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Destination 3001

ANTHOLOGIE

Textes réunis par Jacques CHAMBON & Robert SILVERBERG



FLAMMARION (Paris, France), coll. Imagine n° (17)
Dépôt légal : octobre 2000
Première édition
Anthologie, 456 pages, catégorie / prix : 149 FF
ISBN : 2-080-67939-2
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture
     L'an 2000 a longtemps été l'horizon du futur pour la science-fiction. Mais aujourd'hui ? Il fait partie des vieilles lunes. Anticipé, exploré, fantasmé tous azimuts, il était déjà vieux avant l'avénement du vrai. Comment pourrait-il faire encore rêver, même si l'on a envie de saluer le symbole qu'il représente ? En route donc pour des horizons plus lointains, pour des terres neuves, pour l'entrée dans le quatrième millénaire. Ou plus exactement en 3001, en hommage à Stanley Kubrick (1928-1999), qui situait en 2001 l'aube de nouveaux grands changements pour l'humanité en entraînant celle-ci dans une « odyssée », c'est à dire un retour aux sources, « de l'espace » (de l'espèce ?).
     Comment sera notre monde dans mille ans ? Comment fêtera-t-on l'entrée dans les années 3000 ? Quelles étranges mutations technologiques, sociologiques, biologiques, psychologiques connaîtront nos lointains descendants ? Aurons-nous essaimé dans les étoiles ? Enfin rencontré des extraterrestres ? L'homme se sera-t-il délivré de ses vieux démons ? Existera-t-il encore, et si oui, sous quelle forme et dans quel environnement ?
     Vingt auteurs de science-fiction parmi les plus en vue dans leur pays respectifs (Allemagne, Angleterre, Etats-Unis, France, Italie) relèvent ici le défi lancé à leur imagination, réalisant du même coup une grande première : une anthologie originale internationale.

     Robert Silverberg, grande figure de la science-fiction américaine, a composé, parallèlement à une oeuvre impressionnante sur le double plan de la quantité et de la qualité, nombre d'anthologies qui ont largement contribué à la vie du genre — les deux dernières en date, Légendes et Horizons lointains (J'ai lu), réunissent les plus grands noms de la fantasy et de la SF.
     Jacques Chambon, animateur de la présente collection, est lui-même auteur d'une quinzaine d'anthologies.
     Il se sont associés pour prendre congé de l'an 2000 de façon rigoureusement inédite.
Sommaire
Afficher les différentes éditions des textes
1 - Jacques CHAMBON & Robert SILVERBERG, Introduction, pages 9 à 13, introduction
2 - Joe HALDEMAN, Quatre courts romans (Four Shorts Novels), pages 15 à 23, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI
3 - Valerio EVANGELISTI, Paradi (Paradice), pages 25 à 52, nouvelle, trad. Jacques BARBÉRI
4 - Nancy KRESS, Notre mère qui dansez (My Mother, Dancing, 2000), pages 53 à 67, nouvelle, trad. Nathalie SERVAL
5 - Serge LEHMAN, Le Temps des Olympiens, pages 69 à 95, nouvelle
6 - Andreas ESCHBACH, Le Semeur de cauchemars (Der Alptraummann), pages 97 à 115, nouvelle, trad. Claire DUVAL
7 - Robert SILVERBERG, Millenium express (The Millennium Express, 2000), pages 117 à 137, nouvelle, trad. Hélène COLLON
8 - AYERDHAL, Notre terre, pages 139 à 156, nouvelle
9 - Karen HABER, L'Épineux problème de la tête à grand-mère (The Unfortunate Problem of Grandmother's Head , 2015), pages 157 à 173, nouvelle, trad. Hélène COLLON
10 - Orson Scott CARD, Angles (Angles, 2002), pages 175 à 200, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI
11 - Christopher PRIEST, Retour au foyer (The Discharge, 2002), pages 201 à 243, nouvelle, trad. Maryvonne SSOSSÉ
12 - Franco RICCIARDIELLO, L'Hiver de Turing (L'inverno di Turing), pages 245 à 262, nouvelle, trad. Jacques BARBÉRI
13 - Joël HOUSSIN, Jolie petite fille, pages 263 à 274, nouvelle
14 - Paul J. McAULEY, Van Gogh à la fin du monde (Searching for Van Gogh at the End of the World), pages 275 à 287, nouvelle, trad. Pierre-Paul DURASTANTI
15 - Jean-Claude DUNYACH, Les Nuits inutiles, pages 289 à 300, nouvelle
16 - Roland C. WAGNER, Marche et crève, pages 301 à 320, nouvelle
17 - Gregory BENFORD, Onde de choc (The Hydrogen Wall, 2003), pages 321 à 344, nouvelle, trad. Hélène COLLON
18 - Sylvie DENIS, La Balade du singe seul, pages 345 à 374, nouvelle
19 - Norman SPINRAD, Entités (Entities), pages 375 à 394, nouvelle, trad. Nathalie SERVAL
20 - Philippe CURVAL, On est bien seul dans l'univers, pages 395 à 411, nouvelle
21 - Dan SIMMONS, " Le 9 av " (The Ninth of Av, 2002), pages 412 à 438, nouvelle, trad. Jean-Daniel BRÈQUE
22 - ANONYME, Dictionnaire des auteurs, pages 439 à 450, dictionnaire d'auteurs
Critiques
     Des lendemains qui déchantent.

     Que sera devenue l'humanité dans un millénaire ? 3001 est un clin d'œil à Arthur C. Clarke, le romancier, et à Stanley Kubrick metteur en scène de L'Odyssée de l'espace, images vieilles de trente ans qui situaient en l'an 2001 des changements technologiques, biologiques et mentaux qui ne se sont pas produits : la vie de l'imaginaire est ainsi faite de ces rêves, et on ne demande pas à un auteur de se montrer aussi bon prévisionniste qu'un économiste ou un géopolitique. Il en sera de même pour ces textes. D'autant plus que se projeter dans un monde aussi lointain est proprement inconcevable et l'exercice périlleux. On ne s'étonnera pas de trouver dans ces travaux surtout les inquiétudes d'auteurs actuels.
     Vingt nouvelles de SF d'auteurs consacrés — nés en majorité dans les années cinquante et soixante et la plupart consacrés — , qui ont proposé des textes inédits. Sept Français (Ayerdhal, Philip Curval, Sylvie Denis, Jean-Claude Dunyach, Joël Houssin, Serge Lehman et Roland Wagner). Huit Américains (Gregory Benford, Orson Scott Card, Karen Haber — l'épouse de Silverberg — , Joe Haldeman, Nancy Kress, Robert Silverberg, Dan Simmons et Norman Spinrad). Un Allemand (Andreas Eschbach), deux Anglais (Paul J. McAuley et Christopher Priest) et deux Italiens (Valerio Evangelisti et Franco Ricciardiello). Essentiellement du beau monde, et du travail de qualité, impossible à analyser dans le détail.
     Dans cette année-prétexte 3001, c'est l'homme de notre temps que retrouvera le lecteur au-delà des apparences différentes carrossées avec soin. Si beaucoup de choses ont changé, dans la reproduction des êtres, les déplacements dans l'espace et le temps, les moyens de communication et les gouvernements, il existe une constante : les hommes, ou leurs substituts, sont restés les mêmes, mal partagés entre altruisme et égoïsme, mais bien plus redoutables dans leurs activités que de notre temps. L'altruisme tient d'ailleurs une place bien moindre que l'égoïsme et l'agressivité, dans le mépris de l'autre, la recherche et l'octroi de la souffrance. Le dépaysement se fait surtout par l'usage d'un vocabulaire nouveau, de néologismes utilisés dans le cadre habituel des machines qui pensent, des réparations biologiques, de la mortalité variable, des différentes races qui se supplantent, des machines quasi humaines, des hommes modifiés, avec des vies surtout artificielles et truquées.
     Dépaysement garanti, mais peu d'humour et d'espoir dans cette anthologie désabusée, qui est un témoignage de la mort des espérances des hommes de l'an 2001, et le triomphe des contre-utopies. Il y a de quoi frémir quand on se projette dans cet avenir qui nous est presque toujours proposé sombre, inquiétant et redoutable. La dystopie fonctionne à plein régime. Lecteurs, soyez soucieux : l'avenir ne s'annonce pas rose. Demain ne sera pas glorieux et les surlendemains n'auront guère de printemps qui chantent.


Roland ERNOULD
Première parution : 1/2/2001 dans Phenix 56
Mise en ligne le : 5/4/2004


     Le premier intérêt de cette anthologie, fruit d'une conversation entre Silverberg et Chambon, est d'être international, réunissant des auteurs phares de cinq pays autour d'un thème commun, le passage au quatrième millénaire.
     Car l'an 2000 si souvent rêvé est à présent arrivé. Il ne reste donc aux auteurs de science-fiction qu'à rêver de 3001, exercice bien plus périlleux car cet horizon est nettement plus éloigné dans le temps. C'est ainsi que sept Français (Ayerdhal, Curval, Denis, Dunyach, Houssin, Lehman, Wagner) cohabitent avec neuf Anglo-saxons (Benford, Card, Haber, Haldeman, Kress, McAuley, Priest, Silverberg, Simmons et Spinrad), deux Italiens (Evangelisti et Ricciardiello) et un Allemand (Eschbach).
     On remarquera la cohérence et la bonne tenue de cette anthologie, où les européens ne déméritent pas par rapport à leurs confrères anglo-saxons, ni les nouveaux venus par rapport à leurs estimables aînés (l'exemple le plus frappant étant l'extraordinaire nouvelle de Ricciardiello, encore peu connu en France).
     À priori, tous les thèmes sont abordés à travers ces vingt récits, de l'exploration spatiale à la conquête d'univers parallèles, de la quête de l'immortalité aux mirages du progrès technique, des catastrophes qui guettent l'autodestructrice espèce humaine au problème des trop nombreux chefs-d'œuvre de l'art...
     Des axes se dessinent cependant : la recherche d'une autre forme de vie (au besoin sa création) continue de hanter l'homme désireux de communiquer avec une intelligence qui lui serait étrangère ; l'Autre ne cesse d'intriguer, avec attirance et répulsion mêlées, qu'il soit extraterrestre, numérique, biologique ou encore le fruit d'une évolution. En effet, l'humanité, en mille ans, a grandement divergé, parfois en plusieurs rameaux, au point que sa forme ancienne lui est étrangère ou devient source de curiosité. Les questions de communication et d'identité restent donc au centre des débats. Celles concernant la survie sont également lancinantes, qu'il s'agisse de préserver l'habitat naturel ou d'allonger la durée de vie (avancées médicales, cryogénie, hibernation, numérisation), parfois jusqu'à l'immortalité. On trouve peu de conquêtes de nouveaux espaces dans cette anthologie, à peine une colonisation d'univers parallèles. Certes, l'homme met le pied sur d'autres planètes ou règne déjà sur un empire interstellaire, mais les récits qui en font mention ne traitent, une fois de plus, que de questions d'identité.
     En ce sens, l'anthologie est d'une remarquable homogénéité : ce n'est pas l'univers ni le monde en 3001 qu'elle cherche à connaître mais l'homme qu'elle interroge. Le prochain millénaire sera-t-il métaphysique ?

Claude ECKEN (lui écrire)
Première parution : 1/12/2000 dans Galaxies 19
Mise en ligne le : 1/3/2002


     Une nouvelle an­thologie. Une de plus, serait tenté de dire l'amateur blasé, échaudé par l'acquisition de deux ou trois bouses authen­tiques piochées aléatoirement au sein d'une déferlante de nouveau­tés. Eh oui, les lois de l'édition sont ainsi faites qu'à une période de famine nouvellistique succède une période de surabon­dance, elle-même annonciatrice d'une future et inévitable rechute, etc.
     Tout de même, ce projet-ci sort franche­ment de l'ordinaire. Oh, pas par son thème : l'an 3000... Oui, certes, mais après tout, ça ou la pêche au mérou, qu'importé la thé­matique pourvu qu'on ait l'ivresse. Là où Destination 3001 innove, c'est par son sommaire : proposer 20 textes inédits d'au­teurs français et étrangers — ces derniers se répartissant en quatre groupes : un Allemand, deux Italiens, deux Anglais et huit Américains. Editorialement, l'événe­ment est à marquer d'une pierre blanche. Reste à considérer la qualité littéraire de l'œuvre.
     Au bout du compte, ce que l'on retient d'une anthologie, ce sont ses chefs-d'œu­vre et ses navets. Or, de texte nul, je n'en ai guère trouvé qu'un, celui de Valério Evangelisti. Encore ce commentaire se révèle-t-il hautement subjectif, plusieurs personnes au goût sûr m'ayant chanté avec ferveur les louanges de cette nouvelle. Il semblerait hélas que j'aie beaucoup de mal à considérer autrement qu'avec une ironie moqueuse les futurs que met en scène Evangelisti, alors même que ses reconstitu­tions historiques, quelque liberté qu'elles s'autorisent, me fascinent. Reste que la des­cription apocalyptique de ce monde deve­nu un asile d'aliénés à ciel ouvert me rap­pelle les pires nanars du cinéma bis italien.
     Hormis ce cas particulier, on sera bien en peine de trouver un texte indigne de figurer au sommaire de cette anthologie. Demeu­rent les chefs-d'œuvre, ou disons les textes hors du commun. Et là, hélas, je n'en vois guère. Du bon, oui, du très bon, occasion­nellement aussi, mais finalement rien d'ex­ceptionnel. En bas de l'échelle, on trouvera Le Semeur de cauchemars d'Andréas Eschbach, trop peu original pour être réus­si, L'Epineux problème de la tête à grand-mère de Karen Haber, amusant mais souf­frant d'une chute idiote, Notre Terre d'Ayerdhal, habile démonstration de savoir-faire sans véritable enjeu, ou Angles d'Orson Scott Card, le type même de texte aussi agréable à lire que rapide à oublier. Deux ou trois crans au-dessus, on verra quelques maîtres ès-nouvelle, Jean-Claude Dunyach, Sylvie Denis ou Robert Silver­berg, nous offrir des récits d'une qualité évidente, mais que l'on hésitera à classer parmi les réussites majeures de leurs auteurs. Du bon Dunyach ou du bon Denis vaut certes mieux qu'à peu près tout le reste, mais à force d'excellence on finit par devenir difficile.
     L'excellence, tout de même, trois ou quatre nouvelles s'en approchent. Le Temps des Olympiens, de Serge Lehman, constitue l'une des meilleures réussites de sa « défense et illustration de la science-fic­tion, genre populaire et ambitieux » : le sense of wonder est présent, la réflexion aussi. Gregory Benford, capable du meil­leur comme du plus chiant, nous gratifie d'une excellente et captivante Onde de choc, hard-science sans excès et fort bien menée. Dans un registre proche de la nou­velle de Robert Silverberg, Philippe Curval offre avec On est bien seul dans l'univers un texte certes moins brillant mais égale­ment moins frivole. Quant à Dan Simmons, son Le 9 av rate de peu l'excellence, trop abscons pour être pleinement réussi.
     Les autres textes figurant au sommaire ne déméritent pas non plus et renforcent la qualité globale de l'œuvre. Reste que, au final, on reste quelque peu sur sa faim. Certes, Destination 3001 constitue l'une des meilleures anthologies actuellement sur le marché — nettement en-deçà d'Escales 2001, tout de même — , de quoi occu­per agréablement deux ou trois longues soirées. N'empêche, si l'on peut parler d'événement éditorial, on se montrera plus réticent à parler d'événement littéraire.

Philippe BOULIER
Première parution : 1/12/2000 dans Bifrost 21
Mise en ligne le : 6/9/2003


     Robert Silverberg et Jacques Chambon se sont associés pour composer cette anthologie dont la première originalité est d'être internationale et de rassembler des textes inédits d'auteurs américains, anglais, français, italiens et allemands. Une heureuse initiative qui semble unique à ce jour et qui propose un sommaire alléchant où l'on retrouve la fine fleur de la SF mondiale.
     L'an 2000 a longtemps été synonyme de futur, mais le temps a fini par rattraper et dépasser cette année symbolique. Aussi, pour marquer cette date et le renouveau de la science-fiction, c'est à une lointaine projection vers le prochain millénaire que nous convient les vingt textes de Destination 3001.

     Le résultat est à l'image des auteurs au sommaire  : talentueux et très varié. Le point commun à tous ces textes s'il faut à tout prix en trouver un, c'est qu'ils sont presque tous placés sous le signe de l'étrangeté. Dans la plupart, on est transporté ailleurs dès les premières lignes, dans un univers dont on va découvrir les règles petit à petit. On pénètre dans des esprits « autres  »  : c'est le cas par exemple dans le magnifique texte d'Ayerdhal qui décrit selon des points de vue alternés la rencontre entre une expédition scientifique explorant un nouveau monde et la créature marine qui y vit. Dans un registre différent, les textes de Philippe Curval et Gregory Benford abordent eux aussi le thème de la vie extraterrestre.
     Mais, s'il est un thème dominant dans cette anthologie, c'est celui des réalités virtuelles. La vie est désormais sauvegardée sur support numérique, au point que l'esprit oublie parfois ce que c'est que d'avoir un corps (Norman Spinrad). Une conscience virtuelle incapable de mourir peut préférer s'incarner dans un corps de chair et de sang (Jean-Claude Dunyach). La mort n'existe pas dans le cyberespace, mais les sauvegardes qui permettent l'immortalité n'en tronquent pas moins une partie des souvenirs (Ricciardiello). On se perd dans les arcanes des univers virtuels qui sont parfois bien plus attrayants que le monde réel (Andreas Eschbach).
     Le pessimisme est également de rigueur dans une majorité des textes  : l'an 3000 est décadent, l'histoire a conduit l'humanité dans une impasse ou dans de bien étranges directions (en témoignent les textes de Valerio Evangelisti, Robert Silverberg, Joël Houssin, Sylvie Denis, Dan Simmons). Seul le texte de Karen Haber, où les membres d'une famille supportent à tour de rôle la tête cybernétique contenant la personnalité d'une aïeule acariâtre est plutôt amusant, ainsi que celui de Paul J. McAuley qui met en scène de bien maladroits voyageurs temporels.
     Le reste réserve encore pas mal de bonnes surprises  : on y retrouve Orson Scott Card avec l'exploration originale d'univers parallèles, Joe Haldeman qui ouvre l'anthologie avec un texte très court mais très réussi, Christopher Priest qui nous fait vivre l'errance d'un déserteur avec un texte qui se rapproche de la littérature générale, Nancy Kress avec un récit poignant où des êtres qui vénèrent leurs créateurs humains comme des dieux sont abandonnés par eux, Serge Lehman avec un space opera assez classique, et enfin Roland C. Wagner avec l'un des clous de l'anthologie  : Marche ou crève, où une gigantesque panne des ordinateurs biologiques devenus indispensables à la vie quotidienne force un vieillard à retarder son rendez-vous avec la mort.

     Ce tour d'horizon rapide ne rend toutefois pas justice à la richesse et à la diversité des textes. Cette anthologie représente un fort beau panel des thèmes de la science-fiction actuelle et chacun y trouvera selon ses préférences de quoi se rassasier. Et si l'on ne doit retenir qu'un seul texte, la perle indispensable à toute bonne anthologie, ce sera Paradi de Valerio Evangelisti, qui se déroule sur une Terre entièrement peuplée de fous. Une vision du futur saisissante et particulièrement marquante, qui justifie à elle seule l'existence de cette anthologie.

Frédéric BEURG (lui écrire)
Première parution : 10/11/2000 nooSFere

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition J'AI LU, Science-Fiction (2001 - 2007) (2003)

     C'est un grand plaisir de voir la réédition en poche de cette anthologie, un véritable festin littéraire. Rappelons brièvement les bases du départ de ce projet : dans leur grande sagesse et afin de fêter comme il se doit le passage au troisième millénaire, maître Robert Silverberg et feu (hélas) maître Jacques Chambon décidèrent vers le début 1999 de réunir des textes inédits commandés auprès de quelques-unes des meilleures plumes en matière de SF, originaires des deux bords de l'Atlantique. Et, afin de donner libre cours à l'imagination de tous ces grands auteurs, la seule consigne donnée par les deux anthologistes était de situer les nouvelles à écrire aux alentours de l'an 3001. Mille ans comme terrain de jeux...

     Et de cette manière, la chose s'est faite, du moins en langue française. Car il faut peut-être souligner encore que cette anthologie constitue l'un des très rares exemples d'entreprise authentiquement internationale. E suffit de parcourir les noms des écrivains participant pour faire le constat : huit Américains (Joe Haldeman, Nancy Kress, Robert Silverberg, Karen Haber, Orson Scott Card, Gregory Benford, Norman Spinrad et Dan Simmons), sept Français (Serge Lehman, Ayerdahl, Joël Houssin, Jean-Claude Dunyach, Roland C.Wagner, Sylvie Denis et Philippe Curval), deux Britanniques (Christopher Priest et Paul J. McAuley), deux Italiens (Valerio Evangelisti et Franco Ricciardiello) et un Allemand (Andréas Eschbach). Joli exploit, en effet... Le seul ratage par rapport au projet initial est que la version en langue anglaise qui devait être publiée au même moment par une maison d'édition américaine soit tombée à l'eau, semblerait-il, à cause de problèmes financiers caractéristiques de ce bas monde. C'est évidemment très dommage, car cela représentait une occasion en or pour certains des auteurs, originaires des pays de la « Vieille Europe », de se faire connaître (enfin !) auprès du public anglophone. Et symptomatique aussi des quelques dysfonctionnements de la mondialisation en cours en ce qui concerne la culture, y compris la culture SF. Mais bon... tant pis pour ce public : they don't know what they're missing !

     Donc, régalez-vous, chers lecteurs francophones, vous qui êtes les seuls invités à ce banquet splendide, composé de nouvelles A.O.C. françaises ou admirablement traduites pour vous. Malgré la diversité des langues d'origine et des styles littéraires, vous allez sans doute être étonnés par les résonances thématiques qui existent entre différents récits, comme une espèce de sonde collective de la condition humaine (et très souvent post-humaine...) à travers les mille ans à venir. Selon l'angle de vision des auteurs, ils perçoivent des cauchemars ou des utopies, mais tous paraissent convaincus qu'on entre dans une époque de changements radicaux, qui transformera à tout jamais les paramètres physiques et mentaux de l'humanité. Cela dit, ils semblent croire fermement aussi que notre descendance partagera avec nous au moins quelques constantes de la nature : la peur, la solitude et la paranoïa, sans doute, mais aussi l'amour, le désir et la curiosité.

Tom CLEGG (lui écrire)
Première parution : 1/9/2003
dans Galaxies 30
Mise en ligne le : 27/11/2008

Prix obtenus par des textes au sommaire
Retour au foyer : Grand Prix de l'Imaginaire nouvelle étrangère, 2002

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