Christian Grenier, auteur jeunesse
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     Ces pages ne seront plus mises à jour ( pour l'instant ...).
Les notes de lecture étant publiées sur le blog chaque semaine, cela devenait difficile de mettre ces pages à jour en parallèle. Donc rendez-vous sur le blog pour les nouvelles "lectures de la semaine" ! CG, le Lundi 18 février 2013
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 Avril 2005 : Les lectures de Mars 
     « Je ne peux m'empêcher de penser à une critique qui ne chercherait pas à juger, mais à faire exister une œuvre, un livre, une phrase, une idée... »
     Michel Foucault


     A la suite d'une fausse manœuvre, j'ai hélas perdu la ( longue ) fiche de lecture concernant deux ouvrages ( de Michael Connely et Philippe Labro ) lus début mars. On n'en trouvera ici qu'un court résumé !


  La Science-Fiction , Stéphane Manfrédo ( Le Cavalier Bleu , Idées reçues )  
     Tout essai sur la SF est bienvenu ! Et celui-ci me semble à la fois salutaire et indispensable. Mon ( jeune ) complice et ami Stéphane Manfrédo, spécialiste des littératures populaires, connaît parfaitement ce genre littéraire qu'il défend avec passion. Comme le suggère le titre de cette collection, il balaie de nombreuses idées reçues : «  la bonne SF est américaine, la SF c'est pour les ados attardés, c'est compliqué, ce n'est pas de la littérature.. »
     J'entends certains lecteurs s'écrier : mais vous-même avez publié des essais sur la SF — le dernier date de quelques mois ! Alors lesquels faut-il lire, les vôtres ou le sien ? La réponse est évidente : les deux ! A la manière des encyclopédies ou des dictionnaires, loin de faire double emploi, ces essais se complètent. Dans le sien, Stéphane aborde des points que je laisse dans l'ombre et quand il s'intéresse aux mêmes thèmes ( l'historique du genre, la différence entre fantastique et SF, etc ) il formule différemment l'argumentation.
     Stéphane a notamment une excellente connaissance des auteurs et des textes de ces dix dernières années. Inconditionnel et fin connaisseur de la fantasy, il explique pourquoi elle a le vent en poupe et il en propose ici une large bibliographie, tant dans le domaine adulte que dans le domaine jeunesse, qu'il défend avec une belle ardeur.
     J'en profite pour glisser ce conseil à celles et ceux qui souhaiteraient me faire assurer une conférence ou une formation sur la SF : adressez-vous donc à Stéphane Manfrédo !



  Le Bus Magique , Joanna Cole ( Bayard Poche )  
     Voilà une série pas comme les autres, destinée aux enfants de CE2 ou de CM1.
     En effet, si les personnages sont récurrents — il s'agit d'une (toute petite ) classe, huit élèves, et de leur maîtresse, Mlle Billentête, le principe semble très nouveau : intégrer au sein d'un véritable récit d'aventures une série d'informations documentaires très précises, sur un thème particulier.
     On sait que ce principe est vieux sinon comme le monde, du moins comme la littérature jeunesse puisque Jules Verne ( et bien d'autres ! ) en avaient fait leurs choux gras. La lecture attentive de Voyage au Centre de la terre ou de Vingt mille lieues sous les mers permet en effet à l'auteur de placer mille informations sur la minéralogie ou la vie sous les mers !
     Ici, l'intention est clairement affichée :

     ATTENTION AUX DINOSAURES
     Est un véritable voyage dans le passé ! Raphaël ayant découvert une dent de dinosaure chez son grand-père, le « bus magique » se retrouve plongé quelques dizaines de millions d'années en arrière, prétexte à explorer l'univers dans lequel vivaient ces animaux géants et fascinants.

     OBJECTIF MARS
     Est le prétexte à explorer tout le système solaire. Parce que Carlos montre à ses camarades son fameux chien-robot, la maîtresse décide de transformer le « bus magique » en astronef. Et après Mars, toute la classe fait la connaissance des planètes de notre système.

     BALEINES DROIT DEVANT
     Grâce au Capitaine Gilles, voici le bus magique transformé en navire !
     Embarqués, Mlle Billentête et ses élèves partent à la conquête de l'océan et de ses habitants grâce à de petits sous-marins. Mais ils devront faire face à mille périls.

     OU SONT PASSES LES OS DES SQUELETTES ?
     Cette fois, c'est à l'occasion de la fête d'Halloween que les élèves vont partir à une véritable « chasses à l'os ». En effet, il manque aux ( macabres ) costumes des enfants un os... lequel ?

     On pourra s'étonner que je fasse si grand cas de ce qui peut sembler une banale série fantastico-pédagique ( ces quatre premiers titres seront vite suivis de beaucoup d'autres ! ). En fait, je serais moins enthousiaste si l'aînée des mes petites-filles, Estelle, n'avait pas littéralement dévoré en deux jours ces quatre volumes, autant passionnée par les récits que par les informations qu'ils véhiculent, informations souvent complétées par un « quizz » très ludique invitant les jeunes lecteurs à tester leurs connaissances.
     Quoi qu'on pense du procédé — un habile détournement du documentaire par la fiction — nul doute qu'il fonctionne parfaitement et que les 8-10 ans seront sans doute passionnés par les pérégrinations de Mlle Billentête et de ses élèves !



  Dans la rue du Bonheur, perdue , Rachel Hausfater ( La Martinière Jeunesse , Confessions )  
     Dans cette collection sont sortis en mars quatre nouveaux volumes — dont le mien, Ce soir-là, Dieu est mort. Bien entendu, j'ai lu aussitôt les trois autres !
     Le récit de Rachel Hausfater se démarque totalement de toutes les Confessions parues jusqu'ici. C'est une véritable poésie en continu que nous offre Rachel, une confession douloureuse, celle d'une enfant devenue jeune fille et qui ne le supporte pas. Elle évoque le corps qui change :
     les filles de ma classe disent que je suis formée
     Mais je suis déformée
     et qui saigne :
     avant j'étais toujours propre,
     même sale j'étais propre
     Cette Confession est un cri, une révolte qui exprime le refus de grandir, le rejet de la famille, la peur et le besoin des autres, la hantise et l'espoir de l'avenir, la prise de conscience de la future adulte :
     Avant j'étais chez moi.
     Maintenant j'habite chez eux
     Cette incantation au ton déclamatoire devrait saisir aux tripes les adolescents et surtout les adolescentes, tant ce qui est formulé fait écho à leurs problèmes.



  Mais qu'est-ce qu'on va bien faire de toi ? , Jean-Paul Noziere ( La Martinière Jeunesse , Confessions )  
     Camille, dit Fanfan, le héros de Tu seras la risée du monde, réapparaît dans cette Confession qui débute par un drame : il a raté le concours d'entrée à l'Ecole Normale ! Il s'en moquerait s'il ne lui fallait pas doubler la Troisième... et affronter à nouveau, dans l'internat, Leroussi dit Fellouze, le pion dont il est depuis des années le souffre-douleur.
     C'est l'occasion pour Jean-Paul de relater par le menu ses années de collège, pendant lesquelles il cache le fait ( au début de sa Sixième ) qu'il fait pipi au lit chaque nuit, avant d'évoquer les mille et un soucis de l'internat : ce qu'il faut cacher au parents, les envies de voir les filles, le désir d'aller au bal et de grandir, les lectures interdites — la série noire ! — l'amitié avec Mielsen, l'étrange fils d'un diplomate suédois peu apprécié de ses camarades...
     Plus grave que sa précédente Confession, c'est là une évocation tour à tour tendre, féroce, réaliste et toujours humoristique d'un adolescent aux prises avec des adultes peu compréhensifs et des copains parfois cruels. Véritable roman d'apprentissage contemporain, ce récit attachant m'a forcément beaucoup touché : je suis de la même génération que Jean-Paul, j'ai été interne ( puis Normalien ) moi aussi ! D'une certaine façon, ce texte est une sorte de Grand Meaulnes contemporain, un récit de souvenirs qui, tout en témoignant d'une époque, me semble, grâce à un ton alerte et très contemporain, propre à toucher tous les adolescents d'aujourd'hui.

Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Tu seras la risée du monde


  Un dernier été , Bernard Friot ( La Martinière Jeunesse , Confessions )  
     Je crois avoir parlé de ce superbe récit il y a quelques mois, quand Bernard me l'a adressé sous forme de manuscrit. Je l'ai relu à sa parution — oui, on a noté qu'il m'arrive de relire des romans, du Grand Meaulnes à Georges Duhamel !
     Non seulement ce texte n'a pas pris une ride mais il me semble avoir gagné en épaisseur, en richesse, en implicite.
     Bernard est un frère d'écriture. Je ne veux pas dire par là que je me reconnais dans son style mais qu'il me touche profondément : à la fois ce qu'il dit et la façon pudique, simple et redoutablement efficace dont il l'exprime. L'émotion sourd à chaque phrase . Chez moi, ce que dit Bernard fait écho, c'est ainsi.
     Ce dernier été est pourtant fait de quelques jours en apparence banals : le narrateur part avec ses parents et sa fratrie rendre visite au grand-père, très malade, et qui doit se faire opérer. La famille est réunie. La mort rôde. Effacé, presque muet, Bernard observe et réfléchit, il ne sait quelle attitude adopter : « on joue une pièce inconnue, un drame, et je n'ai pas appris mon rôle ». Le quotidien, jeux, cuisine, repas, disputes, prières, promenades, débats, se meuble d'attente et d'angoisse. Bernard a autant conscience de son mal être et du temps qui passe que de son incapacité à savoir vieillir, lui qui a trop vite mûri dans un corps trop jeune : « c'est mon enfance tout cela, c'est moi, des moments et des gestes cent fois répétés, ordonnés, et ça va mourir. »
     La force évocatrice de ce texte magnifique me semble capable de toucher à peu près tous les lecteurs, des plus jeunes ( qui, à dix ou douze ans, le liront sans peine ) aux plus âgés : les adultes et les vieillards qu'il pourrait bien bouleverser.

Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Un autre que moi | Dix jour avant sa mort | Pour vivre : Presque poèmes


  Zouck , Pierre Bottero ( Flammarion , Tribal )  
     Zouck, c'est Anouck, 17 ans, passionnée de danse et plutôt bien dans sa peau. D'autant mieux qu'elle est très complice avec Maiwenn, une amie intime qui partage sa passion et ses secrets. Et puis un jour, à la suite d'une conversation surprise entre sa prof de danse et un célèbre chorégraphe, Zouck croit comprendre qu'elle a quelques kilos à perdre. Elle se met en tête d'y parvenir au moyen de petites privations...
     Bientôt, c'est l'escalade : Zouck ne mange plus ou presque, elle a définitivement perdu l'appétit. Ce qui ressemblait au départ à un défi, presque à un jeu devient vite une maladie mortelle qui a pour nom l'anorexie. Son amie Maiwenn ne peut guère l'aider : elle est stupidement tombée amoureuse ( via Internet ! ) d'un homme beaucoup plus âgé qu'elle qui se révélera marié et père de famille, un individu qui la lâchera vite après l'avoir séduite. Maiwenn, elle, est tombée dans une grave dépression. Séparées, en butte à de graves problèmes qu'elles doivent gérer seules, les deux amies qui se croient fâchées ne communiquent plus.
     Pourtant, Zouck verra le bout du tunnel. Mais elle l'a échappé belle — et elle sait que si la maladie est à présent derrière elle, elle n'est pas définitivement guérie.
     Ce récit, qui démarre de façon légère et décontractée, prend vite l'allure d'une descente aux enfers. Il prend d'autant plus aux tripes que la vie de Zouck n'a au départ que de petits accrocs très mineurs : des disputes avec sa sœur cadette, une communication parfois difficile avec des parents très occupés, la perte d'une amie chère avec laquelle on ne se comprend plus... prémisses d'un drame qui va plonger l'héroïne dans un gouffre étrange et sans fond.
     L'auteur d'Ewilan surprend, dans ce récit très fort, à la fois quotidien et réaliste, aux antipodes de la fantasy. Il s'y révèle un conteur hors pair : difficile d'imaginer que Zouck, cette ado qui s'exprime à la première personne, est en réalité un homme de quarante ans ! Pierre Bottero connaît sur le bout des doigts le milieu de la danse, et il prend par la main son lecteur qui est incapable de lâcher le bouquin. Un lecteur qui, à l'issue de ce récit haletant, ne peut retenir des frissons — et une vraie larme, même si tout finit bien !

Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
1 - D’un monde à l'autre | 2 - Les frontières de glace | 3 - L'île du destin | 1 - La forêt des captifs | Les mondes d'Ewilan - 2. L’Œil d'Otolep | Le chant du Troll


  Tour B2 mon amour , Pierre Bottero ( Flammarion , Tribal )  
     Ado de banlieue, Tristan tombe très vite amoureux d'une fille-pas-comme-les-autres, Clélia. Fille d'écrivain, Clélia parle comme une héroïne de roman, se moque du qu'en dira-t-on et confie ses peines de cœur à un grand sycomore, aux branches desquelles elle suspend pensées et poèmes. Malgré les ricanements de son copain Mourad et les provocations de plus méchants ados du quartier, Tristan franchit le pas, il se déclare. Mais à la suite d'une provocation, et pour ne pas perdre la face, il se conduit comme un mufle avec Clélia...
     Comment regagner son cœur ?
     Ce nouveau roman réaliste de Pierre Bottero confirme que l'auteur d'Ewilan sait parfaitement élargir sa palette. Il nous offre ici une sorte de « rédemption par l'amour » sur fond de HLM, un conte sentimental moderne, une sorte de Tristan et Iseut des banlieues. Certains hésiteront à croire aux revirements de certains personnages : l'amour transforme Tristan et la sincérité de sa passion finit par convaincre Mourad. Invraisemblable ? Pas tant que ça, du moins à mes yeux car il y a dans ce récit une ambiance « fille de 3ème B » qui ne peut que me séduire. Les jeunes filles adoreront ce roman et les garçons, en le lisant, feront peut-être semblant de hausser les épaules en regrettant secrètement de ne pas pouvoir rencontrer une Clélia... ou si l'événement survenait, de ne pas avoir le cran du héros pour se dépasser et gagner son cœur.

Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
1 - D’un monde à l'autre | 2 - Les frontières de glace | 3 - L'île du destin | 1 - La forêt des captifs | Les mondes d'Ewilan - 2. L’Œil d'Otolep | Le chant du Troll


  Les égouts de Los Angeles , Michael Connely ( Seuil )  
     Un policier long, complexe et passionnant, un récit qui met en scène le fameux Harry ( Hiéronimus Bosch ) et d'anciens collègues à lui, dans une course-poursuite effrénée sous terre. Un roman qui nous replonge dans l'horreur du Vietnam et de ces souterrains dans lesquels se dissimulaient les Vietkongs. C'est là en fait la clé de tout le récit. Je voulais également lire ce roman pour connaître les circonstances exactes dans lesquelles Harry avait fait la connaissance de sa collègue exclue de la CIA.
     Du grand polar ! Difficile de mieux le résumer puisque je n'ai plus ce livre entre les mains, je l'ai prêté à ma fille !

Vous pouvez aussi lire les notes de lecture sur d'autres livres du même auteur :
Le cadavre dans la Rolls | La Glace noire | A genoux


  Des feux mal éteints , Philippe Labro ( Gallimard , La Blanche )  
     Eh oui, j'ai repris la lecture de ce vieux roman ( 1968 ) acheté et commencé il y a 35 ans... et jamais achevé. Avec son style à la fois libre et décontracté, Labro évoque son séjour en Algérie, ses amitiés, les événements — comme on les appelait alors — qui entraînèrent l'indépendance de ce pays.
     Retours en arrière, souvenirs, nostalgie, amis perdus — assassinés, tués, suicidés — Labro, de façon étonnante, évoque aussi les fameuses « corvées de bois » au cours desquelles les soldats français exécutaient ceux qu'on appelait « les rebelles » et qui, en fait, luttaient pour l'indépendance de leur pays. Il parle aussi de la torture ! Et rétrospectivement, je m'étonne presque qu'un tel ouvrage ait pu paraître : en 1968, on était « sous De Gaulle » et, six ans après l'indépendance de l'Algérie, certains sujets étaient encore tabous !



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