, c'est Bouboule qui est en première ligne, Bouloule qui est tombé amoureux d'une jeune fille discrète et mystérieuse : Malala. Or, malgré ses douze ou treize ans, Malala ne va pas à l'école, elle n'a pas de copains, refuse le contact comme si elle était effrayée ; et elle se trouve toujours en compagnie d'un bébé fort bien habillé dont elle semble s'occuper en permanence. Aussitôt, les mousquetaires enquêtent, avec l'aide de l'assistante sociale Chantal Boissier et de l'ancien directeur de l'école M. de Pugeaux. Qui finissent par obliger la mère de Malaga, Mme Rahany, à lui faire fréquenter l'école...
     La suite, les adultes l'auront devinée : en réalité, Mme Rahany, qui n'est pas la mère de Malala, la fait trimer chez elle sans la payer, elle exerce un chantage sur les parents de Malala restés à Madagascar. Hélas, cette riche exploiteuse paraît intouchable, à cause de son immunité diplomatique — son mari est attaché d'ambassade. Mais grâce à un incident provoqué par Youssef et Sébastien, les ennemis des mousquetaires, ces derniers parviendront à la libérer !
     Ce petit thriller trépidant et fort sympathique révèle un fait divers plus courant qu'on ne croit, l'actualité en fait souvent la preuve. Bonne idée d'avoir cette fois mis en valeur Joseph dit Bouboule, que son amour discret pour la jeune Malgache fait agir et réagir. Les lecteurs, qui auront hâte d'avoir la conclusion de ce drame ordinaire, bénéficieront sans le savoir d'informations sur le quartier de Belleville et sur de jeunes clandestins scandaleusement exploités par des gens en apparence très comme il faut.

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Si par hasard c'était l'Amour | L'amour frappe toujours deux fois


  La tribu de Celtill ( Tome 1 : Le jour où le ciel a parlé ) , Evelyne Brisou-Pellen ( Rageot Editeur )  
     Premier siècle après J.C. — soit cent ans après la victoire de Jules César.
     Dans le village gallo-romain du jeune Celtill, deux événements importants ( et liés ) se préparent : l'inauguration des nouveaux thermes, qui viennent d'être achevés — et l'accueil, pour leur inauguration, du gouverneur romain.
     Mais voilà : Celtill, qui possède la clé des lieux, s'aperçoit, terrifié, que la mosaïque centrale a été démolie et creusée. Pire : on a placé dans le trou la statue du dieu gaulois ( malfaisant ) Sucellos. Le coupable est donc un Gaulois qui veut ainsi protester contre l'occupation romaine ! Car le village est partagé en deux clans : ceux qui se plient aux nouvelles coutumes de l'occupant, et les nostalgiques qui résistent — la majorité.
     Celtill, lui, est très partagé puisque sa mère est gauloise... et son père romain !
     L'arrivée de son oncle ( romain ) Julius et de sa tante Octavia n'arrange pas les choses, on leur cache le méfait et Celtill se lance dans une enquête discrète... en se méfiant de l'espion Epartix qui ne cherche qu'une occasion pour semer la zizanie dans le village.
     Celtill et son père partent donc acheter un esclave susceptible de réparer à temps les dégâts. Mais la perle rare qu'ils dénichent, l'Abyssin Septentrion, se révèle moins providentielle qu'ils ne l'espéraient !
     Finalement, grâce aux étranges visions de Celtill, et à la suite d'une guerre civile qui va brièvement déchirer les habitants, le coupable sera découvert... mais l'histoire sera loin d'être achevée ( le tome 2 est annoncé pour le 25 octobre ) car il reste bien des mystères à éclaircir.
     Dans une postface, E.B.P. révèle que son intention était de raconter une histoire nourrie de notions documentaires historiques au moyen d'un langage familier — à l'époque, on était sans doute volontiers familier, quand on était un jeune gallo-romain ! A cet égard, ses deux paris sont réussis car si l'action n'est pas vraiment trépidante ( l'arrivée de Septentrion, vers la page 100, ajoute une touche de fantaisie très bienvenue ), le texte est d'une lecture facile et les détails historiques nombreux, divers et très précis. Quant au ton du récit, il peut surprendre par son caractère... contemporain et parfois relâché ! Dès les deux premières pages, le jeune Celtill, qui s'exprime à la première personne et prend facilement le lecteur à témoin, n'hésite pas à dire : non mais c'est pas vrai, j'y crois pas, ah la vache... chochotte et tout le toutim. Ce qui nous prépare à d'autres expressions imagées comme mouliner le tracassou, se taper sur la gueule, plus cons que cons et ça me fit me poiler...
     Cette série séduira sûrement les enseignants d'histoire des classes de 6ème/5ème grâce à une documentation hors pair et... les élèves grâce à un langage décontracté à leur portée.



  Martine monte à cheval , Gilbert Delahaye et Marcel Marlier ( Casterman , Farandole )  
     On pourra s'étonner de trouver côte à côte, dans cette rubrique, Martine et Svetislav Basara. Mais c'est ainsi : j'ai trois petites filles ( de 20 mois à 8 ans ) qui lisent le pire et le meilleur, et des amis d'horizons très divers qui me prêtent, m'offrent ou me recommandent Coelho ou Marc Lévy... et Kundera ou Claude Simon ! J'avoue lire un peu de tout, avec plus ou moins de plaisir et d'esprit critique.
     Martine ? C'est une institution — au même titre que Tintin, Bécassine ou la Comtesse de Ségur. Bref, on n'y échappe pas, quelle que soit l'opinion ( souvent mauvaise ) qu'on en a. L'aînée de mes petites filles lit Martine, parfois. Et je ne pousse pas les hauts cris. Parce qu'elle lit aussi Jim Bouton ! Moi-même, de 8 à 15 ans, je me suis régulièrement régalé avec Tintin sans être devenu raciste. D'autre part, je plaide coupable : je me suis mis à collectionner stupidement les anciens albums de Martine depuis qu'un ami m'a ouvert les yeux sur les clins d'œil offert par l'illustrateur à un public adulte averti. Martine est donc à la maison, si j'ose dire ... et mes vieux Tintin aussi !
     Certes, cette histoire, comme toutes les « Martine », brille par sa banalité et son aspect convenu : en vacances chez l'oncle Philippe, éleveur de chevaux, Martine apprend à connaître et à monter ces animaux avec la complicité de son grand cousin Gilles. Grâce à la docile jument Pâquerette, Martine devient une fine cavalière et elle gagne le concours hippique de l'Eperon d'or. It's all, folks !
     Mais le plaisir de la lecture est ailleurs. D'abord, dans l'exotisme ( car toutes les petites filles ont bien sûr un oncle qui possède un haras, un cousin Gilles, une jument et elles participent régulièrement à des concours d'équitation ). Mais aussi dans le chien Patafouf et les oiseaux ( qui ici et là livrent leur opinion à voix haute ). Et surtout dans le kitsch et le caractère léché des images qui, dans leur catégorie, sont splendides. A huit ans, en lisant la comtesse de Ségur, je ne m'étonnais pas de voir les enfants vivre dans des châteaux et avoir une bonne !
     Aux amateurs, je recommande quelques grands classiques : Martine petite maman ( au féminisme révolutionnaire ), Martine fait de la bicyclette ( pour les culbutes ) et Martine est malade, où la jeune héroïne, clouée au lit par la fièvre, paraît d'une santé resplendissante !



  Papa Poule , Christian Poslaniec ( Averbode , Tire-Lire )  
     Le père de Damien ( et de Sophie ) a eu l'idée saugrenue d'acheter des œufs fécondés et de les pigmenter. Résultat : la naissance d'un poussin rose, baptisé Rico, qui a aussitôt adopté celui qu'il a pris pour son géniteur. Depuis lors, Rico ne quitte plus les pas du père de Damien : à la maison, à l'usine... Avec le temps et l'exaspération aidant, le père a des envies de meurtre, façon coq au vin — surtout depuis qu'il a attrapé... la coqueluche !
     La solution sera finalement trouvée, cocasse et inattendue !
     Un récit dont l'humour a pour ressort la logique, et qui ravira les plus jeunes comme les plus grands !

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Vous avez dit « Littérature » ?


  La Maison , Franck Girard et Marie-Odile Fordacq ( Tourbillon )  
     Ancien ( jeune PDG ) de Nathan jeunesse passé chez Bayard, Franck Girard est passionné par l'édition. Il a créé il y a quelques années une maison dynamique aux créations originales, Tourbillon.
     Album destiné aux plus de trois ans, La Maison se présente comme une promenade dans toutes les pièces : cuisine, salon, chambre, garage, jardin... Mais voilà : chaque double page propose, outre les illustrations, deux tourniquets magiques dans lesquels apparaissent, en noir et blanc puis soudain en couleurs ( oui, c'est vraiment magique ! ) tous les objets usuels de la pièce en question.
     Le second tourniquet, qui fonctionne sur le même principe, pose des questions et donne les réponses en texte et en images si l'on tourne... même les adultes ne s'en lasseront pas !
     Aux antipodes du conte ou du récit d'aventures, ce livre pratique et ludique est une véritable trouvaille pour faire appréhender le quotidien aux plus jeunes.


  Petits contes rigolos et farfelus , Collectif ( Bayard )  
     Bayard a eu l'excellente idée de faire reparaître sous forme d'un gros album certains récits du mensuel Pomme d'Api. Chaque histoire ( de Jo Hoestlandt, Marie Tenaille, Bertrand Fichou, Claire Ubac, Marie Aubinais, Laurence Gillot, Odile Hermann-Hurlpoil... et d'autres ! ) ne dépasse pas trois pages et est imagée par un illustrateur différent.
     Du conte au récit réaliste en passant par la poésie, il y en a pour tous les goûts et pour tous les âges — mais les plus jeunes seront comblés, y compris celles et ceux qui ne savent pas encore lire et réclament une petite histoire pour s'endormir !



 
  La prochaine fois , Marc Lévy ( Robert Laffont )  
     Expert en peinture mondialement reconnu, Jonathan est depuis longtemps fasciné par l'œuvre d'un peintre russe du XIXe siècle, Vladimir Radskin. Il va bientôt se marier avec une jeune artiste, Anna. Il a aussi un ami très cher : Peter, un prestigieux marchand de tableaux. Or, cinq tableaux de Radskin sortent de l'ombre, ils vont être exposés et vendus à Londres. Jonathan se précipite et fait la connaissance de celle qui a les tableaux en dépôts, une certaine Clara dont il tombe éperdument amoureux...
     Mais Anna veille, ainsi qu'une vieille femme au doigt orné d'un diamant. Et ce qui paraît un imbroglio peu à peu s'éclaire, jusqu'à une conclusion tragique et étonnante qui rassemble toutes les pièces d'un puzzle dont la pièce maîtresse est aussi le dernier tableau du peintre, une « jeune femme à la robe rouge » hélas non signé, et que Jonathan cherche à authentifier.
     C'est sans doute une belle histoire, émouvante, passionnée, et qui s'adresse à un large public. Loin de moi l'idée de faire la fine bouche devant un tel récit, même si son écriture frôle souvent les clichés ! De plus, cette histoire me rappelle l'une des miennes qui ( hélas ! ) ne relève pas du fantastique mais de la SF : Un amour d'éternité.
     Mais il est vrai que les recettes des best seller d'aujourd'hui tournent au procédé : de Da Vinci Code à La prochaine fois, l'art est devenu un alibi propre à bâtir des récits à rebondissements... nourris d'irrationnel ! Du coup, l'histoire d'amour qui structure le récit tend à excuser les invraisemblances. Mais il est vrai que les scènes finales rappellent en vrac Le Lauréat ( The Graduate ), Coup de foudre à Notting Hill et... la série Urgences !
     Cela dit, quand on accepte d'être bon public, l'émotion est au rendez-vous.
     Dans le même ordre d'idée, une question me préoccupe, après les derniers chiffres de vente de Harry Potter. Sincèrement, existe-t-il au monde un seul ouvrage qui mérite d'être, en 24 heures, vendu à neuf millions d'exemplaires ?



  JIM BOUTON et Lucas, le chauffeur de locomotive , Michael Ende ( Bayard Jeunesse )  
     Ce récit est un enchantement, que l'on ait cinq ou cinquante ans !
     Au pays de Lummerland, où ne vivent qu'un roi et trois habitants, le facteur apporte un jour par erreur un paquet qui contient... un bébé noir. Baptisé Jim Bouton, il devient vite l'inséparable ami de Lucas, le chauffeur d'Emma, la locomotive du Lummerland.
     Mais un jour, pour cause de surpopulation ( ! ), Luca et Jim s'exilent. Ils partent sur l'océan avec Emma transformée en navire. Les deux amis débarquent d'abord au pays de Mandala, où ils vivent mille aventures, sont sauvés par un minuscule « enfant d'enfant ». Là, ils apprennent que Li Si, la fille du roi, est maintenue prisonnière au Pays des Dragons...
     Ils partent donc la délivrer. Mais la route est semée d'embûches ! Il leur faut franchir la Muraille, traverser la Forêt aux Mille merveilles, puis la terrible Vallée du crépuscule avant d'affronter les « dragons de race pure ». Heureusement, ils font la connaissance du jeune Népomuk, qui va leur faciliter la tâche ... avant de découvrir le pot aux roses, et une erreur postale qui permettra à Lucas d'épouser la princesse délivrée.
     Jean-Pierre Mourlevat et moi avons plus d'un point commun, notamment celui-ci : nous sommes germanistes ! Aussi, il y a quelques années, Jean-Claude me confia qu'il était en train de traduire et d'adapter une vieille histoire de l'auteur de L'Histoire sans fin : les aventures d'un certain Jim Knopf ! Il était sous le charme et avait hâte que le récit paraisse... ce qui est chose faite ! Et il avait bien raison. Il a tant mis du sien pour traduire, nettoyer et actualiser ce récit qu'il semble français, actuel et inédit ! En fait, c'est là un conte universel... et je ne suis pas le seul à attendre la suite des aventures de Jim Bouton et de Lucas. En effet, certains points obscurs restent à éclaircir, notamment celui-ci : qui est Jim, où sont ses vrais parents, et pourquoi a-t-il été enlevé par des pirates ? Pour le savoir, il faudra attendre un mois ou deux la parution du deuxième tome : Jim Bouton et les terribles Treize !



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