Christian Grenier, auteur jeunesse
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     Ces pages ne seront plus mises à jour ( pour l'instant ...).
Les notes de lecture étant publiées sur le blog chaque semaine, cela devenait difficile de mettre ces pages à jour en parallèle. Donc rendez-vous sur le blog pour les nouvelles "lectures de la semaine" ! CG, le Lundi 18 février 2013
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 Octobre 2005 : Lectures d'été 
     « Je ne peux m’empêcher de penser à une critique qui ne chercherait pas à juger, mais à faire exister une œuvre, un livre, une phrase, une idée... »

  Le Voile Noir , Anny Duperey ( Seuil , Biographie )  
     C'est l'inconvénient des livres illustrés, ou accompagnés de photos. On les achète, on les feuillette et on les met de côté, pensant les avoir déjà un peu lus.
     Cet ouvrage, je l'ai réouvert plus de dix ans après l'avoir acheté. Et je l'ai dévoré.
     Anny Duperey a perdu ses parents à l'âge de huit ans. Ils n'avaient pas trente ans. Cette mort a été causée par une négligence stupide : ils ont tous deux péris asphyxiés dans la salle de bain de leur petit pavillon à cause d'un chauffe-eau défectueux et du manque d'aération. Dans la pièce voisine, Anny était là, dans son lit, avec, tout près, sa petite sœur qui n'avait pas un an. C'est elle, Anny, qui les a découverts, en se réveillant. Ou plutôt après s'être rendormie et après avoir refusé à plusieurs reprises de venir les rejoindre, car ils l'appelaient pour qu'elle les rejoigne et vienne se laver.
     Ainsi, Anny a à la fois échappé à la mort et/ou permis à ses parents de mourir.
     Ce long récit, entièrement autobiographique, ne cesse de revenir à cet événement qui a marqué, bouleversé et ( elle le comprend aujourd'hui ) inconsciemment orienté toute sa vie.
     Or, son père était un excellent photographe. Il avait laissé, dans le tiroir d'une commode, des négatifs qu'elle a fini, avec sa sœur, par se décider à développer. Et c'est stupéfiant de beauté.
     Bouleversée, l'auteur, avec un soin d'entomologiste, se penche — enfin — sur son enfance mais surtout sur sa douleur : douleur mêlée de rancœur pour avoir été si tôt orpheline, à cause d'un oubli ridicule : pourquoi avoir fermé la porte, pourquoi n'avoir pas ouvert la fenêtre, ou insisté auprès du plombier pour qu'il vienne effectuer la réparation ?
     Il y a un travail d'archéologue et d'enquêteur chez Anny Duperey : certaines photos sont examinées à la loupe. Celle du souvenir ( ah, les maillots de bain tricotés, et qui grattent ! ) mais aussi celle d'un médecin légiste : l'auteur scrute avec attention les visages ( ah, les yeux de sa mère, dans lesquels elle se reconnaît soudain ! ), les expressions, les attitudes.
     Ce long monologue prend à la gorge. L'actrice s'y livre avec minutie, sans fard, sans détour — mais sans aucune complaisance. Ce n'est pas à proprement parler une autobiographie mais un retour en arrière, une longue réflexion moins sur l'événement que sur sa famille, son passé, son enfance amputée et tout ce non dit qui l'a étouffée des dizaines d'années durant.
     J'ai passé quelques heures exceptionnelles. C'est un livre rare, sans doute unique en son genre. Et les photos en noir et blanc de Lucien Legras ( son père ) sont celles d'un grand professionnel.



  Leonor Fini , Constantin Jelenski ( Editions Clairefontaine )  
     Pourquoi me suis-je plongé dans ce vieux ( 1970 ? ) et précieux livre d'art ? Sans doute parce que, en rangeant ma bibliothèque, j'ai constaté que je ne l'avais jamais réouvert depuis plus de trente ans.
     L'auteur de cet hommage à cette grande dame de la peinture italienne explique son parcours, ses intentions — et il analyse ses tableaux, gouaches, aquarelles et toiles avec une subtilité dénuée d'académisme.
     Mais le vrai plaisir, ce sont évidemment les reproductions, dignes d'un ouvrage de Skira.
     Léonor Fini, à mes yeux, l'une des rares grandes femmes peintres du XXe siècle, se situe dans la lignée de Gustave Moreau, Ingres, Gustav Klimt — et même, plus près de nous, de mon ami Wojtek Siudmak. Jamais abstraites, rarement hyperréalistes, les œuvres de Léonor Fini, pleines de femmes mystérieuses, d'animaux cachés, de décors qui rappellent le théâtre ( il y a parfois du Picabia, du Magritte et du Delvaux dans le traitement de ses sujets ) invitent sans cesse au rêve — comme le font certains tableaux de Jérôme Bosch. Ce sont des tremplins pour l'imaginaire. Quant à ses aquarelles ou à ses dessins, la rapidité factice de leurs traits évoque Picasso : un maximum d'émotion et de suggestion avec un minimum de moyen...
     On ne parle quasiment plus de Léonor Fini — dommage, pourquoi donc ?



  Monsieur Pourquoi-ci ? Pourquoi-çà ? , Régis Delpeuch ( SEDRAP jeunesse , CD z'histoires )  
     Avec humour et simplicité, l'auteur révèle pourquoi les enfants ont une trompe, pourquoi les vaches ont des cornes et les hérissons des piquants. Bien entendu, les explications sont si farfelues que les plus naïfs des enfants n'y croiront pas. Mais ils développeront leur imaginaire... surtout grâce aux questions finales, laissées sans réponses. Une véritable invitation à la fantaisie, accessible à tous les lecteurs !



  Kim contre l'insaisissable , Jim Paillette ( Albin Michel Jeunesse , BD romans )  
     Ce récit a une quadruple originalité : il s'agit, comme tous les textes de cette collection, d'une histoire racontée à la fois en BD et de façon traditionnelle — qui se souvient des Zippercracks, première tentative de ce genre, à la fin des années 70 ? Ensuite, l'auteur des dessins... est aussi celui du scénario. Enfin, cet homme à tout faire est mon camarade et ami Jim Payet ( dit Paillette ), peintre et illustrateur, à côté duquel je signais au salon du Livre de Narbonne.
     Et pour couronner le tout, j'ajouterai que les dessins, en noir et blancs, sont visiblement réalisés à l'aquarelle, ce qui confère à l'ensemble un caractère à la fois léger, enlevé, et très « polar ». Car c'est bien d'un vrai petit polar, très subtilement ficelé, dont il s'agit : Kim et Willy, les deux jeunes héros, sont embauchés au journal La Dépêche. Objectif : collaborer avec le grand reporter Dick Fast pour capturer « l'insaisissable », qui a la manie de ligoter ses victimes sur un monument de Paris. Astucieux, nos héros finissent par déduire, en même temps que le lecteur, une série de faits troublants : chaque victime est capturée dans un arrondissement de Paris et les première lettres de son prénom ( ah... Jim effectue un clin d'œil à notre camarade Stéphane Daniel ! ) pourraient bien dissimuler un message caché.
     Un récit très enlevé, que les jeunes lecteurs accompagneront en essayant d'être aussi malin que les enquêteurs — et, en fait, une collection ouvertement destinée aux fanas de BD qui ont un peu de mal à entrer dans l'univers romanesque et les livres trop épais.



  Le miroir de l'invisible , Hélène Kérillis ( Magnard , Tipik - Cadet + )  
     Pour ses dix ans, Karine reçoit une lettre bien mystérieuse de son oncle Marco, qui habite en Espagne. En fait, Karine a des doutes sur son origine, sa naissance... ses parents sont-ils ses vrais parents ? Sa sœur aînée Charlotte prétend que non. Comment savoir ?
     L'héroïne finira par connaître la vérité quand Marco l'invitera pour l'été en Espagne, et l'entraînera au Musée du Prado à Madrid pour aller y admirer un tableau... Mais voilà, laissée seule, Karine est littéralement aspirée par le tableau — et elle se retrouve en 1656, parmi les personnages ( vivants ) de l'œuvre d'art ! Comment revenir à la réalité ? Peut-être en posant, justement, et en devenant pour un instant le sosie de Margarita, l'infante d'Espagne à laquelle elle ressemble tellement !
     Ce récit, qui plonge le lecteur dans le fantastique, rappelle par son thème la fameuse première nouvelle de Marguerite Yourcenar : Comment Wang Fo fut sauvé. Mais ici, le principe est inversé... et surtout, il se mêle à l'action une histoire de famille que le monde de l'Art finira par résoudre, puisque Karine retrouvera à la fois la réalité, son identité et son père véritable ! C'est là une histoire à la fois ambitieuse, étrange, et fort bien documentée. Mais l'auteur est une spécialiste de la peinture, comme en témoigne son album Le cheval de la nuit.

Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Le cheval de la nuit | Kotia et le seigneur Jaguar


  Un dragon encombrant , Régis Delpeuch ( SEDRAP )  
     Jéromine l'orpheline se fait un ami de Badaboum, le dragon cracheur de jus d'orange ( ou... de casseroles quand il est en colère ). Ce dernier lui révèle que ses parents ne sont pas morts, mais prisonniers ( avec Madonna et Michael Jackson ! ) des dragons cracheurs de filets, monstres stupides qui capturent tout ce qui passe. Grâce au déguisement de Badaboum, Jéromine retrouve ses parents, même si elle se fait d'abord capturer.
     Dans la seconde partie de cette histoire désopilante, Badaboum se révèle fauteur de catastrophes. En effet, les parents de Jéromine l'ont adopté, mais avoir un dragon à la maison pose de nombreux problèmes : il ne comprend pas toujours ce qu'on lui demande et il a un appétit d'ogre. Par chance, Badaboum ouvre un cirque où il assure des numéros extraordinaires. Et surtout, il capture Balourdo et une centaine d'autres chasseurs avant de se décider à retrouver ses semblables. Ouf !
     Un récit plein de fantaisie et de rebondissements accessible aux tout premiers lecteurs.



  Rififi au collège , Régis Delpeuch ( SEDRAP jeunesse )  
     Jérémy Delordre, à neuf ans, est un surdoué. Voilà pourquoi, chaque matin, il parvient à se faire exclure de la classe pour rejoindre son complice... le Principal, M. Jaime Lerôme ! En effet, le pauvre homme vit reclus dans son bureau encombré où personne ( sauf Jérémy ) n'a encore mis les pieds, et face à son ordinateur qu'il ne sait pas très bien manipuler. Heureusement, Jérémy est un as de l'informatique. Mieux : à la demande du Principal, il met au point un logiciel extraordinaire, l'A.Q.P.T . 1 ( A Quoi Penses-Tu ? ) qui, couplé aux trois caméras dissimulées dans l'établissement, permet d'imprimer les pensées de tous ceux qu'elles filment. Ainsi, en utilisant ce programme quasi magique, Jérémy finit par comprendre que la prof d'allemand, Mlle Berthe Alagrosse, est éperdument amoureuse de Jaime Lerôme.
     Hélas, un jour, la disquette du programme A.Q.P.T disparaît !
     Qui est entré chez le Principal pour la dérober ? Jérémy mène l'enquête. Il dispose d'un sérieux indice : en fait, le coupable n'a pas volé la disquette mais... sans doute les pots de colle dont le bureau du Principal est rempli ( la disquette doit se trouver sous l'un des pots, tout simplement ). Eh oui, dans cet étrange collège, les verbes sont pris au sens propre, et quand un élève est « collé », c'est pour de bon.
     Finalement, Jérémy trouvera le coupable et le couple qui n'ose avouer ses sentiments réciproques finira par se retrouver. Mais une surprise finale attend le héros. Car mettre au point un tel programme excite forcément bien des convoitises.
     Ce petit roman dont l'humour séduira les plus rébarbatifs à la lecture a fait un vrai tabac dans les collèges : 200 000 exemplaires vendus ! Le vrai héros, en fait, c'est le collège lui-même — celui de Jérémy, certes, mais aussi le collège en général, dont l'historique tout à fait sérieux, cette fois-ci, sert de conclusion au récit.



  L'Ortogafeur , Régis Delpeuch ( SEDRAP jeunesse )  
     Savez-vous pourquoi les enfants font des fautes dans leurs dictées ? En bien Léa finit par le comprendre : c'est à cause d'un animal malfaisant : l'ortogafeur, qui ajoute des fautes ou efface les lettres quand les élèves font une dictée ! Voilà pourquoi l'heure d'orthographe, avec Mlle Podvach, est devenue pour toute la classe un supplice.
     Mais Léa déniche, dans le magasin de Mme Esmée, des stylos à l'encre ineffaçable. Une aubaine. Problème : ils coûtent très cher. Aussi, la vieille Mme Esmée accepte d'en céder 25 à Léa à condition que ses camarades, le soir, viennent lui raconter une histoire, car elle n'y voit plus très bien.
     Dès lors, plus aucun élève ne fait de faute — à la stupéfaction et au grand désarroi de Mme Podvach. Car les fautes d'orthographe, c'est un peu son fond de commerce, son gagne-pain.
     Destiné aux plus jeunes, ce récit amusant se lira avec facilité... et il déculpabilisera celles et ceux qui sont fâchés avec l'orthographe.



  Contes du bout du monde , Régis Delpeuch ( SEDRAP jeunesse )  
     Ce petit recueil contient une vingtaine de contes rédigés d'une façon particulièrement simple et efficace. Chaque récit, joliment illustré par un dessinateur différent, ne dépasse jamais quatre ou cinq pages.
     L'objectif d'un tel ouvrage ? Proposer aux lecteurs débutants des contes traditionnels ( d'Afrique, d'Amérique, d'Inde, de Chine, de Norvège ), classiques ( Thésée et le Minotaure ) ou modernes ( Allergiques à la salade ! ). L'un d'eux, Au bout du conte, un clin d'œil au Petit Chaperon Rouge, est même rédigé en vers !



  L'extraordinaire voyage d'Ulysse , Hélène Kérillis ( Hatier , Ratus Poche )  
     Le dilemme est bien connu : faut-il proposer aux enfants les grands classiques de la littérature de façon exhaustive, ou sous forme d'extraits choisis, ou encore au moyen d'une nouvelle version courte modernisée ? Pour L'Odyssée, et si l'on a eu la curiosité de se plonger dans le texte d'Homère, la réponse est évidente : c'est la dernière solution qui s'impose.
     Hélène Kérillis s'est mise au travail et le résultat séduira les lecteurs à partir de dix ans : tandis que Pénélope et Télémaque l'attendent, Ulysse aux mille ruses, après avoir conquis la ville de Troie, s'égare en mer, doit affronter les cyclopes, et parce que ses marins ont ouvert l'outre d'Eole au moment où Ithaque était en vue, il repart, est accueilli par la magicienne Circé qui change ses compagnons en pourceaux. Puis il se risque aux enfers pour écouter les prédictions de Tirésias : eh oui, il lui faudra encore affronter les sirènes... et l'amour de la belle Calypso, avant de regagner sa patrie et retrouver son trône en évinçant ceux qui voulaient sa place — et le cœur de Pénélope.
     Ce récit d'une centaine de pages est à la fois simple, clair, condensé et très efficace.

Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Le cheval de la nuit | Kotia et le seigneur Jaguar


  La classe de 6ème et les extraterrestres , Hélène Kérillis ( Hatier , Ratus Poche )  
     La jeune Crème Baba et sa copine Double Dose participent au concours « La tête dans les étoiles » ; elles doivent pour cela effectuer un travail original sur le thème de l'astronomie. Par chance, Saturnin, l'oncle d'un copain, est astronome, et il travaille au Centre Français des Météorites !
     Le lendemain, la chute providentielle d'une météorite, à cent kilomètres de là, provoque un grand émoi. Mais dans le même temps, une étrange substitution semble avoir eu lieu : la nouvelle prof de maths, la sympathique Mlle Ixe, a été évincée par une étrange double... qui n'a pas les oreilles percées et chausse deux pointures de plus !
     C'est en partant à la recherche de leur nouvelle enseignante kidnappée que Crème Baba et ses amis découvriront la vérité : la météorite était « habitée » par des extraterrestres invisibles et pacifiques, les Noh Ort — ils sont à présent prisonniers car l'objet venu du ciel a été dérobé ( par l'usurpatrice et ses complices ) et relégué dans une cave...
     Que le lecteur se rassure : ce petit récit de SF original et fort bien documenté sur la vie dans l'espace se terminera bien — notamment grâce à une grenouille bien cocasse qui servira d'intermédiaire entre les extraterrestres et les jeunes Terriens !

Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Le cheval de la nuit | Kotia et le seigneur Jaguar


  Mes quatres déesses , Jean Chalon ( La Lauze Editions )  
     Jean Chalon est écrivain ( lire notamment Chère George Sand, chez Flammarion ) et José Corréa est peintre, périgourdin d'adoption, poète à l'occasion et ami depuis que nous sommes arrivés dans la région. Lors d'une soirée qu'il est venu passer chez nous, avec sa femme Dany, il a eu la délicate attention de m'apporter son dernier ouvrage, écrit avec son vieux complice. Jean Chalon nous raconte comment et pourquoi il est tombé amoureux, jeune homme de Lola Flores ( actrice et chanteuse née en 1923 et morte en 1995 ), puis de Colette et, par ricochet, de Natalie Barney ( 1876-1972 ) qu'il a fréquentée, connue, et appréciée. Son amour de George Sand ( et sa tendresse obligatoire pour Flaubert ) s'imposait car la vie, le destin et la forte personnalité de ces quatre femmes se rejoignent. Dans un style simple et direct, sur le ton de la confidence, Jean Chalon s'ouvre à nous avec générosité.
     Et le talent de José Corréa s'accorde particulièrement à cette écriture. Sous son crayon jaillissent, pleines de vie et de caractère, ces « quatre déesses »et toutes celles, et tous ceux qu'elles ont côtoyé : Sido, Willy, Bertrand de Jouvenel, Eva Palmer, Liane de Pougy, Maurice Dudevant, Delacroix, Liszt, Chopin, Musset, Balzac.... Pour l'amateur éclairé, c'est une promenade exceptionnelle, de vraies retrouvailles avec des femmes qu'on croit avoir vraiment connues — et aimées.

     UN MOT SUR JOSE CORREA
     J'ai coutume d'affirmer : il y a deux types de créateurs, ceux qui travaillent beaucoup et les surdoués. J'ajoute parfois : l'espèce la plus rare et la plus dangereuse est celle des génies qui travaillent... A mes yeux, José Corréa en fait partie.
     Au moindre coup de crayon, son talent éclate. L'autre soir, je lui affirmais : « chacune de tes toiles, chacun de tes dessins raconte une histoire ».
     Par surcroît, José est aussi poète.
     Il faut lire son tout récent Elle ( hors commerce ) où ses nus ont la perfection et la grâce des dessins de Picasso : en deux ou trois traits, une courbe, tout est dit et l'émotion jaillit. Dans Le cercle du milieu ( hors commerce ), José est devenu le complice de son fils aîné Pablo pour rendre un double hommage ( écrit et dessiné ) aux gens du voyage.
     Entre chien et jazz ( Editions La Lauze ) se veut une véritable improvisation littéraire, poétique et picturale. Et même quand José illustre un texte aussi historique et documenté que Château de Chabans ( Editions La Lauze ), les pierres, les tours, les bâtiments et les paysages semblent porteurs d'un passé authentique.
     A celles et ceux qui souhaiteraient découvrir son talent, je recommande d'abord son Rimbaud ( La Lauze ), superbe ouvrage dont le texte et les dessins ont été réalisés à l'occasion de son exposition à Charleville-Mézières pour « l'année Rimbaud » ( 2004 ) ; et, bien entendu, Terres de Périgord ( texte de Joan Pau Verdier, Editions Imprimerie Moderne ) où, de Brantôme à Monbazillac, le lecteur immobile parcourt en deux cents pages et autant de dessins, gouaches et aquarelles, les monuments et les paysages des « quatre Périgord » ( vert, blanc, noir et pourpre ).



  Le secret du Lusitania : 7 mai 1915 , Anne-Marie Paris ( Nathan , Les romans de la mémoire )  
     En mai 1915, Joseph Marichal, sa femme ( enceinte ) Jessie, leurs trois enfants et Chloé, leur bonne noire, quittent New York pour rejoindre la France, leur pays natal. Depuis près d'un an, bien qu'il vive aux Etats-Unis dans une réelle aisance, Joseph culpabilise et il souhaite en secret s'engager. Sur le luxueux paquebot dans lequel ils ont des cabines de première classe, Joseph retrouve des amis aussi aisés que lui. Mais son fils aîné, le malicieux et curieux Maurice, découvre que le navire, faute d'avoir fait le plein de passagers, transporte des canons et des munitions, sans doute secrètement livrés à la France par l'Amérique qui ne s'engagera officiellement dans le conflit que deux ans plus tard.
     Averti par son fils, Joseph tremble. Car dès l'embarquement ont circulé des tracts informant que des sous-marins allemands rôdaient près des côtes du Royaume Uni. N'ont-il pas, quelques mois auparavant, déjà coulé des bâtiments civils ?
     La suite, on la devine : les côtes irlandaises à peine en vue, le Lusitania est torpillé par un sous-marin allemand. C'est la panique, identique à celle qui causa le naufrage du Titanic trois années plus tôt. Le naufrage, tragique, causera la mort de 1200 personnes — celui du Titanic avait provoqué 1500 victimes. Mais l'accident qui causa la perte du Titanic dès son premier voyage marqua ( pourquoi ? ) davantage les mémoires que celle du Lusitania, volontairement torpillé.
     Ce récit est écrit avec beaucoup de sobriété, ses décors et son ambiance restituent parfaitement l'époque de l'action et les enjeux du conflit — le tout avec les yeux de ce Joseph Marichal qui est... l'aïeul de l'auteur !
     Sans doute est-ce la raison pour laquelle la fin de cette histoire, à la fois cruelle et tragique ( la famille échappe à la noyade, mais Joseph mourra un an plus tard en combattant dans la Somme ) est particulièrement émouvante.



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