Théodore Sturgeon est un des plus grands auteurs américains de « science-fiction ». // est né en 1918 dans l'Etat de New York, Un rhumatisme articulaire l'obligea à une vie sédentaire et fut à l'origine de sa carrière d'écrivain. Ses deux romans : Les plus qu'humains et Cristal qui songe restent des chefs-d'œuvre incontestés du genre.
« L'idiot habitait un univers noir et gris que déchiraient parfois l'éclair blanc de la faim et les coups de fouet de la peur... Les hommes le voyaient, les femmes l'ignoraient, les enfants s'arrêtaient pour le regarder mais cela ne paraissait pas l'atteindre. L'Idiot n'attendait rien de personne. »
Mais Tousseul, le simple d'esprit, va trouver la compagnie d'un groupe d'enfants étranges, rejetés par leur propre famille. Janie, qui déplace les objets avec son esprit, Beany et Bonnie, les jumelles noires qui disparaissent à volonté, et Bébé, l'enfant mongolien au génie prodigieux. Bientôt ces êtres s'aperçoivent qu'ils forment, à eux tous, une unité d'un ordre supérieur et plus qu'humain. Bébé en est le cerveau, Beany et Bonnie, les membres, Janie, le cœur, et Tousseul, l'Idiot, en est la conscience et le chef.
Ce roman insolite est peut-être l'œuvre la plus bouleversante qui ait jamais été écrite sur les thèmes de la solitude et du devenir de l'homme.
Les plus qu'humains, de Théodore Strugeon, se divise en trois parties. La première a pour personnage principal Tousseul, sorte d'attardé, qui réunit autour de lui un groupe d'enfants handicapés mentaux ou « sociaux ».ris individuellement, tous ces personnages semblent inadaptés à la vie en société, mais associés, ils forment une nouvelle entité, plus qu'humaine. D'où le titre du livre.
Dans le second chapitre, Gerry, télépathe furieux contre la société des hommes, remplace Tousseul à la tête du groupe. Il en apprend plus sur lui-même, et prend conscience de l'étendue de ses pouvoirs, mais surtout de ceux de cette étrange communauté dont il est la tête.
Bien évidemment, je ne révèlerai rien de la troisième partie, qui apporte un dénouement intéressant à cette histoire. Il y est question de l'acquisition, par les « plus qu'humains » d'un élément essentiel à tout être vivant, ultime pas vers la perfection.
Le style que Théodore Sturgeon a choisi pour écrire cet ouvrage est assez particulier, voire un petit peu déroutant dans les premières pages. En effet, il conduit le lecteur à se placer du point de vue des narrateurs. C'est donc littéralement dans la tête d'un colosse mentalement limité que l'on aborde cet ouvrage. Les phrases sont courtes et parfois bancales. Dans la partie suivante, le style est plus agressif, plus rapide. C'est donc une lecture surprenante mais néanmoins intéressante que nous offre l'auteur.
Ce livre ne se contente pas de raconter une histoire, mais propose un regard original sur le handicap et sur le pouvoir, ainsi que sur l'évolution humaine : quelle en sera la prochaine étape ? Elle se situe peut-être là où on l'attend le moins....
Théodore Sturgeon, auteur de nombreuses nouvelles, n'a fait que peu de romans. Il est relativement peu connu, car le plus gros de son œuvre a été rédigé avant l'apparition des prix littéraires récompensant des œuvres de science-fiction. Il a néanmoins été un modèle pour un autre grand nouvelliste fantastique : Ray Bradbury.