OXYMORE
(Montpellier, France), coll. Moirages n° (7) Dépôt légal : janvier 2004, Achevé d'imprimer : janvier 2004 Recueil de nouvelles, 320 pages, catégorie / prix : 21,30 € ISBN : 2-913939-37-6 Format : 15,5 x 20,0 cm✅ Genre : Fantasy
Si les Parques, qui écrivent notre Destin, avaient des voix, seraient-ce celles de l'eau ? Se feraient-elles rivières pour nous conter, tumultueuses, le sort de ceux qui trichent avec le Sort, ou le chant des Banshees ? Deviendraient-elles sources murmurantes, secrètes, pour répéter ce que dit la Mort quand on l'enferme, ou les dieux qui ne peuvent trouver leur propre visage ?
Envoûtantes, peut-être, pour narrer la chute de l'artiste et le passage dans la forêt du Seigneur de la Haute Nuit ?... et puis fatales, tempétueuses, pour dire le coup de sabre du Samurai, la vengeance de l'hiver... Et comment, comment encore, pour la mort de la dryade, l'amour des frères, la passion des amants ? Des voix d'eau, de vagues et de torrents. La voix unique, toujours, de la Tisseuse, pour des histoires de fées et de déesses, de fantômes et de dieux tombés, de lumière et de nuit, de beauté entière et de cruauté absolue...
À nouveau dénoués, les contes indispensables de la tisseuse ès Fantasy, Léa Silhol, couronnée par le public Prix Merlin 2003 pour La Sève et le Givre (meilleur roman Fantasy de l'année) créatrice de Frontier, et montreuse d'ombres dans le récent Conversations avec la Mort.
Nouvelle édition corrigée & révisée des Contes de la Tisseuse, augmentée de la Novella « Le Vent dans l'Ouvroir ».
Ce recueil n'est pas une simple réédition révisée et augmentée des Contes de la Tisseuse (éd. Nestiveqnen). Être à la fois l'auteur et l'éditrice a permis à Léa Silhol d'aller au bout de son rêve et de faire de ce livre l'objet de toute beauté qu'elle voulait. Deux éditions simultanées, deux couvertures splendides signées Jean-Sébastien Rossbach ou Christopher Shy pour la Fission, six illustrations intérieures de Dorian Machecourt, c'est un véritable livre d'Art.
Un livre construit en cinq parties : quatre « Saisons », regroupent trois nouvelles chacune, auxquelles vient s'ajouter une novella inédite qui remplace les nouvelles millénaristes des Contes. Notre fil d'Ariane, dans cet ouvrage, sera l'Eau, présente en toute saison sous toutes ses formes, de la buée à l'encre, du sang au Miroir. Nous y rencontrerons des Fées, craintes des hommes (Frost, À l'image de la Nuit — de magnifiques contes), et des Fays qui les fuient (Runaway Train — je vous défie de lire cette nouvelle sans pleurer), nous voyagerons à travers le Japon avec La Loi du Flocon — la très belle histoire d'un ronin-poète — ou le XIXe siècle avec À l'Ombre des Ifs Foudroyés. L'auteur nous fera découvrir le folklore russe (Un Miroir de Galets) ou mieux encore, celui né de son imagination (Couleurs d'Automne, En Tissant la trame). Et surtout la mythologie.
La mythologie gréco-latine est source d'inspiration pour Léa Silhol qui l'interprète et la complète avec un art que n'auraient pas renié les Muses. La Gorgone Enfant nous décrit les affres d'une jeune immortelle dont toutes les servantes ont les yeux clos. Les Promesses du Fleuve brode sur la captivité de la Mort et l'amour de la bergère qui la libéra. Dans Le Cœur de l'Hiver, une fille narre à sa mère son enlèvement, et le choix qu'elle fit. Enfin, Le Vent dans l'Ouvroir dévoile les origines des plus mystérieuses figures silholiennes Cette novella est empreinte d'une émotion infinie, toute en finesse et subtilité, comme dans la scène entre Aglaé et Moera.
Les arbres, les bois, sont d'importance dans ce livre d'eau et de saisons. Souvent, au cours d'une chasse s'égare un homme, un enfant ou un immortel. Il rencontrera un personnage féerique, mythologique, qui le marquera à jamais, d'un regard, d'une épreuve. Cela le conduira au bord d'un gouffre ou au summum du bonheur. Parfois, il recherchera obstinément la Femme, comme ce peintre amoureux du Lys Noir.
En guise de point d'orgue, Le Fil et l'Eau, postface de Natacha Giordano, analyse en détail La Tisseuse.
Telle un diamantaire extrayant de sa gangue une pierre précieuse à coups de marteau secs et précis, Léa Silhol sculpte son texte à coups de métaphores. Elle ose les phrases à peine esquissées ou au contraire ciselées à l'extrême. Elle ose cette alternance, ce rythme étrange et envoûtant. Sans cesse, ainsi, elle se met en danger, et met en danger son lecteur par un vertige qui peut aller jusqu'à l'hermétisme, pour mieux inciter à percevoir avec l'âme, ou à se laisser ravir par la Féerie.
Lucie CHENU Première parution : 17/4/2004 nooSFere