On pourrait croire que je ne lis que des ouvrages jeunesse. A noter que jusqu'ici, la SF est plutôt absente. Elle le reste si j'évoque les deux récents « romans pour adulte » que j'ai lus...

     Ce Prix Nobel de Littérature, l'un de mes auteurs vivants favoris ( ah, Cent ans de solitude ! ), raconte son enfance, son adolescence, sa vie... sa famille, ses amis, ses parents, ses passions — et son obsession très tôt affichée, au grand dam de ses parents, surtout son père : devenir écrivain.

     C'est un récit magnifique, riche, dense, haut en couleurs. Chaque anecdote est en soi un petit morceau d'anthologie. Je n'ai pas achevé la lecture de ces mémoires exceptionnelles, je m'en régale par petits paquets de dix pages, comme je le ferais d'un alcool fort et rare à déguster avec modération et à garder en bouche très longtemps...

     Attention : ce Robin Cook ( il y en a deux ) est l'auteur de littérature populaire, de thrillers médicaux puisque lui-même est un ancien chirurgien. Certains récits de Robin Cook sont pauvres et convenus, je pense notamment à Invasion, qui relate la façon dont des extraterrestres envahissent la Terre, au moyen d'un virus ( hum, on a fait mieux )...

     Ce roman, en revanche, est très réussi. C'est un vrai thriller qui raconte, à la façon d'un John Grisham, comment un chirurgien, à la suite d'un accouchement, est accusé de la mort de sa patiente. Cet accident suspect a été provoqué... par un mystérieux assassin dont ce n'est pas le premier essai.

     Un récit palpitant, raconté à plusieurs voix, bien ficelé, et dont la documentation médicale est à la fois vraisemblable et impressionnante.

     Après une telle lecture, je vous mets au défi d'accepter une anesthésie sous péridurale.

     Dans la collection Confessions aux éditions de La Martinière, j'ai lu deux récits de deux amis et camarades très chers...

     C'est une vraie confession, le journal intime d'un garçon interne qui supporte mal la proximité, la promiscuité de ses camarades. La confession d'un ado qui se sent mal dans sa peau, y compris quand, le week-end, il rentre chez lui. Car sa gêne et son mal-être demeurent.

     C'est là un récit vrai, simple et magnifique, plein de pudeur et de retenue.

     Enfant, à six ans comme à douze hélas, Fanfan a un gros problème : il fait pipi au lit !

     Fils des instituteurs du village, il va pourtant bien lui falloir entrer au lycée. Comme interne. Quel problème !

     Le ton, à l'opposé du récit précédent, est résolument humoristique et le récit... décapant.

     Je mets au défi n'importe quel lecteur de ne pas éclater de rire à plusieurs reprises pendant le temps de cette lecture à la fois drôle, passionnante... et édifiante. A ne pas rater !

     Quand un auteur a un roman qui sort bientôt dans une nouvelle collection... eh bien il a la curiosité de lire les textes qui y figurent déjà !

     Aussi, à l'occasion de la sortie prochaine de mon roman Mercredi Mensonge, chez Bayard, j'ai entrepris de lire la plupart des romans parus dans la collection Millézime...

     Cette histoire, qui se déroule en Amérique du Sud, dans une région désolée et déserte et battue par les vents, raconte comment un truand est arrivé un jour dans une ferme, et a tué — geste pour lui habituel, presque banal — les parents d'un jeune garçon.

     Mais voilà : l'assassin, resté sur place, s'attache peu à peu à l'enfant. Une relation quasi paternelle et ô combien ambiguë s'établit entre l'assassin et l'enfant qui devient un homme.

     Et qui sait si l'enfant ne finit pas, lui aussi, par s'attacher à l'assassin de ses parents ?

     Un roman magnifique. Un récit authentiquement littéraire, qui fait frémir et réfléchir.

     Une superbe parabole sur la rédemption, écrit par une jeune femme au talent très prometteur !

     Un roman à lire absolument !

     Aujourd'hui, quelque part en Europe Centrale... peut-être au Kossovo, qu'importe.

     Un jeune orphelin vit isolé au sein d'une famille où il est mal accepté, presque persécuté. Une obsession : quitter cette ville morte, ne plus voir ce ciel obstinément jaune. Heureusement, la fille cadette de la famille, une enfant presque muette, se fait vite une complice. Et grâce à un tank inquiétant, que l'enfant a chaque jour sous les yeux, le miracle attendu finira par se produire.

     Un très beau texte, à plusieurs niveaux de lecture. Une histoire à la fois simple et touchante, pleine de retenue et grosse de nombreuses questions sur l'identité, l'attente, la guerre, l'injustice, l'isolement...

     Fin des années cinquante. Jacques est lycéen, préoccupé par la guerre d'Algérie pour laquelle il devra bientôt partir, et soucieux d'attirer l'attention d'une jeune fille qu'il aime, ou qu'il croit aimer.

     C'est là un récit ( sans doute ? ) autobiographique plein de réminiscences, d'introspection, de finesse et de nostalgie. La peinture réaliste d'une époque qui fut presque la mienne, voilà pourquoi ce récit m'a touché. La fin, étonnante, inattendue, mais logique m'a... laissé sur ma faim !

     Etonnant récit américain que celui de l'histoire d'un adolescent déjà père de famille, et élève d'un lycée réservé aux très jeunes parents-qui-poursuivent-leurs-études.

     Plus qu'un roman, c'est là un témoignage, presque un documentaire. Les relations entre le bébé et son jeune père parviennent à émouvoir le lecteur, ainsi que les questions du héros concernant son avenir : faut-il garder cet enfant ou le confier à ce qui correspond chez nous à la DDAS, et le faire adopter pour qu'il ait une vie plus épanouie ?

     Quand le héros retrouve une amie d'enfance, elle aussi avec un bébé à charge, on croit la réponse assurée. La fin, là encore, surprend.

     Autant je suis enthousiaste vis à vis des Larmes..., autant je suis réservé avec ce roman traduit de l'Anglais. C'est le jour et la nuit — et l'on s'interroge sur la présence ici, dans Millézime, d'un roman qui aurait mieux sa place en Coeur Grenadine...

     Gilly est amoureuse. Et sa vie est gâchée par sa poitrine plate et quelques obsessions : comment attirer les regards du garçon sur lequel elle a flashé ? Le rendre jaloux ? Faut-il danser avec lui ? L'embrasser ? Mettre la langue ou pas ? J'en passe et des meilleures...

     Bref, on a ici un texte titeufien, écrit avec un style très branché, hypermégacool, sans doute destiné à des filles.

     Pour ma part, je suis plutôt consterné. Peut-être parce que je suis incapable d'écrire dans ce style étonnant et que les chiffres de vente de cet ouvrage sont cinq à dix fois supérieurs, semble-t-il, à ceux du roman précédent.

     Que ce ne soit pas l'inverse est bien dommage !