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Les Plus qu'humains

Theodore STURGEON

Titre original : More Than Human, 1953
Première parution : New York, USA : Farrar, Straus and Young, 1953
Traduction de Michel CHRESTIEN
Illustration de Tibor CSERNUS

J'AI LU (Paris, France), coll. Science-Fiction (1970 - 1984, 1ère série) n° 355
Dépôt légal : 3ème trimestre 1981
Retirage
Roman, 320 pages, catégorie / prix : 2
ISBN : 2-277-11355-7
Format : 11,0 x 16,5 cm
Genre : Science-Fiction


Autres éditions
   HACHETTE / GALLIMARD, 1957
   J'AI LU, 1970, 1972, 1973, 1976, 1977, 1979, 1983, 1985, 1986, 1986, 1988, 1990, 1992, 1993, 2019
   in Romans et nouvelles, OMNIBUS, 2005
   in Cristal qui songe / Les Plus qu'humains, OPTA, 1969

Quatrième de couverture

Theodore Sturgeon est un des plus grands écrivains américains de l'étrange. Il est né en 1918 dans l'État de New York. Un rhumatisme articulaire l'obligea à une vie sédentaire et fut à l'origine de sa carrière d'écrivain. Ses deux romans : Les plus qu'humains et Cristal qui songe sont des chefs-d'œuvre incontestés du genre.

L'Idiot vivait seul, rejeté par tous, fuyant les hommes qui le méprisaient. C'est alors que la rencontre avec un groupe d'enfants aux dons étranges va bouleverser sa vie : Janie, qui déplace les objets avec son esprit ; Beany et Bonnie, les jumelles qui disparaissent et pparaissent à volonté ; et Bébé, l'enfant mongolien au génie prodigieux.

Ils vont bientôt former une véritable famille, groupés autour de l'Idiot qui, pour la première fois, fait connaissance avec l'affection humaine. Peu à peu une unité d'un ordre supérieur, plus qu'humain, va s'établir entre les divers membres de ce groupe. Bébé en sera le cerveau, Beany et Bonnie les membres, Janie le coeur, et l'Idiot en sera la conscience et le chef.

Critiques des autres éditions ou de la série
Edition J'AI LU, Science-Fiction (1992 - 2001, 3ème série - dos violet/blanc) (2008)

     Les plus qu'humains, de Théodore Strugeon, se divise en trois parties. La première a pour personnage principal Tousseul, sorte d'attardé, qui réunit autour de lui un groupe d'enfants handicapés mentaux ou « sociaux ». ris individuellement, tous ces personnages semblent inadaptés à la vie en société, mais associés, ils forment une nouvelle entité, plus qu'humaine. D'où le titre du livre.
     Dans le second chapitre, Gerry, télépathe furieux contre la société des hommes, remplace Tousseul à la tête du groupe. Il en apprend plus sur lui-même, et prend conscience de l'étendue de ses pouvoirs, mais surtout de ceux de cette étrange communauté dont il est la tête.
     Bien évidemment, je ne révèlerai rien de la troisième partie, qui apporte un dénouement intéressant à cette histoire. Il y est question de l'acquisition, par les « plus qu'humains » d'un élément essentiel à tout être vivant, ultime pas vers la perfection.
     Le style que Théodore Sturgeon a choisi pour écrire cet ouvrage est assez particulier, voire un petit peu déroutant dans les premières pages. En effet, il conduit le lecteur à se placer du point de vue des narrateurs. C'est donc littéralement dans la tête d'un colosse mentalement limité que l'on aborde cet ouvrage. Les phrases sont courtes et parfois bancales. Dans la partie suivante, le style est plus agressif, plus rapide. C'est donc une lecture surprenante mais néanmoins intéressante que nous offre l'auteur.
     Ce livre ne se contente pas de raconter une histoire, mais propose un regard original sur le handicap et sur le pouvoir, ainsi que sur l'évolution humaine : quelle en sera la prochaine étape ? Elle se situe peut-être là où on l'attend le moins....
     Théodore Sturgeon, auteur de nombreuses nouvelles, n'a fait que peu de romans. Il est relativement peu connu, car le plus gros de son œuvre a été rédigé avant l'apparition des prix littéraires récompensant des œuvres de science-fiction. Il a néanmoins été un modèle pour un autre grand nouvelliste fantastique : Ray Bradbury.

Ludovic ANTOINE
Première parution : 4/2/2008
nooSFere


Edition J'AI LU, Science-Fiction (2007 - ) (2018)

    Les Plus qu’humains est le plus célèbre roman de Theodore Sturgeon avec Cristal qui songe. Son titre (a fortiori en français ?) semble l’inscrire dans la vague des romans décrivant des personnages mutants constituant une nouvelle étape dans l’évolution de l’humanité, mais l’approche de l’auteur s’avère bien vite autrement subtile et complexe, bien éloignée des Slans de Van Vogt, par exemple. Il s’agit par ailleurs d’une science-fiction du présent, et (presque) sans boulons.

    Comme souvent, le roman trouve son origine dans une nouvelle — assez longue, « Bébé a trois ans » —, laquelle avait suscité un certain écho. Il s’agit d’y adjoindre deux autres récits de longueur équivalente, et qui l’entourent. Les Plus qu’humains est donc une sorte de fix-up qui procède en trois temps — chaque récit étant séparé des autres par plusieurs années, et ayant ses caractéristiques propres, y compris stylistiques et narratives.

    Le premier récit introduit divers personnages, mais l’un d’entre eux attire plus particulièrement l’attention, « L’Idiot de la fable » pour en reprendre le titre : Tousseul, un simple d’esprit qui s’avère peut-être pas si bête. Et qui dispose en tout cas d’étonnantes facultés psychiques (télépathie et suggestion), dont il n’ose pas toujours faire usage. Sa vie est essentiellement solitaire, excepté ce bref moment durant lequel il trouve asile auprès des Prodd, de sympathiques fermiers en mal d’enfant ; c’est que sa condition ne lui permet pas vraiment de s’intégrer dans la société « normale ».

    Et il va être amené à rencontrer d’autres de ces parias, des enfants dotés de facultés différentes des siennes mais non moins étonnantes : Janie la télékinésiste, les jumelles (noires) Bonnie et Beanie, qui maîtrisent la téléportation, enfin « Bébé », nourrisson dit « mongolien » et condamné à ne jamais grandir, mais dont le cerveau possède en fait l’efficacité d’un ordinateur extrêmement puissant. Ensemble, dans la cabane construite par Tousseul au milieu des bois, ces êtres, incapables de s’intégrer à un monde qui ne les comprend pas et qu’ils ne comprennent pas davantage, découvrent que leur association relève d’une forme de symbiose qui « gomme » leurs défauts individuels pour constituer un tout supérieur à la somme des parties ; ce n’est pas individuellement qu’ils sont « plus qu’humains » (ils seraient même plutôt « moins qu’humains »), mais seulement dans leur association — ils sont alors « l’homo Gestalt », unique pour l’heure, et d’autant plus fragile, mais éventuellement appelé à succéder à l’homo sapiens.

    L’utopie de ce Walden mutant est cependan menacée : la mort de Tousseul affecte littéralement l’homo Gestalt comme la perte d’un organe. Gerry, que Tousseul avait emmené à la cabane et désigné pour lui succéder (il dispose de facultés télépathiques proches des siennes), est un garçon assez rude — le résultat d’une enfance cauchemardesque, dans des institutions qui lui ont fait subir mille maux sans jamais véritablement tenter de le socialiser. Un drame l’amène à consulter un psychiatre — et la séance, très dense, révélera au lecteur, sinon à Gerry, qu’il manque quelque chose à l’homo Gestalt. La troisième et dernière partie du roman montrera comment cette ultime dimension, très différente, via un dernier personnage (fou ?) du nom de Hip Barrows, permettra enfin au groupe des parias de se sublimer, d’atteindre à une véritable plénitude — celle de l’individu en société.

    Les Plus qu’humains s’inscrit tout naturellement dans la bibliographie de Sturgeon, en développant des thèmes que l’on croise souvent dans d’autres récits : la solitude, notamment, mais aussi, en contrepoint, la vie en société, la morale et les interdits, etc. — outre des personnages d’enfants très réussis dans les deux premières parties. Le roman a cependant, en définitive du moins, quelque chose de positif, d’enthousiasmant — qui ne coule peut-être pas autant de source ? À voir… Sturgeon sait émouvoir, par ailleurs — la relation de Tousseul avec les Prodd, notamment, produit de très belles pages, très délicates. La vague dimension « technologique » du roman convainc sans doute bien moins, comme un greffon un peu trop… artificiel, mais l’ensemble demeure avant tout subtil et beau.

    Ou du moins est-ce le cas en version originale ? La traduction française de Michel Chrestien, sans cesse reprise depuis 1957, est hélas parfaitement affreuse… Semble-t-il lacunaire, en tout cas lourde et confuse, elle dessert considérablement le roman de Sturgeon, au point, finalement, d’en rendre la lecture un peu pénible — voire plus que ça. « Bébé a trois ans », avec sa structure alambiquée, contient en français des séquences à la limite de l’incompréhensible. Pire encore, le traducteur ne semble en fait pas comprendre ce qu’il traduit, à plusieurs reprises — et Les Plus qu’humains n’est pas avare de notions plus complexes qu’elles n’en ont l’air, concernant la nature même de l’homo Gestalt, ou, dans la troisième et dernière partie, le discours sur la morale et l’éthique. La lourdeur de l’expression est patente et achève d’agacer le lecteur. On devine, derrière les maladresses et le je-m’en-foutisme, le génie de Sturgeon, mais on n’en souffre que davantage à la lecture de cette version française au rabais. Lire Les Plus qu’humains s’impose — mais en anglais ou dans une vraie traduction française : c’est semble-t-il prévu, et sous la houlette de Pierre-Paul Durastanti, qui plus est, enfin !

Bertrand BONNET
Première parution : 1/10/2018
Bifrost 92
Mise en ligne le : 20/6/2023

Prix obtenus
International Fantasy, Fiction, 1954


Cité dans les pages thématiques suivantes
Enfants
Pouvoirs psychiques

Cité dans les Conseils de lecture / Bibliothèque idéale des oeuvres suivantes
Annick Béguin : Les 100 principaux titres de la science-fiction (liste parue en 1981)
Jacques Sadoul : Anthologie de la littérature de science-fiction (liste parue en 1981)
Jean Gattegno : Que sais-je ? (liste parue en 1983)
Jacques Goimard & Claude Aziza : Encyclopédie de poche de la SF (liste parue en 1986)
Denis Guiot & Jean-Pierre Andrevon & George W. Barlow : Le Monde de la science-fiction (liste parue en 1987)
Albin Michel : La Bibliothèque idéale de SF (liste parue en 1988)
Jean-Bernard Oms : Top 100 Carnage Mondain (liste parue en 1989)
Lorris Murail : Les Maîtres de la science-fiction (liste parue en 1993)
Stan Barets : Le Science-Fictionnaire - 2 (liste parue en 1994)
Association Infini : Infini (1 - liste primaire) (liste parue en 1998)
Francis Valéry : Passeport pour les étoiles (liste parue en 2000)
Jean-Pierre Fontana : Sondage Fontana - Science-fiction (liste parue en 2002)
François Rouiller : 100 mots pour voyager en science-fiction (liste parue en 2006)

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