DENOËL
(Paris, France), coll. Présence du futur n° 337 Dépôt légal : mars 1982 Première édition Roman, 416 pages, catégorie / prix : 8 ISBN : 2-207-30337-3 Format : 11,0 x 18,0 cm Genre : Science-Fiction
L'empire galactique aux mains de Mikal le Terrible devant qui les mondes tremblent et qui pourtant un jour vient supplier aux portes du palais du Chant qu'on lui accorde ce dont rêvent tous les monarques : un Oiseau Chanteur.
Cet enfant prodige, élevé entre les murs de pierre du palais du Chant et qui sait, par le simple son de sa voix, assouvir ou déchaîner les passions.
Un enfant qui s'appelle Ansset et dont cet opéra baroque conte l'éducation, sentimentale et politique, et la vie, tragique et glorieuse, le destin hors pair, violent et lyrique, chatoyant et cruel : une étonnante saga qui se lit comme un conte.
L'auteur :
Orson Scott Card est l'auteur de trois romans (dont Une planète nommée Trahison, dans cette même collection) ainsi que de nombreuses nouvelles et pièces de théâtre.
Mormon et vivant à Salt Lake City, O.S. Card avoue préférer à la science la fiction.
Critiques
Scott Card semble faire fi des règles que l'on répète sans relâche aux jeunes romanciers. Il dit au lieu de décrire, fait passer les années en une phrase, promène sur scène des personnages monolithiques... Et pourtant il réussit à captiver et à effrayer, même quand, comme ici, il abandonne l'usage systématique des massacres et des mutilations.
C'est peut-être que ses livres ne doivent pas être jugés comme des romans de SF réaliste, mais plutôt comme des contes ou des tragédies (il a débuté comme auteur dramatique). En tout cas. Les Maîtres-Chanteurs est certainement son chef-d'œuvre à ce jour : les changements de point de vue mal maîtrisés de son premier roman aux USA ne sont ici utilisés que de façon parcimonieuse, pour donner des éclairages différents et plus de substance aux personnages secondaires qui entourent la carrière extraordinaire d'Anset, l'enfant qui chante pour l'Empereur et fait aller sa musique jusqu'au fond du cœur des hommes.
Sur Tew, au Palais du Chant, les enfants sont éduqués très tôt pour apprendre à exprimer les émotions au moyen du chant. Mikal, l'empereur craint dans toute la Galaxie, réclame à la Manécanterie un Oiseau Chanteur, un de ces rares prodiges dont le Chant atteint la perfection. Il l'attendra durant des décennies, jusqu'à ce que naisse Ansset. Celui-ci, bien que très doué pour restituer le chant d'une foule ou d'un individu, semble dénué d'émotions tant il se révèle un parfait miroir de celles des autres.
Il apprendra pourtant à faire preuve de sentiments. Les peines et les souffrances qui jalonnent sa prodigieuse carrière, au milieu des intrigues de palais, des complots et des trahisons, feront son éducation sentimentale et politique.
Il y a du Ender en Ansset : tous deux subissent une instruction sévère, parviennent à une maîtrise qui les isole des autres, sont manipulés par leurs mentors et connaissent après de longs tourments une forme de paix consolatrice. Tous deux également se mettent au service d'autrui : si Ender devient la Voix des morts, Ansset est, par son Chant, le révélateur des âmes d'autrui.
Card, qui a le sens du tragique et du lyrique, a signé là un ouvrage de la puissance d'une symphonie romantique.