Dans les sept romans qui composent La Saga des Hommes Dieux, Philip José Farmer raconte le périple de deux hommes, Wolff et Kickaha le Rusé, entraînés dans des aventures à travers des mondes contenus dans des univers clos et quasiment hermétiques à leurs voisins (seules les « portes », passages transdimensionnels, permettent de passer d'un univers à l'autre), mondes qui sont le fruit de l'imagination et de la science des Thoans ou Seigneurs. Cette race, d'apparence humaine et âgée de quelques centaines de milliers d'années, a vu ses représentants jouer le rôle de dieux, puis devenir des êtres incroyablement vaniteux, arrogants et d'une froide cruauté, qui n'en conservent pas moins, en raison de leur formidable avance technologique, un statut quasi divin. L'immortalité ne leur a pas apporté la sagesse.

     Ce premier des deux volumes que comptera cette édition de La Saga des Hommes Dieux, est composé des quatre premiers romans de la série : Le Faiseur d'univers, Les Portes de la création, Cosmos privé et Les Murs de la terre.

     Né en 1918 dans l'Indiana, Philip José Farmer est l'un des derniers grands écrivains américains de l'âge d'or de la science-fiction.

     Les omnibus, forts volumes regroupant plusieurs romans d'un même auteur ou cycle, sont devenus monnaie courante dans l'édition française (on pensera à la collection Bouquins de Laffont, et à l'éditeur Omnibus), mais le phénomène s'est amplifié dans le domaine de l'imaginaire ces dernières années. Rien de plus normal, la science-fiction, la fantasy et le fantastique — à un degré moindre — fonctionnant beaucoup sur le principe de séries. La plupart des éditeurs s'y sont ainsi mis : Denoël avec Lunes d'Encre, le Bélial', Laffont avec la Bibliothèque Ailleurs & Demain, jusqu'à J'ai Lu, qui a récemment republié les cycles de Tschaï ou d'Alastor sous la forme de gros livres. C'est au tour de La Découverte, éditeur qui nous proposa il y a une vingtaine d'années la première édition française de Neuromancien, de s'y mettre.

     La collection Pulp Fictions est donc née, dirigée par Jean-Claude Zylberstein, qui propose pour son démarrage les enquêtes du juge Ti, de Robert Van Gulik, et la saga des hommes dieux, de Farmer. Sont ici repris les quatre premiers romans, soit Le faiseur d'univers, Les portes de la création, Cosmos privé et Les murs de la Terre, précédés d'une courte préface de Jacques Goimard. Que dire de cette réédition, sinon qu'elle est bienvenue ? La saga est un cycle très apprécié en science-fiction, original et rythmé, et qui était quasiment introuvable en totalité dans l'édition Pocket. On n'oublie pas de sitôt les personnages de Robert Wolff et Kickaha, et leur apprentissage de la vie, dans ces univers clos, reliés par les seules « portes », créés par un Dieu disparu depuis longtemps. Et l'auteur de nous entretenir tout à la fois d'immortalité — qui n'est nécessairement synonyme de sagesse — , de pouvoir et d'identité.

     On se régalera donc de relire ces quatre romans, en attendant le deuxième recueil, qui comprendra Le monde Lavalite, Plus fort que le feu et l'étrange La rage d'Orc le Rouge — dans notre monde, la psychanalyse d'un enfant à l'aide de la saga de Farmer.