Ce livre est une anthologie unique en son genre, réunissant les nouvelles les plus significatives de la littérature fantastique américaine, du début du XIXe siècle à Lovecraft. On trouvera ici des noms familiers — Hawthorne, Poe, Melville, London, James — mais aussi d'obscurs écrivains que la postérité a oubliés, comme s'oublient les prophètes, les annonciateurs, les précurseurs. Qui connaît en effet Gilman et son fantastique psychanalytique, Wilkins qui introduit en Amérique le « ghost novel » anglais, Crawford, auteur d'un des contes d'épouvant les plus hallucinants jamais écrits, et surtout Chambers à qui Lovecraft vouait une rare admiration ? Sur les dix-sept nouvelles rassemblées dans ce volume, dix paraissent pour la première fois en traduction française.
Sous la même présentation de prestige que l'anthologie Rosny récemment mise en vente (voir Diagonales du n° 233), la branche de luxe de Marabout nous offre ce nouveau volume de 384 pages, rassemblant dix-sept récits, dont dix traduits pour la première fois en français. Est-il nécessaire de souligner que c'est un livre que tout amateur de fantastique se doit de posséder ? On y retrouvera notamment (excusez du peu) des gens comme Nathaniel Hawthorne, Washington Irving, Fitz James O'Brien, Herman Melville, Ambrose Bierce, Henry James, Jack London et cet étonnant Robert W. Chambers que le Fiction Spécial 19 publiait pour la première fois en France. Le tout sans parler, bien entendu, de Poe et Lovecraft, dont les noms figurent dans le titre de l'ouvrage en tant que points de repère. Le choix de Jacques Finné est très valable, sa préface et ses présentations de nouvelles sont documentées et, malgré quelques bévues mineures, dénotent un spécialiste averti. L'une de ces bévues d'ailleurs vaut d'être citée C'est celle-ci, en page 90 : « La mort empêcha Poe de terminer Le phare — que l'on ne publie d'ailleurs jamais dans ses œuvres complètes. En 1952, un presque inconnu, Robert Bloch, imaginait une suite au récit. La première édition »complète« du Phare parut dans le numéro de janvier-février de Fantastic. La nouvelle passa inaperçue, en partie à cause de la piètre réputation dont jouissait Bloch, à l'époque. » Rappelons à Jacques Finné que les débuts de Bloch remontent à 1934 et qu'en 1952 il était déjà depuis longtemps un auteur consacré Ces lignes sont d'autant plus savoureuses que précisément Marabout est actuellement le seul éditeur à publier Bloch en langue française ! Mais ce genre de vétilles n'empêche pas que ce soit là un beau et chouette bouquin.