Isaac ASIMOV Titre original : Earth is Room Enough, 1957 Première parution : États-Unis, New York : Doubleday, 3 octobre 1957ISFDB Traduction de Michel DEUTSCH
Quoi de plus utile qu'un chronoscope pour qui veut réhabiliter les Carthaginois calomniés ? Mais quel péril le sondage temporel fait-il courir à l'humanité ?
S'il avait connu la robotique, Sherlock Holmes aurait été obligé de se recycler…
Le corps électoral réduit à un seul et unique électeur : c'est le triomphe de la démocratie électronique…
Il était une fois un pauvre petit ordinateur bien courageux et bien malheureux…
Ce n'est pas la trompette épique qu'embouche Isaac Asimov, vieil enfant terrible de la S.F., pour imaginer ces futurs inquiétants et quelques autres. Il préfère ici le registre intimiste mais qu'on ne s'y trompe pas : ces récits désinvoltes, cet humour pince-sans-rire n'empêchent pas l'auteur de s'interroger, en moraliste désabusé, sur l'avenir de l'homme et de sa civilisation technicienne avec le talent efficace qu'on lui connaît. (Jacques Van Herp)
1 - Espace vital (Living Space, 1956), pages 7 à 27, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH
6 autres éditions de ce texte dans nooSFere : - in Satellite n° 13 (SATELLITE / EDITIONS SCIENTIFIQUES ET..., 1959) - in Espace vital (LIBRAIRIE DES CHAMPS-ÉLYSÉES / ÉDITIONS DU MASQUE, 1979) - in Espace vital (J'AI LU, 1987) - in Espace vital (J'AI LU, 1987) - in Espace vital (J'AI LU, 1991) - in Espace vital (J'AI LU, 1993)
2 - Les Cendres du passé (The Dead Past, 1956), pages 28 à 97, nouvelle, trad. Michel DEUTSCH
Un recueil qui nous parvient avec dix-neuf ans de retard, et plusieurs altérations : les deux poèmes parodiant Gilbert et Sullivan n'auraient guère intéressé en France, mais tout le monde n'a pas FICTION 35 et 37 pour y lire Ce qu'on s'amusait et les Fournisseurs de rêves ; on trouve en revanche deux nouvelles publiées ailleurs plus récemment, Le Pacte (sous le titre la Chambre d'airain dans FlCTlON 148), et Satisfaction garantie (dans Un défilé de robots) ; on ne regrette pas l'addition d'Effet miroir (astucieuse enquête de Lije Baley et son ami robot, comme les Cavernes d'acier), mais Jokestar (inédit en France à ma connaissance) aurait mieux illustré l'humour d'Asimov (il s'agit de l'origine des « bien bonnes ») que les pochades sur le retour de Shakespeare ou l'ambassade extra-terrestre. à Twin Gulch. Observateur pénétrant et souriant du cœur de l'homme (réactions à la résurrection des morts, incrédulité des enfants pour la mythologie traditionnelle détrônée par les BD, amour ardent bien qu'impossible d'une femme pour un robot), Asimov se montre aussi critique lucide de notre société : dans Devoir civique, il dévoile à quoi peuvent mener les sondages combinés à l'ordinateur, cependant que la nouvelle qu'on a fait passer en tête pour donner son titre à l'ensemble (habitude très cartésienne, n'est-ce pas ?) montre qu'au problème de la surpopulation (1000 milliards d'habitants sur Terre — et non, comme l'écrit le traducteur peu au fait de la numération américaine, « un trillion »... soit un milliard de milliards !) Il n'y a pas plus de solution gratuite qu'à celui de l'énergie (cf. Les Dieux eux-mêmes). Mais c'est aux Cendres du passé que je donnerais la palme, pour son harmonieuse union de l'invention parascientifique (le chronoscope) et de la science (histoire de Carthage), de la réflexion politico-sociale (liberté de la recherche ?), de la psychologie et même de la psychanalyse.