Avril 1944... Dans ce Paris toujours occupé par les Allemands, le jeune Clément fait la connaissance d'une mystérieuse et séduisante jeune fille : Liberté ! Au fil de leurs rencontres, elle se livre peu à peu à lui : Liberté est juive, résistante et... communiste. Seule, dépossédée de l'appartement de ses parents déportés, où vivent désormais des collaborateurs — leurs anciens voisins ! — elle aimerait récupérer ce qui se trouve dans le coffre de ce logis à présent inaccessible : des bijoux, certes, mais aussi un tableau de Picasso ! Pour cela — mais aussi parce que, dans le réseau où elle œuvre en secret, on prépare la Libération de Paris — il lui faut absolument une arme...

     Cette arme, Clément va tenter de se la procurer... pour l'amour de Liberté !

     Ce bref résumé révèle bien mal les richesses de ce roman magnifiquement écrit et documenté.

     L'écriture ?

     A l'image de l'auteur exigeant qu'est Lorris Murail, elle est à la fois sobre, littéraire et d'une efficacité redoutable : l'action avance de façon continue, haletante, ne laissant jamais en repos. Une série de surprises attend le lecteur, aussi bien dans la modeste pension de famille où vit Clément que dans les pérégrinations du héros dans ce Paris occupé. De la collaboration passive à la résistance brusquement affichée... la frontière est vite franchie entre avril et août 1944 ! Et la pension de famille où vit Clément est un passionnant petit théâtre où cohabitent des locataires aux personnalités attachantes, diverses... et ambiguës !

     Le coup de théâtre final, sans doute prévisible, m'a autant surpris que le jeune et trop crédule Clément — mais je suis, il faut croire, un lecteur à la fois naïf et passionné !

     La documentation ?

     Intégrée au récit, elle n'est visible qu'aux yeux d'un lecteur averti — et j'en fais partie puisque je suis l'auteur d'une histoire dont la toile de fond est identique : août 44 Paris sur scène. Hélas, dans mon petit roman paru chez Nathan, la place m'a manqué. Ici, dans ce gros ouvrage dense, trépidant et exigeant ( mais aussi plein d'humour ), le lecteur a accès à mille et un détails du quotidien de cette époque troublée.

     Si ce roman se révèlera une véritable mine pour un prof d'histoire ( ah, le portrait du sergent Dukson, ce Gabonais resté dans l'Histoire ), il ravira tous les collégiens, ceux qui aiment les récits d'action, l'aventure, l'Histoire tout court et même... les histoires d'amour !