Des petits hommes verts dans votre salon ? Allons donc, ça doit venir de vous : vous êtes le seul à les voir !
Les vagues s'écrasent sur la plage... La grande machine économique est désormais immobile, aux hommes de se trouver de nouvelles occupations, de nouveaux désirs...
Votre époux est soudain devenu gentil et attentionné, un véritable mari modèle. C'est bien simple : on croirait qu'on vous l'a changé ! Et si, justement...
Depuis votre retour des étoiles, vous faites un drôle de rêve. Vous avancez sur cette plaine, jusqu'à vous retrouver face à un immense mur vert... Que se trouve-t-il derrière ?
La carte n'est pas le territoire. En êtes-vous si sûr ?
Dans la meilleure tradition de la nouvelle anglo-saxonne, Andrew Weiner sait faire subtilement basculer la réalité vers des révélations tantôt cocasses, tantôt inquiétantes, parfois mélancoliques, mais toujours teintées d'un humour doux-amer.
Né en 1949 à Londres, mais vivant au Canada, l'écrivain Andrew Weiner a débuté dans les pages de l'anthologie de Harlan Ellison Again, Dangerous Visions. Nouvelliste brillant, au talent comparable à celui d'un John Varley ou d'un Fredric Brown, Andrew Weiner a publié deux recueils en France, Envahisseurs ! et Signaux lointains ici réunis en un seul volume.
1 - Envahisseurs ! (Invaders, 1983), pages 9 à 34, nouvelle, trad. Fabienne ROSE
1 autre édition de ce texte dans nooSFere : - in Envahisseurs ! (ORION Éditions et Communication, 1998)
2 - Les Vagues (Waves, 1987), pages 35 à 93, nouvelle, trad. Fabienne ROSE
1 autre édition de ce texte dans nooSFere : - in Envahisseurs ! (ORION Éditions et Communication, 1998)
3 - L'Homme qui avait de la chance (The Man Who Was Lucky, 1988), pages 95 à 114, nouvelle, trad. André-François RUAUD
2 autres éditions de ce texte dans nooSFere : - in Fiction n° 406 (OPTA, 1989) sous le titre Le Veinard - in Envahisseurs ! (ORION Éditions et Communication, 1998)
Le recueil s'ouvre sur Envahisseur !, texte humoristique où un homme est le seul à voir les extraterrestres venus d'une autre dimension (via sa salle de bain !). Ressemblant trop à Martiens go home ! de Fredric Brown pour véritablement me surprendre, la nouvelle reste toutefois amusante et la chute très réussie !
Les vagues décrit une étonnante société, microcosme d'artistes subventionnés par l'État depuis que dure une longue récession économique. Jusqu'à ce que la fin de la crise semble enfin pointer le bout de son nez, remettant tout en question...
L'homme qui avait de la chance est l'histoire hilarante d'un homme qui... Oui, qui a de la chance, comment avez-vous deviné ? Mais vous savez, la chance, des fois ça va, et des fois...Surtout lorsque de tels dons attirent sur votre personne l'attention d'extraterrestres en pleine guerre interstellaire !
Des nouvelles de D Street pourrait n'être qu'une banale enquête sur des disparitions. Mais rien n'est simple ni intangible dans cette étrange ville coupée du reste du monde. Pas même la mémoire. Pas même la réalité...
Sur la planète Zoom, on aime beaucoup le rock. À tel point que des groupes se sont formés un peu partout et imitent les tubes de la Terre. Le meilleur d'entre eux est d'ailleurs envoyé chez nous et connaît un succès foudroyant, pour le plus grand bonheur de son manager (humain). Oui mais... Car il y a toujours un « mais » dans les nouvelles de Weiner...
Envahisseurs ! alterne nouvelles humoristiques (tiens, toutes trois sur les extraterrestres) et nouvelles étranges décrivant une forme de micro société. Ce n'est pas le meilleur recueil publié par les éditions Orion, mais celui-ci se laisse tout de même lire très agréablement, d'autant que les chutes sont souvent surprenantes.
À noter l'imposante bibliographie de Andrew Weiner insérée à la fin de l'ouvrage.
Après Joël Champetier et son Cœur de Fer, c'est à une autre découverte que nous convie la collection « Bifrost / Etoiles Vives » : celle d'Andrew Weiner, auteur lui aussi canadien mais, à l'encontre de Champetier, pour sa part anglophone. La filiation entre ces deux bouquins ne s'arrête pas à la nationalité des auteurs, puisqu'Envahisseurs ! nous propose également un choix de nouvelles : cinq textes, dont quatre inédits — « L'homme qui avait de la chance » étant préalablement paru dans le numéro 406 de la défunte et regrettée Fiction, quoique sous une autre traduction (renseignement pris dans la très complète bibliographie de Weiner en clôture du présent petit bouquin).
S'il fallait nous hasarder à résumer Envahisseurs ! en une formule générique, « entre ombre et lumière » conviendrait parfaitement. En effet, l'ouvrage se présente comme une succession de textes soit franchement humoristiques, soit passablement angoissant (ce qui n'exclut pas que les nouvelles plutôt amusantes ne soient, à l'occasion, déstabilisantes). Ainsi, dans cette première catégorie inclurons-nous « Les envahisseurs », « L'homme qui avait de la chance » et « Le groupe venu de la planète Zoom ». Globalement, ces trois textes sont les moins percutants. Attention toutefois ! Que ces nouvelles soient les moins enthousiasmantes ne signifie pas, loin s'en faut, qu'elles soient dépourvues d'intérêt. A l'image de « Les envahisseurs », par exemple, une courte nouvelle qui nous narre l'histoire d'un pauvre gars environné d'une flopée de petits hommes verts qu'il est le seul à voir, Un texte au canevas presque éculé et qui pourtant s'impose comme une véritable petite merveille de drôlerie. Quant à « L'homme qui avait de la chance » et « Le groupe venu de la planète Zoom », si ces nouvelles n'ont pas la noire truculence du texte d'ouverture, leur thème (la bonne fortune et ses revers pour l'une, le rock et plus largement la création artistique pour l'autre), tout comme leur traitement valent néanmoins le détour.
Restent « Des nouvelles de D. Street » et « Flux », (titres provisoires ?) les deux nouvelles s'intercalant entre ces textes, les deux plus longues du recueil, les plus abouties aussi. Le registre est différent, la manière tout autant. Ici Weiner prend toute sa mesure, celle d'un auteur véritablement accompli. Les personnages sont fouillés, les réflexions poussées (dans « Flux », tout particulièrement, où la crise économique que nos sociétés connaissent depuis des lustres et dont on nous annonce la fin depuis à peu près autant de temps, prend un tour étonnant). Ces deux textes sont proprement terrifiants et magistralement menés.
Bref et en définitive, Envahisseurs ! est un bon, un très bon recueil, l'occasion de découvrir un nouvel auteur anglophone dans des traductions plus que satisfaisantes, le tout sur fond d'extraterrestres omniprésents tout au fil des pages. Une bien belle surprise en réalité.
ORG Première parution : 1/1/1998 dans Bifrost 7 Mise en ligne le : 4/11/2003
Né à Londres en 1949, Andrew Weiner réside au Canada et écrit une SF typiquement américaine. Il débute en 1972 dans Again Dangerous Visions, l'anthologie d'Harlan Ellison. Peu productif, il signe en vingt-cinq ans une quarantaine de nouvelles seulement (certaines reprises dans un recueil) et un unique roman.
Publié sous la direction d'André-François Ruaud, ce recueil propose cinq nouvelles. Envahisseurs (1983), Le Groupe venu de la planète Zoom (1986) et L'Homme qui avait de la chance (1988, déjà publiée dans Fiction en 1989) sont des pastiches (réussis) de la SF américaine des années cinquante — le lecteur cultivé reconnaîtra d'ailleurs des situations ou des personnages empruntés à des récits de Brown, Sheckley ou Russell.
Les Vagues (1987) et Des nouvelles de D Street (1986, déjà publié dans Univers 1988) sont des textes plus longs et plus ambitieux. Le premier fonctionne à plusieurs niveaux et véhicule de fortes charges symboliques — il gagne à la relecture mais reste un peu confus par le manque de rigueur de sa structure. Des nouvelles de D Street est une novelette excellente — mais il s'agit d'un démarquage un peu trop voyant (la scène de la route qui s'achève devant un mur de brume...) du très beau roman de Daniel GalouyeSimulacron III.
J'avoue une petite préférence pour le cruel et hilarant Envahisseurs, hommage habile au Martians, go home! de Fredric Brown. Et pour Le Groupe venu de la planète Zoom : une histoire d'extraterrestres menant sur Terre une carrière de rock stars à coups de remakes géniaux de classiques des sixties, et qui finalement tourne à la catastrophe ! Même si on peut sourire de voir Weiner expliquer que le fin du fin en 1986 (date de publication), c'est de posséder un studio 16 pistes — alors qu'il était déjà courant à la fin des années soixante-dix de travailler en 24 pistes. Weiner connaît bien la Pop Music des sixties mais pas le métier de musicien !
La chute très amère de cette nouvelle (qui fort habilement conclut le recueil) montre un auteur lucide quant à sa propre production littéraire : « On peut faire pire en ce monde, tout bien pesé, que d'être un imitateur aussi habile que brillant. Bien pire. »
Qu'il nous soit permis d'adhérer à cette opinion.
Ce recueil n'est évidemment pas pour les inconditionnels de la nouveauté ! Mais les nostalgiques d'une certaine SF y trouveront leur compte — ce dès la très expressive couverture de Fred Sorrentino.