Kickaha s'éveilla quand les rochers commencèrent à rouler. Il était temps de se lever. Bientôt la pente serait trop forte et il tomberait. C'est alors qu'il vit les arbres tueurs qui le guettaient là-bas sur la colline. Leur nombre augmentait sans cesse. Ils attendaient le matin pour attaquer.
En auraient-ils le temps ? Kickaha entendait la Terre craquer sous lui. Le sol était chaud : un ouragan de métamorphoses se préparait. Le sol pouvait devenir vertical en quelques secondes, et alors...
Kickaha pesta contre le Seigneur de cet univers, qui avait prévu d'y placer des arbres ambulants. Et des montagnes qui, en moins d'une journée, se transformaient en vallées. Un univers sans points de repère où la seule issue était de courir après un palais volant désert qui allait au hasard et ne s'arrêtait jamais.
Tout cela, le Seigneur Urthona l'avait fait pour s'amuser. Grand bien lui fasse !
Philip José Farmer, né en 1918, est un visionnaire inspiré par les femmes, les dieux, le jeu et l'aventure. Dans la Saga des hommes-dieux (Le Faiseur d'univers, Les Portes de la création, Cosmos privé, Les Murs de la Terre, Le Monde Lavalite), les Seigneurs créent des univers de poche pour se divertir, non sans faire souffrir leurs créatures. Ce qui les distingue des auteurs de S.F.
Critiques
Le Monde Lavalite clôt la saga des Hommes-Dieux qui comportent également quatre autres romans : Le Faiseur d'Univers, Les Portes de la Création, Cosmos Privé et Les Murs de la Terre.
Ce cycle appartient sans doute aux œuvres majeures de la Science-Fiction. Je me souviens notamment que Le Faiseur d'Univers, il y a une dizaine d'années, avait guidé mes premiers pas dans la Science-Fiction, entre Van Vogt et Sturgeon. Souvenir de fin d'enfance auquel il ne faut pas toucher. Je ne relirai jamais ce livre de peur de briser le charme de cette souvenance.
Le Monde Lavalite raconte la fin des aventures des Seigneurs Urthona, Orc et Anania, et des lebblabbiy (c'est à dire les simples mortels...) McKay et Kickaha. Tous se retrouvent prisonniers d'une monstrueuse planète — création d'Urthona — dont la plus grande partie des terres se trouve en perpétuelle « refonte ». Des montagnes surgissent du sol ou disparaissent à la vitesse de la minute. Dans ce danger constant, le salut des cinq individus qui s'affrontent entre eux consiste à trouver le palais itinérant du Seigneur des Lieux et à pénétrer à l'intérieur. Mais même une fois cela accompli, le problème de la survie pour chacun d'eux restera entier.
Ce roman passionnant et attrayant sous bien des angles, où les rebondissements fourmillent, manifeste une richesse créative époustouflante. La description de la flore agressive de la planète est tout particulièrement savoureuse. L'imagination de Farmer, alliée à une écriture rigoureuse, possède un puissant pouvoir de séduction. Elle est rehaussée par un humour discret, souvent sous-entendu, qui lui donne du piquant et l'aide à exploser comme un feu d'artifice.
La Saga des Hommes-Dieux s'achève comme elle avait commencé, sur une note belle et un parfum inoubliable.
Philip José Farmer et Jack Vance ont au moins en commun le fait d'être tous deux des « faiseurs » d'histoires. D'habiles artisans de l'écriture, qui ne leur pose guère de problème.
Prenons-en pour preuve ces deux romans qu'a priori tout différencie : le Vance date de 56, le Farmer de 77 ; Farmer est un écrivain qui a produit quelques chefs-d'œuvre, ou tout au moins des œuvres littéraires importantes pour l'évolution du genre (Le monde du Fleuve, et tout le cycle qui s'y rattache 1, Les amants étrangers, etc.), tandis que Vance est un auteur plus mineur et moins « progressiste ». On pourrait ainsi multiplier les différences. Nous ne le ferons pas, car il y a un point sur lequel l'un et l'autre se retrouvent : lorsqu'ils manquent d'inspiration, ils reprennent de vieux thèmes et tissent un nouvel ouvrage autour ; le métier fait le reste.
Vance a choisi de peupler son monde de « la vie éternelle » à l'aide de cinq « classes » d'hommes, pour lesquels passer dans le « phyle » supérieur est l'unique préoccupation, jusqu'à la dernière, celle des Immortels, l'aboutissement. Un homme qui a été rejeté par la dernière classe fera éclater le système et obligera tout le monde à regarder vers les étoiles.
Farmer, quant à lui, préfère reprendre une fois de plus son univers des « Cosmos privés », fabriqués par la race des Seigneurs à leur seul profit. Après être revenus des « murs de la Terre » 2, Kickaha et sa compagne arrivent sur le monde Lavalite, au relief changeant et aux curieuses propriétés. Chacun des aspects de cette planète va être analysé, et sera l'occasion d'un rebondissement, jusqu'à ce que tous les ressorts de l'intrigue aient servi, ce qui nous amène à la fin du roman.
Malgré de fréquents coups de théâtre, et une lecture aisée, on sort de ces deux livres avec l'impression d'avoir été floué.
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