LES MOUTONS ÉLECTRIQUES
(Lyon, France), coll. Fiction (revue) n° 5 Dépôt légal : février 2007, Achevé d'imprimer : février 2007 Première édition Revue, 372 pages, catégorie / prix : 23 € ISBN : 978-2-915793-27-7 Format : 17,0 x 21,0 cm✅ Genre : Imaginaire
Couverture à rabats. Illustrations intérieures (photos) d'Axel O.D., Félicité Landrivon, Vladimir Hermand et Clémence Gevrey.
Quatrième de couverture
« Son format, sa maquette, sa texture, tout est là pour façonner un authentique livre-objet que l'on place avec fierté dans sa bibliothèque suédoise. (...) Un sans faute (...), un grand cru à consommer sans modération ! » (Le Cafard cosmique)
1 - (non mentionné), Ouverture, pages 5 à 7, introduction 2 - Laurent QUEYSSI, Fuck City, pages 9 à 32, nouvelle 3 - James SALLIS, Les Démons d'Ansley (Ansley's Demons, 1992), pages 35 à 42, nouvelle, trad. Benjamin KUNTZER 4 - Kate WILHELM, Le Nom des fleurs (Naming the Flowers, 1993), pages 45 à 100, nouvelle, trad. Sonia QUÉMENER 5 - Mélanie DELATTRE, Insetti Galanti, pages 101 à 114, portfolio 6 - Bruce McALLISTER, Guerre froide (Cold War, 2006), pages 115 à 118, nouvelle, trad. Martine LONCAN 7 - George C. CHESBRO, Poèmes à jouer pour le Piccolo (Poems to Play in the Piccolo, 1982), pages 121 à 133, nouvelle, trad. Jean RUAUD 8 - Jack O'CONNELL, Tour de magie (Legerdemain, 2001), pages 135 à 156, nouvelle, trad. Stéphan LAMBADARIS 9 - Jack O'CONNELL, Fric-frac chez le toubib (The Swag from Doc Hawthorne's, 2003), pages 159 à 178, nouvelle, trad. Stéphan LAMBADARIS 10 - August DERLETH & Mack REYNOLDS, L'Aventure de la boule de Nostradamus (The Adventure of the Ball of Nostradamus, 1955), pages 181 à 192, nouvelle, trad. Marc MADOURAUD 11 - Rodolfo MARTINEZ, Fils de la même nuit (Hijos de la misma noche, 1994), pages 195 à 203, nouvelle, trad. Jacques FUENTEALBA 12 - Julien BÉTAN & Raphaël COLSON, Zombies. Première partie : Génèse et maturation, pages 204 à 216, article 13 - Jeffrey FORD, Les Vacances du batelier (Boatman's Holliday, 2005), pages 219 à 233, nouvelle, trad. Christophe DUCHET 14 - Raphaël COLSON & André-François RUAUD, Pour s'envoyer en l'air le regard / 1 : De Walt Disney à l'horreur du Cheval noir, pages 235 à 240, chronique 15 - Kelly LINK, Magie pour débutants (Magic for Beginners, 2005), pages 241 à 283, nouvelle, trad. Lionel DAVOUST 16 - Edd CARTIER, Edd Cartier, pages 284 à 293, portfolio 17 - Fabrice COLIN, Nous étions jeunes dans l'été immobile, pages 295 à 330, nouvelle 18 - Steven UTLEY, Royaumes invisibles (Invisible Kingdoms, 2004), pages 333 à 341, nouvelle, trad. Gabrielle COMHAIRE 19 - François AVRIL, François Avril, pages 342 à 353, portfolio 20 - Francis VALÉRY, Mes carnets rouges / 13 : Références et apocalypses, pages 355 à 365, chronique 21 - (non mentionné), Nos auteurs, pages 367 à 370, dictionnaire d'auteurs
Critiques
Alors que le sixième volume vient de voir le jour, voici un petit avis sur le tome 5 de l'anthologie semestrielle Fiction, paru au printemps 2007.
Cet opus, avec une couverture illustrée par Bézian, ne regroupe pas moins de 13 nouvelles (ce ce qui n'est pas négligeable, comparé aux autres revues de SF......). En voici le menu :
Fuck City, de Laurent Queyssi, aborde le thème du voyage à travers des mondes parallèles en compagnie d'un génie de l'informatique blasé, qui a fait fortune grâce au piratage de comptes en banques.
Les démons d'Ansley, de James Sallis, met en scène un homme hanté par le souvenir mi-réel, mi-fantomatique (ou peut-être hallucinatoire...) de sa compagne décédée.
Dans Le nom des fleurs, de Kate Wilhelm, le personnage principal rencontre une enfant atteinte d'une anomalie qui la fait vieillir plus rapidement que la normale et que le FBI cherche à capturer pour l'envoyer dans un laboratoire.
Guerre froide, de Bruce MacAllister, est un très court texte (quatre pages) sur les tensions de la guerre froide vues par la fille d'un officier de l'armée américaine.
Poèmes à jouer pour le piccolo, de George C. Chesbro, est à mon sens l'un des meilleurs textes de l'anthologie, dont l'action se déroule dans une Amérique où un gouvernement fasciste exile tous ses criminels et ses opposants politiques dans les zones sauvages et irradiées de son territoire.
Tour de magie, de Jack O'Connell, est l'histoire émouvante de la découverte de la lecture par un jeune adolescent revêche, initié par un mystérieux personnage qu'il croise dans un train.
Fric-Frac chez le toubib, du même auteur, narre les aventures rocambolesques et étranges de deux cambrioleurs associés.
L'aventure de la boule de Nostradamus, d'August Derleth et Mack Reynolds, retrace une enquête du détective Solar Pons, fils spirituel de Sherlock Holmes, portant sur des meurtres d'enfants. Un classique du genre, mais qui reste très agréable à lire.
Fils de la même nuit, de Rodolpho Martinez, est une sorte d'article sur le Necronomicon de Lovecraft (existe-t-il ou pas ? ...), intéressant à condition d'apprécier Lovecraft et son œuvre.
Les vacances du batelier, de Jeffrey Ford, mon texte préféré dans cet opus, récit inattendu des vacances de Charon, le batelier du Styx.
Magie pour débutants, de Kelly Link, l'histoire apparemment sans queue ni tête d'une héroïne de série télé pour enfants.
Nous étions jeunes dans l'été immobile, de Fabrice Colin, texte lourd de mélancolie, adopte la forme d'une pièce de théâtre (diffusée initialement sur France-Culture), ce qui est plutôt original, même si, à mon avis, l'intrigue n'est pas transcendante.
Royaumes invisibles, de Steven Utley, est une rapide enquête policière dans un monde dirigé par un magnat des technologies nouvelles, qui se fait prendre à son propre piège.
Vous l'aurez compris en lisant ce sommaire, le tome 5 de Fiction est riche, tant du point de vue du nombre de textes compilés, que de la qualité de ceux-ci. Les nouvelles présentées sont toutes intéressantes, et certaines sont vraiment très bonnes (Les vacances du batelier, Poèmes à jouer pour le piccolo...). Il n'y a pas, pour moi en tous cas, de raté ni de texte médiocre. Tout est bon à lire.
Mais ce n'est pas son seul avantage. Le format proposé par les Moutons Electriques pour cette anthologie est très agréable à prendre en main. Sa souplesse, sa couverture simple mais esthétique et sa qualité d'impression en font un parfait compagnon de soirée ou de voyage.
Enfin, cerise sur le gâteau, les nouvelles sont ponctuées de porte folios d'artistes photographes qui ajoutent encore à l'ambiance étrange de ces voyagesans l'imaginaire, ainsi que de dossiers sur les zombies ou les illustrations d'Edd Cartier.
Mais, car il y a un mais (rien ni personne n'est parfait...), les anthologistes nous annonçaient en introduction une sorte de thématique tournant autour du polar. Or celle-ci est plutôt difficile a cerner dans la plupart des nouvelles. Seuls deux ou trois textes y répondent de manière franchement explicite (l'enquête de Solar Pons, notamment), mais de là à parler de « thématique » ou de fil conducteur, c'est aller un peu vite en besogne.
Cependant, cette fournée de Fiction est somme toute une bonne acquisition pour tous les amateurs de nouvelles, un genre malheureusement trop mal considéré en France, alors que de grands maîtres de la SF anglo-saxonne (Dan Simmons, Ray Bradbury, Richard Matheson, Robert Silverberg...) s'y sont essayés avec succès.
Fiction change de maquette (mais pas de correcteurs, damn it !). Si globalement la mutation est réussie, on soulignera toutefois que le choix des pages sur fond gris pour les essais s'avère désagréable à l'usage, c'est-à-dire à la lecture. Au sommaire de ce fort copieux numéro, on remarquera tout particulièrement les textes de Kelly Link (une intéressante comédie sur fond de série télévisée), de Jeffrey Ford (Charon part en vacances), de Kate Wilhelm (magnifique novella sur une gamine qui grandit trop vite et devient femme avant d'avoir vécu). Voilà pour le plus fort ; mais Jack O'Connell, Steven Utley et George C. Chesbro ne déméritent pas, bien au contraire. Tout cela est d'un excellent niveau. Pour ce qui est des ratages, pas ou peu ; on s'amusera beaucoup avec la nouvelle idiote de Laurent Queyssi qui, s'essayant à la hard-science éganienne avec sa gouaille mollopunk habituelle, livre un texte bâtard tout sauf convaincant, mais qui a le bon goût de ne jamais se prendre au sérieux. On pourra aussi sauter la pièce radiophonique de Fabrice Colin, dont l'intérêt m'a semblé nul ou presque. Autre énervement, Francis Valéry qui conclut ses « Carnets rouges » (par ailleurs fort intéressants) sur une saloperie au sujet des traductions des nouvelles Greg Egan (in Axiomatique), oubliant de préciser que les siennes (de traductions... en collaboration avec Sylvie Denis) étaient percluses d'approximations et de libertés pour le moins singulières (de « belles infidèles », comme on dit dans le métier). Un numéro remarquable, avec une fois n'est pas coutume, des textes qui remuent les tripes, je pense en particulier à celui de Kate Wilhelm. Rien que pour le retour différé (le texte date de 1993) de cette grande dame de la science-fiction, on peut acheter ce numéro de Fiction.