Orson Scott CARD Titre original : Songmaster, 1980 Première parution : Dial Press, New York, 1980 Traduction de Jean BONNEFOY
GALLIMARD
(Paris, France), coll. Folio SF n° 66 Dépôt légal : août 2001, Achevé d'imprimer : 13 août 2001 Réédition Roman, 480 pages, catégorie / prix : F8 ISBN : 2-07-041952-5 Format : 11,0 x 17,8 cm Genre : Science-Fiction
Pendant soixante-dix-neuf ans, Mikal n'eut pas d'Oiseau Chanteur. Durant tout ce temps, il conquit la galaxie et imposa la discipline de Frey à toute l'humanité et fit régner la paix de Mikal, tant et si bien que chaque enfant à naître avaient le raisonnable espoir de vivre jusqu'à l'âge adulte, puis il établit les meilleures formes de gouvernement pour chaque planète et chaque district et chaque province et chaque cité.
Pourtant, il attendait toujours. Tous les deux ou trois ans, il envoyait un messager vers Tew avec pour le maître chanteur cette unique question : « Quand ? » et la réponse lui revenait, immanquable : « Pas encore. »
Et Esste se faisait vieille, sous le poids des ans et du travail de toute une vie. Sa quête lui fit bien découvrir plus d'un Oiseau Chanteur mais jamais un qui fût capable de chanter en harmonie avec Mikal.
Jusqu'au jour où elle rencontra Ansset.
Né en 1951, Orson Scott Card est un exceptionnel créateur de mondes imaginaires. Partageant sa production entre la science-fiction et la fantasy, il est l'auteur de quelques-unes des oeuvres les plus marquantes de ces vingt dernières années : Les Maîtres chanteurs, le cycle d'Ender, ou les chroniques d'Alvin le faiseur.
Critiques
Sur Tew, au Palais du Chant, les enfants sont éduqués très tôt pour apprendre à exprimer les émotions au moyen du chant. Mikal, l'empereur craint dans toute la Galaxie, réclame à la Manécanterie un Oiseau Chanteur, un de ces rares prodiges dont le Chant atteint la perfection. Il l'attendra durant des décennies, jusqu'à ce que naisse Ansset. Celui-ci, bien que très doué pour restituer le chant d'une foule ou d'un individu, semble dénué d'émotions tant il se révèle un parfait miroir de celles des autres.
Il apprendra pourtant à faire preuve de sentiments. Les peines et les souffrances qui jalonnent sa prodigieuse carrière, au milieu des intrigues de palais, des complots et des trahisons, feront son éducation sentimentale et politique.
Il y a du Ender en Ansset : tous deux subissent une instruction sévère, parviennent à une maîtrise qui les isole des autres, sont manipulés par leurs mentors et connaissent après de longs tourments une forme de paix consolatrice. Tous deux également se mettent au service d'autrui : si Ender devient la Voix des morts, Ansset est, par son Chant, le révélateur des âmes d'autrui.
Card, qui a le sens du tragique et du lyrique, a signé là un ouvrage de la puissance d'une symphonie romantique.
Scott Card semble faire fi des règles que l'on répète sans relâche aux jeunes romanciers. Il dit au lieu de décrire, fait passer les années en une phrase, promène sur scène des personnages monolithiques... Et pourtant il réussit à captiver et à effrayer, même quand, comme ici, il abandonne l'usage systématique des massacres et des mutilations.
C'est peut-être que ses livres ne doivent pas être jugés comme des romans de SF réaliste, mais plutôt comme des contes ou des tragédies (il a débuté comme auteur dramatique). En tout cas. Les Maîtres-Chanteurs est certainement son chef-d'œuvre à ce jour : les changements de point de vue mal maîtrisés de son premier roman aux USA ne sont ici utilisés que de façon parcimonieuse, pour donner des éclairages différents et plus de substance aux personnages secondaires qui entourent la carrière extraordinaire d'Anset, l'enfant qui chante pour l'Empereur et fait aller sa musique jusqu'au fond du cœur des hommes.